De Rive-de-Gier à Montbrison, BD, Tome LXVII, Montbrison, 2008.
Francisque Ferret est né en 1922 à Rive-de-Gier dans une famille dont les ancêtres étaient paysans dans le Lyonnais et le Jarez, au-dessus de la vallée du Gier, en particulier à Saint-Martin-la-Plaine. Le territoire de l’enfance, dont le poète Rainer Maria Rilke parle comme d’un « trésor », était à Rive-de-Gier, où son grand-père maternel qu’il aimait beaucoup était marchand de bois. Avec son frère, il jouait aux Indiens dans les dépôts de bois du grand-père, lisait les Jules Verne de sa bibliothèque et collectionnait les soldats de plomb ou de carton. L’enfance se déroula dans un milieu marqué par la foi chrétienne, l’engagement dans les œuvres paroissiales et la rigueur morale. Le christianisme qui marque toute la vie de la famille est imprégné de ce jansénisme diffus qui, l’œuvre de François Mauriac en témoigne, a marqué notre histoire religieuse. Son père devient comptable dans une entreprise de Saint-Etienne. Il est sympathisant du Sillon de Marc Sangnier, d’où l’attachement de Francisque Ferret à la famille politique de la démocratie chrétienne.
Francisque Ferret fait ses études à Saint-Louis. Il est le condisciple de Jean Bruel et d’Henri Buisson, retrouvés plus tard à Montbrison et qui deviendront ses amis les plus chers. Il connut aussi à cette époque Noël Gardon, plus jeune que lui, mais élève dans le même établissement. Il est le premier de la famille à obtenir le baccalauréat : je le note ici parce qu’il était sensible à l’histoire des familles et de leur ascension sociale permise par le développement de l’instruction. Après le baccalauréat, Francisque Ferret fait trois années d’études à la Faculté catholique de Lyon et est licencié en Droit. Les guerres marquent sa génération : le souvenir de 1914-1918 – son père est un ancien combattant -, la guerre de 1939-1945 : il a évoqué dans ses souvenirs l’obsession du ravitaillement, les contrôles de l’Occupant dans les gares entre Lyon et Saint-Etienne, le STO, le bombardement de Saint-Etienne….
Au début de 1943, Francisque Ferret est requis par le STO, mais alors que, en gare de Dijon, le convoi qui l’emmène à Hambourg est arrêté, il entraîne l’un de ses amis, descend du train et parvient à revenir à Saint-Etienne. Il évite de repartir devenant, en tant qu’ « étudiant apprenti » (sic), aide-infirmier dans l’entreprise où travaillait son père et, en somme, « requis sur place », échappant ainsi au travail forcé en Allemagne. En juin 1944, lors du bombardement de Saint-Etienne, il fait partie des équipes d’entr’aide qui relèvent les morts écrasés sous les bombes ; il pensait que sa hantise de la mort venait de cet épisode traumatisant.
Francisque Ferret avait fait la connaissance de Jeanne, sa future femme, qui habitait dans le même immeuble que lui, ce qui facilitait des rencontres dues, bien sûr, au hasard. Il admirait, écrit-il, « la beauté et la distinction » de la jeune fille. Trois années de fiançailles sont suivies d’un mariage célébré en 1945 et de plus de 60 années de vie commune, avec une couronne d’enfants et de petits-enfants.
Francisque Ferret réussit le concours de l’Enregistrement dont il devint inspecteur. L’Administration l’envoya à Sermaize-les-Bains, près de Bar-le-Duc – « la Sibérie française » écrit-il – puis à Bourg-Argental de 1948 à 1955. Il prépara une maîtrise de Droit sur l’histoire de l’hôpital local, étude qui était une œuvre d’histoire, faite d’après les documents originaux – les archives que les religieuses rangeaient dans leur « armoire à pommes » – et qui décida sans doute de l’orientation de ses recherches vers l’histoire sociale. En 1955, il arriva à Montbrison, retrouva Jean Bruel, clerc de notaire et secrétaire de la Diana et Henri Buisson, devenu avocat. Il adhéra à la Société historique du Forez et en devint le trésorier. La suite de ce demi-siècle montbrisonnais est toute droite : le service de l’Etat comme inspecteur de l’Enregistrement puis des Domaines jusqu’à la retraite prise en 1989, l’éducation et les études des quatre enfants, les engagements dans les institutions de l’Eglise et à la Diana.