Référence : 4 P.277à285
Thème 2 : Bibliothèque
Lieux : Boën
BD, Tome IV, La lanterne des Morts et la croix avec appareil de lumières du cimetière de Boën. Communication de M. Vincent Durand, pages 277 à 285, Montbrison, 1887.
La lanterne des Morts et la croix avec appareil de lumières du cimetière de Boën. Communication de M. Vincent Durand
M.Rochigneux, au nom de M.Vincent Durand, fait la communication suivante :
Dans une Note sur les fanaux ou lanternes existant dans quelques cimetières, publiée en 1839, par M. Tailhand , de Riom ,dans le tome V du Bulletin monumental, pages 433 à 435, on remarque le passage suivant :
Ils (les fanaux) sont aussi vides dans leur intérieur. Les ouvertures de chacun d’eux regardent l’orient. On ne voit dans leur intérieur aucun moyen pour s’élever jusqu’aux fenêtres. Il en existait aussi dans le département à Abajut et à Montferrand. Ce dernier n’existe plus : sa forme nous a été conservée par un dessin de M. le comte de Laizer. Il était surmonté d’une croix qui a du y être placée postérieurement à sa construction. Je pourrais en citer beaucoup d’autres. Et la tour octogone près la chapelle du Saint-Sépulcre, à Aigueperse (Puy-de-Dôme) m’en paraît encore un avec quelques modifications. Il y en avait beaucoup dans la Marche. Il y en a un près Boën-en-Forets. »
M. l’abbé Lecler, qui a repris de nos jours et doctement traité la question des fanaux érigés dans les cimetières, a classé sous le numéro 86 de sa liste celui signalé par M. Tailhand comme existant à Roën, et rectifie ainsi le nom de cette localité :
86°. – BOEN, en Forez, chef-lieu de canton, arrondissement de Montbrison. – M. Tailhand indique une lanterne des morts prés Roën-en-Forets (Bulletin monumental, V, 434), mais qu’il n’a pas vue. Je croirais volontiers qu’il y a là faute de lecture ou erreur typographique; Il s’agit probablement de la petite ville de Boën, chef-lieu de canton du département de la Loire, en plein Forez. Tous les auteurs auront successivement transmis cette erreur, sans s’inquiéter en quoi que ce soit de l’existence ou de la non-existence de cette localité. J’ignore si ce petit monument est encore debout ». (Etude sur les lanternes des Morts. 2e partie. Limoges, 1885, p. 47).
Ces judicieuses observations de M. l’abbé Lecler, que je suis redevable à M. Aug. Chaverondier d’avoir bien voulu me signale; m’ont permis de reconnaître la destination d’une ruine énigmatique, jadis presque invisible au nord et à proximité du choeur de l’ancienne église de Boën. Aujourd’hui dégagée par la démolition de celle-ci, de l’ancien collège et d’une maison particulière, elle s’élève à l’angle sud-ouest des bâtiments de M. Mouillaud, au nord du transept oriental de la nouvelle église.
C’est une tour quadrangulaire, découronnée, qui a perdu ses faces ouest et sud, réduites chacune à un arrachement de quelques centimètres. Sa hauteur totale est d’environ 4m 35 ; l’épaisseur des murs de 0m 38. Elle mesure, dans oeuvre, 1m 56 du côté du nord et 1m 70 du côté de l’est. A 2m 80 du sol, chacun des trois angles encore debout présente des restes d’une espèce de trompe, ou plutôt d’une grossière maçonnerie on encorbellement, assise sur une pierre placée en diagonale, et qui servait à passer du plan carré à un plan à peu près circulaire, pour soutenir une coupole dont la naissance est à 3m 75. il subsiste quelques restes de cette coupole, sur une hauteur maximum de 0m 60. Elle semble avoir été ovoïde, et quelques légères traces de fumée se remarquent sur ses parois.
Le mur en nord est creusé à l’intérieur d’une espèce de grande niche, montant de fond, large de 1m 20, en retraite de 0m 10 seulement sur le nu du mur et terminée par un arc en mitre dont les rampants sont formés par des dalles minces. Cette niche a une hauteur totale de :3m 10. Le mur en matin est uni et le retour encore subsistant de celui qui existait au midi porte, toujours à l’intérieur, des restes d’un crépissage assez soigné, qui a disparu sur les autres côtés.
Deux trous ménagés dans le mur du nord, au travers de la maçonnerie des trompes, et qui correspondaient évidemment à deux trous pareils percés dans le mur du sud, témoignent de l’existence d’un plancher à la base de la coupole.
La construction, en petits matériaux est assez peu soignée ; le style, autant qu’on peut en juger en l’absence complète de toute moulure ornementale, paraît accuser le XII e siècle.
J’ai l’honneur de placer sous les yeux de la Société un plan et une coupe de l’édicule que je viens de décrire.
Il est possible de faire des conjectures plausibles sur la manière dont il se terminait, à l’aide d’un plan à grande échelle de la ville de Boën dressé, ce semble, dans la seconde moitié du siècle dernier, et dont M.Arquillière a bien voulu jadis me donner communication. Ce plan fait voir, au nord de l’église et la séparant des bâtiments de l’ancien collège., un emplacement clos de murs qualifié de Vieux Cimetière : indication confirmée par des fouilles pratiquées de nos jours, qui y ont fait reconnaître en effet l’existence d’un champ de sépulture. A l’angle sud-est de cet emplacement, et sensiblement au point où s’élève la tour ruinée qui nous occupe, est représenté un édicule en forme de pyramide assez élancée, percée d’une petite fenêtre carrée et sommée d’une croix. Il ne me semble pas douteux qu’il faille reconnaître dans cette pyramide une flèche en maçonnerie surmontant la coupole dont l’amorce existe encore, et dans ce petit monument lui-même la lanterne des morts signalée par M. Tailhand.
Le feu était entretenu dans une lanterne posée sur le plancher dont les poutres ont laissé leurs traces, et auquel on accédait sans doute par un escalier de bois, ou même par une simple échelle. Le grossier dessin que nous possédons ne montre dans la flèche qu’une seule ouverture, faisant face à l’entrée du cimetière : mais il n’est pas trop téméraire de supposer qu’il y avait quatre fenêtres regardant les quatre points cardinaux.
Je n’ose faire aucune hypothèse sur la grande niche pratiquée dans le mur du nord. Cette orientation me détourne d’y voir la place d’un autel. Peut-être était-elle destinée à recevoir un meuble dans lequel on conservait l’huile de la lanterne, ou même quelques autres objets, les outils du fossoyeur, etc.
Les détails que je viens de vous donner sur l’ancienne lanterne des Morts de Boën m’amènent à vous entretenir d’un autre petit monument qui se rattache à la coutume des illuminations sépulcrales.
Il s’agit d’une élégante croix de fer forgé, excellent. travail du XVe. Siècle, que l’on voit aujourd’hui, abritée par un groupe de vieux marroniers, sur le bord de la route nationale de Lyon à Clermont, un hameau de la Roche; commune de Saint Thurin.
L’arbre de cette croix est une tige de fer cylindrique de 0m 035 de diamètre, qui se bifurque et se rejoint quatre fois pour former un croisillon long de 1m 22, rempli en son centre par un quatrefeuille, anglé de fleurons, orné de ressauts à jour, et terminé par des espèces de tulipes d’où émerge un pistil à tête de clou. Cette riche composition rappelle beaucoup celle de plusieurs croix qui surmontent un certain nombre de clochers foréziens de la même époque. Mais ce qui fait surtout l’intérêt de celle-ci, c’est une couronne plate, circulaire intérieurement, à onze pans sur sa tranche extérieure, supportée dans une position horizontale, immédiatement au-dessous de la naissance du croisillon, par trois branches de fer forgé et tordues qui se terminaient par un ornement perdu aujourd’hui, une fleur sans doute. Le diamètre de cette couronne est de 0m 23 ; elle porte sur sa moitié antérieure une traverse armée de deux pointes visiblement destinées à recevoir des cierges.
Il résulte d’une enquête faite sur place que cette croix provient de l’ancien cimetière de Boën. Cachée dans une cheminée pendant la Révolution, elle aurait été vendue plus tard à un propriétaire de la Roche, qui la fit ériger à la place qu’elle occupe actuellement.
Pour compléter ma description, j’ajouterai que sa hauteur totale, au dessus du grossier piédestal dans lequel elle est encastrée, est de 2m 93. La partie taisant prise dans la pierre peut être évaluée à 0m 30 au maximum. Au croisillon est fixé assez maladroitement un crucifix beaucoup trop petit pour l’ensemble : c’est une addition moderne.
Les dimensions et l’aspect monumental de cette croix portent à se demander si elle n’aurait pas surmonté jadis la lanterne des Morts de Boën. Mais la présence de l’appareil de lumières n’est pas conciliable avec cette supposition. On ne peut s’arrêter à la pensée qu’on eût placé des cierges à la pointe d’une flèche, où le plus léger souffle de vent les eût éteints, et où d’ailleurs on n’aurait pu accéder qu’à l’aide d’une longue échelle. Je crois même que la couronne lumineuse, élevée aujourd’hui d’environ 1m 80 au dessus du piédestal de la croix, c’est-à-dire notablement hors de la portée de la main, n’occupe pas sa place primitive. Ce qui me confirme dans cotte opinion, c’est l’existence, 0m 75 plus bas, de deux trous traversant rectangulairement l’arbre de la croix et qui ont dû recevoir des rivets ou des tenons. Je suis disposé à croire qu’à l’origine ils servaient à fixer les branches de support de la couronne, sur laquelle il était alors facile de placer les cierges avec la main. D’autre part, Il est manifeste que, dans sa position actuelle, elle est beaucoup trop rapprochée du croisillon, eu égard aux proportions de ce dernier. Enfin, trois encoches aujourd’hui sans emploi, que l’on remarque sur sa tranche, concourent à faire croire que ses supports ne s’appliquaient pas jadis aux mêmes points.
L’ancien plan de Boën indique, au milieu du cimetière situé au midi de l’église, et converti plus tard en jardin pour le presbytère, une croix dont les bouts sont ancrés. Je sais à quel point ces sortes de représentations sont conventionnelles. Rien n’empêche pourtant de supposer qu’on a voulu figurer la belle croix de fer transportée depuis à Saint-Thurin.
Il ne me semble pas inutile de rappeler, en terminant, que M. Auguste Chaverondier a signalé depuis plusieurs années, dans son excellent Catalogue des ouvrages relatifs au département de la Loire, t. II, p. 292, plusieurs fanaux ou lanternes de cimetière qui auraient existé sur d’autres points du Forez, à Chérier, Grezolles, Saint-Martin-la-Sauveté, Saint-Just-en-Chevalet. Je me permets d’appeler sur ces curieux monuments l’attention de nos doctes confrères ; l’usage dont Il s’agit a probablement été général dans notre province, et a dû laisser sur plus d’un point de son territoire des vestiges matériels.
M. Jeannez signale la lanterne des Morts qui existait dans le cimetière du prieuré bénédictin de Charlieu et a été détruite, en ce siècle, en même temps que l’église romane dont il ne reste que deux travées. Cet édicule, autant qu’il est possible de s’en rendre compte par un ancien plan de ville de 1769, se composait d’une partie relativement fort large, de forme polygonale, portée sur un pied en maçonnerie ou en pierre taillée et surmontée d’une croix de fer.
M. Jeannez espère que l’intéressante communication de M. Durand aura pour résultat d’attirer l’attention de nos confrères sur les lanternes des Morts qui pourraient se trouver dans d’autres parties du Forez.
Référence : 2 P.51à57
Thème 1 : mesures itinéraires
BD, Tome II, La lieue gauloise de la Table de Peutinger., pages 51 à 57, La Diana, 1881.
La lieue gauloise de la Table de Peutinger.
M. Révérend du Mesnil donne lecture de la note suivante :
On sait que l’un des premiers soins d’Auguste, maitre paisible de la Gaule et du vaste empire romain par la mort d’Antoine, fut, en l’an 27 avant J.-C., d’établir partout des communications directes et faciles avec Rome : ce furent de solides et grandes voies, viae publicae, qui permirent le transport rapide des armées et encouragèrent le grand roulage qui amena vers l’Italie les marchandises, les denrées, tous les produits de notre sol.
Ce premier système de viabilité fut accompagné de chemins vicinaux, viae vicinales, destinés à desservir les points principaux du territoire à l’écart des grandes lignes, ou à abréger pour les voyageurs les longs parcours.
Les chemins vicinaux qu’on a heureusement appelés d’intérét local, ne furent que des chemins naturels : pour les retrouver, il est nécessaire d’interroger les traditions, de bien comprendre la configuration du sol ou certains mouvements de terrain afin de les distinguer de ceux imputables au moyen-âge, ou encore d’en appeler aux noms anciens qu’ils portent ou à ceux des lieux qu’ils traversent.
Au contraire, les viae publicae sont plus reconnaissables : elles s’annoncent par des restes d’un pavage particulier qui a défié, en beaucoup d’endroits, les ravages destructifs du temps ou des eaux. Presque toujours, elles suivent en ligne droite les inflexions des terrains : on ne songeait point alors à creuser des tranchées au sommet ou au flanc des coteaux ; on n’élevait point de remblais au fond des vallées, pour niveler ou adoucir les pentes ; beaucoup même de ces routes n’étaient que d’anciens chemins gaulois élargis ou rectifiés, appropriés enfin à une civilisation plus avancée. La table dite de Peutinger, dont la rédaction primitive remonte au Ier siècle de notre ère, est la plus précieuse statistique de ces grandes voies, qu’Agrippa s’attacha ensuite à étendre et à perfectionner, car ce fut lui qui fit construire les quatre grandes voies dont Lugdunum, Lyon, fut le point de jonction. Il n’est pas de document plus précieux que cette carte pour la topographie de notre patrie à l’époque gallo-romaine, quoiqu’elle ne soit à proprement parler qu’un simple memento des lieux d’étapes des soldats romains ; elle nous a conservé les anciens noms de villes ou de celles depuis longtemps disparues, et à ce titre, elle est fréquemment invoquée par les archéologues. Sans doute, elle n’est pas sans quelques erreurs, dont les unes proviennent des transcriptions inexactes qu’après mille ans d’existence (nous parlons de l’époque de son achèvement), put faire l’artiste qui la peignit sur les douze feuilles de parchemin qui nous restent, les autres d’un désordre apparent et d’une confusion qui est due à la nécessité dans laquelle il se trouvait d’utiliser les blancs, pour écrire certains noms trop longs pour être placés là où ils devaient l’être véritablement. Mais ce qui augmente, pour ceux qui consultent l’un ou l’autre de ces précieux segments, la difficulté de s’en servir, c’est la diversité d’appréciation de la mesure itinéraire dont la somme figure après chaque gîte d’étape. Il ne nous paraît pas inutile de faire connaître notre opinion appuyée de preuves : elle appellera, nous l’espérons, un débat dont sortira la lumière complète, car il est nécessaire de s’entendre sur un sujet qui revient si souvent dans nos travaux.
Il est établi que, sous la domination des Romains, deux mesures itinéraires étaient usitées en Gaule : dans la province Romaine, c’était le mille ; au-delà, à partir de Lyon, c’était la lieue : nous nous occuperons spécialement de cette dernière puisqu’elle était employée, dans les pays qui formaient notre Ségusiavie, à partir de Lugdunum : usque hic legas, dit le rédacteur de la Carte de Peutinger; – Exinde non millenis passibus, dit Ammien Marcellin parlant de la Saône, sed leucis itinera metiuntur.
Ce terme de lega, que Jornandès (Hist. des Goths, ch. 36) et Ammien Marcellin (Les Empereurs Romains, ch.XI) écrivent leuca, paraît dérivé du celtique leac’h, qu’on a eu tort de traduire par le français lieue : il signifie proprement le lieu, l’endroit où les Gaulois plaçaient une pierre pour indiquer la fin de leur mesure itinéraire qu’ils composaient de quinze cents pas ; singulis mille quingentis passibus, a dit Jornandès. Pierre, en celtique, se dit méan, au pluriel mein, d’où sont venus les mots dolmen, francisé de taol, table et de mein, pierres ; c’est-à-dire la table de pierres ; menhir, de mein et de hir, long, les longues pierres, les pierres hautes.
Les Romains continuèrent l’usage gaulois et placèrent des bornes dites milliaires, où furent gravés, avec le chiffre des distances, les noms et titres des empereurs par les ordres desquels elles furent placées : une M indique le mille et une L la lieue gauloise ; témoin la colonne itinéraire de Moingt qui porte au-dessous de la légende, IMP CAES JUL, etc., cette indication L VIIII, neuf lieues.
Au reste, « il faut remarquer, » a dit M. de Caumont, «que la lieue gauloise était désignée tantôt sous le nom de lieue, tantôt sous celui de mille, et que souvent le mot millia n’indique point des milles romains, mais des lieues gauloises, lorsqu’il s’applique à la partie des Gaules où cette mesure était usitée. »
Or voyons les différences qui existent, parmi les auteurs modernes, sur la valeur de cette lieue gauloise, employée au-delà de la province romaine :
Walkenaër l’évalue à |
2208m |
D’Anville à |
2209m 50, |
De Caumont à |
2211m 16, |
De Boissieu à |
2221m 50, |
Nos collègues MM. Vincent Durand, |
|
Guigue, Baron de Rostaing (1) à |
2222m |
Pistollet de Saint-ferjeux à |
2415m |
Bergier à |
2475m |
_______________
(1) 50 au degré de latitude, dit notre savant confrère dans ses Voies romaines des Ségusiaves, p. 1.
_______________
Nous-même avions adopté ce dernier chiffre dans notre rapport sur Moingt et Champdieu, parce qu’il nous avait paru, mieux que les précédents (Voy. Bulletin t. I, p. 183), comprendre les fractions.
Le hasard vient de mettre sur les rayons de notre bibliothèque un travail spécial fait, sur cette intéressante question, par M. Michel, Ingénieur des Ponts et Chaussées, qui en a fait, en 1872, le sujet de son discours de réception à l’académie de Lyon. Il s’est attaché à comparer avec soin les monuments antiques de cette ville avec ceux de Vienne, il a mesuré avec la plus scrupuleuse exactitude les inscriptions purement gauloises ou celles des objets fabriqués par les Gaulois, et, d’un travail minutieux et concordant, il a conclu que la valeur du pied romain était, d’après nos mesures métriques, de 0 m. 296 et celle du pied gaulois de 0 rn 322.
Il est remarquable que cette mesure se soit conservée jusqu’à notre système actuel, dans le pied de roi divisé en douze pouces et égal à 0 m. 3248 d’après l’Annuaire du bureau des Longitudes.
On sait que le pas gaulois était de 5 pieds: 0m 322 X 5 = 1 m. 610 ; la lieue gauloise valait donc incontestablement 1.500 X 1.610 ou 2415 mètres, le chiffre donné par M. Pistollet de Saint-Ferjeux, d’après les très intéressants travaux de M. Aurès, mentionnés avec éloges, en 1867, par M. Alfred Maury, membre de l’Institut, dans le rapport sur les récentes découvertes archéologiques, rédigé par ordre du ministre de l’Instruction publique, à l’occasion de l’Exposition Universelle.
Prenons comme démonstration sur la carte de Peutinger, les chiffres placés à la suite des stations qui intéressent nos environs : à cet effet nous partirons de Feurs, Foro Segustavaru.
Une première voie allait de Feurs à Roanne : Roidomna, XXII : 22 lieues à 2415 m. l’une donnent 53,130 m ; or, en mesurant sur la carte de l’Etat-major la route par la Bouteresse, Arthun, Bussy, Saint-Germain-Laval, et sous Villemontais, on trouve cette distance sensiblement équivalente à 54 kilomètres : on sait que la carte de Peutinger n’indique jamais les fractions.
Nous avons démontré ailleurs que Mediolanum, qui est suivi du chiffre XIIII, (rectification de M. Vincent Durand) était au quartier de Rigaud, le Tour de Roue, près Montbrison :
nous avons dit que ce chiffre de XIIII lieues était exact (Voy. Bulletin, I p. 188) ; en effet, 14 X 2415 = 33,810 m.
La Voie Bolène, qu’a si bien décrite M. Vincent Durand dans notre Recueil de Mémoires de 1872, partait de Feurs pour gagner Aquis Segetae distant de VIIII lieues gauloises : 9 X 2415 – 21735m, distance exacte. D’Aquis Segetae à Icidmago (Usson), XVII lieues ou 41,055m : la distance judiciaire de Montbrison à Usson est de 43 kilomètres. dont il faut retrancher la distance de Moingt à Montbrison ; c’est donc encore exact.
Une troisième route de Feurs gagnait Lyon par Saint-Martin-l’Estra, Chamousset, Courzieu, Saint-Bonnet-le-Froid, Vaugneray, le Pont d’Alais et Saint-Irénée, soit une distance d’environ 50 kilomètres (1) : la carte ne marque que le chiffre XVI ou 38,640m, mais il est avéré que le scribe a quelques fois « non-seulement défiguré des noms et altéré des chiffres de distances, mais encore omis d’inscrire quelques villes dont la place est restée vide sur plusieurs parties de la carte » (De Caumont). En laissant de côté l’omission possible d’une station intermédiaire, hypothèse admise par M. Aug. Bernard, supposons, comme pour Mediolanum où le V a été confondu avec l’X, qu’il faille lire XXI au lieu de XVI, et nous trouverons exact le résultat : car 21 X 2415m = 50715m.
_______________
(1) Ce travail est facile sur la carte jointe aux Voies antiques du Lyonnais, du Forez, etc. par les hôpitaux du Moyen-Age de M. Guigue. Lyon, 1877.
_______________
Nous concluons : la valeur de 2415m attribuée à la lieue gauloise des itinéraires anciens nous parait la seule exacte ; s’il s’élève quelques différences dans la mensuration actuelle, c’est que nous n’avons pas le tracé ancien absolument certain ; il devient alors nécessaire de le rechercher avec un soin extrême sur les lieux mêmes afin d’arriver à toute la vérité. Cette étude est pour l’archéologue des plus attrayantes, mais aussi assez difficile : les maîtres en cette science ne nous manquent pas, il suffit de les accorder sur ce point, la vraie longueur de la lieue gauloise : puissions-nous avoir réussi !
Sur ce, nous dirons, avec Horace, à celui de nos collègues qui voudra bien s’occuper du même sujet :
Vive, vale. Si quid novisti rectius istis, Candidus iniperti ; si non, utere mecum (1).
_______________
(1) « Adieu, porte-toi bien. Si tu as quelques avis préférables à ceux-ci, fais-m’en part franchement ; si non, uses-en avec moi. »
_______________
M. Vincent Durand dit que la conclusion de M. Révérend du Mesnil est fort sage. Ce n’est qu’après avoir restitué avec la dernière précision le tracé des voies antiques qu’on pourra utilement déduire, de la mesure directe de leur longueur comparée avec les chiffres donnés par les itinéraires, ou rapportée à l’emplacement connu d’anciennes bornes, la valeur exacte de la lieue chez les Ségusiaves.
De nombreuses recherches ont été faites, sur divers points de la France, pour arriver à la détermination de la lieue gauloise. Les chiffres proposés varient dans des limites qui vont jusqu’au dixième de la longueur cherchée. Cette divergence peut tenir à la méthode suivie par les calculateurs, mais aussi à l’existence de mesures différentes selon les temps et les lieux, à la nature plus ou moins accidentée du pays, qui fait varier la longueur réduite à l’horizon des distances mesurées en suivant la pente du terrain, et modifie la longueur du pas de l’homme qui a pu, dans certains cas, servir à les évaluer, à l’inégalité de la taille moyenne des populations, autre cause d’inégalité dans la valeur absolue du pas, etc. Le commandant Bial a présenté à ce sujet des observations très-judicieuses dans son livre, Chemins, habitations et oppidum de la Gaule au temps de César, page 258 et suivantes.
Sans prendre parti dans la question d’une manière absolue, M. Vincent Durand rappelle que la longueur de 2222 mètres, ou plus exactement 2221 mètres 50, est la plus communément adoptée. Cette valeur semble se vérifier d’une manière remarquable sur la voie de Feurs à Saint-Galmier par la Liègue (Leuga, Leuca), dont le nom indique l’emplacement d’une ancienne borne et où tombe en effet très exactement la quatrième lieue. Une différence de 193 mètres par lieue produirait, à cette distance de Feurs, un écart de près de 800 mètres, qui reporterait la borne bien au-delà de la Liègue. La borne de Balbigny, sur la voie de Feurs à Roanne qui, dans le sens opposé, est le prolongement exact de la précédente, fournit un autre moyen de vérification qui conduit au même résultat. Le lieu où cette borne a été relevée est sensiblement éloigné de Feurs de 4 lieues de 2222 mètres l’une. Ces deux portions de routes sont situées en plaine, ce qui élimine les inégalités de longueur dépendant des accidents de terrain.
La séance est levée.
Le Président,
Cte L. DE PONCINS.
Le Secrétaire,
V. DURAND.
Référence : 22 P.87À100
Thème 2 : Archives
Lieux : St Bonnet le CHÂTEAU
Référence : 39 P.289à301
Thème 2 : naturel
Lieux : Forez
Référence : 16 P.164à169
Thème 2 : Archives
Lieux : Montbrison
Référence : 31 P.74à92
Thème 1 : généalogie, plan
Lieux : roannais
Référence : 61, p. 139 à 160
Date : 2002
Thème 1 : couzan
Thème 2 : lignon
Lieux : Boën
Référence : 57 P.239à244
Thème 2 : Architecture
Lieux : Grézieux le Fromental
Référence : 51 P.311à333
Thème 2 : Archives
Référence : Moyen-âge
Thème 1 : Bibliothèque
Thème 2 : Moingt
Référence : 55 P.359à366
Thème 1 : lieu de culte, grossesse
Lieux : Forez
Référence : 13 P.286à325
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Roanne
Référence : 36 P.188à221
Thème 1 : seigneur, chevalier
Thème 2 : Archives
Lieux : Forez
Référence : 19 P.86à90
Thème 2 : Archives
Lieux : Forez
Référence : 21 P.310à325
Thème 1 : religieux
Lieux : Montarcher
Référence : 22 P.108-109
Thème 1 : registres paroissiaux
Lieux : Montarcher
Thème 1 : registres paroissiaux
Lieux : Montarcher
Référence : 41 P.71à100
Thème 2 : Bibliothèque
Référence : 25 P.139à141
Thème 1 : peintures murales
Thème 2 : pictural
Lieux : Sail les Bains
BD, Tome V, La période pluviaire. – Communication de M. le comte de Rosemont., page 218, La Diana, 1890.
La période pluviaire. – Communication de M. le comte de Rosemont.
M. de Rosemont entretient l’assemblée des travaux du Congrès d’anthropologie tenu à Paris en 1889. Il résume la communication qu’il y a faite sur la période géologique qu’on avait pris l’habitude d’appeler glaciaire, et constate que l’expression de période pluviaire depuis longtemps proposée par lui comme plus exacte, a été définitivement adoptée par les savants venus de tous les points du monde au Congrès. Déjà le mot nouveau de pluviaire avait reçu droit de cité dans la langue par son admission dans le dictionnaire de Littré.
Référence : 32:55,2
Thème 1 : géologie
BD, Tome VI, La peste à Montrotier en 1631. Communication et don de M. H. Matagrin., pages 18 à 20, La Diana, 1891.
La peste à Montrotier en 1631. Communication et don de M. H. Matagrin.
La peste de 1631 est une de celles dont les annales du Forez et du Lyonnais ont gardé le plus durable souvenir. M. Matagrin communique à la Société l’original d’une proclamation qui témoigne de la terreur générale qu’elle inspira et fait connaître les mesures rigoureuses de police dont elle fut l’occasion.
De par Monsieur (1) ou Monsieur le juge ordinaire de Montrotier ou son lieutenant.
Sur l’advis que nous a esté donné par le procureur d’office de la presente juridiction et aultres particuliers habitans tant de ceste paroisse de Montrotier et aultres circonvoisines, que la maladie contagieuse continue et s’augmente en divers endroits circonvoisins; que le mal s’est mis en diverses maisons par l’imprudence et mauvaise conduite de plusieurs personnes lesquels sont allés achepter des viels habictz, ardes, linges et aultres nipes dans la ville de Lyon, au moien de quoy ils se sont infectés; et leurs voisins nous ont encores adverti que dans la presente parroisse y en a qui font commerce desdicts habictz lesquels en ont apporté et exposé quantité, les exposent et vendent publiquement tous les jours. A quoy est besoing pourvoir. Requerant ledict procureur d’office que deffences soient faictes à touttes personnes de faire tels traffictz et commerce, et à ceulx qui ont jà cy devant trempé en telles occasions de se retirer à part et ne point frequenter les aultres habitans. A quoy rendant droict, nous avons faict inhibitions et deffences très expresses à toutes personnes de achepter, exposer en vente, ny faire aultre commerce de tels habitcz, linges et nipes, à peyne de cinquante livres d’admende contre checun des vendeurs, achepteurs et aultres qui les retireront, et de punition exemplaire pour la seconde fois; à tous hostes et cabaretiers de la presente juridiction de les retirer sur mesmes peynes. Enjoinct à ceulx qui se sont meslés de tels commerces de se retirer à part pour faire les quarantaines, sans se mesler avecq les autres habitans, et, en cas de contravention, permis auxdicts habitans de leur courir sus et les deschasser. Et, affin que nostre presente ordonnance soit observée, avons ordonné qu’elle sera leue, publié et affiché par nostre greffier tant aujourd’huy à l’issue des messes, jours de court, que partout où besoing sera. Faict le cinquiesme mai mil six cent trente ung.
Au dos : Deffenses publiés le 8e mai 1631.
M. Matagrin veut bien faire hommage de ce document aux archives de la Diana.
_______________
(1) Le prieur de Montrotier, seigneur du clocher et de la plus grande partie de la paroisse.
_______________
Déjà en 1628 la peste faisait des ravages épouvantables à Saint Clément, localité voisine de Montrotier. Dans les registres de cette paroisse, on trouve sous la signature de Mre Vincent Molière, vicaire desservant de cette annexe, la mention suivante :
Sont enterrés, de la maison de Jehan Boachon, neuf corps tant grands que petits vers la croix ou se fait la bénédiction des Rameaux de pour la maladie contagieuse. Hui 8me octobre 1628.
MOLIÈRE
J’ai dict tout l’office pour les dessus nommés sans rien avoir. Ce néammoins je prie Jesus Christ de leur faire miséricorde.
Référence : 6 P.18à20
Thème 1 : don aux archives
Thème 2 : Archives
Lieux : Montrotier
Référence : 16 P.292à308
Thème 2 : Archives
Lieux : Cervière et Les Salles
Référence : 10 P.257à264
Thème 2 : Archives
Lieux : Lérignieux
Référence : 20 P.404-405
Thème 1 : Lapidaire
Lieux : Bas-en-Basset
Référence : 23 P.569-570
Thème 1 : tombeau
Lieux : St Etienne de Montluel
Référence : 52 P.667à688
Thème 2 : Archives
Lieux : Roanne
Référence : 25 P.101à106
Thème 1 : épistolaire
Thème 2 : Architecture
Lieux : Cervière
Référence : 19 P.234à244
Thème 1 : biographie
Thème 2 : Archives
Référence : 50 P.173à175
Thème 1 : usages religieux
Lieux : St Germain LAVAL
Référence : 50 P.173à175
Thème 1 : usages religieux
Lieux : St Germain LAVAL
Référence : 24 P.483à489
Thème 1 : registres paroissiaux
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Roanne
Référence : 55 P.153à160
Thème 1 : Céramique
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Roanne
Référence : 22 P.364à366
Thème 2 : Bibliothèque
Lieux : Chalain d'Uzore
Référence : 35 P.141à148
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Roanne
Référence : 38 P.42à47
Thème 2 : Archives
Lieux : Vallée de la Coise et environs
Référence : 32 P.96à99
Thème 1 : restauration
Thème 2 : Architecture
Lieux : Malleval
Référence : 26 P.100à102
Thème 1 : restauration
Thème 2 : Architecture
Lieux : St Hilaire Cusson La Valmitte
Référence : 31 P.268à270
Thème 1 : restauration
Thème 2 : Architecture
Lieux : Veauche
Référence : 27 P.216à219
Thème 1 : restauration
Thème 2 : Architecture
Lieux : Chazols
Référence : 45 P.281à286
Date : 1862
Thème 1 : restauration
Thème 2 : Architecture
Lieux : Montbrison
Référence : 38 P.196à199
Thème 1 : sculpture
Thème 2 : Architecture
Lieux : Forez
Thème 1 : restauration
Thème 2 : Architecture
Lieux : Montbrison