I – Les curés, BD, Tome LXVII, Montbrison, 2008.
Les paroisses telles qu’elles existaient à la veille de la Révolution française, furent créées entre le VIIIe et le XIIe siècle (même si, par la suite des « aménagements » s’accomplirent ).
L’enquête lancée par le bureau diocésain de Lyon ne concernait que les revenus des curés.
Le terme de curé au sens strict, servait, sous l’Ancien Régime, à désigner le prêtre qui avait la charge spirituelle (la cura animarum)d’une paroisse. Nous exclurons donc de notre champ d’étude les religieux aux statuts divers tels que les membres du clergé régulier, les vicaires (même si nous verrons cependant apparaître sporadiquement ces derniers dans les documents étudiés) ou l’ensemble des prêtres sociétaires mentionnés dans la haute vallée du Lignon lors de la visite pastorale de 1662, et qui était une structure existant toujours dans les années 1780.
A l’origine le droit de nommer à la cure d’une paroisse appartenait à l’archevêque. Dans la réalité la nomination dépendait fréquemment de chapitres de chanoines. Pour notre champ d’étude, dans les années 1780, l’archevêque de Lyon nommait les curés de Chalmazel et de Saint-Bonnet-le-Courreau. Les chapitres de Saint-Just de Lyon et de Saint-Nizier nommaient respectivement les curés de Saint-Just-en-Bas et de Saint-Georges-en-Couzan. Le système des résignations permettait de conserver une cure (et ses bénéfices) au sein d’une même famille, ce qui explique que l’on vit apparaître de véritables « dynasties » de curés, d’oncles en neveux (A Chalmazel, la cure resta dans une même nébuleuse familiale de 1676 à 1773 , de fait durant toute cette période la nomination dans cette paroisse échappa à l’archevêque). L’entrée en fonction d’un curé (on disait la mise en possession) était accompagnée de tout un cérémonial .
Pour être curé d’une paroisse, il convenait d’être prêtre et âgé d’au moins vingt cinq ans. Le curé avait également obligation de résider dans sa paroisse et ne pouvait s’en absenter qu’après en avoir reçu l’autorisation écrite de l’évêque. Pour assurer son ministère le curé d’une paroisse bénéficiait de revenus de diverses natures, mais il devait également faire face à des charges importantes.
Les sociétés de prêtres regroupaient des religieux qui étaient nés et avaient été baptisés dans la paroisse où ils résidaient. Ceux-ci n’avaient pas le statut de curés mais étaient pourvus de bénéfices leur permettant de vivre. Lors de l’établissement des testaments on pouvait donner des biens fonciers, des biens mobiliers ou un pécule à la société de prêtres de la paroisse à charge pour ses membres de célébrer des offices en mémoire du défunt. En 1734, le curé de Saint-Bonnet-le-Courreau, Pierre Forestier, donnait à la société de prêtres de cette paroisse tous ses livres dans un garde robe fermant a clef qui devait être placé dans la sacristie de l’église ou il sera permis aux ecclesiastiques de lad prs de st bonnet de les lire sans les emporter (Stéphane Prajalas : Le testament de Pierre Forestier, curé de Saint-Bonnet-le-Courreau en 1734. Village de Forez n° 104, octobre 2006). Les sociétés de prêtres feront l’objet d’une communication ultérieure.
Le curé en poste abandonnait son ministère à un successeur qu’il choisissait (le plus fréquemment un de ses parents). Le nouveau pasteur devait, en compensation, verser une pension au résignant.
Dès 1507, on trouve un premier membre de la famille Gayte mentionné comme curé de Chalmazel. Cette lignée familiale (Gayte, Fenon, Doitrand et Coing), sera à la tête de cette paroisse continuellement de 1676 (Antoine Fenon Gayte) à 1773 (Joseph-Marie Coing) soit pendant environ un siècle (Abbé Peyron : Notes sur Chalmazel et son clergé. Bulletin de La Diana tome XIV, n°5, 1905). On devait retrouver un phénomène similaire à Saint-Georges-en-Couzan de 1749 à 1781 avec les curés Lamure et Darles qui étaient cousins germains.