Référence : 2 P.72à74
Thème 1 : Fouilles
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Moingt
BD, Tome II, Fouilles de Moind., pages 33 à 38, La Diana, 1881.
Fouilles de Moind.
MM. Girardon et Vincent Durand, membres de la Commission chargée de la surveillance des fouilles de Moind,
rendent compte des travaux récemment exécutés pour satisfaire au voeu exprimé par la Compagnie.
Ces nouvelles recherches ont porté sur le chemin longeant en nord le terrain exploré en 1878 ; elles ont été poussées jusqu’au sol vierge, c’est-à-dire à 1m 50 de profondeur en moyenne, et ont amené la découverte des objets suivants :
1° Tambours de colonnes, d’un diamètre variant de 38 à 50 centimètres. Comme ceux rencontrés en 1878, il sont en granit et taillés d’une façon sommaire qui contraste avec la bonne exécution des chapiteaux. Mais une particularité qui était restée inaperçue lors des fouilles précédentes est venue expliquer cette anomalie : les colonnes étaient revêtues d’une couche de stuc poli, sur lequel étaient pratiquées des cannelures. Des portions assez importantes de ce revêtement, rendu friable par l’humidité du sol, ont été trouvées encore adhérentes aux tambours.
2° Moulures et feuillages, aussi modelés en stuc.
3° Débris noimbreux de moulures en marbre blanc, d’un beau profil, jadis appliquées sur fond de mortier. Un examen plus approfondi sera nécessaire pour déterminer à quels membres d’architecture elles ont appartenu. Contre toute attente, les fouilles n’ont rendu aucune portion de l’architecture surmontant les colonnes.
4° Très nombreux fragments de plaques d’un marbre blanc nuancé de gris et de rouge, d’un aspect bréchiforme assez analogue à celui du marbre de Champoly. Ces plaques, d’une faible épaisseur, variant de 10 à 20 millimètres, ont dû servir de revêtements.
5° Minces plaquettes de marbre et de porphyre rose et violacé parfaitement poli des deux côtés : elles affectent des formes géométriques indiquant qu’elles ont été employées dans des marqueteries.
6° Fragments de plaques d’ardoise, ayant joué paut-être un rôle décoratif.
7° Fragments d’inscriptions, sur tables de marbre blanc épaisses de 3 à 4 centimètres, rugueuses et inégales au revers pour être incrustées dans une paroi verticale ; le texte en est donné plus loin.
8° Poutres carbonisées ; tuile romaine, plate à rebords et demi-cylindrique ( tegula, imbrex ), en grande quantité. La poterie propement dite est absente, ou du moins n’est représentée que par des échantillons absolument insignifiants, si l’on écarte quelques débris de vases du moyen-âge mêlés accidentellement aux terrains de remblai.
9° Lingot de plomb fondu. Morceaux de fer. Ossements..
10° Cristal de roche enfumé, en forme de pyramide ogivale à six pans, très allongée. Ce cristal, évidemment apporté d’ailleurs, à titre de curiosité naturelle ou d’offrande, n’est pas le moins singulier mis au jour par les fouilles. Ses dimensions sont extraordinaires, car il ne mesure pas moins de 0m 26 de longueur, sur 0m 09 de diamètre à sa base. Son poids est de 3 kilogrammes 200 grammes.
Il a été rencontré en outre quelques pierres de taille de moyen volume, en granit assez grossiérement travaillé ; on a jugé inutile de les retirer de la tranchée.
Un mur de construction antique, épais de 0m 80, sur lequel reposait peut-être une colonnade, avait été vu en 1878 dans le jardin de M. Baudon-Barrier. Les dernières fouilles ont fait reconnaître au nord-est les substructions d’un autre mur parallèle au premier, à 7m 20 de distance de sa direction prolongée, et comme lui épais de 0m 80. mais ce mur s’engageant presque immédiatement sous la clôture du jardin de M. Passel, il n’a pu être suivi que sur une faible longueur.
Dans tout l’espace exploré entre entre ces deux murs antiques la fouille, poussée à fond, n’a révélé aucun vestige de dallage ou de parquet. Il semble que l’on soit sur une place ou une voie publique, et non sur l’aire même de l’édifice, ou des édifices, dont l’on retrouve les débris.
Les travaux d’exploration, rendus assez difficiles par l’existence de murs latéraux de clôture que l’on ne pouvait déchausser complètement et d’une conduite d’eau qu’il a fallu relever, ont été exécutés sous la direction de M. Girardon et la surveillance immédiate de M. Mercier, conducteur des Ponts et Chaussées, qui a indiqué sur un plan des lieux le périmètre des fouilles et la position exacte des principaux objets rencontrés.
Comme précédemment, la Société de la Diana a trouvé le concours le plus gracieux et le plus empressé dans M. le maire de Moind et M. Bufferne, instituteur communal et officier d’Académie.
MM. Girardon et Durand terminent cet exposé en présentant aux membres de la Société les fragments d’inscriptions recueillis. Malheureusement chacun d’eux ne comporte au plus que deux ou trois lettres, dont il ne semble guère possible pour le moment de tirer un sens. Ils sont au nombre de trois.
Premier fragment :
S
VO
La partie supérieure de 1’S manque, ainsi qu’une portion de l’O à droite et en bas. Les lettres de la ligne supérieure avaient 65 à 70 millimètres de hauteur, celles de la seconde 37 millimètres. L’interligne est de 36 millimètres.
Un espace blanc de deux centimètres, à gauche de 1’S, peut faire supposer que cette lettre commençait un mot.
Deuxième fragrnent :
E_
Un petit trait, immédiatement à droite et au niveau de la barre inférieure de l’E, indique que la lettre suivante possédait une haste, probablement verticale, sans qu’on puisse déterminer autrement quelle était cette lettre. On peut dire seulement que ce n’était pas un T. Hauteur des caractères, environ 38 millimètres. Ce fragment et celui qui précède proviennent peut-être d’une même inscription.
Troisième fragment :
E C
La seconde lettre étant réduite à une petite portion d’arc, elle demeure indéterminée. Ce peut être un C, un G, un O ou un Q. Flle est séparée de la première par un intervalle assez sensible, 15 millimètres, d’où l’on peut conjecturer, sans certitude toutefois, que ces deux caractères appartiennent à des mots différents, la hauteur des lettres étant de 34 millimètres seulement ; ils faisaient partie de la dernière ligne de l’inscription, comme l’indique une moulure horizontale, prise à même le marbre, qui court au-dessous.
Aucun de ces fragments ne semble se rapporter à l’inscription mutilée du flamine Julius Priscus, trouvée en 1878.
Les caractères sont d’un beau style et accusent une haute époque. Le marbre sur lequel ils sont gravés a dù être exposé à une température élevée qui en a altéré la surface, car il se désagrège sous l’action d’un lavage un peu énergique. La même altération s’observe sur certaines parties de moulures.
Pendant l’exécution des fouilles pratiquées pour le compte de la Société, un autre débris d’inscription, toujours sur marbre blanc, a été trouvé par un particulier dans les boues d’une pièce d’eau située à 50 mètres environ au nord-est. Ce marbre, acquis par la Diana de l’inventeur, porte en beaux caractères de 57 millimètres de hauteur :
IN A (in oedem ?).
Un blanc de 5 centimètres existe au-dessus de l’N et un blanc de 6 centimètres au-dessous.
M. le Président se fait l’interprète des sentiments de gratitude de la Société soit envers l’administration de Moind, qui a autorisé les fouilles, soit envers M. l’ingénieur Girardon, qui a- bien voulu accepter la mission de les diriger, et M. Mercier, son zélé auxiliaire.
Ces fouilles offrent beaucoup d’intérêt et peuvent amener des résultats scientifiques sérieux. Le Conseil d’administration s’est préoccupé des moyens de les continuer. Il doit se transporter à Moind, à l’issue de la séance, pour étudier la question sur place, et invite les membres présents à l’accompagner.
Référence : 2 P.348à350
Thème 1 : restauration
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Ambierle
BD, Tome III, Fouilles exécutées à Jeansagnières, communication de M. Bertrand, pages 347 à 356, Montbrison, 1886.
Fouilles exécutées à Jeansagnières, communication de M. Bertrand.
M.Brassart donne lecture d’un mémoire de M. Bertrand, vice-président de la Société d’Emulation de l’Allier, sur de nouvelles fouilles exécutées dans la montagne de Jeansagnières.
Monsieur le Président,
L’accueil bienveillant que vous avez fait à mon premier mémoire me fait espérer que vous accueillerez celui-ci avec la même faveur.
J’ai l’honneur de vous informer que je viens d’opérer de nouvelles fouilles dans vos montagnes, aux environs de Jeansagnières. Toutes n’ont pas été couronnées de succès, mais néanmoins je n’ai pas oublié votre musée, auquel j’ai adressé toutes les épaves du passé que j’ai pu y recueillir.
J’ai, dès mon arrivée, voulu me rendre compte des retraites souterraines (Caves de fayettes), et voir si elles avaient une affinité avec celles que j’ai observées en Bourbonnais. Je les ai trouvées identiques, et le docteur Plicque, de Lezoux, l’ardent fouilleur de la métropole des officines de potiers des Arvernes, que j’ai vu à mon retour, m’a assuré en connaître prés d’une centaine dans sa région. En Bourbonnais, je n’en n ai vu qu’une douzaine.
J’ai commencé par rechercher, près du cimetière actuel de Jeansagnières, celle que le maire de la commune m’avait dit avoir vue dans sa jeunesse ; mais malgré plusieurs fouilles faites sur cet emplacement je n’ai pu réussir à la trouver.
De là, je suis allé au domaine de Provenchère, près du Gal Là, il a été facile de retrouver une perforation de la galerie qui avait été reconnue, il y a quelques années, et que son propriétaire n’avait rebouchée qu’avec quelques pierres. Aussitôt que le déblai en eut été fait, je descendis dans cette galerie (qui était perpendiculaire au chemin de la Chaize et c’était là qu’était son entrée primitive) ; dans cette direction, elle avait environ 6m 50, puis se retournait d’équerre, à droite, jusqu’en un point que je n’ai pu vérifier, d’abord parce qu’elle était comblée par des éboulements, puis parce qu’elle se dirigeait sous les fondations d’une ancienne grange en ruines dont j’aurais pu achever la destruction, en lui sapant la base. A gauche, les éboulements étaient moins considérables et laissaient un passage libre d’environ 3 mètres de long, sur une hauteur de 0m 80, de manière à permettre de marcher courbé, en s’aidant des mains qui pénétraient dans la partie inférieure, où s’était amoncelée une terre fine, limoneuse, fendillée à sa surface. Cette couche avait environ 0m 60 à 0m 70 de puissance. A l’extrémité des 3m ci-dessus, les éboulements obstruaient encore presque entièrement la section et montraient là une autre galerie d’équerre à gauche sur celle-ci et parallèle à celle de l’entrée. Aboutissait-elle aussi au chemin? Je ne l’ai pas vérifié, je m’en suis tenu à faire déblayer la galerie principale d’au moins l0 à 12 mètres cubes de ce limon et des éboulements, le tout en le remaniant à plusieurs jets de pelle, pour l’approcher du puisard, où ces terres, par ces différentes manoeuvres et au contact des suintements d’eau du fond, étaient transformées en un mortier à moitié liquide, qu’il était très laborieux et pénible de lancer au dehors. L’avancement a été fait sur environ 5m après lesquels je me suis arrêté, en faisant enfin un sondage un peu plus loin, en un endroit où la galerie a dû être coupée précédemment, en déblayant une rampe perreyée qui dessert un pré et les terres supérieures.
Nous n’avons rien rencontré des outils ou instruments des peuplades primitives qui s’abritaient dans ces grottes, lesquelles aboutissaient à une chambre peu spacieuse. Celle-ci est taillée dans le tuf ou gor gras, mélangé de moëllons granitiques, sans maçonnerie ; sa forme est ovoïde, ayant 0″‘ 80 au radier, 1m 40 au flanc et 1m 50 de hauteur ; l’arête de la voûte est à 0m 70 du terrain naturel.
Je n’ai pu songer à visiter la galerie qui est au bas des dernières maisons de Jeansagnières, non loin de la vallée du Lignon, près le moulin Piron, car elle s’étend sous le jardin de cette habitation.
Je me suis rabattu sur celle de Ladret, qui était facile a voir, car elle avait été rencontrée dans une cave de la maison Filloux, dont le propriétaire, pour la reconnaître plus tard , l’avait aussi rebouchée par une voûte en pierres sèches. Sa voûte, comme à Provenchère, avait été perforée à environ 5m du chemin de Jensagnières à la Croix de l’Abret, où se trouvait son entrée, dans le déblai du chemin et perpendiculairement à ce chemin, mais en suivant une courbe de dix à douze mètres de rayon que l’on observe et qui se continue sur les 4 à 5m, assez nets, que l’on peut parcourir sous l’habitation ci-dessus. Mais là encore, nouvel obstacle de compromission de la maison, et en supposant que j aie épargné cette suite, qui était éboulée entièrement, elle se dirigeait à l’est, dans une cour servant de passage commun à d’autres habitations et il fallait en respecter la viabilité.
Les dimensions de cette galerie, entièrement dans un gor très sablonneux, offrent peu de variantes avec la première, 1m au radier, voûte ovoïde de 1m 20, au centre, et 1m 45 de hauteur, a 0m 80 en contre-bas du terrain naturel.
Sans m’arrêter plus longtemps devant ces difficultés, je me rendis immédiatement à la croix de Soleuille, sur la limite des communes de La Chamba, et de Saint-Jean-la-Vétre. Une vieille coutume, dont l’origine remonte sans aucun doute à l’époque du paganisme dans ces contrées, s’y est perpétuée par la tradition jusqu’à présent. Le jour de la Saint-Roch, tous les bestiaux de la région sont réunis à Soleuille et bénis par le curé de La Chamba.
J’ai interrogé minutieusement ces vastes communaux, couverts d’une herbe courte et de fine bruyère, toujours coupée court par les bestiaux qui sont là à l’abri des loups qui hantent les bois voisins (l’un des grangers auquel je me suis adressé gardait ses bestiaux, le fusil au bras, en guise de houlette).Tous ces grands espaces ne me disaient rien d’archéologique, et pourtant, j’étais au sommet séparatif de partage des eaux se rendant, les unes dans la Loire, les autres dans l’Allier, par la Dore, en vue de la Limagne, des monts Dôme et des monts Dore ; un point stratégique ancien où des feux ou signaux de nuit ont dû signaler télégraphiquement, dès les temps les plus reculés, bien des ordres ou des victoires. Mais impossible d’en reconnaître l’emplacement sous ce manteau de verdure vierge du contact de tout outil agricole. Enfin, après plusieurs quêtes dans tous les sens, je me décidai à fouiller un petit cône renversé, circulaire, de 4m de diamètre, qui a de l’analogie avec les mardelles, mais est un diminutif de ces habitations antiques excavées, car j’en connais deux dans le Bourbonnais qui ont de 28 à 30m de diamètre. J’ai donc attaqué petit, puisque je ne pouvais attaquer plus grand. La dépression laissée par la végétation était d’à peine 0m 70 et le vide était bien intentionnel ; j’en eus la preuve, car je le fouillai jusqu’à trois mètres de profondeur, en y rencontrant des pierres qui y avaient été mises de main d’homme, mélangées à des débris do charbon, le tout associé à de la terre végétale et de l’humus, sur toute la hauteur. Une carrière voisine, pour l’empierrement des routes, m’a démontré la nature du sous-sol, qui n’était pas celui que j’ai rencontré ; peut-être était-ce la vigie du guetteur gaulois qui devait transmettre les signaux ci-dessus ?
Dans la direction est, et à peu près sur le même plan, je remarquai un petit cône en saillie de 0m 80 sur le sol environnant et de 5m de diamètre. Je le fis fouiller jusqu’au dessous de l’ancien terrain qu’il recouvrait, car lui aussi avait été fait de main d’homme et avec des terres et de la pierraille amenées d’ailleurs. Mais là encore, je n’ai trouvé aucun vestige antique. Faut-il en déduire que ce pouvait être un petit poste d’observation, surmonté d’une tourelle? Je n’ose l’affirmer. Les nombreux postes que j’ai notés en Bourbonnais sont aussi de dimensions plus développées, ils sont garantis par des fossés qui manquent ici, et je me croyais plutôt on présence d’une tombelle. Je désire que de plus heureux que moi élucident ces deux points.
J’étais trop près de La Chamba, pour ne pas aller visiter la cave de fayettes qui avait été coupée par la construction du chemin vicinal, et je m’y rendis le même jour. Je constatai que la galerie principale devait avoir, en son entier. environ de 40 à 50m de longueur, sans compter ses branchements.
La portion traversée par la route a été comblée et se poursuivait sous la maison à l’extrémité de laquelle était l’entrée, à la base du coteau. A droite de la route, on pénètre dans cette galerie par une porte voûtée en maçonnerie, et l’ancienne voûte a été étayée pour la garantir des éboulements qui pourraient se produire par les infiltrations d’eau qui y sont continuelles et qui viennent se joindre en appoint avec celles du fossé de la route, que l’on n’a pas pris le soin de détourner et qui la remplissent parfois, en y accumulant des détritus qui finiront par en gêner l’accès.
Cette première section est courbe, à gauche, sur un rayon de 3 à 4 mètres et a environ 6 mètres de développement ; puis elle se retourne brusquement presque sur elle-même et laisse voir un branchement à droite, qui est éboulé après deux mètres de parcours ; mais la galerie principale, à gauche, va dans sa direction première, sur environ 8 mètres de longueur et sur une hauteur suffisante pour se bien tenir debout. Là, un nouveau branchement d’équerre, à droite, est libre sur environ 5m et à cette distance est éboulé par sa base, de manière à ne laisser qu’une ouverture semblable à la gueule d’un four. Enfin, dans la même direction que nous avons laissée vers ce branchement, il y a encore une longueur d’environ 4m de libre, sans rencontrer d’éboulement. Les dimensions sont au flanc, de 1m 40 à 1m 50 de largeur et 1m 70 à 1m 90 de hauteur à l’axe et 1m à 1m 20 à la base ; la voûte est un peu ogivale en certains points.
Après être sorti de cette galerie, je me suis renseigné auprès du curé, qui m’a appris que son sacristain avait, il y a quelques années, trouvé fortuitement dans son jardin l’appartement terminus de cette galerie. Il avait environ dix mètres de surface et, d’après lui, ne contenait aucun débris qui l’eût frappé. Les récoltes ne permettant guère à cette époque de retrouver cette partie, la plus intéressante de cette retraite, je me fais un devoir de signaler le fait, afin que d’autres puissent en profiter ultérieurement.
M. le curé de La Chamba me confirma un renseignement que j’avais eu déjà d’une autre personne : c’est qu’une galerie analogue traverse l’église de St-Jean-la-Vêtre. La même personne m’avait appris aussi qu’auprès du village de La Chambonie il en existait plusieurs autres.
J’allai de là, reconnaître les habitations gauloises du Creux de la Vesse et du Jas de Chez. Les premières sont éparses dans un grand bois de sapins et comme les dernières qui sont sur des pacages, elles sont en tout semblables, au premier aspect, à celles du communal de Jeansagnières. J’ai fait commencer une fouille dans l’une de celles du Jas de Chez et j’y ai reconnu un mur d’extrémité qui avait une forme arquée; et avant que la nuit vînt, je poussai jusqu’au Fossat ou Fosso, dont je n’étais pas éloigné, afin de me faire une idée de ce que l’on m’avait dit être des retranchements. Mais je dois à la vérité de ne pas me prononcer pour ce dernier terme. J’ai vu là, traversant d’une vallée à l’autre des sources du Lignon, sur le territoire de Chalmazelle, et sur une étendue d’environ 500 mètres, un très considérable fossé ayant, en moyenne, environ 9 à 10 mètres en gueule, 3 à 4m au fond et environ 4 à 5 mètres de profondeur; les terres qui proviennent des déblais ont été rejetées, par parts égales, en revers, aussi bien sur la droite que sur la gauche et en font ainsi un fossé mitoyen. Or, il n’est pas dans les usages de la tactique militaire que les chances de combat s’égalisent comme dans nos duels et que les retranchements ne soient pas que l’oeuvre d’un seul des belligérants.
Il faut donc se résigner à ne voir dans ce grand travail des hommes qu’une simple limite qui vient se terminer, sur 4 ou 500m en plus de la première longueur, dans un ravin naturel qui en fait la suite du côté nord, en face de la Jasserie de Sagne-Bourru.
Le plateau immense qui entoure cette division et où à cette altitude, la végétation arborescente n’est plus possible sans doute, n’est en effet recouvert que d’un assez riche pacage de bruyère et d’herbes, où s’ébattent de nombreux bestiaux pendant la belle saison. Deux écuries pour ces animaux ont été élevées sur l’extrémité nord de ce fossé, qui a été modifié, de même qu’il l’a été, au sud, par un propriétaire qui l’a nivelé, pour le joindre aux abords d’une prairie. Ailleurs, le même propriétaire a pratiqué un barrage pour diriger en irrigation les eaux qui y coulent ; mais on en suit bien le parcours entier, malgré quelques changements.
A quelle époque de notre histoire a été fait ce grand travail? Peut-être y en a-t-il des traces dans les terriers de la terre du marquis de Talaru, Si c’était une limite de particuliers, ou dans les archives des départements du Puy-de-Dôme ou de la Loire, si c’était une limite de province, car le Brugeron, village d’Auvergne, a son territoire tout voisin, et l’un des noms de jasserie et de chemin qui le touchent et que je relève sur la carte de l’Etat-Major, donneraient quelque poids à cette dernière hypothèse : Chemin de la Lite à Pérouse. – Jasserie de la Lite. – Chemin du Brugeron à la Lite. Vous voyez d’ici le mot latin lis, litis (contestation) qui a donné naissance à notre mot français litige. Je crois donc, par toutes ces raisons, approcher de la vérité sur ce fossé, très contestable comme retranchement, et incontestable comme limite.
Jusqu’alors, si j’avais recueilli quelques enseignements, ma récolte pour votre musée était nulle, et pourtant je désirais bien vous pourvoir d’autres choses. Aussi, en revenant de La Chamba et Soleuille, et suivant l’ancienne voie, par la croix de la Chaux, qui devait être le chemin gaulois, je m’arrêtai à La Combe, où, sur le revers sud d’un grand bois de sapins, je reconnus des habitations comme celles du communal de Jeansagnières, de l’Amoux, de la Roche ou la Rochette, du Creux de la Vesse et du Jas de Chez. Je fis commencer une fouille dans l’une de ces cases, et le lendemain j’allai rendre visite aux deux abbés Lortet et à leur beau-frère, propriétaires de ces bois, pour les engager, ainsi qu’un autre de leurs frères, à voir les travaux auxquels ils s’intéressaient et pour lesquels ils m’avaient donné une autorisation si bienveillante.
Pour faire plaisir à l’un d’eux, curé à Sury-le-Comtal, je fis pratiquer une tranchée dans un cône en saillie, de 4m de haut et de 10m de circonférence, qui se trouve à une vingtaine de mètres au sud des premières habitations ; car il supposait que ce pouvait être un tumulus. Nous l’avons traversé et fouillé au-dessous du terrain naturel, sans y rien trouver, et nous avons reconnu que ce mamelon était tout artificiel et provenait des déblais exécutés par suite des installations des habitations et des terrains en banquettes aux abords, et qu’il devait être un poste garantissant ce clan.
Il en était séparé par une plate-forme sur terrain naturel, de 7m, puis un talus de 4m de large, sur 2m de haut, une deuxième plate-forme de 7m de large, et un talus de 3m donnant une autre banquette de 2m de large pour arriver aux cases. Ces banquettes ont environ 70m de longueur et se raccordent avec le terre-plein habité, dans lequel j’ai reconnu treize habitations, l’une d’elles en formant quatre qui sont contigües ; toutes avaient un tertre relevé d’environ 1m 50, du côté ouest et nord, et les entrées, autant que j’ai pu les vérifier, étaient à l’est, et ouvertes aussi au midi. Les murs, dont je n’ai trouvé que très peu en place et qui avaient de 0m 60 à 0m 70 d’épaisseur, étaient pour la plupart éboulés dans le fond, dont le sol était plus nettement accusé que dans le clan de Jeansagnières. Comme dans celui-ci, j’ai recueilli un grand nombre de fragments de vases de cuisine, en grossière poterie, autour des foyers, qui étaient au nombre de trois dans cette case, la plus grande (9m x 5m,) se raccordant avec une autre de 7m x 5m. C’était peut-être la demeure des chefs du clan Je ne décrirai pas ces fragments de vases, afin de ne pas répéter ce que j’ai dit à propos des premiers, dont ils sont 1’image fidèle.
J’ai recueilli une tarière en fer ne différant guère de celles encore en usage aujourd’hui ;
Un débris de fer de cheval ;
Un très petit fragment d’urne de verre blanc ;
Un fragment de faux ou volant, à faucher ou moissonner ;
Un petit morceau de fer, à tige et ouverture carrée, que je crois être une gâche de serrure, dont la tige, plus longue et se retournant pour être rivée, devait se fixer dans un montant de bois ;
Deux pointes de flèche en fer, semblables à plus de trente qui ont été trouvées, il y a peu de temps, dans une fouille d’un castrum de la commune de Molles (Allier) ;
Une fusaiole ou peson de fuseau en terre cuite, dont on armait ce petit instrument pour lui donner du poids et aider à la torsion du fil ou de la laine ; ce peson a été fait sur place, avec un fragment d’imbrex ou tuile creuse et usé à la meule, puis perforé ; il a 0m 04 de diamètre nous avons trouvé deux autres fragments de même terre cuite, avec lesquels ou devait en façonner d’autres.
Une petite meule à bras, de 0m 32 de diamètre,.en arkose d’Auvergne, ce qui pourrait indiquer d’où ces peuplades étaient venues. Cette meule est à surface plane et est percée au centre ; elle est polie et a subi un long usage ;
Enfin, une agrafe de ceinturon, de bronze émaillé de bleu et de vert, avec traces de dorure, dont la plaque carrée, de 0m 04 de côté, représente un oiseau, le bec ouvert et la tête abaissée. L’encadrement d’émail bleu est rehaussé de petits points rouges, entourés d’émail blanc ; l’émail vert n’a pu résister au soulèvement produit par la formation de la patine et, bien que cloisonné clans le bronze, il se désagrège facilement ; on remarque aussi, en outre de la dorure du champ, de minces filets dorés qui entouraient le sujet représenté.
Le renflement de la boucle de ce ceinturon est savamment gravé de volutes aussi émaillées de bleu, sur fond jadis doré, et d’une fine exécution.
Notre savant confrère et ami J.-G. Bulliot a découvert au Beuvray (Bibracte), un atelier d’émailleur gaulois où il a rencontré des objets terminés, d’autres seulement en cours de fabrication, et il a élucidé ainsi un point obscur de notre industrie nationale. Il n’est pas douteux que l’agrafe de la Combe, trouvée associée à tous ces fragments gaulois, ne soit un des produits de nos ancêtres et, pour ma part, je suis heureux d’avoir pu, par sa découverte, vous offrir une des pièces d’art de cotte époque reculée.
Daignez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments dévoués et confraternels,
BERTRAND,
Vice-Président de la Société d’Emulation de l’Allier.
Après la lecture du mémoire de M.. Bertrand, divers objets provenant des fouilles de Jeansagnières et notamment la boucle de ceinture en métal émaillé sont mis sous les yeux de la Société.
Les membres présents prient M. le Président d’être leur interprète auprès de M.Bertrand, pour le remercier de son intéressante communication et du don nouveau qu’il veut bien faire à la Société.
Référence : 3 P.299à308
Thème 1 : Fouilles
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Jeansagnières
Référence : 20 P.405à407
Thème 2 : Archives
Lieux : Marlhes (St Régis du Coin)
BD, Tome III, Fouilles exécutées dans la commune de Jensagnières, cmmunication de M Bertrand, vice-président de la Société d’Emulation de l’Allier, pages 299 à 308, Montbrison, 1886.
Fouilles exécutées dans la commune de Jensagnières, cmmunication de M Bertrand, vice-président de la Société d’Emulation de l’Allier.
M. Vincent Durand donne lecture du mémoire suivant, adressé par M. Bertrand au président de la Diana.
Monsieur le Président.
J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien accueillir ce Mémoire, bien que je ne fasse point partie de votre compagnie ; ce sera pour moi une marque de la sympathie que tous ses membres m’ont montrée lors de leur visite en Bourbonnais où nous avons scellé un lien de grande confraternité.
J’ai donc l’honneur de vous informer que j’arrive de Sail-sous-Couzan, où je m’étais rendu tout exprès, avec l’intention de faire, près de là, des fouilles archéologiques; et comme j’ai chassé sur vos terres permettez-moi de vous rendre compte de mes opérations, afin que vous soyez disposé à gracier le braconnier qui vous offre en même temps les quelques matériaux qu’il a pu recueillir.
J’étais depuis quelques temps intrigué par le nom d’un hameau du canton de Saint-Georges-Couzan, qualifié du nom de village des Galles, commune de Jean-Sagnière, (c’est l’orthographe que lui donne le Dictionnaire des communes de M. A. Peigné et c’est ainsi, mais en un seul mot, sans trait d’union, qu’il est désigné officiellement).
Je ne sais si je vous apprends que ce village de Jeansagnières et celui de la Chaise ou des Chaises, se touchent, et que ni l’un ni l’autre n’avaient il d’église. Lorsqu’il y a un peu plus de trente ans, il s’est agi d’en édifier une, l’administration supérieure et les paroissiens furent divisés pour savoir sur quel territoire elle serait bâtie ; bref, pour accorder un peu tout le monde, elle le fut sur Les Chaises et la commune fut désignée sous le nom de .Jeansagnières ; il n’est donc plus question du nom de l’autre village, à moins que la tradition ne le fasse vivre encore longtemps, comme elle s’est chargée de nous le transmettre, ainsi que je vais essayer de vous le démontrer.
Vers la fin de mars dernier, comme j’allais quitter Sail. je vis entrer à l’hôtel deux personnes, dont je l’une pour être M. Gouttefangeas, maire de Jeansagnières ; je me mis en rapport avec lui et lui fis, au sujet des Galles, quelques questions pour savoir si l’on ne trouvait pas, dans ses environs, quelques silex taillés au polis, ou des monnaies assez épaisses, car il me dit que l’on en avait découvert de très minces à la Chamba (c’étaient des pièces du XIIe siècle, des Primats des Gaules, découverte dont j’avais été informé) ; à une demande que je lui fis s’il n’existait pas quelques fondations d’habitations détruites de longue date, soit par suite d’incendie ou toute autre cause, il me répondit qu’il connaissait plusieurs endroits ou l’on remarquait des fondations. Son beau-frère, M. Guillot, qui était là, me dit qu’il en connaissait également et que tous les deux étaient disposés a me les montrer et à me faciliter le moyen d’y pratiquer des fouilles.
Je les remerciai et remis à la fin d’avril pour vérifier lier’ leurs dires, je m’y rendis donc à la fin du mois dernier, accompagné de MM. M. Bayon et C. Baron, propriétaire des sources de Sail, mais ne trouvai pas mes guides, qui étaient à la foire de Boen. Toutefois ne voulant pas perdre notre temps et nous en fiant à notre bonne étoile, par une pluie battante, nous explorâmes les communaux de Jeansagnières et reconnûmes 1es traces indéniables de plusieurs habitations antiques, quoique les périmètres en eussent été bien modifiés par l’enlèvement des moellons et rochers dont le village est bâti, car c’est là la carrière banale de tous les habitants ; mais le terrain en cuvette formant l’enceinte de toutes ces anciennes loges était, à lui seul, assez concluant.
Le lendemain, nous étant procuré des ouvriers, je fis commencer des fouilles, en coupant transversalement un tertre soutenu par des murs à pierres sèches qui semblait être un rempart, mais elles ne donnèrent aucun résultat. Un peu plus loin, en inspectant attentivement les cônes ou taupinées, je remarquai un fragment de poterie grossière, à grains de silex et de quartz : je fis fouiller auprès et l’on en retirera d’autres. Je fis ensuite attaquer le centre de l’une des habitations, en faisant deux tranchées, dont l’une perpendiculaire à l’autre, mais avec beaucoup de difficultés, car la pierre de la construction avait été rejetée dans le fond et aussi le plus grand nombre des pierres de l’assise inférieure, composée d’énormes blocs bruts, avaient été laissées en place. Je ne trouvai aucun sol bien distinct , ni pavage et encore moins de carrelage ou d’aire en terre battue, mais toujours quelques rares fragments de poteries, pIus ou moins épaisses, noires pour la plupart, avec quelques portions rougeâtres sur le même fragment.
Dans cette fouille et les suivantes, je dois noter que nous n’avons pas rencontré un seul fragment de poterie rouge, romaine, fine, ou de tuiles à rebords : ces habitations étaient donc évidemment couvertes de bois et de fascines ; elles ne sont point toutes de mêmes dimensions (celles-ci varient entre 4 et 6 mètres) et sont peu éloignées les unes des autres. J’en ai compté quatorze, dans ce premier cIan ; c’étaient pour les Gaulois des cases (casa), petite maison, d’où sans aucun doute, le nom du village des Chaises et peut-être aussi l’origine des noms des de Case, de nos illustres de Chabannes, des de Las-Cases, et des nombreuses familles des Chaise, de La Chaise, de Neuchaise, Chaix, etc.
Quant à l’étymologie de Jean-Sagnière, il doit son nom de toute évidence à la gentiane qui est très abondante sur son sol et à son altitude, d’environ 1400 mètres au-dessus de la mer, et que l’on nomme en patois, dans ce pays Gensane ; ce devrait donc être Gentianaire du latin Gentiana.
Ces cases sont, comme toutes celles que j’ai visitées ou fouillées sur un rayon d’environ trois kilomètres, placées au midi, cette partie du département de la Loire ayant des hivers très longs et très rigoureux ; celles de Jeansanières sont abritées des vent du Nord, par un soulèvement géologique de granit, qui surmonte un petit sommet, dont l’une des pentes, celle du Midi, s’incline dans la vallée ou prend naissance l’une des trois sources du Lignon (1), l’autre, celle du Nord s’infléchit dans la direction du village de la Valla ; et avant que le chemin vicinal actuel, reliant Jeansagnières à Sail-sous-Couzan, ait été jugé possible, le chemin, l’ancien chemin Gaulois traversait le communal en question, au-devant des cases, et s’infléchissant à l’est, passait par la Valla et Palogneux pour gagner Sail et Boën.
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(1) Pendant que mes ouvriers étaient aIlés passer le dimanche dans leur famille, j’ai voulu visiter Chalmazelle et les environs ; et le lendemain du jour où je quittai Sail, j’étais attendu dans la commune de Molles (Allier), pour voir d’autres fouilles et aussi un terrier du petit fief de Montperroux qui a appartenu au marquis de Talaru, seigneur dudit lieu et de Chalmazelle, fief dont j ai visité les ruines assises sur une poussée basaltique, au dessus de I’ardoisière.
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C’était le seul chemin, bien difficile, que devaient suivre les bois de pins ou sapins que l’on exploitait, en très petite quantité,. alors, bien que ces montagnes en fussent couvertes, sans possibilité de les transporter, en ce temps là, – on se rattrape peut-être trop grandement, en ce moment, en en exploitant beaucoup plus qu’il n’en croit ; – aussi, il ne doit pas y avoir plus de cinquante ans, dans certains endroits, les réduisait-on en poix-résine. C’est ainsi que, passant près de la scierie à vapeur de Piron, un paysan auquel je demandais ni dans le minage qu’il faisait, il ne trouvait pas quelque débris antiques. me montra dans son champ un endroit où il y avait, disait-il, de la pierre noire, comme du charbon. Il en avait extrait plus de deux tombereaux et s’en était chauffé, il croyait avoir là un affleurement houiller. Je le détrompai en lui montrant, par la cassure de l’un des fragrnents et à l’odeur de résine que ce n’étaient que des résidus de distillation du pin et du sapin. Je lui ramassai même un débris du creuset dans lequel la poix était recueillie, après le flambage du bois, car je ne pense pas que l’on se donnât la peine de saigner les arbres.
Les cases de Jeansagnières ont à leur extrémité est, (du moins, je n’en ai pas reconnu d’autres, au-delà). une superbe source qui a été aménagée par les premiers habitants dans une enceinte semi-circulaire de 8m 50 de base, sur 4m 50 de rayon, formée par des blocs de granit, bien assis, laissant au pourtour, une banquette de plus d’un mètre de large et presque autant de haut. Cette disposition en pièce d’eau peut faire penser que peut-être on s’en servait comme de piscine d’été, et l’eau potable pouvait être puisée, un peu plus bas, à une autre belle source, aménagée de la même manière. Ces bains pouvaient être obtenus aussi bien à l’une qu’à l’autre des sources : quoiqu’il en soit, comme la première était presque complètement encombrée de terre et de pierres, je l’ai fait fouiller, en ouvrant un large passage à l’eau, espérant y rencontrer quelques fragments de divinités ou autres. Je n’y ai recueilli qu’une monnaie romaine, grand bronze, très fruste et qui. je crois, est passée par le feu, avant immersion.
La seconde de ces sources, à 200m de là, est entourée d’un mur cyclopéen, ou plutôt d’une enceinte d’énormes blocs de rochers;.qui la circonscrit et qui forme un quadrilatère de près d’un demi hectare; peut-être était-ce le parc aux chevaux de ces habitants ? Plusieurs enceintes du même genre se relient toutes, à l’exception des vides qu’y ont fait les habitants modernes et le tailleur de pierres de l’endroit, non sans laisser çà et là quelques menus moëllons qui indiquent bien évidemment la situation primitive (1) et l’intention, bien arrêtée, de divisions qui n’ont pu être faites que par les premiers possesseurs de ce lieu:: une dernière preuve en serait tirée de ce que cette grande surface, d’environ 15 à 20 hectares, qui a été partagée entre les deux communes de Saint-Just-en-Bas et de Jeansagnières, dont la limite la traverse du nord au sud, n’a jamais été possédée par aucun propriétaire qui aurait pu faire face à de semblables frais de main-d’oeuvre pour clore de maigres pacages et que, à la confection du cadastre, ce sol étant très pauvre, surtout à cause de l’amoncellement de ces matériaux, leur ancien propriétaire, s’il en existait un, aura préféré l’abandonner plutôt que de s’en déclarer tel, afin d’échapper à l’impôt dont elle aurait été frappée.
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(1) Voir le croquis coté.
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( Manque 1 croquis à l’échelle 1/2500e, hors format, non scanné, consultable en bibliothèque seulement)
Dans l’angle sud de l’une de ces cases et dans l’angle nord d’une autre qui lui était voisine, nous avons rencontré deux puits funéraires dont je prévoyais bien l’existence, et je recommandai aux ouvriers, pour les découvrir, d’approfondir les endroits où ils trouveraient le terrain plus meuble qu’ailleurs ; sur le bord du premier, nous avons trouvé un éperon de fer, dont les branches sont arquées et la tige, de 0m 02, terminée par une pointe à tête de diamant ; j’en ai découvert deux presque semblables dernièrement, à Voussac (Allier), l’ancien Vosagus des Gaulois.
Aussitôt que le diamètre de ce puits eut été reconnu, car il n’était pas maçonné mais taillé seulement dans la terre jaune tuffeuse, faisant suite, comme couleur, à la terre voisine, (ce diamètre était de 1m), nous avons recueilli de suite deux fragments du bord supérieur d’une urne en verre verdâtre et un tout petit débris d’autre verre, sans doute de la panse de celui-ci, ayant en travers une double zone de filigrane plus blanche que la pâte du tout et séparée par une petite ligue jaunâtre. Ce puits avait 2m 55 de profondeur et 1m 10 au fond, terminé en cul de chaudron, ou en arc, afin de fournir une résistance à la poussée des terres ; nous y avons recueilli une pierre à aiguiser de 0m 15 de longueur de forme triangulaire, faite d’un grès noir micacé (j’en ai trouvé une à Voussac de même nature, mais en pain de savon usé) et un grand nombre de fragments d’urnes en poterie grossière et noire pour la plupart. Le mot fragment n’a jamais été mieux approprié que là, car nous avons rencontré des débris ayant appartenu à peut-être quinze à vingt vases et seulement deux tessons de fonds de ces mêmes vases. Voici comment j’explique que nous n’en ayons point trouvé d’entiers, mais que quelques débris de chaque et aussi pas la moindre particule de cendres ou d’ossements incinérés qu’ils devaient contenir.
Les habitants de ces cases ont dû quitter volontairement ce pays,.peut-être à cause de la rigueur du climat plutôt que pour fuir un ennemi. Dans le premier cas, ils ont tant emporté, et leurs dieux et leurs morts, et ont transporté leurs pénates dans un pays plus clément, peut-être dans le val de la Loire, à Forum Ségusiavorum (Feurs), ou à Augustonemetum (Clermont) ; ils ont extrait de ces puits, qui ne contenaient pas une goutte d’eau, mais qui n’étaient pas exempts de la buée et de l’humidité, les urnes les unes après les autres ; quelques-unes, dans cette exhumation, ont dû se briser entre leurs mains, et négligeant les débris,.il ont dû verser dans d’autres la portion agglomérée des cendres et des os,.qui faisaient corps avec les fonds de ces urnes : de là, le manque presqu’absolu de ces fonds et l’absence complète de cendres et d’ossements.
Le second puits avait 1m 80 de profondeur et sa base terminée en arc, comme l’autre, 0m 90 de diamètre au sommet et 1m au bas.. Outre les quelques fragments de poteries que nous y avons trouvés, il a été sorti un petit palet de terre cuite de 0m 06 de diamètre, qui avait été taillé dans un flanc. de vase de grand diamètre, car il est presque plat, son épaisseur seulement n’est pas égale partout.
J’ai trouvé deux palets semblables dernièrement, en fouillant dans une villa antique à Vallières, près de Moulins.
Voici l’énumération des quelques débris qui ont un peu d’intérêt :
Un fragment de bord d’urne en terre noire, qui a, à la base de son col, l’impression profonde de deux doigts ; Cet ornement rudimentaire était probablement profilé tout au pourtour de ce vase (à Avermes, près Moulins, je viens de trouver de semblables décors). Un autre petit fragment est orné en partie d’une petite bandelette de 0m 005. sur 0m 002 de saillie, dégagée au couteau tous les 0m 003 pour ne laisser que des lignes verticales en arêtes; cet ornement était amorti par deux incisions triangulaires, dont les bases se rencontraient pour ne former que la largeur même de la bandelette ; cet ornement devait sans doute se répéter du côté opposé.
Un fragment aussi grossier que les précédents et ayant dû faire partie d’une très grande urne a une bandelette en saillie,.adoucie légèrement au doigt. avec une certaine inclinaison pour figurer une cordelière.
Deux autres débris d’une même urne d’un grand diamètre et d’un centimètre d’épaisseur sont ornés de bandelettes plates de peu de saillie, de 0m 01 de largeur, posées verticalement. séparées par des intervalles réguliers de 0m.02 et raccordées sur une autre bandelette horizontale un peu plus large, qui se trouve près d’une partie du vase inclinée vers le rebord, probablement. Ces bandelettes ajoutées après coup, portent l’empreinte du tissu d’une étoffe dont les fils parallèles ont laissé les traces,.pour effacer celles des doigts qui y auraient montré leurs stries.
Enfin. deux fragments de terre grossière, un peu rougeâtre, du col d’une urne et le départ de la panse qui nous fait voir, un peu au-dessous de ce col, une suite de hachures verticales de 0m 005, ayant une très faible saillie et qui ont été obtenues par une molette que l’on y a fait courir, la pâte étant crue ; ce vase a été porté à une haute température à la cuisson, car on remarque sur le plus grand débris que les grains de silex, étant entrés en fusion, ont laissé à la surface de petites protubérances rugueuses.
Toutes ces poteries ont beaucoup d’analogie avec colles que notre savant ami, M. J.-G. Bulliot, a découvertes au Bouvray (l’ancienne Bibracte des Gaulois) et peuvent être attribuées sûrement à la Gaule libre, mais bien voisine de la conquête.
Notre fouille n’a pas été fructueuse comme métal : nous n’avons rencontré en effet, qu’un seul clou de fer à cheval, à pointe peu longue et tête carrée, méplate.
Dans le déblai du plus grand des deux puits, nous avons rencontré du bois de sapin, qui de naturel qu’il était lors de son dépôt dans la terre, s’est en grande partie transformé en charbon. Presque toujours,.les chercheurs s’y trompent et croient avoir affaire à du bois qui a été brûlé et réduit en charbon. A cette profondeur, le bois trouvé associé à des poteries indiscutables comme âge, ne les identifie pas davantage que le charbon, mais je dois en passant. montrer la différence de l’un à l’autre : ainsi dans les débris que nous avons trouvés, tout ce qui avoisine le coeur de la branche est carbonisé et, nu contraire, la partie voisine de l’écorce ou aubier a encore sa teinte rougeâtre et aussi sa texture ligneuse.. Certaines portioncules d’un autre morceau, accusent un commencement de transformation houillère, plutôt que ligniteuse.
Nous n’avons fouillé, et encore en partie seulement, que dans six des quatorze cases bien distinctes de Jeansagnières. Nous en avons fouillé deux sur dix, au lieu dit La Roche ou la Rochette, près de la jasserie de la Guelle, nom qui pourrait être une corruption ou un diminutif de Galles. A peu de distance de la Guelle, au lieu dit La Moux, nous avons également fait des recherches dans quelques unes des treize cases de ce clan. Il en existe un autre à l’Ouest, sur la lisière du bois, près la route de La Chamba.
Il m’a été signalé aussi aux creux de la Vesse, en aval, des cases que je n’ai pas visitées. Au Goulé, à la Combe, au Plat du Ché, sont également d’anciens lieux habités et enfin, sur la montagne au Midi, on m’a indiqué un retranchement assez considérable appelé, dans le pays. le fosso (le fossé), qui se rattache probablement à toutes ces antiques habitations:; mais le temps m’a manqué pour visiter ces derniers lieux.
J’ai été bien peiné aussi de quitter ce champ de mes études favorites, sans voir ce que l’on désigne ici par cares des fayettes. (grottes de fées), qui m’ont été signalées, l’une au hameau des Adrets, l’autre au bas de Jeansagnières, près du fond de la vallée, et la dernière traversée par la route de la Chamba. Ces grottes sont-elles des habitations préhistoriques, de simples refuges du moyen-âge ou des retraites de faux-sauniers? Dans tous les cas, je me fais un devoir de vous les signaler, afin que quelques-uns des membres de votre Société puissent, tout en continuant la travail, ébauché seulement, dans ces ruines de nos ancêtres, y être plus heureux que nous ne l’avons été, ce que je désire ardemment, et élargir ainsi le champ d’observations, en demandant à ces .retraites souterraines leur secret si bien gardé depuis un grand nombre de siècles.
Comme j’ai eu l’honneur de vous le dire en commençant, je me fais un plaisir d’offrir, pour le musée de la Diana, la totalité de ce que nous avons recueilli dans ces fouilles, si vous voulez bien lui donner asile et l’accepter comme pièce à l’appui de ce Mémoire trop long pour si peu de résultats acquis, et je vous prie d’en excuser les nombreuses digressions.
Daignez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments affectueux et confraternels,
BERTRAND,
Vice-Président de la Société d’Emulation de l’Allier.
L’Assemblée charge son Président d’exprimer ses vifs remerciements à M. Bertrand.
Référence : 35 P.279à293
Thème 1 : Fouilles, plan
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Joeuvre
BD, Tome III, Fouilles sur l’emplacement de l’ancien cimetière de Saint-Clément, commune de Montverdun, pages 99 à 109, Montbrison, 1885.
Fouilles sur l’emplacement de l’ancien cimetière de Saint-Clément, commune de Montverdun
Les premiers mois de cette année, continue M. Vincent Durand, ont été féconds en découvertes d’antiquités sépulcrales, et j’ai à vous signaler des fouilles extrêmement intéressantes qui se pratiquent en ce moment sur l’emplacement de l’ancien cimetière de Saint-Clément, commune de Montverdun.
Saint-Clément était une fort vieille paroisse, peut-être même la paroisse primitive de Montverdun. Elle est mentionnée, à l’exclusion de cette dernière, dans une pancarte des droits de cire et d’encens dûs à l’église de Lyon, dont la rédaction primitive doit remonter aux premiers temps de l’organisation des archiprêtrês. Auguste Bernard a publié ce document à la suite des cartulaires de Savigny et d’Ainay, d’après un des nombreux exemplaires qui nous en ont été conservés, lequel est signé de Pierre d’Epinac, archevêque de 1569 à 1599 (1); mais il est hors de doute qu’à cette époque l’existence paroissiale do Saint-Clément n’était plus qu’un souvenir. En effet, Si Saint-Clément est encore compté au nombre des paroisses de l’archiprètré de Forez dans un pouillé du XlIIe siècle édité par le mème auteur (2), il disparaît complètement des pouillés postérieurs, à partir de celui attribué au XIVe siècle.
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(1) Cartulaire de Savigny et d’Ainay, p. 1055.
(2) Ibid. p. 906.
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Aucun vestige apparent de l’église ne subsiste plus, mais depuis longtemps un cimetière était signalé près du village actuel de Saint-Clément, au lieu dit le Coterat, dans la partie orientale d’un territoire de forme triangulaire compris entre le chemin de Montverdun à Poncins de nord, le ruisseau de Saint-Clément de matin déclinant à midi, la chaussée de l’étang de la Goutte et un fossé faisant le prolongement de cette chaussée, de soir déclinant à midi. Des cercueils de pierre y avaient été rencontrés, et l’on parlait d’apparitions nocturnes dont ce lieu était le théâtre.
Un défoncement entrepris cet hiver dans une partie de ce terrain appartenant naguères à M. Verdollin, et aujourd’hui à M. Juste, est venu confirmer l’existence d’un cimetière en cet endroit, mais il a amené en même temps d’autres découvertes fort inattendues.
Les fouilles commencées à l’est dans la partie la plus déclive du champ, immédiatement au dessus do la prairie qui longe le ruisseau, et poursuivies dans la direction du nord, ont mis au jour des substructions assez importantes et dont quelques-unes devaient appartenir à des murs d’une élévation considérable, car leur épaisseur atteignait jusqu’à 0m 90. Ces substructions, en moellon relié par un mortier d’excellente qualité, ne présentaient pas, à ce qu’il parait, d’appareil bien caractérisé ; sur certains points, elles semblaient avoir été bouleversées pour en extraire des matériaux ; j’ai remarqué parmi ceux provenant de leur démolition quelques pierres de petit appareil, mais il est évident qu’elles n’entraient que par accident dans la maçonnerie.
Au milieu de ces substructions et à une faible profondeur, 0m 25 à 0m 30 au dessous du sol, on a relevé de nombreux lambeaux d’une aire établie sur un lit de béton et formée de très petits fragments de pierre dure noyés dans le mortier ; c’est absolument le mode de parquetage si usité aujourd’hui pour les vestibules et les salles à manger et que l’on désigne parfois improprement sous le nom de mosaique. Cette aire s’est présentée sous forme d’une bande allongée et assez étroite courant du nord au sud. En contact immédiat avec elle, gisaient des plaques de ciment finement dressées et colorées on blanc ou en rouge, le côté peint on dessous, évidemment des portions d’enduit provenant d’un mur renversé. On a vu de ces plaques qui étaient ornées d’une suite de petits ronds.
Eu descendant au-dessous de l’aire en des points ou celle-ci avait été trouvée intacte on a rencontré un certain nombre de squelettes, que nul objet n’accompagnait. Ces squelettes avaient la tète au nord et les pieds au midi. J’insiste sur la circonstance, bien établie, semble-t-il, que l’aire en cailloutage n’avait pas été crevée pour pratiquer ces sépultures, d’ou cette conséquence, qu’elles étaient antérieures à la construction de l’aire elle-mème.
D’autres massifs de maçonnerie, provenant aussi de parquets, ont été mis au jour par les fouilles : dans ceux-ci les éclats de pierre sont remplacés par des fragments de briques ; c’est 1’opus signinum antique. A l’intérieur de ces ruines et dans tout le terrain environnant, les débris céramiques abondent. Ce sont des briques demi-circulaires, de 0m 22, 0m 23, et 0m 27 de diamètre, sur 0m 05 d’épaisseur, ayant appartenu à des colonnes; des carreaux d’hypocauste ; des tuyaux carrés de chaleur, aux parois minces et striées extérieurement pour retenir les enduits ; des tuiles à rebords dont quelques unes presque intactes ; des tuiles creuses, imbrices, dont plusieurs aussi presque entières, chose assez rare ; des vases de toute forme et de toute dimension, terrines, unies, coquelles à trois pieds, olloe, écuelles, etc., d’une excellente fabrication et qui, à en juger par leur pate et leur forme, doivent provenir de la poterie gallo-romaine découverte à deux kilomètres de là dans le clos de M. Messant, à Montverdun (1). Quelques pièces sont bronzées à la poussière de mica, d’autres sont d’une couleur cendrée, plusieurs ont été décorées à la roulette. On remarque des fragments de bols à zones blanches et rouges. A la poterie rouge, dite samienne, appartiennent un certain nombre de vases d’un beau galbe : les uns sont unis, d’autres paraissent avoir été ornés de chasses en relief ; une jolie coupe porte une suite de médaillons dont chacun est rempli par une ciste garnie de rubans. Une anse on terre jaunâtre, malheureusement séparée du vase auquel elle adhérait, possède à sa partie supérieure les deux oreilles d’une charnière à laquelle un couvercle mobile était fixé par une goupille en métal, et un crochet saillant destiné à soutenir ce couvercle lorsqu’il était relevé.
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(1) Recueil de mémoires et documents publiés par la Diana. T. IV p . 240.
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C’est la disposition que présente l’oenochoé en bronze de Limes. Mentionnons encore un objet passablement suspect et dans lequel il est difficile de reconnaître autre chose qu’une représentation grossière du phallus.
Un fragment d’amphore fournit l’estampille VR…(VR s(i) ou VR b(ani) ?). Le nom est précédé d’une palme.
Un autre fragment d’un grand vase, probablement un dolium, porte le graffite, TE.
Sur un point de la partie orientale du champ, une amphore haute d’environ 0m 80, sur 0m 42 de diamètre, de la variété appelée seria par le Dictionnaire d’Antony Rich, c’est-à-dire à anses courtes et plates, ventre rebondi et pointe peu effilée, était enfouie debout. (Pl. II, fig. 1). Elle renfermait des cendres probablement humaines, que les ouvriers ont jetées, faute d’en soupçonner la nature ; au dessous, étaient des cailloux du volume d’un oeuf de poule ou de pigeon, au dessus, de petits ossements qui ont été conservés et parmi lesquels on reconnaît parfaitement deux tibias de coq encore munis de leurs ergots. Cette particularité a son importance; ce n’est pas la première fois que l’on rencontre, dans notre pays, des ossements de coq accompagnant des sépultures par incinération. Duplessy, dans son Essai statistique sur le département de la Loire, cite en effet, p. 199, de » grandes urnes cinéraires » , découvertes en 1802, dans un lieu que malheureusement il ne précise pas, et dont l’une renfermait des cendres sur lesquelles deux tibias de coq avaient été arrangés on forme de croix. »
A la limite même du champ, en midi, et au bord de la chaussée de l’étang, une autre urne funéraire a été mise au jour, mais les ouvriers, avertis dans une précédente visite, s’étaient abstenus de la vider et nous avons pu, M. l’abbé Lasseigne, curé de Montverdun, M. Eleuthère Brassart et moi, en examiner le contenu. Elle renfermait des cendres à l’état pâteux, mêlées de fines esquilles d’ossements calcinés. Un petit bronze romain, offrande destinée à Caron, était caché au milieu; mais le feu du bûcher et la potasse des cendres l’avaient altéré au point d’en rendre la détermination presque impossible. Toutefois, une vague ressemblance de profil me porterait à l’attribuer à Antonin-le-Pieux. Le vase, du genre olla, a 0m 30 de hauteur sur 0m 235 de diamètre à la panse et seulement 0m 09 à la base; il est de terre commune, mais bien cuite, et d’un profil élégant. Une tuile à rebord, posée à plat, en recouvrait l’orifice. (P1. II, fig. 2).
Près des fondations d’un mur, dans la région occidentale du champ, une seconde monnaie romaine a été recueillie par les ouvriers. C’est un grand bronze d’Alexandre Sévère (222-235), bien conservé : IMP SEV ALEXANDER AVG; sa tête laurée à droite. R. IVSTITIA AVGVSTI; la Justice assise à gauche. En exergue, S C.
Vers l’angle sud-est du champ, en se rapprochant du ruisseau, les débris céramiques se sont montrés si abondants, qu’on a pu croire que là était, à l’époque romaine, un dépôt ou l’on jetait les vases cassés. Il paraît que les substructions se prolongent de l’autre côté du ruisseau, ainsi que dans le champ situé au delà du fossé qui limite au sud-ouest le territoire exploré et qui porte le nom de terre des Sarrasins (sur le cadastre, la Noyerie). Ce nom de Sarrasins s’applique aussi aux prés situés à la téte de l’étang et même, dit-on, à l’emplacement sur lequel ont porté les fouilles.
J’ai remarqué, parmi les matériaux de construction retirés du sol, quelques fragments d’un calcaire blanc étranger au pays et un morceau de marbre appartenant à la variété des brèches rouges et débité en plaque de 0m 045 d’épaisseur.
Un objet assez curieux est une meule en pierre grise, ayant 1m 00 de diamètre, 0m 07 d’épaisseur au centre, et seulement 0m 05 sur les bords. Elle a du appartenir à un moulin à eau.
De longs clous de fer, un ciseau à pierre et diverses ferrailles très oxydées ont été recueillis, mais on ne peut dire avec une entière certitude que ces objets sont antiques. En effet, et c’est la ce qui double l’intérèt des découvertes faites par M Juste, aux antiquités gallo-romaines qui viennent d’ètre décrites, se superposent, ou plutôt se mêlent intimement de nombreuses sépultures chrétiennes d’une époque déjà reculée et provenant de l’ancien cimetière de Saint-Clément.
Ce cimetière était nettement délimité à l’est par un mur dont on a retrouvé les fondations à quelque distance du ruisseau. Son étendue au nord et à l’ouest reste provisoirement indéterminée, le défoncement n’ayant pas encore atteint ces parties.
Le nombre des corps relevés est déjà extrèmement considérable. Les sépultures sont de trois sortes ; les unes dans des auges de pierre ; les autres dans des fosses revètues de dalles ; Ies autres enfin en pleine terre. Les premières et les secondes occupent au nord-est du champ, un quartier distinct, dont l’exploration est à peine commencée et n’a été poussée qu’a une faible profondeur. .Les tombes y apparaissent pressées les unes contre les autres; les sarcophages monolithes y sont mélés aux fosses revêtues qui ne s en distinguent pas à première vue, tant les dalles minces dont elles se composent sont bien ajustées. On se demande si les cercueils de la première espèce, en apparence plus anciens, ne proviennent point des couches profondes du cimetière, d’où ils auraient été retirés pour servir à des inhumations nouvelles. Ils sont en grès gris, de forme quadrangulaire à l’extérieur et à l’intérieur, avec évasement latéral sensible et rétrécissement notable aux pieds. L’un des mieux conservés a présenté ces dimensions : longueur 2m; largeur à la tête 0m 65, aux pieds, 0m 31; hauteur, à la tête 0m 56, aux pieds 0m. 40; le tout extérieurement; creux, à la tête 0m 45, aux pieds 0m 27 ; épaisseur des parois, 0m 05, et 0m 06; ces parois sont taillées à la broche, en arêtes de poisson. Une de ces cuves affleurait presque le sol. Les fosses revêtues sont exactement de la mème forme, si ce n’est qu’elles semblent un peu moins profondes, environ 0m 30 au milieu, et que leurs parois, qui à l’origine avaient dû être montées d’aplomb, se sont inclinées à l’intérieur sous la pression des terres ambiantes. Le fond en est dallé, et les grands côtés sont formés de 2, 3 ou 4 dalles brutes de 6 à 8 centimètres d’épaisseur, posées sur champ. Parfois la pierre est remplacée par des morceaux r de grandes dalles en terre cuite ayant servi à recouvrir un hypocauste. J’ai remarqué deux fosses jumelles présentant une paroi commune. Les couvercles sont des dalles non taillées épaisses de 0m 08 à 0m 10 seulement. La plupart des cuves et fosses revêtues paraissaient avoir reçu successivement plusieurs corps; l’une d’elles ne contenait pas moins de cinq crânes. Elles n’ont rendu d’autre objet que des fragments assez détériorés de poterie du moyen-âge.
Les corps déposés en pleine terre ont la tète protégée par deux pierres brutes, placées de part et d’autre de manière à former un angle dont elle occupe l’intérieur. On a trouvé jusqu’à trois et quatre squelettes superposés à différentes profondeurs et tous intacts, le dernier confié à la terre étant recouvert d’un blocage on maçonnerie qui scellait ces inhumations successives. Cette disposition s’explique par le respect très grand dont les sépultures étaient entourées au commencement du moyen-age. On n’inhumait pas deux fois à la même pince, ou du moins, si l’on renouvelait les inhumations, c’était à des niveaux différents et, naturellement de moins en moins profonds, de manière à ne pas troubler les sépultures antérieures, M. le docteur Noèlas a déjà signalé, il y a longtemps, un autre exemple très remarquable de cette pratique, dans le cimetière abandonné de Maroille, commune de Saint-Romain-Ia-Motte, en Roannais; dans ce dernier cimetière. on observe même plusieurs lits de béton séparant autant de couches de sépultures.
Quelques squelettes se sont montrés dans l’intervalle de certains murs parallèles et assez rapprochés; les ouvriers étaient disposés à y voir des caveaux ou fosses murées. Toutefois, la longueur de ces murs, leur écartement, supérieur à celui qu’auraient exigé de simples fosses, enfin l’absence de cloisons transversales, me portent à croire qu’ils dépendaient plutôt d’un édifice préexistant, peut-ètre de quelque portique. Du reste, il a été bien constaté qu’en divers points les substructions rencontrées dans le champ avaient été entamées pour y creuser des rosses; preuve évidente d’antériorité.
J’ai à peine besoin d’ajouter que sarcophages. fosses revêtues et sépultures en pleine terre sont régulièrement orientés selon la coutume chrétienne. Les corps sont accompagnés fréquemment de vases, un seul d’ordinaire, placés près de la tête. Ces vases, qui accusent nettement le moyen-age, sont en terre noire assez grossière; la forme est trapue et peu élégante, le fond large, l’orifice très large aussi et parfois tréflé. Plusieurs, retirés entiers ou presque entiers, laissaient voir sur leurs flancs des trous percés après la cuisson et
contenaient encore du charbon. Ils avaient évidemment servi à faire brûler de l’encens autour du corps, selon une coutume bien connue. Quelques-uns pouvaient aussi avoir contenu de l’eau bénite. Leurs dimensions sont variables; j’en ai mesuré deux qui avaient 0m 13 et 0m 16 de hauteur. (P1. II, fig. 3).
On signale peu d’autres objets relevés à côté des squelettes. Plusieurs possédaient parait-Il, un couteau, mais aucun de ces couteaux, altérés et désagrégés par la rouille, n’a été conservé. Une rondelle do bronze, d’un diamètre de 15 centimètres est sortie des couches profondes du cimetière. Elle porte, exécutée au repoussé, une décoration d’un caractère assez barbare qui m’engage à la reproduire dans le Bulletin ; des trous, qui durent être originairement, au nombre de six, disposés deux à deux, montrent que cette plaque était fixée assez grossièrement, sur du bois ou du cuir, par des clous. Le centre conserve des traces de soudure ayant servi à fixer une pièce aujourd’hui perdue; une pointe peut-être:;aurions-nous affaire à l’umbo d’un bouclier ou à une pièce du harnachement d’un cheval ? Au témoignage de M. Poyet, le contre-maître qui a dirigé le défoncement, à l’endroit où la plaque en question a été recueillie, gisait un squelette qui avait à son côté un grand couteau. (P1. Il, fig. 4).
Un mort avait emporté dans son tombeau plusieurs coquilles; c’était évidemment un pèlerin.
Je ne puis quitter les fouilles de Saint-clément. dit en terminant M. Durand, sans rendre un hommage mérité. à M. Juste, qui a bien voulu donner des ordres pour qu’elles fussent conduites de manière à permettre toutes les constatations utiles. M. l’abbé Lasseigne, curé de Montverdun, n’a pas rendu un moindre service à la science, en suivant assiduement les travaux, et en levant le plan des substructions découvertes. Lorsque ce plan sera terminé et complété par les résultats des fouilles ultérieures, ce sera un document très précieux et qui permettra peut-être de se faire une idée plus précise du plan général et de la destination de l’édifice, ou des édifices, dont on retrouve les restes. L’ancienne église de Saint-Clément était, selon toute probabilité, voisine du cimetière : faisons des voeux pour que ses vestiges, qu’il serait si intéressant d’étudier, revoient aussi le jour.
Référence : 3 P.99à109
Thème 1 : Fouilles
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Montverdun
BD, Tome V, Fours anciens découverts sur le versant oriental du mont d’ Uzore. – Communication de M. Peniguel., pages 150 à 154, La Diana, 1890.
Fours anciens découverts sur le versant oriental du mont d’ Uzore. – Communication de M. Peniguel.
M. Peniguel, ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, fait la communication suivante :
Les travaux d’ouverture du canal du Forez, sur le flanc oriental du mont d’Uzore, ont mis à découvert, près du domaine de la Rive, commune de Montverdun, un curieux ouvrage dont, jusqu’ici, il n’a été possible de déterminer, ni l’usage auquel il a servi, ni l’époque de la construction.
Mieux que toute description que l’on en pourrait faire, les dessins joints à cette note font connaître les dimensions et dispositions de cet ouvrage, qui consiste essentiellement en deux fours accolés, de 2m 98 de longueur, ayant une entrée commune de 1m 92 de longueur (plan n° 1).
Une murette en brique, dont l’épaisseur varie de 0m 27 à 0m 45, sépare les deux fours qui, eux-mêmes, ont la forme de coins ayant pour dimensions respectives, aux gros bouts 0m 53 et 0m 61, aux petits bouts 0m 28 et 0m 35. Les fours sont voùtés en plein cintre (coupes nos 2 et 3).
L’entrée commune est voûtée en ogive ; les arcs de cette ogive ont un rayon double de l’ouverture libre (coupes nos 4 et 5).
La sole des fours et de leur entrée commune est en argile corroyée, que le feu a durcie ; son épaisseur varie de 0m 05 à 0m 06..Une chape, de même nature que la sole, enveloppe les deux fours mais non leur entrée commune ; son épaisseur varie de 0m 10 à 0m 12. Tout autour de cette chape subsistent des traces de calcination sur quelques centimètres d’épaisseur.
Presque toute la construction est en brique; le reste est en pierres basaltiques (voir la légende des dessins). Les briques ont 0m 23 de longueur, 0m 12 de largeur, leur épaisseur est de 0m 06, et pour les voûtes elles ont la forme de claveaux.
Nous avons fait apporter à la Diana, afin que l’on puisse les examiner commodément, quelques briques et des fragments de la sole et de la chape des fours ; la fabrication des briques est grossière. Il est à remarquer que les faces de celles formant parement à l’intérieur des fours ont été exposées à de fortes chaleurs, qui leur ont fait subir un commencement de vitrification.
L’intérieur des fours et de l’entrée commune était très propre au moment de la découverte: on n’y a trouvé aucun débris de combustion. Ce n’est qu’extérieurement, à la gueule et autour de la chape, que l’on rencontre de nombreux charbons.
Nous avons dit que nous n’avons pu déterminer ni l’âge de la construction, ni l’usage auquel elle a servi. A ce sujet, nous ne pouvons mieux faire que de citer ce que M. Vincent Durand, qui a visité les lieux le 13 de ce mois, nous écrivait le lendemain de sa visite :
«……..M. Pressat a bien voulu faire exécuter sous nos yeux un complément de fouilles très instructif, ce qui nous a forcés à abandonner notre première impression, que les fosses juxtaposées rencontrées par le fossé du canal étaient des sépultures du moyen-âge. On pouvait aisément s’y tromper, étant données leur orientation, leurs proportions générales et la circonstance qu’elles allaient en se rétrécissant par un bout. Mais en poursuivant le déblai jusqu’au talus du canal, nous avons reconnu que ces deux fosses, ou plutôt ces deux canaux voûtés, se rejoignaient sous un angle très aigu pour ne plus former qu’un canal unique, plus large et plus élevé, dont l’orifice était à quelques centimètres seulement du plan du talus. De plus, l’examen minutieux des terres de remplissage ne nous a pas permis de reconnaître le moindre vestige de détritus d’apparence animale. L’hypothèse d’une ou plusieurs sépultures paraît donc devoir être définitivement écartée: l’àge de la construction restant d’ailleurs vraisemblablement postérieur à l’époque romaine, ce qui se reconnaît surtout à la forme des briques et à leur mauvaise fabrication.
« Mais si la destination de cet ouvrage n’est pas funéraire, à quoi a-t-il bien pu servir ? J’avoue franchement que je ne puis le deviner. Il ne semble pas avoir existé au-dessus de construction qu’il aurait eu pour objet d’assainir; on ne voit ni substructions, ni débris de tuiles en nombre, ni même d’humidité notable dans ce point du terrain. On ne peut songer non plus à une dépendance d’un four à potier; les terrains ambiants seraient pleins de cendre et de rebuts de fabrication. L’intervention du feu pour solidifier l’aire générale en argile et la chape extérieure aussi en argile mêlée de cendres pourrait faire croire à une préoccupation particulière de rendre l’intérieur étanche. Dans quel but ? Un silo à conserver les grains doit présenter cette qualité d’être inaccessible aux eaux d’infiltration, mais la forme d’un boyau bas et étroit est bien la dernière qu’on eût dû lui donner.
« Serait-ce une simple cachette? Elle eût été passablement incommode et assez mal dissimulée à l’extérieur.
I1 y a donc là un curieux petit problème, et je vous engage fort, Monsieur et cher confrère, à en saisir la Diana dans sa prochaine réunion……. »
Grâce à sa situation sur une digue du canal du Forez, l’ouvrage pourra, sans difficulté, ètre conservé dans son état actuel, dont nos croquis donnent une idée aussi exacte que possible ; les intempéries des saisons seules causeront à la longue sa destruction. On pourra donc, d’ici longtemps encore, étudier à loisir, sur place, ce curieux ouvrage; et, si sa conservation indéfinie devait présenter de l’intérêt, il serait aisé et peu coûteux de l’assurer en le mettant à l’abri des influences atmosphériques.
En terminant M. Peniguel promet, pour la prochaine réunion, un travail sur l’ensemble des découvertes d’objets antiques dues aux travaux exécutés pour l’établissement du canal d’irrigation dans la partie comprise entre Montbrison et Montverdun.
Sur l’initiative de son Président, l’assemblée vote des remerciements à M. Peniguel pour son intéressante communication.
Référence : 7 P.316à321
Thème 1 : généalogie
Thème 2 : Bibliothèque
Référence : 5 P.243à245
Thème 1 : tombeau
Lieux : Montbrison
BD, Tome V, Fragments épars à Montbrison du tombeau de Claude d’Urfé. – Communication de M. T. Rochigneux., pages 243 à 245, La Diana, 1890.
Fragments épars à Montbrison du tombeau de Claude d’Urfé. – Communication de M. T. Rochigneux.
Le hasard m’a fait retrouver récemment sur la place du faubourg de la Croix, à Montbrison, deux fragments épars du mausolée de Claude d’Urfé et de Jeanne de Balzac, lequel, comme l’on sait, avait été édifié en 1542 dans l’église de l’abbaye de Bonlieu, près de Boën (1).
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(1) Voir la description du tombeau de Claude d’Urfé et de Jeanne de Balzac dans Bernard (Auguste) : Les d’Urfé. Généalogie, p. 44 ; Granjon (Antoine) . Statistique du département de la Loire, p. 132 et 133 et dans Soultrait (Georges de) et Thiollier (Félix) : Le château de la Bastie et ses seigneurs, p. 47 et 48.
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Un de ces débris, le plus petit, est malheureusement noyé dans le dallage du trottoir de la maison n° 31 et l’on ne peut distinguer à quel membre d’architecture il a appartenu.
Le second placé au devant de la façade du même immeuble, les moulures tournées vers la muraille, sert de banc de repos, depuis plus de soixante ans, paraît-il. Il mesure 1m 04 de long sur 0m 42 de large et 0m 23 de haut et consiste en une corniche d’entablement ornée de mutules dont les intervalles évidés sont décorés de fleurs crucifères.
Ce dernier fragment, incomplet de ses extrémités et mutilé dans ses détails, s’adapte rigoureusement à la partie du monument que possède notre musée et en forme le couronnement ; il est d’ailleurs du même style, le dorique, et est taillé dans la même pierre, un calcaire gris ; il ne peut donc y avoir aucune erreur d’attribution : il s’agit bien d’une portion du tombeau de Bonlieu.
Reste à établir par suite de quelles circonstances ces débris se trouvent actuellement au faubourg de la Croix.
On lit dans la monographie de la Bastie, page 49, que le mausolée de Claude d’Urfé fut détruit lors de la dévastation du monastère de Bonlieu, pendant la Révolution, et ses débris dispersés. Toutefois, deux dalles avec inscriptions tumulaires (1) et deux cintres d’arcade, dont l’un était surmonté d’un entablement ionique (sic), furent plus tard retrouvés sur place par M. le vicomte du Treyve.
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(1) Ces dalles sont au musée de la Diana ainsi qu’une frise ornée de rinceaux qu’on dit, à tort ou à raison, avoir fait partie du monument de Bonlieu (V. le château de la Bastie et ses seigneurs, pl. 67).
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De son côté l’avocat Granjon, qui écrivait au commencement de ce siècle, dit en substance (1) qu’un certain nombre de morceaux du superbe tombeau de Claude d’Urfé échappés au désastre furent emportés dans la cour de l’hôtel-de-ville de Montbrison, mais on ne put tirer parti que de quatre colonnes (les quatre pilastres d’angle) et de deux archîvoltes, dont on orna les fontaines des places de la Préfecture et du faubourg de la Croix. D’autres débris de marbre et d’albâtre furent employés à la construction de deux autels de Notre-Dame et de Saint-Pierre.
Nous ne savons ce qu’ont pu devenir ces derniers débris ainsi que l’édicule de la place de la Préfecture, mais nous nous souvenons qu’en effet la partie du mausolée qui figure dans notre musée surmontait jadis la fontaine du faubourg de la Croix, où elle demeura jusqu’à l’établissement des nouvelles bornes-fontaines en 1874 ; démoli à cette époque, le monument retourna dans le vestibule de l’hôtel-de-ville, puis enfin au musée de la Diana en 1885. Il est probable que les fragments actuellement épars dans le faubourg avaient été destinés à couronner la fontaine, mais ils n’y furent point employés et échurent, par voie d’achat, au propriétaire de la maison devant laquelle on les voit aujourd’hui.
Faisons des voeux pour que les fragments récemment retrouvés, ainsi que les autres signalés par Granjorr, viennent rejoindre dans un avenir très prochain les souvenirs que nous possédons déjà des d’Urfé !
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(1) Granjon, Statistique, p. 132.
Référence : 61, p. 193 à 240
Date : 2002
Référence : 54 P.93à99
Thème 1 : impôt
Référence : 58 P.263à308
Thème 1 : biographie, religieux
Référence : 1, P.156-157
Thème 1 : peintures murales
Lieux : St Bonnet le Château
Référence : 1, p.98-99
Thème 1 : restauration
Thème 2 : pictural
Lieux : St Bonnet le Château
Référence : 52 P.847à854
Thème 1 : testament
Thème 2 : Archives
Lieux : Boisy
Référence : 26 P.427à429
Date : 1938
Thème 2 : Vie de la société
Référence : 46 P.73à76
Thème 2 : Archives
Lieux : Feurs
Référence : 21:55,3
Thème 1 : hommage
Référence : 40:55,4
Thème 2 : Bibliothèque
Lieux : Forez
Référence : 56 P.283à298
Thème 1 : généalogie, héraldique
Lieux : Cezay
Référence : 9 P.358à362
Thème 1 : bijoux
Référence : 33 P.14à31
Thème 1 : origine
Thème 2 : Archives
Lieux : Saint Germain Laval
Référence : 33 P.52à61
Thème 1 : origine
Thème 2 : Archives
Référence : 50:55,3
Thème 1 : généalogie
Thème 2 : Archives
Lieux : Forez
Référence : 57 P.133à144
Thème 1 : seigneur, sceau, genealogie
Thème 2 : Archives, bibliothèque
Lieux : Souternon
Référence : 35 P.54à59
Thème 1 : biographie
Thème 2 : Archives
Référence : 36 P.146à153
Thème 2 : Architecture, archeologie
Lieux : Grangent
Référence : 3 P.19-20
Thème 1 : Lapidaire
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Ambert
BD, Tome III, Groupe mégalithique prés de la Croix de l’Homme Mort. – Communication de M. Gabriel Morel, pages 19 à 20, Montbrison, 1885.
Groupe mégalithique prés de la Croix de l’Homme Mort. – Communication de M. Gabriel Morel.
M.Gabriel Morel présente un excellent dessin fait par lui d’un groupe mégalithique existant sur le bord de la route de Montbrison à Ambert, à la limite des communes de Verrières et de Gumières, non loin de la croix dite de l’Homme-Mort.
Cet assemblage de pierres se compose de plusieurs blocs debout, soutenant une grande dalle horizontale de 2 m 70 de longueur sur 2 m 18 de largeur; le tout offrant beaucoup de ressemblance avec un dolmen.
M.Vincent Durand dit que la découverte de ce dolmen, s’il est authentique, serait extrêmement importante. Ce genre de monuments est de la plus grande rareté dans notre pays.
Il est décidé que MM. Morel, de Meaux, Gonnard et Joulin se transporteront sur les lieux et tacheront de s’assurer, en pratiquant une fouille à l’intérieur et autour du dolmen présumé, du véritable caractère que l’on doit lui assigner.
la séance est levée.
Le président,
Conte de Poncins.
Le secrétaire,
Vincent Durand.
Référence : 45 P.183à197
Thème 1 : épistolaire
Thème 2 : Archives
Référence : 45 P.255à273
Thème 1 : biographie
Thème 2 : Archives
Référence : 57 P.199à238
Thème 1 : biographie, guerre
Thème 2 : Archives, bibliothèque
Référence : 23 P.222à229
Thème 2 : Archéologie
Lieux : St Galmier
Référence : 14 P.306à307
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Précieux
Référence : 8 P.332-333
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Ste Agathe la Bouteresse
BD, Tome VI, Hache polie trouvée à Saint Etienne le Molard. Communication et don de M. le comte J. de Neufbourg., page 2, La Diana, 1891.
Hache polie trouvée à Saint Etienne le Molard. Communication et don de M. le comte J. de Neufbourg.
Des remerciements sont encore votés à M. le comte J. de Neufbourg qui offre pour le musée de la Société une très belle hache en pierre polie trouvée à la surface du sol, au territoire de Cimens, commune de Saint Etienne le Molard. Cette hache, longue de 0 m 19 et large de 0 m 065 au tranchant, a été reconnue par M. de Chaignon pour être en amphibolite ou pyroxènite.
Référence : 33:55,2
Thème 1 : don au musée
Thème 2 : Archéologie
Lieux : St Etienne le Molard
Référence : 29:55,3
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Allieu