BD, Tome LXIV, Rapport sur la Sainte Vierge de Beaubeiri [Beaubery] , Compte rendu par M. Philippe Pouzols-Napoléon, pages 179 à 192, La Diana, 2005.

 

 

Rapport sur la Sainte Vierge de Beaubeiri [Beaubery]

 

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Au dos du cahier, une autre note, de la même écriture, permet de dater ces deux inscriptions entre 1840 et l’année d’entrée de ce cahier dans les archives diocésaines d’Autun, c’est-à-dire avant 1883, époque de la fin du versement aux Archives Départementales de Saône-et-Loire (en excluant a priori l’hypothèse d’une annotation d’un archiviste ou d’un lecteur) :

« Le journal de la presse du 17 février 1840, articles nouvelles et faits divers, rapporte qu’un jeune fille d’Alais [Alès], âgée de 18 ans, dans un accès d’exaltation, s’est percé le côté, les mains et les pieds, et s’est fait au front une incision pour figurer une couronne d’épines. On craint pour ses jours. Alais étoit un ancien évêché, sous-préfecture du département du Gard ».

 

L’intérieur du cahier contient le récit de six séances de secours convulsionnaires : le 14 septembre 1780 (f° 1 r. à 8 v.), le 15 octobre 1781 (f° 9 r. à 18 v.), le 16 septembre 1783 (f° 19 r. à 24 r.), le 23 septembre 1783 (f° 24 r. à 31 v.), le 30 septembre 1783 (f° 32 r. à 38 v.) et le 10 octobre 1783 (f° 41 r. à 42 v.). On y trouve également trois oraisons adressées au « bon diacre F. de Pâris » (f° 39 r. à 40 v.), l’extrait d’une lettre du P. Popin à l’abbé Lemau du Martelet, du 15 juin 1783 (f° 43 r. à 45 v.) et un extrait d’une prophétie du frère Noël (f° 46 r.). On trouvera en annexe le contenu sommaire de ces différentes pièces.

Quels sont les éléments, à l’intérieur du cahier, qui permettent de situer les événements à Charlieu ? Force est de constater que rien ne permet de l’affirmer, bien au contraire. Tout d’abord, les noms de personnes sont désignés par leurs initiales, procédé habituel dans les récits convulsionnaires, destiné à éviter les poursuites judiciaires en cas de saisie du manuscrit. La sœur convulsionnaire mentionnée dans les cinq premières séances est appelée la « Soeur B.(Mle L.) ». La troisième et la quatrième séances sont présidées par un certain « As. ». La quatrième séance a lieu en présence du « P. Noë ». La sixième séance, celle du 10 octobre 1783, concerne deux soeurs convulsionnaires, la sœur Félicité et la sœur Agathe. Cette sixième séance est la plus riche en détails, puisque le narrateur y assiste en compagnie du « chevalier R. » et du « P. D. » (un ecclésiastique vraisemblablement). Cette séance se révèle aussi particulièrement intéressante car elle offre une indication topographique : l’appartement où se déroulent les convulsions est situé « rue Moussi ». Il n’existe, de près ou de loin, aucune rue, ruelle ou chemin à Charlieu qui porte ce nom. En revanche, il y a bien une rue de Moussy à Paris, aujourd’hui dans le quatrième arrondissement, mais autrefois située dans la paroisse Saint-Jean-en-Grève, réputée très janséniste et abritant même des cénacles convulsionnaires 12 … Il est donc fort probable que la séance de convulsions du 14 octobre 1783 se soit déroulée dans la capitale et non à Charlieu. Pour les cinq premières séances mentionnées dans le journal, le mystère reste entier, faute d’indications, mais rien ne permet de les situer de prime abord à Charlieu.

Il convient d’examiner maintenant, à partir du titre de couverture, le rapport du document avec les Ursulines de Charlieu 13 . L’inscription de la couverture du journal stipule

12 Voir la carte du jansénisme parisien au XVIIIe siècle dans Catherine Maire : De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Le jansénisme au XVIIIe siècle, Paris. Gallimard-NRF, 1998, p. 120.

13 Rappelons que le qualificatif de « sœur » employé dans le journal ne renvoie pas ici à des religieuses : il s’agit du nom que l’on donne aux convulsionnaires au sein de l’« œuvre ». Elles abandonnent alors leur identité civile pour prendre un nom de religion. Parmi les convulsionnaires les plus connues au XVIIIe siècle et dont les récits prophétiques circulent dans le Lyonnais, citons la sœur Holda, la sœur Brigitte et la sœur Angélique.

seulement que le texte est de la main de Madame Feydeau, supérieure des ursulines à Charlieu . Il est important de souligner qu’aucune indication ne transparaît ici quant au lieu des séances : on ne peut donc affirmer, sans examen approfondi, que ces convulsions se sont déroulées à Charlieu.

Les Ursulines s’installent à Charlieu en 1632 avec la permission de Claude de La Magdeleine , évêque d’Autun et prieur commendataire de Charlieu. De 1682 à 1689, elles font construire un grand monastère, qui domine toujours Charlieu et abrite aujourd’hui une annexe de l’école privée d’agriculture de Ressins 14 . Peu d’archives concernant ce couvent nous sont parvenues et l’histoire des Ursulines de Charlieu reste encore à faire. Néanmoins, les archives départementales de la Loire conservent deux pièces primordiales pour notre sujet : le registre des prises d’habit et des sépultures entre 1763 et 1789 et le registre des actes de profession de 1741 à 1787, permettant de connaître le nom de toutes les Ursulines de Charlieu pour cette période 15 . Ces registres peuvent être complétés par les tableaux de religieuses dressés à l’époque révolutionnaire pour le versement de leurs pensions 16 .

14 Sur l’installation des Ursulines à Charlieu, Jean-Baptiste Desevelinges : Histoire de la ville de Charlieu depuis son origine jusqu’en 1789, Lyon-Roanne, 1856, pp. 112-115.

15 Arch. dép. de la Loire , H 3 / l, dossier Ursulines de Charlieu : registre des prises d’habit et des sépultures du couvent des Ursulines de Charlieu (1763-1789) ; H 30 / 7, dossier Ursulines de Charlieu : registre des actes de profession des Ursulines de Charlieu (1741-1787).

16 Arch. dép. de la Loire , L 995 : état des pensionnaires ecclésiastiques du district de Roanne (octobre 1791) ; état de la communauté des Ursulines de Charlieu (12 octobre 1792) ; état nominatif des pensionnaires ecclésiastiques de la commune de Charlieu (3 fructidor an 2 – 20 août 1794) ; Arch. nat., F19 611 A , liasse Rhône-et-Loire : procès-verbal d’inventaire des biens des Ursulines de Charlieu (4 avril 1790).

Ces listes nous permettent tout d’abord d’identifier cette «Madame Feydeau » mentionnée sur la couverture. II s’agirait de Pierrette Louise Vedeau, qui fut supérieure du monastère entre 1771 et 1777. Elle est née le 13 mars 1729 à Matour (Saône-et-Loire), fille de Jean Vedeau, apothicaire, et de Marie Momessin. La famille de son père était originaire de Charlieu, son grand-père paternel, Guillaume Vedeau ayant été notaire dans cette ville. Elle fait sa profession de soeur choriste, sous le nom de soeur de sainte Thérèse, le 28 octobre 1751, en présence de son frère, Etienne Vedeau, curé de Propières. Elle commence à signer le registre des prises d’habit comme supérieure en 1771, en succédant à la soeur Antoinette Cheuzeville. Le dernier acte signé par la soeur Vedeau en tant que supérieure est daté du 13 janvier 1777. Elle est alors remplacée à la tête du couvent par la soeur Marguerite Desvernay. A partir de janvier 1777, Pierrette Vedeau semble quitter le monastère, car elle ne signe plus le registre de prise d’habits avec les autres soeurs choristes qui signent toutes en bas de chaque acte. Son nom ne réapparaît que le 30 avril 1787, date à laquelle elle reste au monastère jusqu’à sa fermeture en 1790. Il semble donc bien que la soeur Vedeau, si elle est bien l’auteur du journal des convulsions, ne résidait pas dans son couvent entre 1780 et 1783, ce qui écarterait la localisation des séances chez les Ursulines de Charlieu.

La note manuscrite de la couverture indique qu’une des Ursulines de Charlieu venait de Fareins. Il est alors tentant de faire le lien avec le crucifiement opéré par le curé Bonjour sur sa servante en 1787. Chez les Ursulines de Montbrison, c’est l’une des religieuses, soeur de l’abbé Fialin, le curé crucificateur de Marcilly-le-Châtel, qui introduisit la doctrine dans le couvent 17 .

17 Jean-Marc Brun : De l’observance à la dissidence : le couvent des Grandes Ursules de Montbrison (1628­1845) , dans Etudes d’histoire, Saint-Etienne, Centre de Recherches historiques de l’Université de Saint-­Etienne, 1987, pp. 33-61.

Un schéma similaire pourrait être établi à Charlieu. Or, le registre des prises d’habit, qui indique le lieu de naissance des soeurs, est formel : aucune d’entre elles n’est originaire de Fareins. En outre, il faut rappeler que le jansénisme n’apparaît à Fareins qu’à partir de 1783, quand Claude Bonjour est nommé à la tête de la paroisse. En raison du décalage chronologique, ce ne peut donc être une soeur originaire de Fareins qui aurait introduit et mis en pratique les secours convulsionnaires dans son couvent de Charlieu entre 1780 et 1783, en s’inspirant des pratiques du curé Bonjour.

Une autre piste qui pourrait être suivie serait celle du confesseur, susceptible de convertir ses pénitentes au jansénisme convulsionnaire. L’aumônier des Ursulines de Montbrison, François Rollet, était ainsi un proche des curés jansénistes des environs. Chez les Ursulines de Charlieu, jusqu’en 1779, l ‘aumônier est l’abbé Simon, un prêtre sociétaire de Saint-Philibert, l’église paroissiale de Charlieu. Son successeur est un dénommé Jacques­ Marie Chavoin (ou Charoin), qui ne commence à signer les actes de sépulture en tant qu’aumônier du couvent qu’à partir de 1782. Il est précisé qu’il réside audit Charlieu en conséquence de la commise ou permission accordée par Mgr François Moreau [l’évêque de Mâcon], en datte du 28 mai de la présenté année [1779], signée de Monsieur Charles Camille Circaud, supérieur du séminaire dudit Mâcon, vicaire général de mon dit seigneur . En l’état actuel de la recherche, aucun élément ne donne à penser qu’un de ces deux prêtres puisse être janséniste. En outre, l’hypothèse d’un confesseur janséniste paraît peu probable, car la région de Charlieu se situe complètement à l’écart du phénomène. Le dépouillement des archives de la justice seigneuriale et de la justice royale de Charlieu, dans le cadre de notre travail sur le prieuré clunisien

17 Jean-Marc Brun : De l’observance à la dissidence : le couvent des Grandes Ursules de Montbrison (1628­1845) , dans Etudes d’histoire, Saint-Etienne, Centre de Recherches historiques de l’Université de Saint-­Etienne, 1987, pp. 33-61.

de la ville 18 , n’a laissé entrevoir aucune allusion au jansénisme ou à des pratiques convulsionnaires, alors que le journal mentionne des recherches que faisait la police de certaines convulsionnaires (f° 9 r.). On ne retrouve également aucune mention de Charlieu dans la correspondance des jansénistes lyonnais ou chez les chroniqueurs de l’époque comme l’abbé Duret, l’un des auteurs les mieux informés de la région 19 .

 

Au terme de cette étude, qu’est-il possible de conclure sur l’origine du journal de Charlieu ? En tout état de cause, il semble difficile d’affirmer désormais qu’il s’agit du récit de séances convulsionnaires qui se sont déroulées chez les Ursulines de la ville. Nous avons très vraisemblablement affaire à la copie manuscrite d’un récit de secours convulsionnaires, tel qu’il en circulait énormément dans les milieux jansénistes de Paris et de la province. Les cinq premières séances sont d’ailleurs présentées comme un extrait du journal de la soeur B. Ces récits de convulsions étaient copiés et recopiés à des dizaines d’exemplaires, non seulement pour élargir la diffusion de ces discours miraculaires et apocalyptiques, mais aussi parce que l’acte de la copie était considéré en soi comme un exercice spirituel. Comme l’indique le P. Crêpe, chaque bande [de convulsionnaires] a ses registres, ses journaux et ses

18 Paul Chopelin : La fin du prieuré clunisien de Charlieu (Loire). Une communauté de l’Ancienne Observance au XVIIIe siècle, Montbrison, La Diana , Recueil de mémoires et documents sur le Forez, tome 34, 2001, 211 p. (rééd. abrégée en 2004 aux éd. La Bartavelle ).

19 Il faut également cesser de présenter le crucifix du XVIIe s., conservé au musée hospitalier de Charlieu, comme un «crucifix janséniste» (qui fait d’ailleurs, entre autres choses, la couverture du n° 3 de la revue Entretemps, consacré au jansénisme forézien). Les crucifix dits «jansénistes » – en raison de l’angle aigu formé par les bras du Christ – sont une pure invention de la polémique du XVIIIe siècle. Mise au point dans Jean-Pierre Chantin : Le jansénisme. Entre hérésie imaginaire et résistance catholique (XVIIIe-XIXe .siècle), Paris, Cerf­-Fides, 1996, pp. 77-78.

admirateurs 20 . L’abbé Reynaud, auteur du Mystère d’Iniquité dévoilé (1788), dans lequel il s’attaque violemment au mouvement convulsionnaire, a recensé plus de trente-sept mille écrits de ce genre 21 . En témoigne également la masse des journaux manuscrits de convulsions et de prophéties conservés à la Bibliothèque de la Société de Port-­Royal à Paris, soigneusement recopiés, souvent d’une écriture microscopique, sur de petits carnets. Nous y avons trouvé une copie du récit de la séance du 14 septembre 1780, en tout point identique à celle du «journal de Charlieu », mais, hélas, sans autre indication supplémentaire 22 .

L’auteur du journal de Charlieu est bien un adepte du mouvement convulsionnaire, mais qui se contente sans doute de recopier les pièces qui lui ont semblé les plus intéressantes. II aurait assisté en personne aux séances de convulsions des 16, 23 et 30 septembre 1783 (f° 19 r.). Il est presque certain, au vu du style et du déroulement de la séance, que la sixième séance du journal de Charlieu n’a rien à voir avec les cinq autres. La prédiction du frère Noël, qui aurait annoncé les ballons aérostatiques en 1742, située à la fin du journal est également une prophétie que l’on retrouve à de multiples exemplaires à la Bibliothèque de Port-Royal. Il en va de même pour les oraisons au diacre Pâris. Pierrette Vedeau est-elle l’auteur de ce manuscrit a ? Nous connaissons son écriture grâce au registre des actes de prise d’habit des Ursulines de Charlieu. Une analyse graphologique sommaire permet de constater qu’il ne s’agit pas

20 [Pierre Crêpe] : Notion de l’oeuvre des convulsions. op. cit., p. 33.

21 Catherine Maire : Les convulsionnaires de Saint-Médard, op. cit., p. 201. Plusieurs exemples de ces récits convulsionnaires, sélectionnés par l’auteur, sont reproduits aux pp. 201-231.

22 Bibl. de la Soc. de Port-Royal, liasse de prophéties et de récits convulsionnaires du XVIIIe siècle (non cotée) : récit de la séance du 14 septembre 1780. Je tiens à remercier les bibliothécaires, Valérie Guittienne-Mürger et Fabien Vandermarcq, pour leur aide précieuse dans le dépouillement de ces papiers.

de la même écriture que celle du journal de Charlieu , la forme de certaines lettres étant très différente [voir annexe]. Pierrette Vedeau possédait peut-être ce manuscrit qu’un autre adepte lui avait confié.

Tout au plus, peut-on émettre quelques hypothèses sur l’origine de ce cahier. Pierrette Vedeau est originaire de Matour, un village du Charolais, situé à une trentaine de kilomètres à l’est de Mâcon. Or, il existe un groupe de jansénistes convulsionnaires mâconnais, qui nous est connu par quelques allusions dans la correspondance de leurs confrères lyonnais et foréziens. Plusieurs d’entre eux résident à Pierreclos, entre Matour et Mâcon. Autre détail troublant, le 5 juin 1787, une certaine Anne Lebast entre chez les Ursulines de Charlieu, au moment où la signature de la soeur Vedeau reparaît dans les actes de prise d’habit. Anne Lebast est originaire de Saint-Georges-de-Reneins. Cette paroisse, au nord de Villefranche­sur-Saône, est située juste en face de Fareins de l’autre côté de la rivière. En 1787, une des soeurs de Claude Germain, curé de Lacenas et adepte du mouvement convulsionnaire, habite dans cette paroisse où son frère lui rend fréquemment visite 23 . Autre mystère : pourquoi Pierrette Vedeau a-t-elle quitté ses fonctions de supérieure en 1777? A-t-elle été temporairement éloignée du couvent sur ordre des autorités diocésaines ou simplement réduite à des activités subalternes au sein de la maison? Pour quelle faute? La disparition de la quasi totalité des archives épiscopales de Mâcon pendant la Révolution , notamment du fonds de l’officialité diocésaine. le tribunal ecclésiastique (réduit à quelques pièces éparses), nous prive d’une source qui aurait pu

23 Renseignement aimablement communiqué par Jean-Pierre Chantin. Sur Claude Germain, voir Yves Krumenacker : Du jansénisme à la secte. Vie de Monsieur Claude Germain, curé de Lacenas (1750-1831), Paris, Publisud, coll. La France au fil des siècles, 1998, 128 p.

être très précieuse 24 . Sans informations supplémentaires, on ne peut qu’émettre des conjectures. Une recherche en cours sur les anti-concordataires du Charolais permettra peut être de faire un lien entre ce journal et les «bleus», fortement implantés dans la région de Charlieu depuis le XIXe siècle. Parmi les foyers de résistance au Concordat, dans les environs de Charlieu, figure le village de Propières (Rhône), dont un frère de Pierrette Vedeau fut curé. Sous le Premier Empire, la principale prophétesse du mouvement, surnommée la Petite Benoîte , était elle-même née à Propières et fixa sa résidence à Matour, ville natale de Pierrette Vedeau.

Ce faisceau d’indices appelle à continuer cette étude dans la direction du jansénisme mâconnais et des anti-concordataires charolais. Le journal de convulsions de Pierrette Vedeau constitue peut-être un lien entre ces deux mouvements encore très peu connus. La poursuite des recherches les concernant permettrait de lever le voile de mystère qui pèse encore sur l’origine de ce journal et de dissiper définitivement la légende des crucifiements de Charlieu.

 

Annexe n° 1 :

Analyse du contenu du journal des convulsionnaires de Charlieu

(Arch . dép. de Saône-et-Loire, G 778)

 

– Extraits du journal de la « soeur B. (Melle L.) » de 1780 à 1783 (f° 1 recto à 38 verso).

Séance du 14 septembre 1780 (f° 1 recto à 8 verso). Cette séance dure cinq heures et demie.

Secours : clouage de deux morceaux de bois sur les oreilles ; scarifications en forme de couronne et de croix sur la tête ; enfoncement

24 Louis Michon et alii : lnventaire sommaire des archives départementales de Saône-et-Loire antérieures à 1790. Archives ecclésiastiques. Série G (articles 1 à 9-ll), Mâcon, Romand, 1933, 358 p.

d’épingles sur le crâne, les avant-bras, les mains, les pieds et le cou ; clouage des poignets, de la langue et des seins sur une planche ; percement des oreilles et de la langue par une épée ; percement de la langue, des oreilles et des seins à coups de stylets ; absorption de morceaux de pain mélangés à de la cendre et trempés dans le sang de la convulsionnaire ; crucifiement par terre sur le dos ; percement des pieds et des mains à coups d’épée ; foulage du ventre par une assistante ; coups de bûches ; crucifiement par terre à plat ventre ; coups de bûches sur le dos ; percement de la langue à coups de stylets ; crucifiement sur le mur, la tête en bas ; percement de la langue à coups de stylets ; crucifiement à une poutre, la convulsionnaire debout sur une commode.

Séance du 15 octobre 1781 (f° 9 recto à 18 verso). Cette séance dure six heures et quart.

Secours : flagellation ; soufflets et crachats des assistants sur le visage de la convulsionnaire ; clouage de deux morceaux de bois sur les oreilles ; scarifications en forme de couronne et de croix sur la tête et les avant-bras ; enfoncement d’épingles sur le crâne, les avant-bras et les mains ; clouage des seins ; crucifiement sur un mur ; percements de la langue et des joues ; marquage au charbon incandescent des scarifications en forme de croix ; crucifiement au sol ; percement des oreilles et de la langue ; crucifiement par terre à plat ventre ; coups de bûches sur le dos ; trois incisions au bras droit, puis au bras gauche, recouvertes d’huile et de vin ; crucifiement sur le mur la tête en bas ; décochement de flèches dans le dos ; enfoncement d’un clou dans le ventre ; crucifiement à une poutre, la convulsionnaire debout sur une commode.

Séance du 16 septembre 1783 (f° 19 recto à 24 recto). Cette séance, présentée comme la 144e, dure trois heures et quart, de 15 h 15 à 18 h 30. Elle est présidée par « As.»

Secours : crise de convulsions, accompagnée d’un long discours prophétique ; scarifications sur le front ; coups de bûches sur le ventre ; crucifiement par terre à plat ventre ; crucifiement par terre sur le dos ; coups de bûches sur les bras.

Séance du 23 septembre 1783 (f° 24 recto à 31 verso). Cette séance, présentée comme la 145e, dure trois heures trois quarts, de 15 h 30 à 19 h 15. Elle est présidée par « As.», en présence du «P. Noë».

Secours : percements de langue ; coups de poing sur la poitrine ; discours prophétique ; crucifiement par terre sur le dos ; coups de bûches sur les bras.

Séance du 30 septembre 1783 (f° 32 r° à 38 v°). Cette séance, présentée comme la 146e, dure trois heures et demie, de 14 h 45 à 18 h 15.

Secours : percements de la langue et des oreilles ; crise de convulsions et discours prophétique ; crucifiement par terre sur le dos ; percement des seins ; coups de bûches sur les bras et sur les cuisses.

– Trois oraisons au diacre Pâris (f° 39 recto à 40 verso).

– Séance de convulsions des soeurs Agathe et Félicité, du 10 octobre 1783 (f° 41 recto à 42 verso).

Cette séance a lieu dans un appartement de la «rue Moussi», en présence du «chevalier R.» et du «P. D.». Soeur Félicité : crise de convulsions ; crucifiement par terre sur le dos ; percement des seins et de la langue. Soeur Agathe : pendaison par les pieds et crucifiement la tête en bas ; coups d’épée dans le dos ; crucifiement par terre sur le dos ; absorption de vinaigre, mélangé à de la suie et des ordures ; percement de langue.

– « Extrait d’une lettre écrite à M. l’abbé Lemau du Martelet par le R. P. Popin, de l’Oratoire de Bourges, le 15 juin 1783 » (f° 43 recto à 45 verso).

Evocation du cas d’une jeune fille de 23 ans, qui survit dans son lit, sans boire et sans manger (sauf des hosties consacrées), qui crache de grandes quantités de sang, qui passe son temps à broder des ornements d’église et qui a des visions mystiques (apparitions de la Vierge et agaceries du diable). Le P. Popin est allé la visiter à deux reprises et atteste qu’elle n’a aucun rapport avec les groupes jansénistes convulsionnaires. Cette lettre ne contient aucun indice relatif à l’identité de cette visionnaire ou à son lieu de résidence.

– « Extrait d’un discours prononcé en convulsion par le frère Noël, le 8 avril 1742 » (f°446 recto).

Discours prophétique où certains voient la prédiction de l’invention des ballons aérostatiques.

Annexe n° 2 :

Liste des religieuses ursulines de Charlieu

dans la seconde moitié du XVIIIe siècle

d’après les registres des professions, prises d’habit et sépultures du couvent. (Arch . dép. de la Loire : H 30 / 1 et H 30 / 7)

 

Supérieures du monastère :

– Antoinette Cheuzeville ( ? – 1771).

– Pierrette Louise Vedeau (1771-1777)

– Madeleine Desvernay (1777-1790).

 

Liste des religieuses (par âge) :

– Marie Madeleine Guinard. Née en 1698, décédée le 26 septembre 1770.

– Marguerite Feuillot. Née en 1707. Nom de religion : sœur Marguerite de sainte Agathe. Décédée le 11 mai 1771.

– Catherine Rebast. Décédée le 8 novembre 1782.

– Françoise Forey. Décédée le 8 novembre 1782.

– Denise Lille. Décédée le 30 novembre 1788.

– Antoinette Cheuzeville. Née le 29 décembre 1712 à Belleroche, fille d’Antoine Cheuzeville et de Marie Boisson. Profession le 11 septembre 1741. Nom de religion : sœur Antoinette de sainte Ursule.

– Benoîte Servier. Née en 1716, fille de Jean Servier et de Laurence Deverchère. Décédée le 7 décembre 1788.

– Pierrette Robert. Née en 1721. Décédée le 2 décembre 1788.

– Claudine Beroujon. Née le 21 novembre 1722, fille de Pierre Béroujon et de Jeanne Durand. Profession le 21 mai 1744. Nom de religion : sœur Claudine de sainte Claire.

– Madeleine Desvernay. Née en ? à Régny, fille de Léonard Desvernay et d’Anne Fleury Ponchon. Profession le 26 avril 1748. Nom de religion : sœur Madeleine de sainte Rosalie.

– Claudine Lacharme. Fille de Claude Lacharme et de Claudine Laplace. Décédée le 8 janvier 1789.

– Pierrette Louise Vedeau. Née le 13 mars 1729 à Matour, fille de Jean Vedau et de Marie Momessin. Profession le 28 octobre 1751 . Nom de religion : sœur Louise de sainte Thérèse.

– Louise Poupet. Née le 16 mai 1730 à Roanne, fille de Claude Poupet et de Marie-Anne Roland. Prise d’habit le 15 mai 1763, comme sœur choriste. Nom de religion : sœur Louise de saint Augustin. Décédée le 9 août 1790.

– Benoîte Longère. Née le 18 mars 1733 à Cublize, fille de Pierre Longère et de Marie Desvernay. Profession le 4 octobre 1753. Nom de religion : sœur Benoîte de sainte Reine.

– Antoinette Longère. Née le 20 mars 1734, fille de Pierre Longère et de Marie Desvernay. Profession le 30 novembre 1756. Nom de religion : sœur Antoinette de sainte Angèle.

– Marguerite Fleury Desvernay. Née le 26 mars 1734 à Saint-Symphorien-de-Lay, fille de Léonard Desvernay et de Marguerite Jousserand. Profession le 28 avril 1756. Nom de religion : sœur Jeanne de sainte Rose.

– Gabrielle Barelle. Née le 8 mai 1735 à Villemontais, fille du sieur Barelle et d’Antoinette Ferrier. Profession le 5 juin 1756. Nom de religion a : sœur Gabrielle de sainte Hélène.

– Marie Bardet. Née le 10 juillet 1735 à Charlieu, fille du sieur Bardet et de Françoise Buynand. Profession le 21 janvier 1756. Nom de religion : sœur Marie de sainte Colombe.

– Marie Marduel. Née le 17 septembre 1735 à Theizé, fille de Benoît Marduel et de Marie Cailliat. Profession le 28 mai 1759. Nom de religion a : sœur Marie des Séraphins.

– Constance Labruyère. Née le 18 octobre 1735, fille de Louis Labruyère et de Constance Besson. Profession le 16 novembre 1756. Nom de religion : sœur Constance de saint Louis.

– Françoise Magdinier. Née le 12 décembre 1737 à Affoux, fille d’Etienne Magdinier et de Jeanne Roviscaud. Prise d’habit le 19 janvier 1764, comme sœur choriste. Nom de religion : sœur Françoise de saint Basile.

– Eléonore Gacon. Née le 18 janvier 1738 à Jonay (Jonzy ?), fille de Jean Gacon et de Philiberte Derains. Profession le 13 septembre 1760. Nom de religion : Eléonore de sainte Victoire.

– Catherine Michelet. Née le 2 août 1740 à Charlieu, fille de François Michelet et de Catherine Devillaine. Profession le 20 juillet 1761. Nom de religion : Catherine de sainte Ursule. Décédée le 6 septembre 1790.

– Marie Philippe Adam. Née le 30 septembre 1740 à Charlieu, fille de François Adam et de Jacqueline Alagrolette. Profession le 11 février 1762. Nom de religion : Marie de saint Michel.

– Jeanne-Marie Valence. Née le 16 avril 1744 à Roanne, fille de sieur Valence de Minardière et de Madeleine de La Rochette. Prise d’habit le 3 juin 1765, comme sœur choriste. Nom de religion : sœur Jeanne de sainte Rose.

– Marie Fleury. Née le 25 janvier 1739 à Saint-Igny-de-Roche, fille de Pierre Fleury et d’Anne Boisseaud. Prise d’habit le 5 février 1766, comme sœur choriste. Nom de religion : sœur Marie de sainte Cécile. Décédée le 17 avril 1787.

– Jeanne Marie Charlotte Perray. Née à Marcigny, pas de date de naissance, fille de Hugues Perray et de Renée Marie Marcel. Prise d’habit le 4 septembre 1771, comme sœur choriste. Nom de religion : sœur Jeanne de sainte Julie. Décédée en 1772.

– Claudine Thevreton. Née à Mars, pas de date de naissance. Fille de Claude Thevreton et de [ ? ] Labrosse. Prise d’habit le 4 septembre 1774. Sœur converse.

– Marie Michelon. Née le 6 mars 1747, à La-Chapelle-de-Guinchay, fille de Claude Michelon et de Marie-Anne Blicard. Sœur converse, le 18 septembre 1774. Sœur choriste, le 14 . janvier 1777. Nom de religion : sœur Marie de sainte Scholastique.

– Etiennette Delacharme. Née le 11 décembre 1749 à Matour, fille de Jean Delacharme et de Marianne Vedeau. Prise d’habit le 6 février 1772, sœur choriste en janvier 1774. Nom de religion : sœur Etiennette de sainte Elisabeth.

– Louise Dussard. Née le 24 février 1751 à Mardore, fille de Claude Dussard et de Vincente Laurent. Sœur converse le 14 janvier 1777, sœur choriste le 15 mai 1780. Nom de religieuse : sœur Louise de saint Alexis.

– Jeanne Marie Delacharme (ou Lacharme). Née le 6 mars 1751 à Matour, fille de Jean Delacharme et Marianne Vedeau. Prise d’habit le 6 février 1772, sœur choriste en février 1774. Nom de religion : sœur Marie de l’Assomption.

– Jeanne Marie Muguet. Née le 17 juillet 1755 à La-Chapelle-de-Mardore, fille de Jean-Claude Muguet et de Jeanne Marie Monrocher. Prise d’habit le 3 décembre 1775, sœur choriste le 25 février 1778. Nom de religion : sœur Marie de sainte Agathe.

– Benoîte Gabrielle Bellet. Née le 27 janvier 1757, fille de Claude Bellet et de Marie Chevallier. Prise d’habit le 14 octobre 1776. Soeur choriste le 25 octobre 1778. Nom de religion : sœur Gabrielle de sainte Germaine.

– Jeanne Thevenet. Née le 25 septembre 1757 à Saint-Julien-de-Cray, fille de Jean Thévenet. Profession le 5 juin 1787, comme sœur converse. Nom de religion : sœur Jeanne de sainte Madeleine.

– Claudine Belin-Richet. Née le 18 mars 1758 à Charlieu, fille de Benoît Belin-Richet et d’Antoinette Thévenard. Prise d’habit le ler mai 1776, sœur choriste le 10 juin 1779. Nom de religion : sœur Claudine de saint Benoît.

– Marie-Josèphe Cheuzeville. Née le 4 novembre 1759 à Belleroche, fille de Benoît Cheuzeville et de Catherine Alex. Prise d’habit le 28 août 1781. Nom de religion : sœur Marie de sainte Julie.

– Anne Lebast. Née le 4 septembre 1762 à Saint-Georges-de-Reneins, fille de Gabriel Lebast et de Benoîte Beillard. Profession le 5 juin 1787. Nom de religion : sœur Anne de sainte Croix.