PHILIPPE D’ASSIER (1941-2007), Vice – président de la Diana, Eloge présenté par le vicomte Maurice de Meaux, BD, Tome LXVII, Montbrison, 2008.
Une attention bienveillante, au travers d’un sourire un peu moqueur accompagné d’une vive lueur dans le regard, c’est ce qui frappait d’emblée chez Philippe d’Assier. La Diana était sa seconde famille, c’est donc à son action dans ce cadre que nous allons consacrer quelques lignes.
Il est entré à la Diana en septembre 1968 parrainé par Olivier de Sugny et Louis Bernard. Lorsque, après avoir fait entrer Philippe, en 1992, au Conseil de la Diana, je lui ai demandé, au cours d’un de ses premiers Conseils, de prendre en main la réhabilitation du site de Couzan, qui, à cette époque se trouvait quasiment à l’abandon, il hésita à me donner son accord, à ma grande surprise d’ailleurs. Il venait de quitter la présidence de la Liger, qu’il avait exercée pendant une dizaine d’années : dix ans pendant lesquels il avait montré sa compétence dans le domaine du patrimoine, compétence qu’il devait en partie à ses études d’ingénieur BTP, et à sa capacité de direction, bref, il était celui qui pouvait le mieux mettre en œuvre le dégagement des ruines de Couzan, leur consolidation partielle et leur mise en valeur. Finalement il accepta cette tâche sur les instances amicales de Robert Bros qui réussit à le convaincre avec sa manière bien à lui, mi-bourrue mi-compréhensive, d’argumenter.
Et ce fut le début d’une longue histoire, d’une passion : Couzan prit une place très importante dans la vie de Philippe.
Si nous évoquons cet épisode, c’est qu’il est tout à fait révélateur de la personnalité de Philippe d’Assier : une extrême modestie, jointe au souci de la recherche de la perfection, le faisait parfois hésiter devant la décision ; mais, une fois celle-ci prise, il en assumait avec enthousiasme toutes les conséquences. Sous son « règne » Couzan se mit à revivre ; des équipes de jeunes vinrent en été remonter des tours, dégager des murs d’enceintes, et il n’y a aucun doute que si le temps lui en avait été laissé, le donjon aurait retrouvé sa toiture, et les animations culturelles auraient de nouveau enchanté ce site grandiose.
Le comte Philippe d’Assier, à Couzan
lors d’un chantier
Nous avions tous deux une même approche de la conduite de la Diana. Nous pensions, entre autres, qu’il fallait absolument intéresser les jeunes générations, non seulement au passé, au patrimoine ancien, mais aussi au travail de la Diana, c’est-à-dire à ce qui doit être fait, dans le présent, pour que les traces laissées par les hommes d’autrefois ne soient pas anéanties et puissent être intégrées dans la culture des hommes du futur.
C’est ainsi que Philippe me proposa de créer ce qu’il appelait des « ateliers patrimoine ». Il s’agissait de faire venir à la Diana et dans les monuments qu’elle possède, des classes de scolaires, afin de les initier, à partir des témoins du passé, à l’histoire et à la vie courante dans les époques étudiées.
L’idée était neuve, et n’avait jamais été réalisée dans le département. Elle me plut immédiatement. Malgré l’opposition, prévisible, de certains membres du Conseil, Philippe lança l’affaire avec la participation très active de M. Mathevot qu’il avait recruté. Les développements de cette branche de la Diana ont pu être suivis au fil de nos bulletins.
Peu à peu Philippe fut amené à intervenir dans toutes les branches de l’association et, finalement, à tenir le rôle de vice-président actif. Mais il refusa toujours, jusqu’en 2004, d’être nommé vice-président par le Conseil : d’une part sa modestie naturelle s’y opposait, d’autre part sa droiture et son honnêteté intellectuelle lui faisait penser que cela n’eut pas été compatible avec son activité professionnelle au tourisme dans le département. D’ailleurs il préférait rester libre, car il se devait aussi, jugeait-il, à sa famille et à sa paroisse de Chénereilles. L’une et l’autre bénéficièrent de sa gentillesse innée et de son dévouement sans limite.
Mais revenons à son activité à la Diana. Un autre domaine où elle s’exerça fut celui de la Bâtie d’Urfé. Il fut un conseiller extrêmement utile lors des discussions sans fin entre la Diana, propriétaire des lieux, et le Département, locataire emphytéote. Sa parfaite connaissance des rouages administratifs, de la présentation et du cheminement des dossiers, permit à la Diana d’exercer ses droits et de mener des négociations parfois difficiles.
Par ailleurs Philippe contribua avec ténacité à la mise en place autour de La Bâtie d’une thématique sur l’Astrée, mise en place voulue et réalisée, avec son aide, par la communauté de communes du pays d’Astrée. Philippe s’investit beaucoup dans cette réalisation, qui nécessita sa participation à de nombreuses réunions en soirées : la fatigue que lui infligeaient ces réunions terminées à des heures tardives l’éprouvait, mais son sens du devoir l’emportait toujours. Il fut d’autant plus déçu et triste quand il dut cesser cette participation en raison de la mise à l’écart de la Diana sur ce terrain.
Si l’on mentionne également le pic de Saint-Romain-le-Puy, dont Philippe entreprit, avec son équipe de jeunes, le dégagement et la consolidation des ruines, et la commanderie de Saint-Jean-des-Prés, qu’il contribua à remettre en état, on voit que c’est à peu près tout le patrimoine de la Diana qui fut l’objet de ses préoccupations.
Quand enfin il accepta, en 2004, d’être nommé vice-président, la maladie avait déjà commencé son œuvre. Il la supporta avec courage, essayant de maintenir son activité au même niveau. Il laisse le souvenir d’un homme aimable, qui savait écouter, mais aussi capable de tenir un cap. Erudit sans pédantisme, toujours souriant et bienveillant, homme de foi aussi, tous ses amis, en particulier ceux de la Diana, ne l’oublieront pas, et, en sa mémoire, sauront, au Conseil et ailleurs, continuer son œuvre.
L’intérieur de la chapelle Saint-Saturnin de Couzan
Travail de restauration dirigé par Philippe d’Assier