BD, Tome VI, Notice sur 1’église et la paroisse de la Ricamarie. – Communication de M. Charles Guilhaume., pages 335 à 345, zLa Diana, 1892.
Notice sur 1’église et la paroisse de la Ricamarie. – Communication de M. Charles Guilhaume.
M. Charles Guilhaume donne lecture du mémoire suivant :
« Parmi nos communes déshéritées, dont le nom paraît n’éveiller aucun souvenir dans l’esprit de l’historien ou du chercheur, soit parce que leur autonomie municipale est trop récente, soit parce que leur importance a une origine exclusivement industrielle, il en est une qui peut, sans contredit, occuper le premier rang : je veux parler de la Ricamarie.
Je n’ai pas l’intention de combler aujourd’hui complètement cette lacune ; seulement, un hasard heureux m’ayant fait découvrir le mémoire même du maçon qui construisit l’humble chapelle dont l’érection détermina la création de la paroisse d’abord, puis, plus tard, celle de la commune actuelle, il m’a paru utile, en publiant ce modeste document, d’esquisser à grands traits les circonstances qui accompagnèrent cette fondation.
Perdu au milieu de bois immenses, privé de voies de communication, ignoré, presque sans, nom, le pauvre hameau de la Ricamarie dépendait, pour le spirituel, au commencement du XVIIIe siècle, de la paroisse de Saint-Etienne.
Sa population ne se composait alors que de misérables forgerons, serruriers pour la plupart; mais son territoire possédait de nombreuses maisons de campagne, dont quelques unes subsistent encore et qui appartenaient à de riches familles stéphanoises. Une de ces familles, les Récamier, fuyant la terrible peste qui désola Saint‑Etienne en 1628, y aurait même fait un très long séjour et donné ainsi, d’après une opinion populaire, parfaitement acceptée ‘par nos vieux chroniqueurs, son nom. au village (1).
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(1) Je ne saurais, à propos de cette étymologie, passer.sous silence les réflexions d’un annotateur du manuscrit de l’abbé Thiollière (Histoire de la vill et de l’église paroissiale de Saint-Etienne en Forez, anno 1710).
« Sans vouloir infirmer, dit le commentateur anonyme, l’opinion de l’auteur sur l’étymologie de la Ricamarie, on pourrait conjecturer que ce nom a une origine italienne, soit qu’il vienne de Rica mina ou Rica minera, mine abondante, telle qu’a dû être la fameuse Carrière brûlée, en supposant que les Capponi de Feugerolles, issus de Florence et venus en France avec Marie de Médicis, aient fait exploiter cette mine, soit que, sans forcer l’étymologie, on la fasse venir du nom de quelque fermière aisée, appelée Marie ou Rica Maria.
« Au reste, le patois de Saint-Etienne, qui est le même que celui de la Ricamarie, offre une nomenclature de mots qui paraissent dériver de l’italien ; tels sont les suivants: Tesson (Taisson) de tesso, blaireau, et maraire de mara, pioche ».
J’avoue humblement n’être que fort peu touché par ces subtilités linguistiques et me contenter pleinement de l’étymologie fixée par la tradition. En effet il paraît bien plus naturel que suivant la désinence ière, si spéciale aux environs de Saint-Etienne, la Ricamarie se soit d’abord appelée Récamière, puis la Ricamière, et enfin par une corruption à laquelle, peut-être, la dédicace de l’église ne fut pas étrangère, la Ricamarie.
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Quoiqu’il en soit, l’éloignement, était grand et l’hiver, les neiges, le mauvais état des chemins apportaient de brusques ruptures dans les relations avec la ville, surtout en ce qui concernait l’assistance aux offices paroissiaux et la fréquentation des catéchismes.
Trois pieuses personnes, dont les noms resteront à jamais célèbres dans les annales de la charité stéphanoise, Mlle Gabrielle de la Veuhe et les sœurs Thiollière, s’émurent de cet abandon spirituel et, dès l’année 1708, résolurent d’y mettre fin en édifiant une chapelle, qui formerait une annexe de la Grand’Église et serait pourvue d’un service religieux régulier.
L’entreprise n’était point aussi facile qu’on pourrait le supposer. Le clergé paroissial de Saint-Etienne, avait alors une organisation toute particulière, et formait une société fermée, très jalouse de ses privilèges et surtout de ses intérêts. Il était, dès lors, à craindre que quelques membres ne vissent d’un très mauvais œil cette distraction d’une parcelle assez importante et ne consentissent que difficilement à subir le préjudice causé par la perte de casuel qui devait en résulter (1).
Ce fut là, principalement, l’œuvre du curé Boyer, le digne successeur de Guy Colombet. Son tact et son autorité surent aplanir les difficultés naissantes, tandis que son propre exemple prêchait et imposait le désintéressement.
L’effroyable hiver de 1709, dont les navrants détails nous ont été transmis par l’abbé Chauve (2), vint ralentir, sans les arrêter, les progrès de l’entreprise. Mais, d’autre part, sa nécessité, son urgence même, n’en devinrent que plus manifestes, en même temps que l’ardente charité des dames patronnesses puisait dans ces évènements douloureux un nouvel aliment. Dès la cessation des rigueurs du froid et des tristes fléaux qui en avaient été la suite, les pieuses fondatrices « se donnèrent, suivant l’expression de l’abbé Thiollière, de grands mouvements (3) », secondées d’ailleurs par les habitants du petit hameau, qui consentaient, pour leur part, à d’assez lourds sacrifices.
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(1) Les craintes des prêtres sociétaires de Saint-Étienne n’étaient que trop fondées et la création de diverses annexes fut, en effet, le prélude de la dislocation de cette belle paroisse qui ne comprenait pas moins de 40 000 âmes et qui, suivant le dicton populaire cité par Descreux, comptait parmi les trois plus importantes du royaume : Saint-Eustache de Paris, Saint-Nizier de Lyon et Saint-Étienne de Forez.
On put du reste voir par la suite, à propos de Notre-Dame, simple succursale, créée en 1669, et érigée seulement en paroisse distincte le 26 février 1754, comment ces mésintelligences, longtemps comprimées, éclatèrent et necessitèrent enfin l’intervention personnelle et directe de Mgr Camille de Villeroy, dont la visite du 28 septembre 1718 n’eut pas d’autre objet.
(2) Annales de Saint-Étienne, par M. E. Ch. (l’abbé Étienne Chauve), mss. anno 1709.
(3) Mss. Thiollière, anno 1710.
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Tous ces efforts aboutirent enfin. Mre Annet Blachon, conseiller du roi, maire perpétuel, juge civil, criminel et de police de la ville de Saint‑Etienne et marquisat de Saint‑Priest (1), avait déjà, par acte du 22 octobre 1708, donné l’emplacement de la future église, comprenant environ une métérée de terrain. Les travaux furent commencés en 1710, et le 21 décembre 1711, jour de la fête de saint Thomas, la première messe était célébrée dans la nouvelle chapelle paroissiale, dédiée à Marie sous le vocable de la Nativité de la Sainte Vierge.
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(1) La Tour-Varan: Armorial et généalogies, p. 411.
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Quoiqu’en disent les trois chroniqueurs stéphanois qui enregistrent, avec très peu de détails, cette date d’inauguration, l’église n’était point complètement. terminée, ainsi que le prouve le mémoire du sieur Claude Denis, l’entrepreneur, qui mentionne encore des travaux rudimentaires à la date du 15 juin 1712. C’est vers cette époque que dut être produit le document dont j’ai l’honneur de vous donner aujourd’hui communication, et la balance établie à la fin de cette pièce, montre que le brave maçon n’avait guère reçu jusqu’à ce jour, comme à-compte, que la moitié du montant total de sa note.
Voici, in extenso, ce mémoire :
Mémoire de ce que Claude Denis a fait à la chapelle de la ricamarit par l’ordre des dames Tiolère et des abitant :
plus yliat de toisse de muraillie 116 toisse à 35 la toisse monte |
203 »
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plus pour le couver plus yliat 84 toisse à 35 la toisse, monte le couver |
147 »
|
monte les muraillie et le couver le tout fait 200 toisse à 35 la toisse monte |
350 »
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Mémoire des journés que Claude Denis a fait outre le prifait plus une journez pour sortit le portal que Monsieur Moulaint a donnez |
1 »
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plus pour faire les anchant (1) de la chapelle plus yliat 10 journez a 20 sol |
10 »
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plus pour avoir fournis les ustis (2) au taillieur de piere |
9 »
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plus pour semoullier (3) les anchant out cherché les pierre des vitrot 6 journez d’ouvrier à 16 |
4 16
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plus pour coupez les bois de ché monsieur la Veui deux journez d’ouvrier a 16 |
1 12
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plus deux journez de maneuvre a 12 |
1 4
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plus pour semoullier les muraillie dut chemaint ou un autre androit deux journez de manœuvre a 12 |
1 4
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plus pour faire les deut porte de la chapelle |
5 »
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plus pour faire le planchez dut ceur |
4 »
|
plus pour faire le marchit pied du ceur out faire les chassit dut devent doteil |
3 »
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plus du 15e joint 1712 plus deutjournez douvrier plus pour coupez les bois dut lanbrier (4) à 20 |
2 »
|
monte les journez que jay fourny outre le prifait la somme |
35 16
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plus pour avoir rejointée. les muraillie det la chapelle et platrit et blanchit 100 toisse à 15 la toisse monte |
75 »
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plus jay receut des dame Tiollière dargent du 20 cetembre plus receut |
20 »
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plus dut 27eme dudit |
30 »
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plus pour une maneuvre baIliez |
2 15
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plus pour des massont |
3 5
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[Report]
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56 »
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(1) Les angles en pierre de taille.
(2) Les outils.
(3) Smiller, failler sommairement la pierre.
(4) Le lambris.
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[A reporter]
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56 »
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plus dut 4 eme octobre 1711 balliez |
6 »
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dut 11eme octobre balliez |
20 »
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dut 18 eme octobre balliez |
15 »
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dut 25eme octobre balliez |
20 »
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balliez opetimeistre |
23 »
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plus dut 21eme novembre |
20 »
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plus pour une maneuvre |
5 »
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plus dut 29eme novembre |
20 »
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balliez aut petimestre |
2 14
|
dut 9eme decembre baillez |
10 »
|
pour une maneuvre baillez |
3 5
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le 22 décembre 1711 aut petimestre |
20 »
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balliez au petimestre pour un massont |
14 »
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balliez |
12 »
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monte |
247 19 (sic)
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Jay receux 24t 19s.
Le compte monte 4601.
« Dans tout le district qui est assigné à la Ricamarie, dit l’abbé Thiollière, on compte environ quatre cents communians. Depuis que cette chapelle est construite, les habitans de cet endroit y ont toujours été servis par un prêtre de la paroisse de Saint-Etienne qui va dire la messe fêtes et dimanches, faire le prône ou bien le cathéchisme.pour l’instruction des enfants et chanter les vêpres ; s’il y a des malades, c’est au même prêtre à y aller porter les sacremens, pendant le cours de la semaine. »
« Les habitans de cet endroit s’obligèrent, dès le commencement, à fournir la somme de cent cinquante livres pour la rétribution du prêtre qui les sert; quant au casuel, il peut bien valoir autan
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(1) Mss. Thiollière, anno 1710.
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Le service qui ne laissait pas que d’être pénible se faisait, à l’origine, par semaine et à tour de rôle ; mais à une époque que je ne puis préciser, un vicaire fut désigné pour demeurer à la Ricamarie à poste fixe.
Le manuscrit de Beneyton nous, fait connaître, exactement les dimensions de la chapelle. « Elle a, dit-il, 40 piés de longueur, 29 de largeur, c’est à dire 25 piés dans œuvre. Le clocher est derrière le maître autel (1), il a douze piés de chaque, coté et contient une cave: au rez de chaussée est la sacristie, au-dessus une chambre pour le vicaire et le clocher par dessus (2). »
C’est dans cette chambre, vraie cellule de moine ou d’ascète, dont la description du vieux chroniqueur nous donne une idée suffisante, qu’habita un homme dont l’horizon devait singulièrement s’agrandir.
Figure étrange, bien digne de cette époque tourmentée et curieuse, que celle de cet abbé Siauve que la Révolution vint trouver obscur vicaire de cette humble chapelle et qu’elle entraîna aussitôt, dans son tourbillon !
Tour à tour prêtre, pédagogue, commissaire des guerres, bureaucrate, député (3), économiste, philosophe sectaire, archéologue, agronome, écrivain polyglotte, son talent souple et fertile sut se prêter à toutes les transformations; il sut apporter dans les questions les plus diverses une compétence aussi incontestable qu’un remarquable esprit de sagacité, qui en, font même, à certains égards, un précurseur.
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(1) Ou mieux derrière l’abside.
(2) Abrégé de t’histoire chronologique de la ville de Saint-Étienne de Furan en Forez, par Beneyton, mss. p. 108.
(3) Siauve avait été élu. en germinal an VI (mars 1798) député au Conseil des Cinq-cents; mais son élection fut annulée par le décret du 22 floréal suivant (11 mai 1798).
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Telle de ses idées, en effet, comme, par exemple son Projet d’établissement d’une société ambulante de Technographie, (1) a été reprise officiellement de nos jours, sous une apparence toute moderne.
A une époque où le militarisme absorbait tout, et la littérature et les arts, on voit Siauve parcourir l’Europe, non seulement en soldat, mais en observateur et en savant, et de quelque esprit que l’on juge ce transfuge du sacerdoce, on ne peut s’empé cher d’admirer une carrière si courte et pourtant si remplie, qui commence à l’armée des Alpes pour se terminer, non sans gloire, à la funeste campagne de 1812 (2).
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(1) Paris, fructidor an VII, in 8°.
(2) Tous les biographes de Siauve sont d’accord pour le représenter comme une victime de ses propres talents, « Napoléon n’aimant pas qu’on joignit des théories à une épée. »
Touchard‑Lafosse, La Loire historique, t. III, P. 408, n’a point laissé échapper cette occasion d’épancher sa bile de soldat littérateur mécontent, et dans une diatribe aussi amère que violente, il critique l’organisation des bureaux de la guerre « où, dit‑il, on ne trouverait pas un employé apte à rédiger littérairement un travail comportant deux feuilles d’impression » et où règne « cette déplorable idée que le talent doit être proportionné à la grosseur des épaulettes ou à l’importance de la broderie. »
Il y aurait heureusement beaucoup à réviser aujourd’hui dans ce jugement.
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Je ne quitterai pas ce vieux clocher de la Ricamarie, aujourd’hui disparu dans les transformations successives de l’église, sans parler d’un autre fait qui n’était déjà guère connu que par la tradition orale des contemporains, et dont le souvenir menace, par conséquent, de se perdre bientôt. Pendant la période révolutionnaire, les habitants de la petite paroisse résolurent de regarnir à peu de frais leur clocher, probablement dépouillé de ses cloches. Sur des indications fournies paraît‑il, par des mendiants nomades, ils organisèrent une expédition nocturne vers Bouthéon, et là, après avoir soigneusement tamponné avec leurs vêtements le battant de la cloche de l’église du lieu, ils la chargèrent sur un char qu’ils avaient amené avec eux et l’installèrent triomphalement dans leur clocher, où elle est encore (1).
Le 28 septembre 1800, le vicariat annexe de la Ricamarie, fut définitivement érigé en cure par Mgr Claude,,François‑Marle Primat, évêque métropolitain de Lyon (2). Le vicaire Dormand qui avait remplacé l’abbé Siauve et occupait le poste, au moins nominalement, depuis le 1er mai 1792, fut de plano promu à la nouvelle cure, qu’il ne conserva du reste que jusqu’à l’avènement de Mgr le cardinal Fesch au siège archiépiscopal de Lyon.
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(1) L’inscription, qui figurait sur le listel de cette cloche et que je comptais reproduire ici, a été depuis peu complètement tronquée. Le burin vandale n’a épargné de la légende que le nom du parrain Me Gilbert de Gadagne d’Hostun et la date 1700, On ne peut vraiment laisser passer sans la blâmer cette mutilation aussi barbare qu’inutile, quelque pure d’ailleurs que puisse avoir été l’intention qui l’a dictée.
(2) L’évêque constitutionnel Primat ne figure point dans la chronologie régulière des évêques et archevêques de Lyon, qui donne pour successeur à Mgr Yves Alexandre de Marbœuf, émigré en1790, Mgr Joseph Fesch, oncle de Napoléonl promu le 2 janvier 1803. L’évêque Primat avait été élu en 1795, par une assemblée de prêtres constitutionnels réunis dans la cathédrale de Paris et succédait au fameux Lamourette guillotiné le 4 janvier 1794. (V. Pouillé dudiocèse de Lyon en 1743 avec les changements survenus jusqu’en 1789, et Morel de Voleine et H. de Charpin, Liste chronologique des évêques et archevêques de Lyon).
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Voici, d’après les registres de catholicité dont je dois la communication à l’aimable et si obligeant pasteur actuel, M. l’abbé, Deville, la liste des curés jusqu’à nos jours.
Dormand, du 1er mai 1792 à mars 1803.
Jouve, du 21 mars 1803 au 11 février 1821.
Réocreux, du 12 mars 1827 au 9 avril 1827.
Treillard, du 16 avril 1827 au 22 mars 1830.
Deville, du 12 avril 1830 au 16 août 1842.
Raverot, du 16 août 1842 au 23 janvier 1856.
Chalaye, du 28 janvier 1856 au ler janvier 1870.
Daval, de janvier 1870 à juillet 1878.
Gagnaire, du 8 décembre 1878 à juillet 1882.
Deville, juillet 1882.
La section civile de la Ricamarie fut officiellement constituée en commune distincte et indépendante en 1843. De 1869 à 1870 eut lieu la restauration complète de l’église qui, à raison du rapide et prodigieux développement de la population, était loin d’être en rapport avec les besoins de la paroisse.
C’est ce remaniement général et les agrandissements qu’a nécessité l’édifice actuel, qui ont complèment, absorbé la vieille chapelle, dont aucun vestige ne subsiste aujourd’hui ».