De longs ais divisent cette voûte en 48 bandes paralléles sur chacune desquelles est peint un écusson se répétant 36 fois ce qui donne un total assez impressionnant pour un observateur rapide de 1728 compartiments.Tout autour de la salle, à la naissance des voûtes court une frise ornée de 242 écussons entrelacés d’ animaux fantastiques. Ils représentent tous, à l’ exception des armes du Roi de France, Suzerain de Forez, et de son épouse, Jeanne de Navarre, des blasons des familles féodales, alliées des comtes de Forez ou leur rendant hommage pour des possessions situées en Forez.
Certains l’attribuant à Jeanne de Bourbon, comtesse de Forez, veuve de Guy VII, fils de Jean Ier, qui vivait vers 1350. Les difficultés de la France à ce moment cruel de la guerre de Cent-ans laissent cependant supposer que cela été fait avant cette date plus tardive. La salle mesure 19 mêtres de long sur 8 mêtres de hauteur et de largeur. Elle est un spécimen de ce que l’ on nomme l’ ogive en tiers point, engendrée par un triangle, dont les proportions entre la base et la hauteur sont entre elles, comme 4 et 2 et demi. Cette caractéristique, conforte la datation de la fin du 13ème siécle où ce type d’ architecture est attesté.
Durant sa longue existence, cette salle a connu des destins variés. Jusqu’en 1531, soit plus de deux siécles, elle sert de salle de réunion des Etats de Forez, notamment en 1315 et 1358. En 1531, le Forez, déjà dans la mouvance des Bourbons, devient une province directe du Roi de France, à la suite de l’ opportune confiscation des biens du Connétable de Bourbon par François 1er pour le punir de son alliance avec Charles-Quint. Le roi, qui est en même temps comte de Forez, y nomme un bailli en la personne de Claude d’Urfé, grand-pére d’ Honoré d’Urfé, auteur de l’Astrée, et possesseur du Château de la Bâtie d’Urfé.
C’est sans doute à cette époque que le bâtiment connu simplement sous le nom de « grande salle du Cloître » prit celui de la Diana, par contraction du mot « Decanis » ou « Doyenné ». La contagion et les guerres civiles n’ empéchérent pas les festivités, puisque la salle de la Diana vit en février 1588 la représentation d’ une sorte de piéce de théatre intitulée « La Pastorelle » écrite par le chanoine Loïs Papon, humaniste, célébrant une victoire des Ligueurs.
Les Etats de Forez se réunissant rarement, bien que la nomination aux Etats généraux de 1614 des délégués du Comté s’y tint encore, le bâtiment sert le plus souvent à l’ intronisation des chanoines.
L’ Histoire de ce cloître bascule en 1789, les chanoines sont spoliés de leurs biens qui sont, maisons comprises, vendues aux enchéres, emprisonnés puis guillotinés à Lyon ou fusillés à Feurs entre 1793 et 1794, pour ceux qui n’ avaient pas pu fuir à l’ étranger. L’édifice est entiérement dévasté, transformé en écurie ou dépôt au rez-de-chaussée, tandis que l’ on construit à hauteur des frises un plancher grossier pour servir de grange, sort d’ ailleurs commun à plusieurs églises de Montbrison. Dans une certaine mesure, cette transformation a pu préserver le plafond armorié des intempéries et de la ruine!
Passant de mains en mains, l’édifice attire l’ attention de plusieurs érudits locaux qui vers 1860 en informent le Duc de Persigny, ministre de Napoléon III et forézien d’ origine. Celui-ci aida tout d’ abord à racheter le bâtiment en 1862 pour 6.000 francs-or, puis fit voter d’ importantes subventions en vue d’ abriter dans les locaux une société historique qui prendrait le nom de la Diana.
Les travaux, à la façon Viollet-le-Duc, mais non sous sa direction, furent exécutés entre 1863 et 1865, et aboutirent à l’ édification des façades Est et Ouest traitées en pierres et style néo-gothique, la cheminée intérieure et les vitrines de la bibliothéque qui devait abriter tous les livres, ouvrages ou documents parus sur l’ histoire de la province de Forez et en constituer la mémoire, selon son fondateur.
Ce rôle depuis ce mois d’ août 1862 avec 230 membres à l’ origine, a bien été joué par la Société Historique et Archéologique du Forez « La Diana ». En même temps on crée le bulletin de la Société, on constitue les bibliothéques, les échanges de publications avec d’ autres sociétés historiques et archéologiques françaises, puis inaugure le musée archéologique en 1884…, beaucoup de chemin parcouru depuis, avec aujourd’hui plus de 1100 membres, plus de 30.000 volumes dans ses bibliothéques, de nombreuses archives, et un musée archéologique ayant un laboratoire d’ études aujourd’hui d’ audience scientifique et un service pédagogique.
Parallélement la Diana a pu mener à une époque où l’ opinion était moins sensibilisée une oeuvre de sauvegarde et protection des monuments anciens du Forez. Le plus beau fleuron du patrimoine de la Diana est le château de la Bâtie d’Urfé, acquis au bord de la ruine en 1912 et restauré depuis grâce à une convention conclue avec le Conseil Général de la Loire. Il faut y ajouter les travaux de restauration et chantiers d’ été de Couzan, forteresse féodale ; la restauration de la chapelle de Baffie à Saint-Germain-Laval, le sauvetage de la Commanderie de Montbrison …