M. Vincent Durand, Aiguerande, commune d’Arfeuilles (Allier) et la limite de ta cité ancienne des Arvernes, Bulletin de La Diana, Tome VII, p. 45 à 46
Aiguerande, commune d’Arfeuilles (Allier) et la limite de ta cité ancienne des Arvernes. — Communication de M. Vincent Durand.
M. Vincent Durand dit qu’il existe à Arfeuilles, au nord et à proximité du bourg, un hameau appelé Aiguerande par la carte de Cassini, et aujourd’hui Guirande. Comme l’a indiqué il y a déjà vingt ans, M. l’abbé Voisin au Congrès archéologique de Châteauroux, et comme M. Vincent Durand l’a rappelé lui-même en 1891 à la Société (1), ce nom de lieu paraît être d’origine gauloise et signifier limite, frontière. Tout récemment encore, MM. Lièvre, Julien Havet et Longnon ont solidement établi ce point et fait voir que nombre . de lieux de France portant, avec quelques légères différences de forme, le nom dont il s’agit sont en effet situés sur les confins de deux cités antiques, confins directement connus ou déduits des limites des anciens diocèses, lesquelles, on le sait, sont en général calquées sur celles des cités.
Le sens du mot étant désormais bien constaté, il fournit un moyen non seulement de vérifier des limites déjà déterminées par d’autres considérations, mais aussi de découvrir certaines autres et très anciennes frontières, disparues par suite de remaniements territoriaux entre peuples -voisins. Le nom d’Aiguerande à Arfeuilles nous met peut-être sur la trace d’un remaniement de ce genre. Ce lieu reste à une certaine distance des limites de l’ancien diocèse de Clermont, supposé représenter le territoire des Arvernes. Avant, la Révolution, ce diocèse émettait à l’est, entre les diocèses d’Autun et de Lyon, une pointe triangulaire, géographiquement peu explicable, dont la base passait à peu près par Arfeuilles et le sommet atteignait Vivans, à proximité de la Loire et bien au delà de la ligne de collines séparant le bassin de ce fleuve de celui de l’Allier. Il est permis de supposer qu’à l’origine, ce territoire n’appartenait pas à la cité Arverne, mais qu’il fut démembré, à une époque in;- connue, de la cité Éduenne ou de la Ségusiavie, si Même il ne dépendait pas d’une des nombreuses petites citées supprimées vers le temps d’Auguste. Aiguerande serait un point de la limite primitive de l’Auvergne.
S’il en était ainsi, un doute pourrait s’élever sur la cité dans laquelle était située la station gallo- romaine d’Ariolica, qui paraît être celle dont les ruines ont reparu aux bords du ruisseau d’Arulhe, aujourd’hui de Berger, entre la Pacaudière et Saint.- Martin d’Estreaux, c’est à dire au centre du canton dont je viens de parler.
(1) Bulletin de la Diana, t. VI, p. 78