Devis et prix-fait de réparations au château d’Urfé en 1704.
M.Vincent Durand dit que l’annonce du livre consacré par M. de Soultrait au château de la Bâtie, cette brillante résidence des d’Urfé, est de nature à donner de l’intérêt à la publication, dans le Bulletin, d’une pièce contenant de curieux détails sur l’état du berceau de cette famille, au commencement du dernier siècle.
Voici cette pièce, qui a été communiquée en minute à M. Vincent Durand par M. le docteur Octave de Viry :
«Devy des ouvrages de charpenterye, massonnerye et couverture qu’il convient faire au chasteau d’Urfé.»
10 avril 1704.
« Premierement, il convient grosser ou crepir la tour Rouge, du costé de soir et bize, de trente piedz de rondeur et soixante piedz d’hauteur.
Plus, crepir les courdons ou meurtrieres de ladite tour de quinze piedz de rondeur sur toute leur auteur en dedans et au dehors.
Plus, au haut de ladite tour, au dessoubz des meurtrieres, du costé de soir, reprendre trois toises de muraille.
Plus, à la tour du Canon, mettre au couvert deux douzaines de planches de chaisne de six piedz.
Plus, au couvert de la Salle, mettre huit chevrons chaines de six piedz, deux douzaines de planches de chaisnes de six piedz.
Plus, au bord dudit couvert de la salle, y poser dessus les chevrons, dans l’estendue de cinquante piedz de long, en taillé (sic) de quatre pouces d’hauteur et trois d’espaisseur, dans lesquels les tuilles seront engravés.
Plus à la petite tour du costé de matin qui est à l’entrée de ladite salle, il convient mettre au couvert une douzaine d’aix de chaisne de six piedz et quatre chevrons de six piedz.
Plus, dans ladite salle, mettre un pillier de douze à treize piedz d’haut, sur dix pouces en carré, aveq une oreille et deux grosses crosses, pour soustenir le second tiran, qui est cassé.
Plus, à l’entrée du degré du chasteau, crepir environ une toize de muraille et bouclier les troux et mettre un pied-droit de dix-huit piedz, de neuf à dix pouces, aveq un anguardon, pour soustcnir la sablière, et mettre audit couvert trois douzaines d’aix de chaisnes de six piedz.
Plus, à la galerye en entrant, mettre deux pilliers de trois piedz et demy chacun, de cinq à sept pouces, aveq des oreilles ou anguardon, pour soustenir la solle du couvert de la dite galerye.
Plus, à ladite galerye, joignant la maison, passer une solle de dix-huit piedz de long, de six à neuf pouces d’escarissage, pour soustenir le couvert, et la faire soustenir à « extremité du costé de la cyterne, par un pied-droit de sept à huit piedz, de six à huit pouces.
Plus, à ladite galerye, du costé de la chambre du coin, y mettre trois pilliers de trois piedz et demy pour soustenir la solle du couvert de ladite galerye, aveq des anguardons ou oreilles.
Faire une chaney de bois chaisne, de trente quatre piedz de long, pour reccpvoir les eaux du couvert pour entrer dans la citerne, et faire un tuyaux de dix à douze piedz, aussy de chaisne, pour reccpvoir l’eau qui tombera de ladite chaney, et mettre trois douzaines d’aix de sapin au couvert de ladite galerye du costé de ladite chambre du coin.
Plus, au couvert de ladite galeryc, près le deqré du donjon, passer une sabliére de quatorze pieds, de sept à dix pouces, et passer au plancher de ladite galerye, de l’autre costé dudit degré une solive de dix pieds, de sept à huit pouces.
Plus, mettre un pillier à la Chambre du coin, de vingt-cinq piedz d’haut, pour apuyer le tyran du couvert, qui est pourry, et eslever ledit tyran et le joindre à l’arbalestier, mettre un pied-droit de cinq à six piedz de long, de sept à neuf pouces, au dessoubz du plancher de la galerye près la cyterne.
Plus. à la Chambre de Madame, passer une poutre de dix-huit picdz de long, de huit à dix pouces, pour soustenir les trois poutres de ladite chambre qui sont cassées, et mettre deux pilliers de vingt-deux piedz, de huit à dix pouces, pour soustenir ladite poutre.
Plus, à la cuisine ou chaufoir, abatre le tuyau, le couvrir à thuille creuze, y passer quatre chevrons de seize à dix-huit piedz et une sablière de douze à quinze piedz.
Plus, mettre à la platte-forme de la grand tour deux pilliers de six piedz aveq des anguardons pour soustenir les deux tirans du milieu qui sont cassés, et les poser sur deux pièces de bois de quatre piedz de long.
Plus, grosser à chaud et sable la muraille de la platte-forme et celle de la muraille du Donjon du costé de midi, depuis le toict (?) jusques au haut, qui est d’environ trente-cinq piedz d’haut sur dix-huit à vingt piedz de large et y refaire, dans ladite estendue environ deux toizes de muraille.
Plus, grosser à chaud et sable les crenaux de la muraille depuis la tour de la Chambre du coin jusques à la tour du Canon, pour empescher que les pierres en tombant ne rompent les thuilles.
Plus, redresser les deux bas des croisés de pierre l’une de la fenestre de la chambre de Madame, et l’autre de la chambre du coin.
Plus, passer huit chevrons à la grand tour du costé de bize, et y mettre une douzaine d’aix de chaisne.
Plus, alonger un bout du couvert de l’escurye en entrant au chasteau par le grand pon 1evy, d’environ deux toizes, pour faire tomber les eaux à costé du fossé, et demolir la muraille pour pouvoir poser le couvert dessus à nyveau du couvert qui est à present, mettre huit chevrons au couvert, de huit piedz dc long, de trois à quatre pouces, et faire une porte à deux batans aveq les eslundes, de six piedz en carré, et raccomoder la fenestre.
Plus, poser à ladite escurye, soubz une des poutres, un bouchet de six piedz aveq un pillier et un anguardon, et redresser les deux pilliers qui sont soubz les poutres de ladite escurye.
Plus, recouvrir à neuf toutes les tours et bastiments, tant dudit chasteau, chapelle, grange et escurye y joignant.
Plus, engraver toutes les thuilles le long des murailles dudit chasteau, et tout à chaud et sable.
Plus, à la tour Rouge, il convient reprendre la muraille par le fondement, du costé de soir et bize, en glassy de dix-huit piedz d’hauteur, de vingt-quatre piedz de largeur et de trois piedz d’espaisseur dans le fondement, finissant au haut d’un pied ou environ.
Plus, au coin de ladite tour, du costé de soir, y reparer une bresche d’environ cinq piedz d’haut sur deux piedz de large.
Plus à ladite escurye en entrant, faire à neuf la muraille du costé de soir, dans l’estendue de deux toizes et demy ou environ de long, sur trois toizes d’haut, et poser les eslundes d’une porte de six piedz et celle d’une fenestre de trois piedz de large sur quatre piedz d’haut, et faire et reparer la muraille du costé de mîdy et y faire environ quatre toizes de murailles.
Pardevant le notaire royal aux baillage et seneschaussées de Forestz soubsigné et presens les tesmoins bas nommés, furent present Mre Jaques Plichon, escuyer, sieur d’Urtebize, gentilhomme de la grande venerye de France, au nom et comme procureur fondé de la procuration generalle d’haut et puissant seigneur Josepht-Marye de Lascaris, marquis dudit Urfé et de Baugé, comte de Sommerive, Saint-Just-en-Chevallet, la Bastye et autres places, d’une part et Pierre Cliambrias, me charpentier couvreur demeurant au bourg de Noirestable d’autre part, et Denys Angleraud (I) et Antoine La Roche me masson demeurant audit Noirestable d’autre part. Lesquels sont convenus et demeuré d’accord de ce qui suit. C’est assavoir que lesdits Angleraud et La Roche promettent, s’obligent et seront tenus solidairement, sans division ny discution, à quoy ils ont renoncé, de faire bien et deubment les vingt-deux toizes ou environ de murailles contenues aux trois derniers articles du devys cy dessus, en la maniere y expliquée, et d’y travailler incontinant après que les materiaux seront sur place, les induire et crepir, et ce moyennant la somme de vingt sols pour toize, et de rendre ledit ouvrage fait et parfait, subjet à visite. Laquelle somme de vingt sols par toize ledit sieur Plichon, audit nom, promet faire payer ausdits Angleraud et La Roche par le fermier de ladite terre d’Urfé, au fur et à mesure qu’ils travailleront, et de leur faire fournir chaud et sable à pied d’oeuvre et les bois nécessaires pour faire les eschafaudz. Et ledit Chambrias promet, s’oblige et sera tenu de faire bien et deubment tous les autres ouvrages contenus audit devys, duquel luy a esté presentement fait lecture, qu’il a dit avoir veu, visité lesdits ouvrages qui y sont expliqués, et d’y travailler incessamment et sans discontinuation, aussy tost qu’il y aura des materiaux sur place, et de rendre le tout fait et parfait en dedans le mois d’octobre prochain, subjet à visite et reception, abattre et escarrer tous les bois qui seront necessaires. Pourra neantmoins se servir de ceux qui se trouveront bon en les recoupant. Et ce, moyennant la somme de quatre-vingt-dix livres que ledit sieur Plichon, audit nom, promet.aussi faire payer audit Chambrias, au fur et mesure qu’il travaillera, et de luy faire fournir à pied d’oeuvre tous les materiaux generalement qui seront necessaires, savoir planches chevrons, thuille creuse, thuille platte, chaud, sable. Et à l’esgard des gros bois, ils luy seront niarqués dans le bois d’Urfé et conduit dans le chasteau après qu’il les aura abattu et escarré. Et en consideration et en veue du present marché, et moyennant l’entière execution d’icelluy, promet, s’oblige et sera tenu ledit Chambrias de tenir ledit chasteau, chapelle, grange et escuries, et generalement tous les couvertz qui sont despendans dudit chasteau en bon et suffizant estat, en sorte qu’il n’y pleuve point, et ce, pendant l’espace de neuf années entières et consecutifves, qui commenceront du jour qu’il l’aura mis en estat, et ce, à raison d’unze livres pour chaqu’une année pour l’entretien desdits couvertz, qu’il sera tenu de rendre en bon estat à la fin desdites neuf années. Lesquelles unze livres luy seront payés par chacun an par le recepveur de ladite terre. Le tout à peyne de toute perte, despens, dommages et interestz. Et pour pot de vin du present marché, cinquante sols, sçavoir moityé pour ledit Chambrias, moityé pour lesdits Angleraud et La Roche, lesquels cinquante sols leur ont esté payé comptant par le sieur Reynaud, et quinze livres audit Chambrias à compte et en deduction desdites quatre-vingt-dix livres : dont ils se contentent chacun à leur esgard. Car ainsi l’ont voulu les partyes, promis entretenir par obligation de leurs biens etc., soubmissions, etc., renonciations, etc. Faict à Champoly, après midy, le dixiesme apvril mil sept cent quatre, present sr Jean Farjon, marchand de Saint-Just, et me Thomas Gonon, bourgeois dudit Champoly, qui ont signés aveq ledit sieur Plichon, et lesdits Angleraud. La Roche et Chambrias ont declaré] ne savoir signe; enquis. Soit scellé et controllé.
Signé: PLICHON, J. FARJON, GONON et VIDAL notaire royal.
Au dos: Prix faict de, reparations du chasteau d’Urfé, du Xe apvril 1704.
(Original, papier.)
M. Vincent Durand fait remarquer que les mesures précises consignées au devis peuvent être du plus grand secours pour restituer les dispositions de l’ancien manoir des Urfé.