APPEL A COMMUNICATION
POUR LE COLLOQUE DU FESTIVAL D’HISTOIRE DE LA DIANA
sur le thème de LES PAYSANS et LEURS ANIMAUX.
Hier, aujourd’hui, demain
jeudi 16 et vendredi 17 NOVEMBRE 2023
La société historique et archéologique du Forez, La Diana, organise tous les deux ans à Montbrison, capitale du Forez, un festival d’histoire comprenant des expositions, des films, et un colloque universitaire, avec l’appui des collectivités locales et régionales et la participation des scolaires. Les Actes sont publiés un an après l’événement,
2016 : Boire et manger, une histoire culturelle
2018 : L’eau, source de vie
2021 : Limites et frontières
Le prochain festival d’histoire de Montbrison aura lieu du 13 au 18 novembre 2023 sur le thème « les paysans et leurs animaux. Hier, aujourd’hui, demain ». Il comprendra des expositions, des cafés culturels, des visites d’exploitations agricoles, un salon du livre d’histoire. Le colloque, véritable épine dorsale du Festival, se déroulera les 16 et 17 novembre et sera consacré au même thème.
Les paysans et leurs animaux. Argumentaire.
L’indice majeur du Néolithique est bien la domestication entre 10 000 ans av.n.è. (avant notre ère) et 5000 av. n. è. Les chasseurs-cueilleurs ont alors utilisé le loup devenu chien. Les agriculteurs-éleveurs ont domestiqué qui le buffle, le porc (Chine), le chameau, le yack, le dromadaire (Asie occidentale), qui le dindon (Amériques), qui l’âne (Afrique), plus récemment la basse-cour et le cheval (Europe). L’homme a changé sa vision du monde et de la nature et l’histoire s’est mise en marche.
Les rapports de l’homme (le paysan, l’éleveur) avec ses animaux désormais familiers ont été profondément modifiés au fil du temps, en fonction des mouvements de population, des échanges, des occupations de territoire, des avancées techniques (modes de défrichement, de transport, d’enclosure). Pourtant ils ne font pas souvent l’objet d’une étude croisée (cf bibliographie).
C’est pourtant :
Un sujet d’actualité récidivant :
Les annuels Salons de l’Agriculture à Paris, les comices agricoles en province (Feurs en Forez, foire de la Sainte-Catherine à Saint-Galmier), réactivent toujours les débats : polémiques autour de la maltraitance animale, autour de la gestion écologique des paysages, autour du revenu agricole. En 1900, un Français sur deux travaillait dans les champs et élevait des « bêtes » (bovins, caprins, ovins, chevaux, volailles, cochons). En 2020, il reste moins de 500 000 agriculteurs/éleveurs. La Loire reste un fort département agricole, très tourné vers l’élevage (à viande dans le Roannais, laitier dans le Forez).
Un sujet neuf :
Certes le festival de Blois a travaillé sur le thème « les paysans » en 2012. Mais depuis, alors que la recherche sur les modes de vie ruraux (Jean-Luc Mayaud et le laboratoire d’Etudes rurales à Lyon 2, Jean-Marc Moriceau à Caen) a bien avancé, plus rien sur le monde des campagnes. L’histoire rurale, depuis une quinzaine d’années, a connu un développement important. cf les revues : Revue internationale d’Histoire des Sociétés rurales ; Ruralia (Lyon).
Certes, le Festival d’Histoire de Montbrison a bien inscrit le cheval « de Pégase à Japeloup » à son ordre du jour de 1998. Mais rien d’autres sur le monde animal. En revanche, la recherche s’est beaucoup développée en « histoire des animaux » (Eric Baratay à Lyon 3).
L’idée originale pour Montbrison 2023 est de croiser l’éleveur (et sa famille) avec les élevés de tout poil et de toute plume. Les animaux de la ferme, – et pourquoi ne pas considérer les chiens, les chats, les abeilles – pourront ainsi entrer dans notre ménagerie.
Une histoire transversale :
– Tous les espaces sont bien sûr concernés : montagnes, plaines, plateaux, vallées. Les formes de l’élevage, suivant les lieux, connaissent une grande diversité.
– Le sujet ne concerne pas seulement l’histoire économique et sociale, mais aussi c’est aussi une histoire culturelle et sensible qu’il s’agit de dérouler. Le paysan, depuis les débuts de l’élevage, aime tant ses animaux qu’il en fait ses compagnons de travail (« bête de somme ») et qu’il finit par les manger, les assimiler : de l’antique Io à la contemporaine Neige, en somme.
– d’autres personnages et acteurs interviennent de longue date en amont ou en aval de l’activité paysanne : le propriétaire, le vétérinaire, le boucher, le laitier, le maquignon… On aura bien sûr à considérer l’ensemble de la famille paysanne dans ses rapports avec les animaux : l’enfant qui garde les bêtes, la femme qui soigne la volaille, trait les vaches, les chèvres, les brebis, nourrit les cochons, en plus de ses nombreuses autres activités. La domesticité sera bien sûr observée : les ouvriers agricoles, les vachers, les bergers.
– La géographie, l’archéologie, l’agronomie ne manquent pas d’épauler cette histoire rurale. Elles révèlent notamment des objets, des pratiques de la vie quotidienne. La littérature est également convoquée à ce sommet (La Terre de Zola, la littérature régionaliste, les traités d’agriculture depuis Olivier de Serres, les fables d’Esope à La Fontaine, en passant par le roman de renard). Les arts plastiques (peinture naturaliste en tête) viennent aussi présenter ce monde rural. Le Droit lui-même est convoqué : citons pour exemple les procès d’animaux sous l’Ancien Régime. L’éducation de l’homme passe enfin par la relation à l’animal, et même au sein de l’école rurale.
Tout cela fait – alors que le paysan est plutôt réputé « taiseux » – une multiplication des sources : écrites, orales, iconographiques.
Le thème pourra se décliner en quatre mots :
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Travaux :
Les activités, au-delà de l’apparente immobilité du monde des campagnes, se diversifient au fil de l’histoire. Pensons simplement à la « révolution herbagère » du XVIe siècle, à la « révolution fourragère » du XXe siècle qui ont permis de développer et de spécialiser les élevages. On veillera cependant, pour rester dans le cœur du sujet, à ne pas parler des activités « industrielles » ou « protoindustrielles » qui transforment les produits paysans dans le cadre de véritables filières commerciales ou construisent des énergies nouvelles à la campagne.
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Soins
:
L’attention à « l’outil de travail » est une constante. L’entretien des bêtes est jugé vital. Soigner la bête blessée, abattre la bête malade, avant qu’elle ne transmette son mal à tout le troupeau, voire à l’homme. A ce titre, l’intervention des vétérinaires marque une révolution certaine (Maisons-Alfort et Lyon, premières Ecoles vétérinaires dans les années 1760). Auparavant, les « remèdes de bonne femme » (et parfois de maréchal-ferrant) semblaient la règle universelle, même en cas d’épizootie.
Par ailleurs, depuis le XVIIIe siècle, les races animales, utiles pour l’homme, font l’objet d’une sélection de plus en plus rigoureuse, au point de provoquer des disparitions d’espèces ainsi que des mutations génétiques.
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Alimentation
Ce que mange l’animal est bien sûr décisif pour la qualité de sa viande ou l’intensité de son travail. Pour les herbivores, les pâturages ; pour tous, l’accès à l’eau.
Il faudra se souvenir aussi que l’animal domestique est la nourriture de base du paysan (viandes, laitages, volailles, œufs).
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Représentation.
L’image de l’animal de ferme dans le vaste monde des Arts est très répandue. Depuis les fresques tombales d’Egypte pharaonique et les fables d’Esope jusqu’aux émissions télévisées, au cinéma des XXe-XXIe siècles, en passant par les fabliaux du Moyen Age, les contes et fables des XVIIe-XIXe siècles, les romans ruraux, la peinture naturaliste des XIXe et XXe siècles, l’image animalière enflamme l’imagination des artistes. Cette image vire parfois au symbole. Relisez pour seul exemple La ferme des animaux, de George Orwell, 1945, qui raconte la révolte des animaux de la ferme emmenée par le verrat bolchévique : une fable morale additionnée d’une métaphore politique.
Bibliographie indicative :
Baratay Eric, Cultures félines (XVIIIe-XXIe siècle). Les chats créent leur histoire, Paris, Seuil, 2021.
Baratay Eric (dir.), L’animal désanthropisé. Interroger et redéfinir les concepts, Paris, Ed. De la Sorbonne, 2021.
Baratay Eric (dir.), Croiser les sciences pour lire les animaux, Paris, Ed. De la Sorbonne, 2020.
Baratay Eric, Biographies animales. Des vies retrouvées, Paris, Seuil, 2017.
Baratay Eric, Le point de vue animal. Une autre version de l’histoire. Paris, Seuil, 2012.
Baratay Eric, Bêtes de somme, Paris, Points, 2011.
Baratay Eric, Mayaud Jean-Luc (dir.), L’animal domestique. XVIe-XXe siècles, revue Cahier d’histoire, t.42, n°3-4, Lyon, 1997.
Beck Corinne, Guizard Fabrice (dir.), La bête captive au Moyen Age, Paris, Encragen 2012.
Bloch Marc, Les caractères originaux des campagnes françaises durant le Moyen Age, 1930.
simo (dir.), Histoire de l’alimentation, Paris, Fayard, 1996.
Froc Jean, Balade au pays des fromages. Les traditioChansigaud Valérie, Histoire de la domestication animale, Paris, éd. Delachaux et Niestlé, 2020.
Delfosse Claire, La France fromagère 1850-1990, Paris, La Boutique de l’Histoire, 2007.
Fanica Pierre-Olivier, Le lait, la vache et le citadin Du XVIe au XXe siècle, Versailles, Quae, 2008.
Flandrin Jean-Louis, Montanari Masns fromagères en France, Paris, Quae, 2006.
Kalintschuk Mathieu, Entre agricolisation et pastoralisation. Histoire sociale du développement agricole dans le département du Doubs. XIXe-1ère moitié du XXe siècle, thèse d’histoire, Lyon 2, 2014.
Madeline Philippe, Moriceau Jean-Marc, Les paysans. Récits, témoignages et archives de la France agricole. 1870-1970, Paris, les Arènes, 2012.
Mane Perrine, La vie dans les campagnes du Moyen-Age, Lyon, Editions de la Martinière, 2004.
Mayaud Jean-Luc, La petite exploitation rurale triomphante. France. 19e siècle, Paris, Belin, 1999.
Mayaud Jean-Luc, Gens de la terre. La France rurale. 1880-1940, Paris, éditions du chêne, 2010.
Mellah Malik, L’Ecole d’économie rurale vétérinaire d’Alfort (1766-1813), Une histoire politique et républicaine avec l’animal domestique, thèse d’histoire, Université Paris 1, 2018.
Michelet Claude, Histoire des paysans de France, Paris, Pocket, 1998.
Moriceau Jean-Marc, Histoire et géographie de l’élevage français du Moyen Age à la Révolution, Paris, Fayard, 2005.
Moriceau Jean-Marc, La mémoire des Croquants 1435-1652, Paris, Tallandier, 2018.
Moriceau Jean-Marc, La mémoire des Paysans, 1653-1788, Paris, Tallandier, 2020.
Nourrisson Didier, Du lait et des hommes. Histoire d’un breuvage nourricier de la Renaissance à nos jours, Paris, Vendémiaire, 2021.
Toussaint-Maguelonne, Histoire naturelle et morale de la nourriture, Paris, Larousse-Bordas, 1997.
Éléments d’une bibliographie régionaliste :
Anglade Jean, La vie quotidienne dans le Massif central au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1971.
Carrier Nicolas, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen Age XIIIe-XVIe siècle, Paris, L’Harmattan, 2001.
Damon Maurice, Les jasseries des monts du Forez, thèse de 3e cycle, Lyon, Université de Lyon 2, 1971.
Frémont Armand, Paysans de Normandie, Paris, Flammarion, 1981.
Giono Jean, Le grand troupeau, Gallimard, 1931.
Guillais Joëlle, La Berthe, Olivier Orban, 1988 ; La ferme des orages, Robert Laffont, 2000.
Plessy Bernard, La vie quotidienne en Forez avant 1914, Paris, Hachette, 1991.
Poncet Fabrice, Les beurres d’Isigny. Aux origines d’une Normandie laitière XVIIe-XIXe siècle, Tours, Presses Universitaires François Rabelais, 2019.
+ nombreux articles de Villages de Forez, de la revue L’Alpe (Musée Dauphinois, Grenoble), du Bulletin de la Diana …
Un comité scientifique :
- Baratay Eric (histoire contemporaine, Lyon 3)
- Faure Olivier (histoire contemporaine, Lyon 3)
- Ferland Catherine (histoire contemporaine, Québec)
- Fray Jean-Luc (histoire médiévale, Clermont-Ferrand)
- Grenier Benoit (Histoire moderne, Université de Sherbrooke, Québec)
- Mane Perrine (EHESS, histoire médiévale)
- Moriceau Jean-Marc (histoire moderne, Univ. Caen)
- Nourrisson Didier (histoire contemporaine, Lyon 1)
- Peyvel Pierre (La Diana)
- Poux Matthieu (histoire et archéologie romaine, Lyon 2)
Réponse à l’APPEL A COMMUNICATION POUR LE COLLOQUE DU FESTIVAL D’HISTOIRE DE LA DIANA SUR LE THEME « Les PAYSANS et leurs ANIMAUX »
16 et 17 NOVEMBRE 2023
Les communications durent 20 mn, afin d’échanger avec la salle et les Actes seront publiés dans l’année qui suit.
La prise en charge du séjour (nuitées, repas) est assurée par la Diana.
NOM….
Prénom…
lieu d’exercice de l’activité de recherche : ….
Communication proposée :
titre ……
résumé (1000 signes) : …
bibliographie : …
La fiche devra parvenir renseignée avant le 28 février 2023 à :
Elle sera examinée par le conseil scientifique et la réponse sera donnée avant le 30 mars 2023.