BD, Tome III, Sceau découvert à Saint-Just-en-Chevalet, communication de M. l’archiprêtre Langlois et de M. Vincent Durand, pages 295 à 299, Montbrison, 1886.
Sceau découvert à Saint-Just-en-Chevalet, communication de M. l’archiprêtre Langlois et de M. Vincent Durand.
M. l’abbé Langlois communique à l’assemblée un petit sceau-matrice, découvert récemment à Saint-Just-en-Chevalet dans un jardin appartenant à M. Valendru.
Ce sceau de bronze orbiculaire, gravé sur la base d’une pyramide hexagonale à faces concaves et terminée par un appendice quadrilobé, mesure 18 millimètres de diamètre et 34 millimètres de hauteur.
Au centre un écu portant d….à trois chevrons d…..à la bordure d…. chargée de 13 besants ou tourteaux d…. Autour de l’écu cette légende en capitales gothiques : + JOHAN – RONI
M. Vincent Durand fournit les détails suivants sur le propriétaire présumé de cet objet.
Le sceau produit par M. l’abbé Langlois parait remonter au commencement du XlVe siècle. Les caractères de I’inscription accusent bien cette époque, et la forme de l’écu rappelle beaucoup celle des blasons de la Diana, peints, comme on sait, vers l’an 1300. Je crois donc pouvoir sans témérité attribuer le sceau dont il s’agit à Jean Roni, damoiseau, qui vivait en 1336, date d’un terrier reçu à son profit, qui fait partie des archives du château de Beauvoir. Ce terrier prend aux environs de Lavieu et à Montsupt. Jean Roni y est indifféremment appelé Roni et Ronini (1).
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(1) .. Confessus fuit… se debere anno quolibet dicto Johanni Ronini, etc,.. et se esse hominem cubantem et levantem dicti Johannis Roni.
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Jean Roni descendait probablement de Guillaume Ronini, chevalier, qui acquit, en juin 1262, certains cens de Johannin de Monseun, damoiseau, suivant un titre des mêmes archives. On peut le croire père ou grand-père d’autre Jean Rognini, damoiseau, témoin à un acte de foi et hommage prêté, le 13 mars 1363, par Pierre de Syuriaco, dit Pilet, seigneur de Marcoux (1) et qui fit fief lai-même, le 17 septembre 1378, pour ce que lui et Marguerite de Jas sa femme possédaient à Lavieu et à Montsupt (2). Il vivait encore en 1400 (3).
Il existait une rente noble du Bessey Rognin, et un territoire du même nom à un kilomètre environ au sud de Lavieu, sur le chemin conduisant à Bussy et la rive droite du ruisseau de Gardonnenche, qui descend de Châtelville. Une éminence située sur la rive opposée de ce ruisseau et qui semble être celle cotée à l’altitude de 775 mètres sur la carte de l’Etat-major, portait et sans doute porte encore le nom de Puy Châtelier (4). C’est peut-être dans ces parages que devrait être cherché l’ancien manoir des Roni.
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(1) Titre aux archives de Goutelas. – A. Barban, fiefs, n° 1366.
(2) Titre aux archives de Beauvoir.
(3) Mêmes archive,. Terrier reçu Jean Fornerii, au profit de Pierre Vernin et de noble Denys Sourd, acquéreurs de Jean Rognini, damoisean. – Par son testament du 13 juin de la même année 1400, Jeanne de Bourbon, veuve du comte Guy VII, légua 50 francs d’or à Marguerite de Jas, femme de Jean Rognin, in recompensationem serviciorum et obsequiorum… per multa tempora fideliter impensorum (La Mure-ohantelauze, III, p.146).
Ce Jean Rognin parait avoir eu pour héritière Jeanne Rognini, épouse de Guillaume Puy, alias Rognini, seigneur du Bessey, vivant dans le premier tiers du XV’ siècle et tige des Puy de Rony , dont Madame la baronne Clémentine d’AiIly, née Puy de Rony. est le dernier représentant. (Communication de M. le docteur Octave de Viry).
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(4) Archives de Beauvoir. Cartes terristes. XVIII’ siècle.
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Il ne faut pas s’étonner des variations subies par l’orthographe de ce nom, qu’on trouve écrit Roni, Ronini, Rognini et Ronins. Ces variations tiennent à une prononciation nasale, dont le nom de nos confrères MM. Rony, originaires de Saint-Bonnet-le-Château, nous offre un exemple tout-à-fait identique : le peuple ne prononce pas Rony, mais Rogni.
Auguste Bernard a supposé que le nom de Ronins, dans lequel il n’est pas éloigné de reconnaître celui de Sant-Georges-de-Reneins en Lyonnais, était le nom patronymique des Lavieu (1). Dêjà La Mure, rapportant la fondation du prieuré de Jourcey faite au temps de l’archevêque Amédée (1142-1147) par Pierre Ronins, Palatin son frère, et leur mère, du consentement de Guillaume de Lavieu, de Guiliaume de Saint-Bonnet et d’un personnage appelé Ubo Athanacensis, sans doute Hugues, 23e abbé d’Ainay (2),
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(1) Essai historique sur les vicomtes de Lyon, de Vienne et de Mâcon, dans la Revue Forézienne, t. 1er, p.108.- Histoire territoriale du Lyonnais, dans les Mémoires de la Diana, t. II, p 315 et:319.- Saint-Georges de Reneins est appelé Ronnenchum dans la charte 437 de Savigny, locum Ronense dans 1a charte 2000 de Cluny et Ronecs dans la charte I56 d’Ainay. Ces textes sont de la fin du Xe siècle ou de la première moitié du XIe.
(2) Pétrus Ronins, et Palatinus, materque eorum, cum suis omnibus, Domino et ecclesioe fontis Ebrealdi.. dederunt (terram de Jurciaco). Hoc donum fuit factum…consilio domini archiepiscopi Amedoei Lugdunensis, atque domini comitis forensis, et domini Willelmi de Laviaco, et guilelmi de Sancto Bonito, et domini Ubonis Athanacensis, et domini Guichardi de juncione. (Hist. du diocèse de Lyon, p. 303). – Cf. Guigue. Orbituaire de Lyon, p. 36. – Vachez. Introduction au grand cartulaire d’Ainay, p. xvij.
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avait pensé que « ce Pierre Ronins et le Palatin son frère étoient de l’anciéne maison de Lavieu en Forès, comme on le vérifie par quelques actes de leurs descendans passés audit pays, dans lesquels le nom de Lavieu est joint à celuy de Ronins et de Palatin ; car on trouve [un] , de l’an 1260, ou est intitulé ainsi un seigneur de cette maison, Guillelmus Ronins de Laviaco, miles, et son sceau en cire blanche y porte un escusson chargé d’une simple bande, comme est l’escusson ancien de Lavieu, qui porte d’or à la bande de sable ; et auparavant on en trouve un autre de l’an 1249, ou s’intitule ainsi un autre seigneur de cette même maison, Milo Palatini de Laviaco, miles. Ces deux actes étans aux archives de l’église collégiale de Notre-Dame de Montbrison (1). » Quoi qu’il en soit de cette communauté d’origine, les armes gravées sur le sceau de M. l’abbé Valendru, trois chevrons à la bordure chargée de besants ou de tourteaux sans nombre, sont entièrement distinctes de celles connues comme ayant été portées par les différents rameaux de l’illustre famille de Lavieu.Je suis tenté de les rapprocher d’un écusson, resté inexpliqué jusqu’à ce jour, d’une bordure de la voûte de la Diana (n° 170 du catalogue de M. H. Gonnard), qui porte un chevronné d’azur et d’or, à la bordure de gueules. Ce pourraient être là les armes d’un Roni, et les besants de notre sceau seraient alors une brisure indiquant une branche cadette.
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