BD, Tome LIX, Les paroisses disparues dans le département de la Loire, pages 165 à 168, La Diana, 2000.
LES PAROISSES DISPARUES DANS LE DÉPARTEMENT DE LA LOIRE.
présentation de son ouvrage par M. Roger FAURE.
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Le promeneur qui découvre, au milieu des prés, au détour d’une route pittoresque, à proximité d’une calme rivière ombragée, une petite église toute simple, comme perdue et inutile, est loin de se douter qu’en ce lieu solitaire, il y a plusieurs siècles, les habitants d’une paroisse aujourd’hui disparue se réunissaient autour de leur curé.
D’humbles chaumières de torchis entouraient une place commune animée le dimanche et un petit cimetière, qui subsiste parfois aujourd’hui, conservait le souvenir de ceux qui avaient disparu.
Petits sanctuaires oubliés, hameaux cachés sous les arbres, cimetières perdus, ensevelis sous les buissons, tout cela avait connu une vie paroissiale intense en des siècles où notre région était couverte de petites églises dues à un renouveau de la foi et à une démographie en expansion.
Je vous présente dans ces quelques pages, quelques unes de ces paroisses que les guerres, les épidémies, les disettes et la dépopulation des campagnes ont conduit à la ruine et parfois à la disparition complète.
Je commence par vous présenter le village et l’église du haut Moyen-Âge. Au XIIe siècle l’habitation sort de terre, mais elle reste construite en torchis, soutenue de bois avec une couverture de chaume. A cette époque, on ne construit pas pour l’avenir. L’habitation doit être refaite souvent. On ne retrouve rien de ces maisons.
Seules les églises subsistent car elles ont été bâties assez tôt en pierre. Restaurées au cours des siècles, agrandies de chapelles ou de sacristies, rehaussées de clochers parfois disgracieux, elles vont arriver jusqu’à nos jours.
L’église de cette époque n’est qu’un petit bâtiment rectangulaire de 15 à 20m de long sur 6 à 8m de large, recouvert d’une charpente et d’un toit de tuiles rondes. Quelques ouvertures étroites romanes éclairent l’intérieur.
La nef est étroite et ne peut contenir que de 50 à 100 paroissiens. Plus tard, elle sera voûtée en berceau roman au début, puis ogival à partir du XIVe siècle. Le sol est d’abord en terre battue puis recouvert de dalles de pierre.
Le porche est parfois précédé d’une galinière abritée d’un toit de tuiles rondes, où les paroissiennes pouvaient bavarder à la sortie de l’office et où se tenaient les assemblées paroissiales. Un petit clocher-mur percé de deux ou trois baies contient les cloches qui sonnaient pour appeler les fidèles.
Aux Xe et XIe siècles, c’est la grande époque de la création de paroisses en Forez. L’archevêque de Lyon et surtout les abbayes de la région lyonnaise : Ainay, fondée au Ve siècle, L’Ile-Barbe, fondée au VIIe siècle, Savigny, fondée au VIIIe siècle et Cluny, en Bourgogne, fondée en 910, vont installer des clercs dans les petits hameaux de la forêt et percevoir des dîmes. Les barons et le comte de Forez vont eux aussi considérer comme paroisses les chapelles de leurs châteaux.
Les cartulaires et les chartes du Forez vont nous renseigner sur les paroisses créées. Assez vite, elles vont recevoir des dons et des legs. Une dîme sera versée au prêtre qui en reversera une grande partie à l’archevêque de Lyon ou à l’abbé commendataire. Il gardera la portion congrue. Les curés de cette époque étaient souvent mariés et ils se transmettaient la paroisse de père en fils. Ils vivaient pauvrement comme leurs paroissiens.
Il nous est parvenu un document de 1225 qui donne la liste des paroisses de l’église de Lyon. Celle-ci a absorbé toutes les paroisses fondées par les abbayes et les barons et perçoit toutes les dîmes ; 243 paroisses sont notées dont 27 disparaîtront .
Mais les ravages de la guerre de 100 ans, les guerres de religion, la réorganisation administrative de la révolution et quelques calamités naturelles comme la crue de la Loire qui emporta Saint-Paul-sur-Loire vont faire disparaître ces petites communautés de paroissiens.
– 12 pendant la guerre de 100 ans : Albieu, La Boulaine, La Bresche, Marolle, Messilleux, Saint-Albin, Saint-Bonnet-de-Cilognieu, Saint-Clément-sur-Lignon, Saint-Julien, Saint-Romain-le-vieux, Saint-Thomas-de-Montlune, Virieu,
– 5 aux XVe et XVIe siècles : Couzan, Essertines-Basses, Grégnieux, Lespinasse, Randans,
– 5 aux XVIIe et XVIIIe siècles : Baroille, La Celle-Saint Martin, Donzy, Jullieu, Sury-le-Bois,
– 13 à la révolution : Aiguilly, Argental, Arson, La Bouteresse, Châteauneuf, Cornillon, Gourgois, Jurieux, Meylieu, Saint-Martin-de-Boisy, Tourzy, Urfé, Villedieu,
– 12 au XIXe siècle : Champs, La Chapelle-Villars, Châtelneuf (Fraisse), Naconne, Rochefort, Saint-Paul-sur-Loire, Saint-Paul-d’Uzore, Saint-Priest-en-Rousset, Saint-Sulpice-en-Bussy, Saint-Sulpice-les-Villerest, La Valette.
Au total, 47 paroisses sont présentées.
Pour chacune, j’ai essayé, chaque fois que je l’ai pu, d’indiquer les chartes s’y rapportant, l’archiprêtré dont elle dépendait, la seigneurie à laquelle elle appartenait, l’abbé qui nommait à la cure, les noms de quelques curés, pour certains quelques unes des difficultés qu’ils ont rencontrées dans leur ministère, le nombre de communiants aux XVIe et XVIIIe siècle, plus tard le nombre d’habitants et la date de sa disparition.
Chaque fois qu’il subsistait un édifice de cette paroisse, j’en ai donné l’état actuel, sa situation dans le département et sa description.
Cette étude intéresse tout le département de la Loire, du Pilat (4 paroisses), au Roannais (9 paroisses), en passant par la plaine du Forez (22 paroisses), les monts du Lyonnais (2 paroisses), les Bois Noirs (3 paroisses) et les monts du Forez (7 paroisses).
J’ai ajouté 125 dessins à la plume représentant l’édifice actuel, avec son plan et parfois le dessin de Guillaume Revel qui donne un aperçu du château et de l’église vers 1450. En plus, j’ai ajouté les blasons des seigneurs possédant le château et son fief.
Quelques réflexions sur le sujet viennent compléter l’article. Cela nous a laissé un très beau patrimoine de monuments, parfois en très bon état ou très bien restaurés, mais hélas parfois en ruines. Certains devraient être l’objet d’une restauration avant que les ronces et la végétation n’envahissent les ruines. Je pense surtout à la chapelle de Donzy, complètement abandonnée et à l’église de Fraisse, ancienne chapelle du château de Châtelneuf, qui présente la particularité curieuse d’avoir été rebâtie en 1505 ( la date est inscrite dans la pierre) avec des colonnes sans chapiteaux, s’évasant en feuilles de palmiers, procédé d’architecture flamboyante qui se retrouve à l’église Saint-Séverin, à Paris.
Bien entendu, je ne prétends pas avoir décelé toutes les paroisses disparues. Certaines pourraient être ajoutées à la liste, surtout si elles ont été considérées comme paroisses très peu de temps. J’ai éliminé celles qui ont été réutilisées au XXe siècle.
Publication de 110 pages, dont 4 d’ index et une table des matières.
(La Diana rappelle que cet ouvrage, publié par ses soins, forme le tome 30 des Mémoires et Documents sur le Forez, de la Société.)