BD, Tome LIX, Documents d’archives concernant les fabriques de doubles tournois, pages 181 à 206, La Diana, 2000.
DOCUMENTS D’ARCHIVES CONCERNANT LES FABRIQUES DE DOUBLES TOURNOIS (1)
Communication de M. Ph. Lafond
__________
Le récent intérêt pour les doubles (et deniers) tournois de cuivre à poussé quelques chercheurs numismates à l’étude des documents conservés aux Archives Nationales (2). Ils suivent un pionnier de début du siècle, P. Bordeaux, qui avait fait une première reconnaissance dans cette jungle administrative. Il en tira un important article dans lequel il a, entre autres, traduit un des documents présentés ici (3).
Les chercheurs actuels ont des conclusions parfois divergentes et les documents cités ne sont pas toujours présentés.
Afin de se faire une opinion, il fallait consulter et tenter de déchiffrer quelques unes de ces archives. C’est avec l’aide précieuse de M.Gardon, membre de la Diana, que j’ai pu achever ce travail. Je le remercie vivement ici.
Quelques explications préliminaires :
Rappels sur le fonctionnement des fabriques :
Les ateliers de doubles et deniers tournois sont concédés à des intérêts privés depuis la fin du règne d’Henri IV. En ce qui concerne la concession attribuée à Simon Mathieu (fin du règne de Louis XIII), elle n’est pas moins qu’un monopole pour le traitant, celui ci n’ayant de compte à rendre qu’au Conseil du roi et non à la Cour des monnaies. Il s’agit d’un régime tout à fait exceptionnel.
Les deniers « emboîtés » :
L’obtention matérielle des monnaies est nommée « Délivrance ». Les monnaies sont inscrites sur un registre et c’est ce document qui indique le nombre d’exemplaires frappés année par année. Indépendamment de la tenue de ce registre, les juges gardes (4) doivent faire emboîter (mettre en boîte) un exemplaire de chaque espèce frappée toutes les fois qu’un certain nombre est atteint : 1 pour 200 pour l’or ; 1 pour 18 marcs soit 1 pour 4407,5 grammes d’argent oeuvré (1 marc = 244,75g) ; 1 pour 720 pour le cuivre (7).
Tous les ans, les boîtes doivent être acheminées à la Cour des Monnaies sous la responsabilité du Maïtre (5), afin d’y être « jugées ». La Cour des Monnaies procède à des vérifications de titre et de poids. En cas d’écart par rapport aux normes légales, des poursuites peuvent être engagées, et le Maïtre peut être condamné. Pendant des années, les fabriques de doubles se feront tirer l’oreille pour envoyer leurs boïtes de deniers. Les autorités obtiendront en partie satisfaction, car certaines de ces boïtes seront ouvertes. (Au début de l’année 1644 ou 1646 ?).
Le calcul du nombre de pièces est fait d’après la valeur indiquée en livres sols et deniers:
1 livre = 240 deniers ou 240 pièces
1 sol = 12 deniers ou 12 pièces
1 denier = 1 denier ou 1 pièce
(En effet, à l’époque du décompte, le double tournois ne vaut plus qu’un denier !)
Exemple pour Feurs : 4 livres, 1 sol, 7 deniers soit (4 x 240) + (l x 12) + (7 x 1)= 979 pièces.
Le « remède » :
Tous les doubles tournois sont fabriqués à 78 au marc. Cela veut dire que dans 1 marc de 244,75 grammes on doit fabriquer 78 pièces. Le poids théorique d’un double est donc de: 244,75 / 78 soit 3,138 grammes.
Le remède est la tolérance légale par rapport au poids et au titre. Pour les doubles tournois, elle est de 4 pièces au marc (environ 5 %). Il ne fallait pas dépasser :
78 + 4 soit 82 pièces par marc.
Le poids minimum était donc de : 244,75 / 82 soit 2,98 grammes. Si cette quantité est dépassée, le Maïtre est en faute et il est condamné (forte amende, perte de sa charge, emprisonnement….). Tout l’art du traitant était donc de s’approcher du remède sans toutefois le dépasser.
Les Documents:
Ils sont conservés aux Archives Nationales. La Diana en possède les copies sur microfilm (acquisition en 1999). J’ai pris le parti de présenter une photocopie du document original suivi de sa traduction.
Ces documents ne concernent que la période 1642 – 1643 pour laquelle Simon Mathieu avait signé un traité avec le roi. Il s’agit donc du type Warin, du nom du graveur général. En voici une représentation :
Il s’agit du » Controlle de la recette générale des boistes, proffits, revenus et esmoluments des monnoyes de France, jugées en la Cour des monnoyes depuis le 1er janvier 1644 jusqu’au dernier décembre audit an, durant laquelle année, Me Martin David, Conseiller du Roy, Recepveur général des boistes des monnoyes de France a faict ladicte recette « (6).
Les 16 premières pages sont consacrées aux Hôtels des monnaies royaux que l’on peut qualifier de » régulier » : PARIS – ROUEN – ST-Lô – LYON – TOURS – ANGERS – POITIERS – LA ROCHELLE – LIMOGES – BAYONNE – TOULOUSE – MONTPELLIER – NANTES – ARRAS – BOURGES – AIX – RENNES. (DIJON – VILLENEUVE-ST-ANDRE et TROYES sont cités, mais sont en chômage).
Les pages suivantes (f¡16 à 19) concernent la vérification de la frappe de doubles tournois venant des fabriques (ateliers nouveaux et indépendants) et concernant les années 1642 – 1643 : VIENNE – FEURS – VALENCE – LAY – ROQUEMAURE (ateliers dits de l’axe Loire-Rhône) et CORBEIL. Ce sont ces dernières pages qui font l’objet d’une partie de cette étude.
Contenu et développements:
Ce document nous indique:
– Les dates d’ouverture et de fermeture des différentes fabriques.
– Le nom du commis responsable (une sorte de Maïtre de la monnaie).
– Le décompte en livres, sols et deniers du contenu des boïtes.
– La somme due au roi pour ledit ouvrage.
(f° xvi v°)
Doubles.
Vienne, Monnayes du moulin depuis le XXIXème avril MDCXLIII jusqu’au XXIIème aoust de ladicte année En ladicte monnoye du moulin estably en ladicte ville de vienne durans ledict temps par Georges Boyron procureur et commis de Simon Mathieu, qui a traicté avec le Roy pour la fabrique desdits Doubles
(f° xvii r°)
fust ouverte ladicte boiste le troisième febvrier MDCXLIIII en présence du procureur génal du Roy en ladite cour pour l’absence dudit commis.
En ladite boiste y avait une livre neuf sols sept deniers de monnayage, qui ont esté rendut audict Boiron suivans l’arrest du conseil du cinquième aoust MDC quarante trois
Pour le débit dudit ouvrage arresté au bureau de ladite Cour le Douzième octobre MDCXLIIII, La somme de deux cent trente deux livres deux sols quatre deniers cy II C XXXII L II S IIII d
Somme dudict débit seullement
II C XXXII L II S IIII d
Doubles,
Feurs, Monnoye du moulin depuis le XVIIème avril MDCXLII Jusques au XIIème Juillet ensuivant.
En ladite monnoye du moulin estably en ladite ville de Feurs durant ledit temps par Pierre Rochefort procureur dudit Simon Mathieu.
Fust ouverte ladite boiste le neufviesme febvrier MDCXLIIII en présence dudit procureur genéal pour l’absence dudit Rochefort.
En ladite Boiste y avait quatre livres ung sol sept deniers de monnayage qui ont esté rendut audict Rochefort suivant ledit arrest du conseil du cinquième aoust MDCXLIII.
Pour le débit dudit ouvrage arresté au bureau de ladicte cour le XIIème octobre MDCXLIIII, la somme de quatre cent quatre vingt deux Livres neuf sols neuf deniers. cy IIIIC IIIIXX II L IX S IX d
Somme dudit dŽbit seullement
IIIIC IIIIXX II L IX S IX d
Doubles,
Valence, Monnoye de moulin depuis le
(f° xvii v°)
XXIIIème aoust MDCXLII, Jusqu’au XXIIème avril MDCXLIII.
En ladicte monnoye du moulin estably en ladicte ville de Valence, durant ledit temps par ledit Georges Boyron procureur dudit Simon Mathieu.
Fust ouverte ladicte boiste le neufviesme febvrier MDCXLIIII en présence dudict procureur general.
En ladicte Boiste y avoit une livre sept sols unze deniers du monnayage qui ont esté rendut audit Boyron suivant ledit arrest du conel dudict jour.
Pour le débit duditc ouvrage arresté au bureau de ladicte cour Le XIIème octobre MDCXLIIII, La somme de trois cent trente une livres dix neuf sols quatre deniers cy IIIC XXXI L XIX S IIII D
Somme duditc débit seullement
IIIC XXXI L XIX S IIII D
Doubles,
Lay, Monnoye du moulin depuis Le XIlème novembre MDCXLII Jusques au dixième mars MDCXLIII.
En ladicte monnoye du moulin estably en ladicte ville de Lay durant ledit temps par Pierre Rochefort procureur dudict Mathieu.
Fust ouverte ladite boiste le neufviesme Febvrier MDCXLIIII en présence dudit procureur général.
En ladite boiste y avoit unze cens Vingt Livres sept sols quatre deniers de monnayages qui ont estŽ rendut audict Rochefort suivant ledict arrest du conseil.
Pour le débit dudit ouvrage arresté au bureau de ladicte cour le XIIème octobre MDCXLXLIIII, La somme de quatre cent soixante six livres seize sols quatre deniers cy IIIIC LXVI L XVI S IIII D
Somme dudict débit seullement
IIIIC LXVI L XVI S IIII D
(f° xviii r°)
Doubles,
Roquemaure, Monnoye du moulin depuis Le troisième Fébvrier MDCXLIII Jusques au XXVIIème aoust ensuivant
En ladicte monnoye du moulin estably en ladicte ville de Roquemaure durant ledict temps par Splandian Sarpuy procureur, dudict Mathieu.
Fust ouverte ladicte boiste le troisième Febvrier MDC XLIIII.
En ladicte boiste y avait deux livres deux sols neuf deniers de monnayage qui ont esté rendut audict Splandian Sarpuy suivant ledict arrest du conseil.
Pour le débit dudict ouvrage arresté au bureau de ladicte cour le XIIème octobre MDCXLXLIIII, La somme de douze cens quarante une livres unze sols huit deniers.
Cy XIIC XLI L XIS VIII D
Somme dudict débit seullement
XIICXLI L XIS VIII D
Doubles,
Corbeil, Monnoye du moulin depuis Le XXVIIIème novembre MDCXLII Jusques au dixième Juillet MDCXLIII.
En ladicte monnoye du moulin estably en ladicte ville de Corbeil durant ledict temps par Pierre Barat procureur, dudict Mathieu.
Fust ouverte ladicte boiste le XIXème aoust MDCXLIII en présence dudit procureur general pour l’absence dudit Barat.
En ladicte boiste y avait pour cinq cens quatre vingt six livres treize sols quatre deniers d’une part, Et trente livres Six sols huit deniers d’autre de monnayage desdicts doubles qui ont estŽ rendut audit Barat par le susdit arrest du conseil.
(f° xviii v°)
Pour le débit dudict ouvrage arresté au bureau de ladict cour le Vingtième décembre mil six cent quarante quatre, la somme de six cent dix sept livres. cy VIC XLII L
Somme dudict débit seullement
VIC XLII L
Somme totale des deniers contenus au presen controlle: LXIIIM XLVIII L VII S IX D
Fait et arreste au bureau de la cour des monnoyes Le vingt ungième Jour d’Avril Mil six cent quarante six.
DEBEAUSSE
DESPREZ
DELAISTRE
FEURS :
L’ouverture de cette fabrique date du 27 avril 1642. C’est la première à être ouverte. Un doute subsiste dans la signification du mot » ensuyvant » lu par P. Bordeaux. S’agit il de » qui suit » et dans ce cas, la date de fermeture devrait être le 12 juillet 1642 ou bien de » l’année suivante » et dans ce cas, il faudrait comprendre : 12 juillet 1643. Cela voudrait dire que Feurs à continué à fabriquer des doubles pendant la période d’activité de Lay en toute légalité alors qu’une remontrance avait été formulée à Simon Mathieu pour un déplacement de fabrique non autorisée ! L’expression » ensuyvant » est utilisée dans d’autres ateliers et indique qu’il s’agit de la même année que l’année d’ouverture. Il faut donc retenir la première solution : fermeture le 12 juillet 1642. La période de travail est donc très courte (2 mois et demi), ce qui peut expliquer qu’on n’ait pas encore retrouvé de monnaies au F ou F barré daté 1642. Cela voudrait dire aussi que les deniers emboîtés ont été soigneusement conservés pendant au moins un an et demi, et peut être plus de 3 ans, entre le moment de la fermeture de la fabrique et l’ouverture de la boîte !
Le commis s’appelle Pierre Rochefort. II travaille sous les ordres de Pierre Claverye qui lui même est sous traitant de Simon Mathieu.
Dans la boîte, on dénombre 4 livres 1 sol 7 deniers c’est à dire 979 pièces. En théorie, on peut calculer le chiffre de fabrication : pour le cuivre, 1 monnaie devait être mise en boîte pour 720 frappées (7), ce qui donnerait un peu plus de 700 000 pièces. Mais ce qui est vrai pour les ateliers réguliers et pour des frappes normales, ne l’est plus pour ces frappes exceptionnelles dévolues aux traitants. P. Bordeaux à quant à lui, fait un parallèle entre les frappes de liards sous Louis XIV qui relève à peu de choses près du même système que celui des traitants de la fin du règne de Louis XIII. Il estime à 2 pièces mises en boîte pour 100 marcs fabriqués ce qui donnerait une quantité d’environ 3 800 000 pièces correspondant à 12 tonnes de cuivre. Spooner (8) quant à lui estime la quantité fabriquée à environ 1 880 000 pièces (mais il indique 2 années de production : 1642 et 1643). Sans être très précises, ces différentes hypothèses permettent de se faire une idée de l’importance de la frappe qui dans ce cas reste raisonnable.
LAY :
La fabrique ouvre le 12 novembre 1642 et ferme le 10 mars 1643 (et non 1644 comme traduit par P. Bordeaux)
Le commis est Pierre Rochefort qui vient de Feurs. II a mis quatre mois à déplacer la fabrique de Feurs à Lay. Simon Mathieu sera réprimandé pour ces changements non autorisés (9) mais il pourra tout de même continuer ses activités. Il se peut qu’une fabrication clandestine ait subsisté à Feurs après la date de fermeture. Il était ensuite facile de faire passer cette production pour celle de Lay.
On trouve 1 120 livres 7 sols 4 deniers dans la boîte, ce qui correspond à 268 888 pièces ! ! Si ce chiffre est juste, il a de quoi surprendre. Il correspond à plus de 800 kg de monnayage ! Cette quantité devait être contenue dans plusieurs barils et fait plutôt penser à un reliquat de production récupéré au comptoir de la fabrique avant son démantèlement. Pour P. Bordeaux, la quantité totale de monnaies fabriquées devait dépasser le milliard de pièces ! Ce chiffre paraît très improbable pour plusieurs raisons :
La matière première : cette quantité nécessite environ 3300 tonnes de cuivre. En France, ce métal vient en grande partie de Suède, mais le transport depuis l’Allemagne et la Hollande est long et coûteux. De plus, la région possède les mines de Sain-Bel et de Chessy. Distantes d’environ 50 km de Lay, et surtout, situées sur la route Paris – Lyon, ces mines produisent du cuivre d’aussi bonne qualité que celui de Suède. Au milieu du XVIIIème siècle, la mine de Chessy produit 123 tonnes de métal par an (ce qui semble déjà être une production importante). La précédente exploitation date du cardinal de Richelieu (10). J’en déduit que ces mines ont approvisionné les fabriques foréziennes, probablement dès 1637 et jusqu’en 1643. La disproportion entre les quantités de cuivre monnayé sous Richelieu d’après P.Bordeaux et les quantités extraites au XVlIIème paraît militer en faveur d’une production plus modeste que ne le laisse apparaître le décompte des deniers mis en boîte. Même s’il faut admettre que l’approvisionnement en cuivre fut multiple: Suède ; Chessy ; refonte des monnaies existantes…
La main d’Oeuvre : elle ne devait pas être très qualifiée et la qualité des monnaies le confirme. Mais elle était sans doute assez nombreuse. Sachant qu’un coin (11) pouvait se briser aussi bien au bout de quelques pièces qu’au bout de plusieurs dizaines de milliers, il aurait fallu plusieurs graveurs à plein temps pour alimenter les presses. Je n’ai retrouvé aucune mention de monnayeur ou de graveur dans les quelques registres que j’ai consultés, mais cette recherche est loin d’être terminée.
L’outillage : d’après le traité, la capacité d’une presse est de 15 000 livres par an, soit 1 800 000 pièces. Lay a travaillé pendant environ 1 année. Il aurait fallu près de 500 presses à la fabrique pour pouvoir atteindre le milliard de pièces ! Rappelons que le traité ne prévoyait que 40 presses. Certes, il y eut de la fraude et les plaintes du peuple dont il reste des traces dans certains documents de l’époque. En travaillant jour et nuit, par équipes qui se relaient, ces mêmes presses pouvaient sans doute produire bien plus que ce que le traité n’indique. Des procès verbaux établis dans d’autres fabriques (comme à Lyon au début des années 1630) prouvent qu’entre les presse dissimulées, donc clandestines, et les cadences de travail, les quantités pouvaient aisément être décuplées ! Il faut tout de même revoir à la baisse les chiffres annoncés par P. Bordeaux.
VALENCE :
La fabrique ouvre le 23 aožt 1642 jusqu’au 22 avril 1643. Le commis a pour nom Georges Boyron (12) On trouve 1 livre 7 sols 11 deniers dans la boîte, ce qui correspond à 326 pièces.
VIENNE :
La fabrique ouvre le 29 avril 1643 jusqu’au 12 août de la même année. Le commis est aussi Georges Boyron qui vient de fermer VALENCE. On trouve 1 livre 9 sols 7 deniers soit 355 pièces.
ROQUEMAURE :
La fabrique ouvre le 03 février 1643 jusqu’au 27 août » ensuyvant » (1643). Le commis se nomme Splandian Sarpuy. On trouve 2 livres 2 sols 9 deniers soit 513 pièces.
CORBEIL :
La fabrique ouvre le 26 novembre 1642 jusqu’au 10 juillet 1643. Le commis se nomme Pierre Barai. Deux boîtes sont ouvertes (il s’agit probablement d’une distinction entre les années 1642 et 1643). Dans la première, on trouve 186 livres 13 sols 4 deniers, soit 44 800 pièces (1643 ?). Dans la deuxième, on trouve 30 livres 6 sols 8 deniers, soit 7280 pièces (1642 ?.)
Aucune indication n’apparaît sur la description du numéraire décompté.
Conclusion : Les dates d’ouverture et de fermeture sont quasiment certaines, mais il ne faut pas exclure que certaines fabriques aient pu continuer à travailler en toute illégalité après les dates de fermeture avouées.
Les noms des commis sont confirmés par les déclaration de Pierre Claverye (Z1B 51 1).
Pour les quantités de frappe, le problème est de connaître la règle qui a prévalu pour la mise en boîte des deniers. Il est difficile de donner une fourchette significative pour les quantités produites. Elle va en général de 1 à 10. Il faut savoir que même dans le système normal (doubles d’Henri III par exemple) la règle de 1 pour 720 souffre de nombreuses entorses, car les juges gardes n’appliquent pas forcément la règle à la lettre et les degrés de rareté que l’on peut définir grâce aux deniers emboîtés sont à manipuler avec précaution. On peut aisément imaginer les libertés qu’ont pu prendre les commis après avoir corrompu grassement leurs juges gardes.
Tableau récapitulatif des deniers emboîtés et des chiffres de fabrication possibles
Ateliers
|
Nbre de pièces mises en boîtes Z1B 304
|
Hypothèse légale 1 sur 720
|
Hypothèse P. Bordeaux 2 pièces pour 100 marcs
|
Hypothèse Spooner (d’Ap. Z1B 313) (8)
|
Hypothèse Droulers (2)
|
FEURS
|
979
|
704 880
|
3 818 100
|
1 878 240*
|
1 659 120
|
LAY
|
268 888
|
193 599 360
|
1 048 320 000
|
2 621 760*
|
2 747 902*
|
VALENCE
|
326
|
234 720
|
1 271 400
|
1 544 280*
|
2 338 084
|
VIENNE
|
355
|
255 600
|
1 384 500
|
1 184 280
|
1 271 043
|
ROQUEMAURE
|
513
|
369 360
|
2 078 700
|
3 872 760
|
3 980 192
|
CORBEIL 1 (1642 ?) |
7 280
|
5 241 600
|
29 848 000
|
568 080
|
568 080
|
CORBEIL 2 (1643 ?)
|
140 800
|
101 376 000
|
577 280 000
|
3 976 620
|
6 417 320
|
* Il s’agit de quantités cumulées des 2 années 1642 et 1643.
code Z1B 511
Parmi les nombreux feuillets conservés sous cette côte, ont été découverts 2 documents (13) qui précisent beaucoup de points concernant les fabriques de doubles tournois de l’axe Loire-Rhône.
Le rapport Bécquas :
Le premier est un rapport du conseiller auprès de la Cour des monnaies Charles Bécquas ou Béquas (14) daté du 03 février 1644 dans lequel il résume des visites faites sur les lieux de fabrication. Il pèse des lots de monnaies venant tantôt du comptoir de la fabrique tantôt des foires et marchés environnants.
Procès verbal mr Besquas pesées des doubles |
L’an mil six cent quarante quatre le troisiesme jo(ur) de fébvrier, nous Charles Bequas con(seillier) du Roy en la cour des monnoyes com(missaire) dépputé par sa Ma(jes)té p(ou)r nous transporter es villes de Vallance, Roquemaure et Lieux Circonvoisins po(ur) la rupture des moulins et au(tres) ustancilles servant a f(aire) doubles et deniers et ayant été sue les lieux à l’effet de notre commission et estans de retour es Ceste ville de Paris, nous auront été mis es mains par maître Nicolas Delaistre greffier en chef delad(ite) Cour, les boestes de deniers doubles |
Pesées des deniers des Boestes |
t(ournoi)s fabricquez es villes de Vallans, Vienne, Roquemaure, Feurs et Lay . Et ouverture faite d’icelle assisté dudit Delaistre, avons fait peser de trois marcs de louvraige fait en Lad(ite) ville de Feurrs Soulz le différend d’une, F, Barré
|
Feurrs |
Es quels trois marcs avons trouvé deux cens quarante quatre deniers, d’une au(tre) pesée Aussi de trois marcs (desdits) denier fabriquez Au(dit) Feurrs es quels y avons trouve deux cent quarante trois pièces Avons aussy fait deux pesŽées (desdits) doubles fabricquez en Lad(ite) ville de Vallance Soulz
|
Vallance |
le differend, de la lettre V, savoir une de trois marcs et une d’un marc et en celle de trois marcs trouvé deux cent quarante six doubles, et en celle d’un marc soixante et dix neuf pièces.
|
Vienne |
Et ensuitte avons fait aussi deux pesées (desdits) doubles fabricquez en lad(ite) ville de Vienne, Soulz le différend de la lettre, V, Barré, savoir une de trois marcs et une d’un marc, et en celle de trois marcs trouvé deux cent trente six pièces et en celle d’un marc, soixante et dix neuf pièces. Après et en continuans avons fait quatre pesées de trois marcs C(hac)unes (Ces quatre derniers mots sont en marge confirmés par un paraphe) des(dits) doubles fabricquez en le ville de Roquemaure Soulz le différend de la lettre, R, en la première desquelles |
Roquemaure |
est trouvé deux cent quarante cinq pièces, en la seconde,
|
boetes |
deux cent quarante deux pièces, en la troisième deux cent trente huit pièces, et dans la quatrième deux cent trente huit pièces.
|
Lay Boeste |
Ce fait avons fait une pesée Aussy de trois marcs de Louvraige fait en la ville de Lay Soulz le différend de la lettre, L, en laquelle avons trouvé deux cent trente six pièces et encore une au(tre) pesée d’un marc et demy du(dit) ouvraige fabriqué en ladite ville de Lay soulz Le(dit) différend de la(dite) Lettre, L, en laquelle esté trouvé six vingts pièces.
Pesées de deniers trouvés courants Dudit J(our) et A L’instans Nous Con(seilliers) et Commiss(aire) sus(dit) et soubzsignés assistés comme dessus avons procédé aux pezées des deniers par nous trouvés courants aux foires et marchés des dits lieux de, Feurrs, Vallance, Vienne et Roquemaure et Lay (ces deux mots barrés) comme il s’ensuit Premièrem(ent) |
Feurs courantz |
faict pesée d’un marc de doubles fabriquez en Lad(ite) ville de feurre soulz led(it) différend de lad lettre, F, et trouvé en Iceluy quatre vingts trois pièces.
|
Vallance courants |
D’une pezée d’un au(tre) marc de doubles fabriquez en Ladite ville de Vallance soubz le(dit) différend de la(dicte) lettre, V, et trouvé en icelui soixante et dix neuf pièces et du costé desdits deniers, LIIII grains.
|
Vienne courants |
D’une autre pesée de deux marcs de doubles fabriquez en lad(ite) ville de Vienne soulz le différend de la lettre V barrée et en icelle trouvé sept vingtz dix huit pièces. Ce que nous certiffions vray et avoir esté le tout aussi par nous fait les ans et jours susdits Bequas Delaistre |
Contenu et développements : lls peuvent être contenus dans les tableaux suivants :
Pesées des deniers des boîtes
Fabriques
|
différend de fabrique lettre qui figure sur le monnaie et détermine le lieu de fabrication
|
pesées en marc
|
nombre de monnaies décomptées
|
Nombre de monnaies si la règle de 78 au marc est respectée
|
Nombre de monnaies maximum avec le remède (82 au marc)
|
FEURS
|
F barré
|
3 marcs 3 marcs |
244 243 |
234 234 |
246 246 |
VALENCE
|
V
|
3 marcs 1 marc |
246 79 |
234 78 |
246 82 |
VIENNE
|
V barré
|
3 marcs 1 marc |
236 79 |
234 78 |
246 82 |
ROQUEMAURE
|
R
|
3 marcs 3 marcs 3 marcs 3 marcs |
245 242 238 238 |
234 234 234 234 |
246 246 246 246 |
LAY
|
L
|
3 marcs 1,5 marcs |
236 120 |
234 117 |
246 123 |
Pesées de deniers trouvés courants (Foires et marchés)
Fabriques
|
Différend de fabrique
|
Pesées en Marc
|
Nombre de monnaies décomptées
|
Nombre de monnaies si la règle de 78 au marc est respectée
|
Nombre de monnaies maximum avec le remède (82 au marc)
|
FEURS
|
F
|
1 marc
|
83
|
78
|
82
|
VALENCE
|
V
|
1 marc
|
79
|
78
|
82
|
VIENNE
|
V Barré
|
2 marcs
|
158
|
156
|
164
|
Feurs : Le différent d’atelier est bien un F barré. Quelques dizaines d’exemplaires ont été retrouvées. Mais il s’agit de monnaies datées 1643, alors qu’à cette date, Feurs est censée ne plus être en fonctionnement. Concernant les » deniers trouvés courants « , il n’est pas précisé que le F soit barré. II s’agit sans doute d’une négligence du greffier.
Le poids des pièces tirées des boîtes se trouve dans la limite du remède. Par contre, la pesée de monnaies trouvées sur le marché est trop faible d’une pièce pour le marc.
Valence : Le différent d’atelier est un V. Aucun exemplaire en bon état (à ma connaissance) n’ est venu confirmer ce fait. II existe des exemplaires dont le V ne paraît pas barré, mais leur état médiocre ne permet pas d’en être certain.
Le poids des pièces est dans la limite du remède.
Vienne : Le différent d’atelier est un V barré. Quelques exemplaires ont été retrouvés (Peut être une dizaine)
Le poids des pièces est dans la limite du remède.
Roquemaure : Le différent d’atelier est un R Quelques exemplaires ont été retrouvés.
Pas moins de 4 pesées ont été effectuées au comptoir de la fabrique. Elles représentent 963 pièces et toutes ces pesées sont dans la limite du remède.
Malgré la mention de cette fabrique dans les pesées des deniers trouvés courants, le détail de cette ou de ces pesées n’apparaît pas. Il peut s’agir d’un oubli de Charles Bécquas ou du greffier.
Lay : Le différent d’atelier est un L. Aucun exemplaire n’a été retrouvé pour le moment.
Les pesées se trouvent dans la limite du remède.
Dans le paragraphe des deniers trouvés courants, on peut observer un repentir du greffier qui barre cette fabrique après l’avoir inscrite dans la liste.
Interrogatoire de P. Claverie :
Daté du 18 Février 1644, cet interrogatoire a pour objet de demander des comptes à Pierre Claverie sous-traitant de Simon Mathieu, responsable des fabriques de l’axe Loire Rhône. Ce Pierre Claverie n’en est pas à son coup d’essai. Il fut dans les années 1637 à 1640 le maître de la fabrique de Bordeaux (sous le traité Texier). C’est probablement son frère Daniel, qui fut maître de la fabrique de Lyon de 1613 à 1615 et qui fit frapper doubles et deniers tournois de cuivre.
Interrogatoire de mr Claverye pour Simon Mathieu
Du xviii e Fébvrier 1644
Nous Charles Becquas Con(seiller) du Roy en la cour des monnoyes assisté de me Nicolas Delaistre Greffier en chef de lad(ite) cour po(ur) execution de l’arrêt d’icelle du XXVIIème jour de janvier dernier portans entre au(tres) choses acte A Pierre de Claverye con(seillier) et secrétaire du roy de ce q(u’i)l à pris le fait et Cause po(ur) Simon Mathieu Soulz le nom duq(ue)l Il auroit traité avec Sa Ma(jesté) pour la fabricque des doubles et est prest de respondre p(ou)r lui Aux choses touchant Le Jugement desdites boistes qui Proceddent et de leslection de domicile Q(u’i)l faict au logis de Miette procur(eur) en parlem(ent) p(ou)r raison de Ce..et ayans apris Que ledit Claverye estant fort indisposé et malade Au lit et Q(u’i)l ne pouvoit comparoir en Quelque Lieu ou nous le penssions faire Assigner assistés comme dessus nous sommes transportés Au logis dud(it) Claverye scys Au coing de la rue de Bourdunois ou nous aurions trouvé icelui Claverie malade Au lit, Auquel nous aurions parlant a sa personne fait entendre Le Subiect Qui nous menait en son dit Logis, ce fait L’aurions interpellé de nous dire son nom, age et qualité Après serment.
A dict Se nommer Pierre Claverye et estre con(seil) et secrétaire du roi maison et Couronne de France et de ses finances et agé de Cinquante Sept ans ou environ Après serment.
Interoger du nom, Surnom demeure et condition dudit Simon Mathieu.
A dit Q(u’i)l se nomme Simon Mathieu comme Il a dict et la servis deux ou trois ans et depuis huit mois s est Retiré de son service, Croit Q(u’i)l fut dabors en Bourgeugne deu il est, mais ne sait aprèsent en quel lieu Il fait sa demeure.
Interoger Sy Quelqu’un Autre Q(ue) luy respondant a traicté avec Le Roy de Ladite fabrique.
Adit que non.
Interoger a Q(ue)l nombre de presse Il à deub travaillé
Adit Q(ue) par son traité Il luy a eté permis de travaillé A quarante presses pendant trois années entieres soit toutes en une année ou en quelque temps après le temps de son traicté expire, comme par exemple Sy en une Années Il ne faisait travailler Q(ue)dix presses l’autre ou les années suivantes il luy Estait permis de f(aire) en travail Davantage.
Interoger combien il doit faire de pièce au marc.
A dit Q(u’)il Se doit avoir quatre vingt deux pièces avec les remèdes.
Interoger p(ou)r quelle somme il en devoict fabricquer
Adit Q(u’)il en devoir fabricquer pour dix huit cent mil Livres.
Interoger Syl (a) advoue Georges Boiron p(ou)r Son commis A Vienne et A Vallance, Splandien Sarpuy en celle de Roquemaure, et Pierre Rochefort en celle de Lay et Feurs.
Adict qu ouy Qu’ils avoient procuration p(our) cest effect…
Interoger Syl entand demeurer responsable de ce qu’ils ont fait.
Adict Q(ue) ouy.
Interoger Sy il na pas seu que A vienne Ils ont travaillé sous les remèdes.
Adict Qu’il n’avoit Charge de ce Faire.
Luy avons Remonstré Q(ue) ayans fait cinq pesées de chaq(une) trois marcs trouvés dans les deniers de la fabrique du(dit) Vienne Ils se sons trouvés sous les remèdes de cinq pieces en trois Marcs comme Aussi ayans fait pareills pesée d’autres doubles se sont trouvés faible en trois marcs de IIII pièce.
Adit Q(u)e il ne leur a donné Charge de ce faire Mais q(u’i)l est bien difficille de f(aire) ce travail sy reiglé et Q(ue) nous avons fait d’au(tres) pesées Qui estoyent fortes de beaucoub et que L’une debvait recompenser l’autre.
Interoger syl n’avoit pas donné ordre a ses commis de faire fabriquer Lesdits doubles faibles puis Que nous en avons trouvé dans le comptoir de la fabrique de Roquemaure faible en trois marcs de quatre pièces et deux pièces en une au(tre) pesée de trois marcs.
Adit n’avoir a nous respondre Q(ue) ce qu’il nous a dit ci dessus et être ce .Q(u’i)l a dit.
Et lecture A luy faite de son interogatoire et responses a dit ses responses contenir vérité et a signé .
Bequas
Claverie
Delaistre
N’ayant pas pu répondre à une convocation de la Cour des Monnaies, Pierre Claverie recoit à son domicile, qui se trouve être la maison d’un certain Miette, et du fond de son lit Charles Bécquas et le greffier Delaistre (14).
Il explique qu’il n’est plus au service de Simon Mathieu depuis 8 mois (environ fin Juin 1643).
On lui demande de rappeler le contenu du traité :
– 40 presses pendants 3 années
– Possibilité de dépasser la 3e année si les 40 presses ne sont pas installées la 1ère année
– 82 pièces au marc (sans qu’il précise s’il s’agit de la taille avec ou sans remède)
– Un total de 1 800 000 livres à fabriquer.
Puis il cite les commis dans les différentes fabriques:
– Georges Boiron pour Valence et Vienne
– Splandian Sarpuy pour Roquemaure
– Pierre Rochefort pour Feurs et Lay
Ces noms sont confirmés par le Z1B 304.
Béquas se demande si P.Claverie est au courant des abus commis dans les fabriques :
Ateliers
|
Nombre de pesées de 3 marcs
|
Nombre de pièces sous les remèdes par pesée
|
VIENNE
|
5 pesées 1 pesée |
5 pièces (pour une pesée ?) 1 pièce |
ROQUEMAURE
|
1 pesée 1 pesée |
4 pièces 2 pièces |
L’interrogé répond qu’il n’a pas donné ordre à ses commis de fabriquer sous les remèdes et que ça n’était pas son problème. Il explique aussi que ce travail est minutieux et que des pesées fortes compensent la faiblesse des autres.
PROBLEMES SOULEVES PAR CES ARCHIVES:
Z1B 304
Pour Feurs, on ne devrait pas avoir de monnaies datées 1643. Pourtant, nombre de monnaies au F barré pour 1643 ont été retrouvées. Faut il en déduire que Lay à utilisé le différent de Feurs en 1643 ou que Feurs et Lay étaient considérées comme une seule et même fabrique à cette date, l’une étant une succursale de l’autre ?
Le paragraphe en fin de document fait apparaître une date assez tardive: 21 Avril 1646 ! Est ce (encore !) une erreur du greffier ? Car ensuite apparaît le contrôle de la recette de l’année 1645. Il serait logique que ce dernier contrôle soit daté de début 1646, mais je n’ai pas son résumé final daté. Le premier atelier cité est Paris. Est décrit l’ouverture des monnayages au marteau du 24 janvier 1644 au 20 avril 1644. Ce contrôle des productions de l’année 1645 est forcément postérieur (ou du même jour) que le contrôle précédent qui comprend les fabriques de doubles. Si on fait confiance au greffier, on s’aperçoit que pour les doubles tournois le contrôle se fait environ trois ans après la fermeture officielle des fabriques ! Curieusement, ce décalage se reproduit pour les productions au marteau de Paris pour 1644, puisqu’elles sont contrôlées 2 ans plus tard ! Ce décalage était il aussi courant ?
Z1B 511
Le rapport Bequas est daté du 03 Février 1644, mais il ne précise pas les dates de chaque visite dans les différentes fabriques. Est-il possible que, pour Feurs, qui avait théoriquement fermé 1 an et demi avant ce rapport, un comptoir soit toujours en activité au point qu’on puisse y trouver des doubles à peser ?
Les monnaies pesées et provenant des comptoirs de chaque fabrique peuvent elles être les mêmes que celles trouvées dans les boîtes ? Possible en quantité pour tous les ateliers sauf pour Roquemaure.
Ce qui est reproché à Claverie dans son interrogatoire n’apparaît pas dans le rapport qui précède. Dans ce dernier, seule une pesée est trop faible (pour Feurs) alors qu’on reproche à Claverie des pesées trop faibles à Vienne et Roquemaure. D’autres pesées ont dû être faites, mais n’ont pas été consignées sur le rapport présenté ici. Existe-t-il d’autres rapports non encore découverts ?
CONCLUSION :
Pour être complet sur le sujet, il me manque un document contenu dans la côte Z1B3 13 . Il s’agit d’un contrôle des boîtes qui concerne entre autres les ateliers de l’axe Loire Rhône et qui a été utilisé par F. Spooner (8) (voir infra pour les chiffres récupérés de cet ouvrage).
Les documents d’archives nous apportent beaucoup de réponses, mais nous posent aussi d’autres questions. Doit on prendre comme véridiques et indiscutables les contenus étudiés au risque d’être abusé par des oublis ou des erreurs, qu’ils viennent d’un conseiller qui dicte ou d’un greffier qui note ? L’erreur peut aussi être volontaire et il serait bien risqué de vouloir calculer une quantité de frappe d’après les deniers emboîtés. Tout au plus peut-on en définir le degré de rareté dans le meilleur des cas !
Bien d’autres documents sont encore à découvrir dans les tonnes d’archives, qu’elles soient Nationales ou Départementales, qu’elles viennent de la Monnaie de Paris ou qu’elles soient dans le domaine privé. Mais sans les négliger, il ne faut pas bâtir des théories uniquement sur le papier. L’étude des monnaies retrouvées est bien aussi importante. L’étude de trésors est à encourager, mais il faut que les publications suivent. L’étude des médailliers publics ou privés, lorsque leur propriétaire le permet, est aussi une pierre importante apportée à l’édifice.
Par exemple, il est très curieux que l’on n’ait pas encore retrouvé de monnaie au L (ou L barré) pour Lay. Cette monnaie a-t-elle jamais existé malgré le rapport Bequas ? Par contre 2 monnaies avec .D. à l’envers et sous le buste ont été trouvées dans des trésors. (15) Mais il n’y a aucune mention de cette lettre d’atelier dans les textes. (Lyon avec sa lettre D n’a pas été prévu pour fabriquer des doubles). Quelques monnaies avec un F barré, non plus sous le buste, mais en fin de légende, existent pour 1643 (et peut être aussi pour 1642, le F non barré étant encore assez douteux). Enfin énormément de monnaies de type Warin n’ont aucune marque d’atelier. L’étude des coins pourra peut être permettre d’établir une hypothèse sur le lieu de fabrication de ces productions (formes des lis, alphabets des légendes, etc.) (16). Certaines d’entre elles possèdent un point sous le buste et, sur un exemplaire de Roquemaure, le R sous le buste a été regravé sur 2 points existants (15). Faut-il en déduire que des coins pouvaient circuler d’une fabrique à l’autre au gré des besoins des différents commis des fabriques ?
On pourrait même aller jusqu’à envisager une gravure de coins centralisée, cette production étant ensuite distribuée aux différentes fabriques suivant leurs demandes. Il suffisait de rajouter la lettre d’atelier sous le buste. Ce rajout n’étant pas automatique, nous aurions alors une explication des nombreuses monnaies sans différents. Et si on considère qu’aucune monnaie avec lettre sous le buste n’est datée de 1642 (et cela jusqu’à preuve du contraire par un exemplaire en bon état), on peut imaginer que l’obligation de différencier les ateliers n’est venue qu’en fin de course.
Voilà donc plusieurs axes de recherche et des hypothèses à vérifier.
Les archives locales peuvent aussi apporter leurs lots d’informations intéressantes en particulier sur le personnel des fabriques ou sur les mines de cuivre.
Je fais appel aux chercheurs qui s’intéressent au sujet ou qui, à travers leurs lectures, viendraient à prendre connaissance d’éléments pouvant faire avancer cette recherche. Je les remercie par avance de leur aide.
NOTES :
(1) Cet article fait suite à celui publié dans le Bulletin de la Diana tome LVI, 1997 pages 215 à 224.
(2) Grâce à Fernand Arbez, Christian et Olivier Charlet ainsi que Michel Hourliff ont pu présenter des traductions de documents d’Archives dans leurs articles sur « Les portraits de LOUIS XIII sur les doubles et deniers tournois » parus dans les cahiers de la SENNA (n°105 à 112, 114 à 116 etc….) Frédéric Droulers cite aussi des documents provenant des Archives Nationales dans son Répertoire général des monnaies de LOUIS XIII à LOUIS XVI (2e édition ) 1998.
(3) Revue Numismatique, 1910 « Les ateliers temporaires établis en 1642 et années suivantes à Feurs, Lay, Valence, Vienne, Roquemaure, Corbeil etc… »
(4) C’est la personne qui contrôle le fonctionnement de l’atelier. Il est le représentant de la Cour des Monnaies.
(5) C’est le responsable de la fabrique. Il doit endosser la responsabilité des fraudes qu’elles soient volontaires ou non.
(6) P.Bordeaux op. cit., p. 348
(7) Lafaurie-Prieur « Les monnaies des rois de France » Tome 2 (1956) P. XIII
(8) Franck C. Spooner L’économie mondiale et les frappes monétaires en France 1493 – 1680 , Paris 1956, p.508. Cet auteur indique des chiffres qui sont le résultat d’une conversion des éléments trouvés dans la cote Z1 B 313. Ils sont exprimés en livres tournois (3e colonne) :
Ateliers
|
Années
|
Livres tournois calculées par Spooner
|
Quantités déduites par année
|
FEURS
|
1642 1643 (a) |
9 217 6913 |
1 106 040 829 560 |
LAY
|
1642 1643 |
8 739 13 109 |
1 048 680 1 573 880 |
VALENCE
|
1642 1643 |
12 869 (b) 12 869 (b) |
1 544 280 1 544 280 |
VIENNE
|
1643
|
9 869
|
1 184 280
|
ROQUEMAURE
|
1643
|
32 273
|
3 872 760
|
CORBEIL
|
1642 1643 |
4 734 33 136 |
568 080 3 976 320 |
(a) Théoriquement fermé !
(b) Chiffres identiques ! Erreur ?
(9) Charlet Hourlier op cit, Cahier Senna n°l 16 p.39
(10) J.-L Gras « Histoire économique générale des mines de la Loire » Tome 2 1922
(11) Les coins sont les gravures en creux de l’avers (encore appelé face ou trousseau) et du revers (encore appelé pile). Ils sont fabriqués en acier mais peuvent se rompre assez rapidement.
(12) Élément curieux: on retrouve une famille Boiron ou Boyron qui semble faire partie des notables de Feurs. (cf. registres paroissiaux)
(13) Découvert par F. Droulers et cité p 137 de son ouvrage.
(14) Michel Popoff« Les gens de la Cour des Monnaies. Listes, notices et armoiries » Cahier de la Senna, n°140 Juin 1999.
(15) 1643 ..D. à l’envers : trésor de Boussais (n°26) trésor de St- Georges-Antignac (n°618) 1643 R sur .. : trésor de Boussais ?
(16) C. Charlet à fait un rapport entre la forme des lis sur les monnaies au F barré et certaines monnaies sans différent. Mais faut-il classer pour autant ces monnaies sans différent à Feurs ? J’en doute.
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Photocopies du document Z1B 304
Folio 16 verso (bas de feuillet)
Même document f° 17 recto.
Même document f° 17 v°
Document Z1B 511 (début du rapport Bécquas)