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Les Bulletins de la Diana 3906 résultats
Limites des justices de St Marcel et de St Just en Chevalet, 1340
Référence : 24 P.449à455
Thème 2 : Archives
Lieux : St Marcel d'Urfé, St just en Chevalet
Liste alphabétique des nms de lieux et de personnes
Auteur : M.A.D'Alverny
Référence : 18 P.131à179
Thème 2 : Archives
Lieux : Cervières
Liste de Mémoires anciens sur l’histoire et l’archéologie signalés des membres de la société
Auteur : Conseiller Moissonnier
Référence : 1, p.301à303
Thème 1 : don aux archives
Thème 2 : Archéologie
Liste des curés
Référence : 43 P.281à297
Thème 1 : religieux
Lieux : St Just en Chevalet
liste des donateurs
Référence : 54 P.619à621
Date : 1995
Thème 2 : Vie de la société
Lieux : Montbrison
Liste des justiciables de la juridiction d’Ogerolles
Auteur : Comte O.de Sugny
Référence : 46 P.159à163
Thème 1 : justice
Thème 2 : Archives
Lieux : Ogerolles
Liste des membres de l’association
Auteur : Comte o.de Sugny
Référence : 46 P.165à191
Date : 1979
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la Diana
Auteur : Comte o. de Sugny
Référence : 50 P.1à26
Date : 1987
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la Diana
Référence : 52 P.567à599
Date : 1991
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la Diana
Référence : 55 P.3à28
Date : 1995
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la Diana (suite)
Référence : 12:55,1
Date : 1976
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : Le Cardinal Coullié
Référence : 11 P.1à21
Date : 1901
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : le cardinal Coullié
Référence : 14 P.1à22
Date : 1904
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : Son Éminence le Cardinal Coullié
Référence : 18 P.1à22
Date : 1912
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : Sa grandeur Monseigneur Hector Irénée Sevin
Référence : 19 P.1à22
Date : 1913
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : Son éminence le cardinal Maurin
Référence : 20 P.1à22
Date : 1919
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : Son éminence le cardinal Maurin
Référence : 22 P.1à21
Date : 1924
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : Son Eminence le cardinal Maurin
Référence : 23 P.1à24
Date : 1927
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : Le Cardinal Maurin
Référence : 24 P.1à24
Date : 1931
Liste des membres de la société
Auteur : Son Eminence Mgr Gerlier
Référence : 26 P.1à21
Date : 1937
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Auteur : Son Eminence le cardinal Gerlier
Référence : 27 P.1à21
Date : 1939
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Référence : 37 P.92à110
Date : 1962
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Référence : 43 P.1à26
Date : 1972
Thème 2 : Vie de la société
Liste des membres de la société
Référence : 45 P.1à27
Date : 1976
Thème 2 : Vie de la société
Liste des prieurés et couvents d’hommes du Forez
Auteur : Jean Renaud
Référence : 28 P.186à190
Thème 1 : religieux
Thème 2 : Archives
Lieux : Forez
Liste des recteurs et administrateurs de l’Hotel-Dieu
Auteur : M.Edouard Perroy
Référence : 26 P.103à137
Thème 1 : , objet de culte
Lieux : Montbrison
Liste des sociétaires de LA DIANA et abonnés à son bulletin
Listes des membres de la société
Auteur : son Eminence le cardinal Coullié
Référence : 16 P.1à20
Date : 1908
Thème 2 : Vie de la société
Lit-on encore l’Astrée
Auteur : M.Auguste Cholat
Référence : 33 P.85à89
Thème 2 : Bibliothèque
Lieux : La Bastie d'Urfé
Livres et revues
Référence : 40 P.105à107
Date : 1967
Thème 2 : Bibliothèque
Lieux : St Etienne, Roannais
Louis Gaudin, Visite pastorales du diocèse de Lyon (1378-1379) par le cardinal archevêque Jean de Talaru
Lu ds la publication information
Auteur : Federation franç. d'archéologie
Référence : 52 P.609à611
Date : 1990
Thème 1 : conférence
Lieux : Besançon
LUCIEN SOUCHON DU CHEVALARD (1798-1878)
Lugudunum
Auteur : M.V.Durand
Référence : 12 P.63à70
Thème 1 : etymologie
Lieux : Lyon
M. A. Vachez., Le sceau des Baffle
Date : 1895

M. A. Vachez., Le sceau des Baffle, Bulletin de La Diana, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 311 à 325.

Le sceau des Baffle. — Don et communication de M. A. Vachez.

M. A. Vachez fait don au musée de la Diana d’un fragment. de sceau matrice en bronze qu’accompagne le mémoire suivant.

« Au mois de mai 1893, un cultivateur trouvait, en travaillant son champ, à 200 mètres à l’est du bourg de Riverie (Rhône), la matrice brisée d’un ancien sceau, mesurant 53 millimètres de diamètre et sur lequel était gravée en creux l’image d’un guer­rier à cheval, brandissant son épée de la main droite.

Le paysan qui avait fait cette découverte crut d’abord que ce sceau était en métal précieux, mais il eut bientôt reconnu qu’il était seulement en cuivre ou laiton, comme la plupart des sceaux du moyen âge. Il me l’apporta, et je lus sans peine autour du personnage dont il portait l’image le fragment d’inscription suivante :

MI. DOMINI• ,DE• BAFFI

Or, comme deux membres seulement de la famille de Baffle ont été possessionnés dans le Forez, où la seigneurie de Saint-Germain-Laval leur appartenait pour partie et que l’un et l’autre portaient le prénom de Guillaume (Willelmus), il était facile de complé­ter ainsi cet exergue :

Sigillum WillelMl DOMINI DE BAFFIa.

C’était bien ainsi le sceau des Baffle, qui venait d’être retrouvé.

Les Baffle n’appartenaient p0int, par leur 0rigine, à la n0blesse F0rézienne. C’était une ancienne fa­mille d’Auvergne, déjà puissante, dans le Livrad0is, au XIe siècle, et d0nt 0n place le berceau près de Viver0ls 0ù déjà, du temps de la Mure, il ne subsis­tait plus que des ruines du vieux château de Baffle, auquel elle avait emprunté s0n n0m (1).

Mais si le rôle qu’elle a j0ué dans l’hist0ire du pays de F0rez n’a pas été de bien l0ngue durée, ce rôle n’a pas été sans imp0rtance, car il arriva un j0ur, c0mme 0n le verra plus l0in, que les Baffle dispu­tèrent à la dynastie régnante de n0s c0mtes la p0sses­si0n même du c0mté de F0rez.

S0n plus ancien auteur c0nnu est Dalmas, sei­gneur de Baffle, chevalier, qui vivait en 960. Et au n0mbre de ses descendants, n0us dev0ns retenir n0­tamment le n0m de Guillaume de Baffle, chan0ine de l’église de Ly0n, qui fut évêque de Clerm0nt de 1096 à il 04 et qui d0nna, en ‘I0’, sa terre du Puy et l’église de Viver0ls à l’abbaye de Sauxillanges (2).

Mais ce n’est qu’au c0mmencement du XIIIe siècle que les Baffle paraissent s’être établis dans le F0rez. Une charte de l’abbaye de la Béniss0n-Dieu n0us apprend ainsi qu’en 1205, le c0mte Guy II, se tr0u­vant à Cleppé, « 0bligea, dit la Mure, un grand seigneur d’Auvergne, n0mmé Willelme de Baffle, de c0nfirmer les c0ncessi0ns que s0n aïeul, Willelme,

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(1) De la Mure, Histoire des ducs de Bourbon, I, 203.

  1. Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, I, 138. — De la Mure, Miroir historiai, chap. VI. — Crégut, Le Concile de Clermont de 1095, p. 90.

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avait fait à cette abbaye, de la liberté du pâturage pour son bétail dans ses terres » (1).

Quelques années plus tard, mais postérieurement à l’année 1210, ce même Guillaume de Baffle contracta mariage avec une fille du comte Guy III et de sa première femme, Ascuraa ou Asiuraa (2).

Le prénom de cette femme de Guillaume de Baf­fie, surnommé le Vieux, est demeuré inconnu jus­qu’à ce jour, comme le déclarait déjà Baluze (3), encore bien que de la Mure et Justel lui donnent, l’un et l’autre, celui d’Élé0n0re (4,). Mais de l’initiale qui figure dans une charte de 1242 (n. st.), il paraît résulter que, suivant toute vraisemblance, elle se nom­mait Sibylle (5).

(1) De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 170 ; III, p. 39.

  1. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. zoo. — Chaverondier, Invent. des titres du Comté de Forer, p. 488.

  2. Baluze, Hist. généalogique de la maison d’Auvergne, I, p. 103.

  1. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. zoo. — Justel, Hist. généalogique de la maison d’Auvergne, p. 55.

  2. Dans une intéressante communication faite à la Société de la Diana, dans sa réunion du 7 novembre 1892, M. Vin­cent Durand avait dû se borner à émettre des doutes sur le véritable prénom de l’épouse de Guillaume de Baffle. Mais depuis cette époque, un nouvel examen, fait récemment, par M. Noël Thiollier aux Archives nationales, de la charte de 1242, reproduite par Aug. Chaverondier seulement d’après l’Histoire de la maison d’Auvergne de Baluze, et dans laquelle

ce prénom était omis, a démontré, comme l’avait, reconnu

déjà Aug. Bernard (copie mss à la Diana), que cette charte porte textuellement : matris meoe superius nominatce S. Or, le prénom de Sibylle est de beaucoup le plus commun de ceux commençant par cette initiale portés, à cette époque du moyen age et dans notre région, par les femmes. A. Bernard avait mal intérprété l’initiale S par Scuraa, confondant ainsi la fille avec la mère. (Communication de M. Vincent Durand. — Cf. Chaverondier, Inventaire des titres du comte de Forer, p. 488 ; — Bulletin de la Diana, t. VI, p. 352).

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Quoiqu’il en soit, à compter de cette époque, nous voyons les Baffle posséder, avec les Artaud de Saint- Germain, la seigneurie de Saint-Germain-Laval, dont le château leur appartenait même exclusivement.

Dès ce moment aussi, leur nom apparaît fréquem­ment dans l’histoire du pays de Forez. Ainsi Guil­laume de Baffle figure d’abord au nombre des ga­rants de la charte de franchises et de libertés com­munales, que le comte Guy IV accorda aux habitants de Montbrison et de sa banlieue, au mois de novem­bre 1223 (r).

Au mois de mai 1236, Guillaume de Baffle figure aussi, comme arbitre, avec Robert de Saint-Bonnet, dans l’accord intervenu entre le comte Guy IV et Girin, abbé d’Ainay, au sujet des droits de justice de Saint-Romain-le-Puy (2).

Mais après la mort du comte Guy IV, survenue en 1241, un grave différend s’éleva entre son succes­seur, Guy V, et Guillaume de Baffle, dit le Jeune, fils de Guillaume de Baffle, dit le Vieux, et de la fille du comte Guy III et de la comtesse Ascuraa.

Pour des causes, demeurées inconnues jusqu’à ce jour, cette dernière avait été répudiée par son mari. Puis, Guy III s’était remarié, du vivant de cette première épouse, avec Alix de Suilly, dont il eut trois enfants, au nombre desquels se trouvait le comte Guy IV.

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(1) Huillard-Bréholles, Inventaire des titres de la maison de Bourbon, no 104. — De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon,

I, p. 217.

(2) Grand Cartulaire d’Ainay, I, p. 261. Huillard-Bréholles, Inventaire, no 187. — De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 233.

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Or, au moment où le comte Guy V, fils de ce der­nier, entrait en possession de son héritage, le petit fils de la comtesse Ascuraa, Guillaume de Baffie, dit le Jeune, revendiqua, du chef de sa mère, déjà décé­dée à cette époque, non seulement les châteaux de Précieu, Jullieu, Villedieu, Cremeaux et la terre de Saint-Bonnet, qui faisaient partie des biens apparte nant en propre à son aïeule, mais même la possession du comté de Forez, en allant jusqu’à contester la légitimité des autres enfants de son aïeul, nés d’un mariage non approuvé par l’Église (1).

Se plaignant, en outre, d’injustes vexations, dont il aurait été victime de la part du comte Guy V, Guillaume de Baffle saisit du litige le roi saint Louis lui-même et s’en remit à sa décision pour prononcer sur le différend (mars 1242, n. st.) (2).

Grâce à l’autorité du saint roi et à l’intervention d’amis communs, un accord intervint entre les par­ties, en 1244. Par ce traité, Guillaume de Baffle renonça, avec le consentement de son père, à tous les droits qu’il prétendait avoir sur le comté de Forez, en retour de la remise des quatre châteaux de Pré­cieu, Jullieu, Villedieu et Cremeaux, pour lesquels il promit hommage lige au comte, de même que pour la terre de Saint-Bonnet (3). En outre, Guy V

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(1) De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 245,- Aug. Bernard, Histoire du Forer, I, p. 243.

  1. Chaverondier, Inventaire des titres du comté de Fore;, P. 488.

  2. D’après de la Mure, il s’agirait là de la terre de Saint-Bonnet-les-Oules (I, p. 200). Mais le fait nous paraît douteux; les termes de la transaction de 1244 nous font penser, en effet, comme à M. Vincent Durand, qu’il s’agit là plutôt de

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assura à Guillaume une rente de 250 livres vien­noises. Et, en ce qui concerne la terre de Saint- Bonnet, il fut même spécialement convenu que s’il arrivait que Dauphine, fille de Josserand de Saint- Bonnet, vint à mourir sans enfants, la seigneurie d’Aurec (Daureu) (1) appartiendrait au comte, pen­dant que toutes les autres terres comprises dans la seigneurie de Saint-Bonnet seraient attribuées à Guillaume de Baffle, prévision qui ne se réalisa pas. Car Dauphine eut cinq maris et laissa de nombreux enfants (2).

Depuis cet accord, nous voyons Guillaume de Baffle, le Jeune, accorder, du consentement de Guil­laume de Baffle, son père, une charte de franchises et de libertés communales aux habitants de Saint­Germain-Laval (juin 1248) (3).

Au mois de juillet de la même année, nous le voyons encore figurer au nombre des pièges, ou ga 

la seigneurie de Saint-Bonnet-le-Château. Cela nous semble résulter notamment de ce que, en prévision du décès de Dauphine de Saint-B0 nnet sans postérité, les deux parties se partagent d’avance les terres dépendant de la seigneurie de Saint-Bonnet-le-Château.

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(1) Une autre version porte : Lureu, que les éditeurs de l’Histoire des ducs de Bourbon de la Mure ont traduit par Luriecq (1, p. 246), de même qu’Aug. Bernard dans son Histoire du Forez, I, p. 243. — V. Chaverondier, Inventaire des titres du comté de Forez, p. 491 ; — Bulletin de la Diana, VI, p. 353 ; — Revue Forézienne, I, p. 252.

(2) Chaverondier, Inventaire des titres du comté de Forez, nos 944 et 992 et p. 489. — Huillard-Bréholles, Inventaire, no 242. — De la Mure, I, 2oo. — Archives de la Loire, B. 1850.

  1. Huillard-Bréholles, Invent. des titres de la maison ducale de Bourbon, n° 288,

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rants, de l’exécution de la sentence arbitrale pro­noncée par Hugues, doyen de Montbrison, et Ray­mond de Barges, chevalier, sur le différend qui s’était élevé entre le comte de Forez et Omar, abbé de l’Ile Barbe, au sujet de la justice de Cleppé (1).

Au mois de janvier 1250 (n. st.), Guillaume de Baffle donna son assentiment à la concession de la charte consentie, à son tour, aux habitants de Saint­Germain-Laval, par son co-seigneur Artaud de Saint-Germain, chevalier (2).

Enfin, l’année suivante, il reçut en fief de Guy V, comte de Forez, divers cens, en deniers et en grains, à percevoir entre le village de Poncins et le Lignon, et il céda, en retour, au comte Zo sols de rente, qu’il percevait annuellement sur le prieuré de Montverdun, et r0 sols sur le prieuré de Chandieu (août 1251 ) (3).

Guillaume de Baffle, le Jeune, épousa Éléonore de Tournon, soeur d’Alix de Tournon, seconde femme de son père (4). Mais il mourut antérieure­ment au mois de mars 1274 (n. st.), sans laisser de postérité de son épouse, qui lui survécut (5).

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(1) De Charpin-Feugerolles, Cartulaire des Francs Fiefs du Forez, p. 126.

(2) Huillard-Bréholles, Inventaire, no 304.

  1. Cartul. des. Francs Fiefs du Forez, p. 135. — Huillard­Bréholles, Invent., n° 317. — Chaverondier, Inventaire des titres du comté de Forez, n° 302. — De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 250.

  2. Archives de la Loire, B. 1850.

  1. Baluze, Hist. généal. de la maison d’Auvergne, I, p. 703. — Justel, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, Preuves, p. zo5.

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Avec lui, s’éteignit la descendance mâle des sei­gneurs de Baffle. Sa soeur, Éléonore, mariée à Ro­bert VI, comte d’Auvergne, hérita de ses biens et légua ses terres Foréziennes à sa fille, Mathilde. Et c’est ainsi que cette dernière porta à son mari, Étienne de Mont-Saint-Jean, les terres et seigneu­ries de Jullieu, Précieu et Cremeaux (1).

De nos jours, le nom de Baffle, que portent encore un modeste hameau de Saint-Germain-Laval et un vieux pont jeté sur la rivière d’Aix, est le dernier souvenir qui rappelle, dans le Forez, cette ancienne et puissante famille, disparue depuis six siècles.

Après cet exposé sommaire des faits historiques auxquels ont été mêlés les Baffle, deux questions demeurent à résoudre.

D’abord, comment le sceau des Baffle nous est-il parvenu dans l’état où il se trouve aujourd’hui ? La réponse à cette question ne présente aucune difficulté. On sait, en effet, qu’il était d’usage, quand un prince, un prélat, ou un chevalier mourait, de briser son sceau, à moins qu’il ne fût déposé dans son cercueil, pour éviter que l’on pût s’en servir pour antidater des actes ou des 0bligations à la charge de ses héri­tiers (2). Le bris 0fficiel des sceaux était même effec­tué, à cette occasion, avec une certaine solennité, en

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(1) De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 200. – Justel, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, p. 55, et Preuves, p. 59. — Baluze, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, I, p. 117. — Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, I, p. 138.

  1. Chassant et Delbarre, Dictionnaire de Sigillographie, vo Sceaux anéantis. — Lecoy de la Marche, Les Sceaux, p. 5o. — Alfred Maury, La Sigillographie (Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1874, p. 903).

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présence de témoins et constaté par un procès-verbal régulier. Quand il s’agissait d’un personnage revêtu d’une fonction, comme un évêque, le sceau brisé était même conservé aveç soin et c’est ainsi qu’au com­mencement du XVIe siècle, le chapitre de l’église de Vienne possédait encore toute une collection des sceaux brisés ou cisaillés des archevêques de cette église, comme nous l’apprend le procès-verbal dressé, en l’année 1556, pour la rupture du sceau de la cour de l’officialité de Vienne de la rive gauche de la Galaure, après la mort de l’archevêque, Pierre Pal­mier (1).

La seconde question est moins facile à résoudre, bien qu’elle ne nous paraisse pas absolument inso­luble.

Comment le sceau des Baffle a-t-il pu être retrouvé, de nos jours, dans un champ situé sous les murs de l’ancien bourg fortifié de Riverie ? Sans d0ute l’explication la plus simple consisterait à dire que Guillaume de Baffle a pu mourir à Riverie. Mais cette hypothèse ne repose sur aucune donnée cer­taine. Toutefois, ce n’est pas par un si,mple effet du hasard, que ce sceau a été transporté dans cette l0­calité. A l’époque où vivait le dernier des Baffle, c’est-à-dire au milieu du XIIIe siècle, la seigneurie de Riverie appartenait à Artaud de Roussillon, qua­trième du nom, qui la posséda de 1228 à 1270. Or, Artaud de Roussillon entretenait des relations étroi 

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  1. Quamdam parvam boytam nemoream, quam apperuerunt et in qua reperta fuerunt pluria sigilla archiepiscopalia fracta seu sizalhata… (V. Bulletin de la Société départementale d’ar­chéologie et de statistique de la Drôme, 108e livraison, t. XXVIII, p. 32)

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tes avec les Baffle. Ainsi figure-t-il, comme arbitre, dans le traité de 1244, par lequel Guillaume de Baffle renonça à la possession du comté de Forez, et, comme garant, dans la charte de franchises accordée par ce dernier aux habitants de Saint-Germain-La­val, au mois de juin 1248 (1).

Ces relations d’amitié suffisent, ce nous semble, pour nous faire comprendre comment le sceau brisé du dernier des Baffle, mort sans postérité, a pu pas­ser, sinon aux mains d’Artaud de Roussillon, qui mourut en 1270, mais du moins en celles de son fils, Guillaume de Roussillon.

A défaut de cette solution, on peut encore présu­mer que ce sceau a pu être conservé par les comtes de Forez, quand ils rentrèrent en possession de la terre de Villedieu, qui paraît leur avoir fait retour, lors de l’extinction de la descendance mâle des sei­gneurs de Baffle (2). Et alors deux hypothèses se présentent encore : d’une part, Aymar de Roussil­lon, seignçur de Riverie, épousa, en 1318, Jeanne de Forez, fille du comte Jean ; et, d’autre part, les ducs de Bourbon, comtes de Forez, ont possédé Ri­verie, depuis 1443 jusqu’en 1512, en vertu du testa­ment d’Isabeau d’Harcourt.

Dans bien des circonstances, te sceau a pu ainsi être transporté dans l’ancien château de Riverie. Et,

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(1) Huillard-Bréholles, Inventaire, no 288. — De la Mure,

Hist. des ducs de Bourbon, III, p. 68.

  1. Villedieu, commune de Sainte-Foy-Saint-Sulpice (Loire). Cette terre appartenait aux comtes de Forez, notamment en 1334 et 1347 (Huillard-Bréholles, Inventaire, nos 2055, 2075 et 2749. — Chaverondier, Inventaire, nos 882 à 886).

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dès lors, sa découverte dans un champ voisin de ses murs n’a rien de bien surprenant. Car on sait que ce château fut rasé complètement, en 1590, pen­dant les guerres de la Ligue, sur les ordres du Con­sulat Lyonnais. Plusieurs documents des archives de la ville de Lyon nous apprennent ainsi, d’une manière précise, qu’après l’occupation de Riverie par les troupes de Jacques Mitte de Chevrières, la journée entière du 24 août 1590 fut employée à la démolition de cette ancienne forteresse féodale et qu’il fut dépensé, pour ce travail, la somme de 47 écus et 48 sous tournois, que reçurent les maçons, terrassiers, charpentiers et autres ouvriers, chargés de cette oeuvre de destruction (1).

Dès lors, tout s’expliquerait assez facilement. Si les pierres des monuments détruits demeurent sur place, pour être employées à de nouvelles construc­tions, il en est autrement des simples décombres, qui sont ordinairement transportés dans les champs livrés à la culture. Tel fut sans doute le sort du sceau brisé des Baffe. Mêlé aux décombres du château où il était conservé, il est demeuré, depuis trois siècles, enfoui et ignoré, jusqu’au jour où un heureux hasard l’a fait retrouver, loin des terres seigneuriales que les Baffle ont possédées dans le pays de Forez.

Dans tous les cas, ce sceau nous a paru présenter un intérêt historique assez grand, pour qu’il méritât d’être conservé dans les collections archéologiques de la Diana et c’est pour cela que nous nous sommes empressé de lui en faire hommage.

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  1. Archives de la ville de Lyon, AA. log ; BB. 125.

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APPENDICE.
GÉNÉALOGIE DES BAFFIE (1).

  1. — Guillaume de Baffle, donateur primitif des droits de pâturage à l’abbaye de la Bénisson-Dieu ; aïeul de Guillaume de Baffle dit le Vieux, qui suit (avus suus home memorioe) (2) ; vivait apparem­ment au milieu du Xlle siècle. M. Vincent Durand pense que les terres sur lesquelles existaient les droits concédés, étaient situées dans le pays de la haute montagne et dépendaient peut-être de Valci­vières, que possédèrent les Baffie. Il eut pour fils :

II— N. de Baffle; probablement Dalmace, si, comme il y a lieu de le supposer, ce personnage est identique à Dalmace de Baffle, fils de Guillaume, tous deux vivants vers 1172 d’après un titre du Cartulaire des Hospitaliers du Velay, qui nous a été signalé par M. Vincent Durand (3). Il fut père de :

1° Guillaume le Vieux, qui suit,

2° Éléonore. Son existence nous est clairement révélée par le testament d’Éléonore, comtesse d’Au­vergne, sa nièce et sans doute son héritière, qui nous apprend qu’elle était tenue d’acquitter les dettes et les legs d’Éléonore sa tante paternelle (amitoe suce) (4).

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(1) Ce fragment de la généalogie des Baffle n’est que le développement d’un essai plus succinct, qui nous a été com­muniqué obligeamment par M. Vincent Durand.

  1. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, III, p. 39.

  2. Aug. Chassaing, Cartul. des Hospitaliers du Velay, ch. 25.

(4) Baluze, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, II, p. 119. — Justel, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, Preuves, p. 59.

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  1. — Guillaume de Baffle, dit le Vieux (vetulus vel senior) (i), confirma, en 1205, la donation faite par son aïeul à l’abbaye de la Bénisson-Dieu (2); fut caution de la charte communale concédée à Mont­brison par le comte Guy III, en 1223 (3), et négocia­teur, avec Robert de Saint-Bonnet, du traité inter­venu, en 1236, entre Guy IV, comte de Forez, et l’abbé d’Ainay, au sujet des droits de justice de Saint-Romain-le-Puy (4); approuva le traité consenti, en 1244, entre le comte Guy V et son fils, Guillaume de Baffie, dit le Jeune, ainsi que la concession de la charte de franchises accordée par ce dernier aux habi­tants de Saint-Germain-Laval (5). Il épousa 1° S. (probablement Sibylle, nom très en faveur à cette époque), fille de Guy III, comte de Forez et de sa première femme Ascuraa ; 2° Alix de Tournon, qui survécut à son mari et mourut vers 1275. Par son testament, cette dernière légua notamment aux Frères Mineurs de Montbrison 30 sous viennois de rente, sur les revenus de Précieu et de Villedieu, qu’elle avait achetés avec sa soeur Éléonore, de Messire Guy Delmas (6). Guillaume de Baffle mourut vers 1250, en laissant les enfants qui suivent, de sa première femme :

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(1) De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, 202. – Ar­chives de la Loire, B. 1850.

  1. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 170; III, p. 39.

  2. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 217. — Huillard-Bréholles, Inventaire, no 104.

4)Grand Cartulaire d’Ainay, I, p. 261. — Huillard-Bré­holles, no 187.

5)Huillard-Bréholles, no 288.

  1. Archives de la Loire, B. 1850.

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I° Guillaume de Baffle, dit le Jeune, qui suit.

2° Eléonore, épouse de Robert VI, comte d’Au­vergne qui fut l’héritière de son frère Guillaume. De son mariage naquirent quatre fils et deux filles. Elle testa, en 1285, en instituant pour héritier uni­versel, son fils aîné, Robert, et en léguant à sa fille, Mathilde, ses châteaux et les terres féodales qu’elle possédait dans le Forez (facio heredem in castris meis et tota terra mea de Foriio) (1). C’est ainsi que Mathilde apporta à son mari, Étienne III de Mont- Saint-Jean, les seigneuries de Jullieu, Précieu et Cremeaux en Forez, qui provenaient de l’héritage de la comtesse Ascuraa, pendant que les comtes de Forez rentraient en possession de la terre de Ville- dieu (2).

3° Matheline, épouse de Gaudemar de Jarez, qui testa en 1242 (3).

4° Béatrix, qui épousa Agnon II, fils d’Yseult dame d’Oliergues, et seigneur d’Oliergues de 1234 à 1249, auquel elle apporta la seigneurie de Maymont. Elle était déja décédée, en 1249, comme nous l’ap­prend le testament d’Yseult, dame d’Oliergues. Elle eut pour fils Agnon de Maymont, seigneur d’Olier 

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(1) Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, Preuves,

p. 59. — Baluze, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, II, p. 1. — Chabrol, Coutumes d’Auvergne, IV, p. 51, 81, 600. — Archives de la Loire : Mémoire pour l’abbesse de Bonlieu, XVIIe siècle.

(2) Huillard-Bréholles, Inventaire, nos 2055, 2075, 2749. — Chaverondier, Inventaire, no 882.

  1. De Boissieu, Maison de Saint-Chamond (Mémoires de la Diana, IX, p. 10). — Chaverondier, Rapport au Préfet, 1885, p. 9.

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gues, qui la nomme dans son testament du mois de mars 1274 (n. st.) et fixe son anniversaire au 4 avril (pridie nonas aprilis) (1).

IV. — Guillaume de Baffle, le Jeune, dont les ac­tes sont rapportés ci-dessus, était déja mort au mois de mars 1274 (n. st.), comme nous le voyons dans le testament d’Agnon de Maymont (Domini Guillelmi quondam Domini de Baffia junioris). Il épousa Éléo­nore de Tournon, soeur d’Alix, seconde femme de son père, dont il ne laissa pas de postérité. Eléonore survécut à son mari, et mourut vers 1286 (2).

Armes : D’or à trois molettes d’éperon de sable ». Des remerciements sont votés à M. A. Vachez.

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(1) Baluze, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, II, p. 370, 703, 704. — Chabrol, IV, p. 797. — De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, 27o n. — M. Vincent Durand fait observer, avec raison, au sujet de Béatrix de Baffle, que c’est à tort que Baluze et Chabrol la donnent comme fille d’un pré­tendu Guillaume, frère de Guillaume le Vieux. Les termes du testament d’Agnon d’Oliergues ne permettent pasz en effet, une semblable interprétation. (V. Justel, Preuves, p. 205. — Ba­luze, 703).

  1. Archives de la Loire, B. 1850. — Baluze, II, 703.

M. Charles Guilhaume, Notes sur le canton de Saint-Genest-Malifaux
Date : 1895

M. Charles Guilhaume, Notes sur le canton de Saint-Genest-Malifaux. — Le Bois Farost et la Font-Ria. — Un poème inédit de L. Jacquemin, Bulletin de La Diana, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 296 à 311.

Notes sur le canton de Saint-Genest-Malifaux. — Le Bois Farost et la Font-Ria. — Un poème inédit de L. Jacquemin. — Communication de M. Charles Guilhaume.

Le canton dé Saint-Genest-Malifaux paraît avoir été assez peu étudié jusqu’ici, et l’histoire des évé­nements dont il fut le théâtre renferme des points encore bien obscurs.

On sait, en somme, fort peu de choses sur la bataille de 1465, entre la petite ‘armée du duc de Milan et les troupes Foréziennes (I), bataille qui au

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  1. Chantelauze, Hist. des ducs de Bourbon, t. II, p. 270, émet des doutes sur l’authenticité de cette rencontre et la

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rait laissé à une parcelle de terrain le nom de Cime­tière des Lombards. Le combat du Bessat, dont la date serait réellement 1562, est un peu plus connu, grâce à la Tour-Varan (1), qui a essayé de concilier les ré­cits passablement divergents de nos vieux annalistes; mais, en jetant les yeux sur la carte de ce petit coin de terre, que penser des lieux dits que l’on voit surgir de toutes parts, nombreux, pressés, confus, presque contigus, parfois, les uns aux autres, et qui portent, depuis des temps bien antérieurs à ces peu importants faits d’armes, les noms éminemment suggestifs de la Batterie (2), les Fosses, les Citadel­les, le Combat, les Tours, le Palais, le Batailler, le Plâtre du Camp, le Châtelard, la Fortinée, le Com­beau, la Combelle, le More, Morianne, les Caves et la Roche des Sarrazins, le Bois et le Puy du Lom­bard, etc. ? Auquel des deux combats, de 1465 ou de 1562, .se rapportait l’armure dorée qui, vers 1601 , fut découverte, en ces parages, par un brave cultiva­teur, dans le creux d’un arbre qu’il venait d’abat­tre (3) ?

Son examen aurait probablement fourni des indi­cations bien précieuses, et, qui sait ? tranché peut-

réduit, dans tous les cas, à un simple engagement d’arrière­garde.

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(1) Chronique des châteaux et des abbayes, t. I, p. 325.

(2) C’est près de ce hameau que les Communes du Puy défirent, le 2 mai 1365, les bandes de Seguin de Badefol, commandées par Loys Robaut ou Rambaut, son lieutenant, qui fut fait prisonnier dans cette rencontre. — Cf. Anatole de Gallier, Les Pagan et les Retourtour, dans les Mémoires de la Diana, t. II, p. 95 ; et P. Allut, Les Routiers au XIVe siècle, p. 140.

  1. Touchard-Lafosse, La Loire historique, t. I, p. 287.

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être, d’une manière décisive, cette question insoluble aujourd’hui.

Sur les confins de la Loire et de la Haute-Loire, à peu près à égale distance des communes de Jon­zieu et de Saint-Didier-la-Séauve, il existe une vaste clairière que le paysan attardé ne traverse, le soir, qu’en se signant avec frayeur: c’est le Champ dolent.

Une sanglante bataille aurait eu lieu sur ce sol marécageux et infertile, et les feux follets qui volti­gent à sa surface représentent encore, aux yeux des populations naïves de ces montagnes, les âmes errantes des combattants tombés dans la mêlée.

La tradition (1) n’est sûrement point mensongère, mais, pas plus nos voisins du Velay que nos propres chroniqueurs ne peuvent indiquer une date certaine, ni fournir des détails précis sur cette rencontre qui intéresse également l’histoire des deux provinces.

On manque de renseignements sur la commande­rie ou maison secondaire de Templiers, dont le nom est resté au hameau du Temple, près de Marlhes (2), et, afin d’abréger cette nomenclature déjà longue, je me contente de citer rapidement, pour mémoire, les nombreux monuments mégalithiques qui couvrent toute cette contrée, depuis la Chambre des fées et l’ossuaire du Champ des Fust (bois Panère, forêt de Taillard (3) jusqu’aux énormes pierres à bassins de

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(1) La légende locale relative au Champ dolent a été rap­portée par H. Malègue.

  1. Le Temple ou la Murette était un membre de la com­manderie du Devesset-en-Velay, canton de Saint-Agrève (Ar­dèche).

  2. Ogier, La France par cantons, arrondissement de Saint- Etienne, p. 359. — La Tour-Varan, Chronique des châteaux et des abbayes, t. I, p. 265. — Forer pittoresque, p. 122.

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Chaussitre, où la croyance populaire vient encore vénérer les empreintes du grand thaumaturge Martin.

Le bourg de Saint-Genest-Malifaux est pittores­quement assis au milieu d’un cirque de bois et de montagnes, dans un frais vallon où serpente molle­ment la Semène, qui coule peu profonde entre deux rives de verdure.

Le chanoine de la Mure a rattaché l’étymologie du nom de Malifaux à la vieille légende de Pilate et des monts du Pilat, en y plaçant même le lieu du sui­cide du faible gouverneur de la Judée.

« Et il semble, dit-il, que nos anciens ont voulu en quelque manière appuyer cette tradition par ce nom extraordinaire qu’ils ont donné au lieu duquel nous avons dit que sortoit la rivière de Cemène dans le panchant de ce mont de Pila, appellant ce lieu du nom de Mallifaux, en latin de malis falcibus, comme s’ils vouloient indiquer, suivant l’ordinaire façon qu’on parle de la mort, qu’elle avoit usé én ce Mont de la plus cruelle de ses faux, qui sont les violentes rages d’un horrible désespoir, pour moissonner l’indigne et odieuse vie de celuy qui par l’injustice de sa complaisante sentence avoit esté le criminel autheur de la mort douloureuse du divin Autheur de la vie » (1).

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(1) Histoire civile et ecclésiastique du pays de Forer, livre V, chap. XV, p. 156. — M. Aug. Bernard n’a pas hésité à re­produire, dans son Histoire territoriale dû Lyonnais, la forme latine de malis falcibus, qu’on ne trouve, en réalité, sur aucun des pouilles de l’église de Lyon du XIIIe au XVIIe siècle.

  1. Testenoire-Lafayette et Gonnard qui dit publié les parties inédites de cet ouvrage (Mémoires de la Diana, t. V,

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La commune de Saint-Genest est bornée, .au nord, par de grandes étendues boisées, qui vont se raccor­der, à l’est, avec l’immense forêt dénommée d’une façon générale les Grands Bois. Un tènement im­portant de ces bois, celui que traverse précisément le chemin de grande communication qui relie le chef- lieu à la route nationale n° 82, porte le nom de Bois Farost.

Or, au milieu même de ce tènement, à quelques mètres de la jonction du nouveau chemin de la Ri­camarie avec la route de Saint-Genest, se trouve une source appelée la Font-Ria, dont le nom est sou­vent prononcé dans les récits des longues veillées d’hiver, mais que, en réalité, peu de personnes de la contrée connaissent, à l’exception de quelques petits pâtres et de quelques bûcherons.

De chaque côté de cette source, se dressent deux

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p. 53, note), rejettent, au contraire, impitoyablement cette étymologie, qu’ils prétendent inventée de toutes pièces par le bon chanoine, et, se basant sur la proximité de la paroisse, de Marlhes, ils proposent le vocable Maroglivos, avec les transformations successives Marlivos, Marlifau, Malifau.

Ce rapprochement de noms avait déjà été établi par l’au­teur du célèbre Mémoire pour les co-seigneurs de la baronnie de la Faye (ire proposition, p. 1o8 ; Paris, Saugrain, 1769) ; mais l’éminent feudiste était loin de considérer l’argumenta­tion comme bien sérieuse, puisqu’il a soin de déclarer que c’est là une simple ressemblance, une pure conjecture, dont il se garderait de profiter.

Ne pourrait-on pas, tout en écartant la légende bien fan­taisiste en effet de la Mure, admettre la forme étymologi­que Malis faucibus, mauvaises gorges, mauvais défilés, que le vieil historien aurait légèrement modifiée pour les besoins de sa version pieuse, et qui a l’incontestable avantage de s’appliquer Au nom lui-même et à la configuration topogra­phique du pays.

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pierres aujourd’hui bien enfoncées dans le sol, et à peu près complètement envahies par la mousse qui a lentement recouvert une inscription dont la tradition a encore gardé la mémoire, tout en altérant absolu­ment le texte (1). La voici telle que je l’ai relevée moi- même, il y a une vingtaine d’années :

(côté gauche) [J]EGLACEDE

PEVR

EN PERDANT MASŒVR

(côté droit) CARLON ME

CARESSE

LORSQVE[LLE] MELAISSE

Quel est le sens obscur de ces deux distiques ? Ce n’est pas ce que je me propose d’étudier aujour- d’hui (2), mais le mystère même attaché à cette fon­taine, et surtout la persistance de son souvenir dans

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(1) Le paysan qui m’indiqua la source m’avait aussi parlé de l’inscription, qui était selon lui: Bois-moi et ne me repose pas.

  1. On peut très vraisemblablement conjecturer que cette inscription se rapporte au séjour plus ou moins prolonge que dut faire, en ces lieux, un moine de Valbenoîte, lors du sac de cette abbaye par les Huguenots, en mai 1570 « Au pre­mier bruit de l’approche des Calvinistes, dit la Tour-Varan, (Chronique des châteaux et des abbayes. — Valbenoîte, p. 272) le plus grand nombre des moines s’étaient enfuis ; ils erraient dans les bois, au fond des gorges les plus obscures et les plus ignorées, où ils tenaient caché ce qu’ils avaient emporté de plus précieux, abandonnant le reste à la rapacité des nouveaux iconoclastes qui se ruèrent sur le monastère dé­laissé ». Le Bois-Farost offrait, certes, le plus proche et le plus sûr asile. C’était du reste une dépendance abénevisée de Valbenoîte et son nom revient très fréquemment dans les chartes de l’abbaye.

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la longue suite des traditions populaires, indique­raient que nous sommes très probablement en pré­sence d’une de ces sources sacrées, sur lesquelles l’attention des archéologues a été si vivement arrêtée par les remarquables travaux de notre éminent col­lègue, M. Bulliot, président de la Société Éduenne (i), mais dont l’étude, ou même la recherche, paraît bien en retard dans notre province.

Un document manuscrit fort curieux, qui provient de l’ancien fonds Nicolas, me semble fournir un ex­cellent appui à cette hypothèse, et c’est à ce titre que j’en juge la publication tout à fait intéressante.

Cette pièce, datée de 1623 et signée « L. Jacque­min, prestre indigne », se compose de deux feuillets, écrits probablement de la main de l’auteur, et portant en tête, comme titre :

Antiquitez du lieu de Saint-Genez de Mallifaut et environs, prononcées sur un théâtre tragique audit lieu, par François Rousset, avec plusieurs écritures d’autres vers en faveur de la pureté. — L’an mil six cent vint et troys.

La lecture en est assez difficile, au point que l’un des possesseurs du manuscrit a cru devoir le faire suivre d’un essai de transcription, très peu fidèle d’ailleurs, et qui témoigne d’une médiocre sagacité paléographique. L’oeuvre forme un petit poème de 108 vers, composé tout entier dans le style burlesque, récemment importé d’Italie et si brusquement adopté

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(1) Le culte des eaux sur les plateaux Éduens, dans les Mémoires lus à la Sorbonne en 1867, p. II à 32. — Ex-voto de la Dea Bibracte, dans les Mémoires de la Société Éduenne, nouvelle série, t. III.

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par la mode, qu’il était devenu plus que de l’engoue­ment, mais presque de la fureur (1).

Ce sont précisément les jeux de mots, à propos de tout et hors de tout propos, dont le texte est émaillé, qui en compliquent singulièrement l’interprétation, et le rendraient presque incompréhensible sans une connaissance approfondie de la région.

J’ai tâché, par quelques notes très sommaires, de faciliter l’intelligence de la pièce, sans prétendre toutefois y avoir complètement réussi (2).

ANTIQUITEZ
DU LIEU DE SAINT-GENEZ DE MALLIFAUT ET ENVIRONS,
PRONONCÉES SUR UN THÉATRE TRAGIQUE, AUDIT
LIEU, PAR FRANÇOIS ROUSSET, AVEC PLUSIEURS
ÉCRITURES D’AUTRES VERS EN FAVEUR
DE LA PURETÉ, L’AN MIL SIX CENT
VINT ET TROYS.

Il me souvient d’un jour qu’en Farao le boys Estant près Font-Roy (3), une nimphalle voix

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  1. On alla si loin dans cette voie, que, suivant le témoi­gnage de Pellisson, Histoire de l’Académie Française, un libraire du Palais osa publier une Passion de Notre-Seigneur J.-C. en vers burlesques.

Il convient d’ajouter, cependant, qu’en réalité cet ouvrage n’avait de burlesque que le titre.

  1. Je n’ai pas cru devoir, conformément au texte du ma­nuscrit, conserver scrupuleusement l’emploi des minuscules en tête des vers. Un essai de rénovation de cet usage très ancien, a été tenté de nos jours, sans beaucoup de succès, par le poète Théodore Massiac.

J’ai fait ressortir, en italiques, les noms donnant lieu aux jeux de mots, qui sont indiqués par de petites croix dans la pièce originale.

  1. Font-Ria, Fons regia.

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Me vint dire ces motz, d’une plaintive audace : Comment ozez-tu bien occuper ceste place ? C’est la place aux poètes et tu ne chantes pas

Des muses les louanges et n’en faictz point de cas ; Elles t’ont faict Bouter du brevage des dieux

Et, ingrat, de leurs dons tu deviens oblieux: Quite, quite ce lieu, ou chante par tes vers, Leur los et ton païs à tout cest univers,

Ton païs, ta patrie, que l’oblieux silence

A caché, jusqu’icy, aux peuples de la France. Je te feray scavant de ses antiquitez;

Je te veux faire voir toutes ses raretez.

Le vaillant Hercules, ce grand domteur de monstres, Qui, dedans l’Océan, de ses valeurs fit montres,

Qui chassa les volleurs de la mer, de la terre,

Depuis les bordz du Nil jusqu’aux bordz d’Angleterre. Il donna, dans ces boys, une asile parfaicte ;

Les larrons d’alentour avoient faict leur retraicte,

Ce n’estoyent pas des boys comme ils sont à présant, La Tesbaïde d’Egipte ils aloyent surpassant

Sans nimphes, sans échos, grandz, désertz et toufus, Pleins d’espines, de ronces et de buissons confus. Ce fut au boys Terné (1) où se ternit leur gloire,

(2)

Car là on commença à gaigner la victoire,

La plus grand part pourtant s’enfuirent eschapez

Jusqu’au boys de la Trappe (2) où ils fur’ attrapez.

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(1) Le bois Ternay, entre Saint-Genest-Malifaux et Saint­Romain-les-Atheux.

(2) Ici se trouvent deux vers bâtonnés :

Ce fut au Blet Harné où, sur leurs foybles armes, Hivert leur fit sentir ses plus chaudes alarmes.

Le lieu dit Blet Harné ne figure sur aucune carte, et per­sonne n’a pu me donner, à son égard, le moindre renseigne­ment. On pourrait, peut-être, y voir une corruption de Beu Tarné, nom patois du bois Ternay.

  1. Le bois de la Trappe, tènement du bois des Gauds, entre Saint-Genest et Joubert.

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Ils gaignent Chaut-daré (1) la prouchaine fondrière : Fuyons, dit l’un à l’autre, il faict trop chaut derrière. Leur chef sur Mont-Bouffict, (2) tout boufy d’arogance,

Bien qu’il perdît des siens, ne pert pas l’espérance, Se jete en Mont-reveil (3), où plusieurs ses amys Au doux zéphir du boys s’estoyent là endormys.

Il les réveille tous, au combat les exorte :

Il faut mourir ou vaincre, ainsi l’honneur s’emporte ; Puis les ayant rangé, gaignent vers le grand boys. Mais Hercules premier y avoyt ses Gauloys,

Qui là, en enbuscade, avoit faict une pause (4), .Ruze qui de la mort de ces tirans fut cause. Là, le combat fut grand, disputant la victoire, A qui des deux partis emportera la gloire.

Une forte tempeste n’eslance tant de gresle,

Que l’on voit, parmy l’air, des flesches pesle mesle. Qui a veu l’entre-choc de Thétis en cholère,

Qui va, qui vient, qui tome, qui s’entre-rompt contraire,

A veu le patron vray de ce mortel combat, Qui fuit, qui suit, qui tue, qui abat, qui débat.

Les Gauloys surpassoit en grandeur de courage,

Mais ces larrons murtriers estoyent faictz au carnage Et plus de dix contr’un ; mais Hercules arrive

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(1) Chaud-Daré est un petit hameau situé entre les Communes et Chaussitre, au bord du bois.

Est-il nécessaire de faire remarquer que c’est la forme patoise de Chaud-derrière ?

(2) Toutes mes recherches, concernant la situation précise de ce lieu dit, sont restées infructueuses. Il est fort probable que c’est le Monsbolferius que l’on trouve cité dans une charte de Saint-Sauveur, in parrochia Sancti Genesii, Pontius Monetarius dedit mansum de Montebolferii (Cartulaire du prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue, no LVII, p. 23).

MM. de Charpin-Feugerolles et Guigue (table générale, verbo: Montebolferii) ont donné hypothétiquement la traduction Montgolfier, qui paraît bien moins exacte.

(3) Montravel, hameau situé au-dessus de la scierie du Mas, sur le chemin d’intérêt commun no 37.

(4) La Pauze, village et scierie à l’entrée du bois de Merlon, entre le Seuve et les Tours.

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Avec ses esquadrons, près du ruisseau la rive. Là, il se fourre au flanc d’une telle furie, Qu’on n’avoit jamais veu une telle tuerie.

Le ruisseau de Semène fut tout semé de corps

Et leur sang frais versé fit tout rougir ses bordz ; Les fuards ramassez font un gros en Morianne (1) Où les soldatz vaincueurs, d’arc et de pertuisanne Les pamairent de vie, et Morianne, pour lors,

Fut toute ensanglantée et couverte de Mort,

Les chevaux délaissez pour leurs playes mortelles Furent mangez des loups, n’en restant que les selles (2), Auprès de Farao, où quelques uns cachez

De la main d’Hercules furent tost dépeschez.

On tient que quelques uns s’encainèrent en terre Pour éviter le choc de ceste grande guerre,

Et que là, du depuis, l’esprit pur de leurs corps Pâtit, vaguabondant, auprès de leurs trésors, Puis, selon ses victoires, aux lieux donna le nom, Afin qu’a toujours mais, on cogneut son renom, Et ce nom Farao fut donné à ce boys,

Qui avoit honnoré en Egipte les roys ;

Un des siens, que le ciel avoit tant fortunné Qu’il estoit plain de biens avant que d’estre nay, Premier bastit Pléné (3) et les champs d’alentour Lors luy furent donnez pour estre son séjour.

Ces sauvages chassés, pour rendre grâce aux dieux, On ‘dressa un autel au milieu de ces lieux.

Ce lieu s’appelloit lors Malliatrop (4), par mistère, A cause des grands maux que l’on y souloit faire ;

Mais lon changea son nom, son malheur en bonheur, L’appellant Mallifaut (5), privé de tout malheur,

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  1. Morianne ou Maurianne, hameau situé au-dessous de Pérusel, près du village de la Combe.

  2. Les Selles, pacage du Bois-Farost, près du château de Pérusel.

  3. Pléney (plain-nay), village important entre Saint-Genest et la Ricamarie, sur le chemin d’intérêt commun no 33.

  4. Mal il y a trop.

  1. Mal y faut.

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Puis, peupla de soldatz, des premiers de ses troupes, Les plaines d’alentour, les vallons et les crouppes, Et là, ses sacrifices agréables aux dieux

Firent que les dieux mêmes descendirent des cieux Pour chacun faire un don selon sa calité,

Pour rendre ce païs plain de félicité :

Jupiter de sa paix, Junon de ses richesses, Cérès de ses espis et de ses blondes tresses, Et Vénus de beauté, Minerve de science,

Mars enfla leur courage pour servir de défence Contre leurs enemys ; puis les nimphes des boys

De ces lieux, sur tous autres, vindrent faire le choys. Puis Jupiter jura qu’il en auroit le soin,

Qu’il les protégeroit toujours en leur besoin. Voyla, en deux paroles, le vray de ceste histoire Que tu doys, par tes vers, en publier la gloire. Ceste nimphe s’enfuit, me privant de sa voix Bien que je l’apellaisse par troys ou quatre foys.

Nimphe, je te prometz du Rhin jusques au Gange, Publier de tes soeurs et de toy la louange,

Et si aut je diray des muses les chançons,

Que jusques en Parnasse on entendra les sons. Je veux encor chanter mil autre raretez D’auprès de Mallifaut, et toutes ses beautez,

Et le los de son peuple je veux graver aux marbres Et, en mille façons,, en l’escorce des arbres.

FIN

PAR L. JACQUEMIN, PRESTRE INDIGNE.

Voici un nom qui était parfaitement inconnu, même de nos plus infatigables chercheurs, quand, il y a une huitaine d’années, parut à Lyon une petite plaquette intitulée : Un Forézien digne de mémoire, Louis Jacquemin, prêtre, poète et historien de Saint-Genest-Malifaux, par un de ses compatriotes (I),

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  1. Lyon, Mougin-Rusand, 1887, in-8o, 53 p.

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titre qu’excuse pleinement le doux orgueil du sol natal, mais qui semble un peu ambitieux lorsqu’on a examiné l’oeuvre du modeste dramaturge monta­gnard.

Dans cet opuscule, qui aurait, je crois, gagné en intérêt à être publié dans la Loire, l’auteur, M. l’abbé J.-B. Vanel, donne d’abord l’analyse très substantielle d’une pièce rarissime de L. Jacquemin, imprimée à Lyon sous ce titre : Le triomphe des Bergers, par Louis Jacquemin Donnet, prestre de Saint – Geneyst de Malifaut en Forest (1), et dont il n’a retrouvé qu’un seul exemplaire, interfolié dans un volume de pièces théâtrales faisant partie du tome XXIII d’un recueil factice, provenant du collège des Jésuites de Lyon.

Malgré une indulgence facile à comprendre, et qu’il ne cherche d’ailleurs, en aucune façon, à dissimuler, l’abbé Vanel ne s’abuse point sur la valeur littéraire de son compatriote. « Dix ans après le Cid, dit-il, cette pastorale sent tout à fait sa province ; les lois de la versification n’y sont pas plus respectées que la règle des trois unités, si chère à Boileau, les hiatus abondent, le noble alexandrin y marche quelquefois sur plus de douze pieds ; nos Parnassiens s’étonne­raient de certains enjambements par trop hardis. Nous passerions » cependant condamnation sur ces fautes, si graves soient-elles, si notre poète avait été aussi entreprenant dans l’invention qu’il se montre audacieux vis-à-vis de la grammaire et de l’histoire. Nous l’aurions volontiers loué d’habiller ses Romains

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  1. Lyon, pour la vefve de Louis Muguet, en rüe Neuve, proche le collège de la Très-Saincte Trinité, MDCXLVI, petit in-4o de 103 p.

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et ses Juifs à la mode de son temps et de sa monta­gne, au lieu de leur conserver le type légendaire dont il ne s’est guère écarté: Son oeuvre, médiocre au point de vue dramatique, serait pour nous un document précieux. Mais, trop soucieux de la vrai semblance, il n’a que rarement laissé échapper quel­ques-uns de ces traits qui trahissent le milieu où l’on vit, les moeurs et les passions qui s’agitent autour de l’écrivain. Ses personnages sont trop de conven­tion, sa poésie trop impersonnelle : l’action n’y gagne pas beaucoup ; l’intérêt historique y perd » (1).

J’ai tenu à reproduire en entier cette appréciation, qui me dispensait, à mon tour, de toute critique. Je me permets, toutefois, d’y ajouter une simple conclu­sion : c’est que la comparaison de la pastorale ana­lysée par l’abbé Vanel avec la pièce inédite dont je viens de donner communication, ne fait ressortir, en faveur de l’oeuvre imprimée, aucune supériorité réelle, n’accuse aucun progrès vraiment sérieux, bien que sa devancière lui soit antérieure de vingt-trois années et n’ait probablement pas été destinée à l’impression.

La seconde partie de la notice consacrée à Louis Jacquemin, contient la reproduction intégrale d’un fragment du journal inédit de ce prêtre, relatif à la peste de 1628, d’après une copie exécutée un siècle plus tard, mais dont l’éditeur nous affirme la parfaite authenticité.

La valeur historique de ce document est assez restreinte, et son intérêt me paraît résider surtout dans les citations de noms de lieux et de personnes.

C’est ainsi que, grâce à ce mémoire, j’ai pu obte 

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  1. Un Forézien digne de mémoire, p. 22.

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nir quelques renseignements sur François Rousset, celui qui eut l’honneur de lire en public l’oeuvre poétique de Jacquemin. Il était fils de Me Jean Rousset, notaire royal à Saint-Genest, et un passage du journal nous apprend qu’il avait porté les armes contre les Huguenots, et qu’il mourut jeune encore, le 20 août 1629, victime de son dévouement à soi­gne sa famille atteinte de la peste.

Quant à notre poète lui-même, l’abbé Vanel avoue que, malgré toutes ses recherches, il n’a pu lui constituer une biographie bien précise, se trouvant réduit à de simples conjectures, même relativement aux dates de sa naissance et de sa mort.

Il a été plus heureux en ce qui concerne la famille des Jacquemin et il rattache à son glorieux compa­triote toute une lignée d’ancêtres assez nombreuse, quoique peu suivie.

Comme je l’ai fait remarquer plus haut, un inter­valle de vingt-trois années s’est écoulé entre l’oeuvre inédite de Jacquemin et sa pastorale imprimée à Lyon.

Ce long espace de temps n’a certainement pas été, au point de vue de la production littéraire du vieil auteur, uniquement rempli par son journal, dont le court fragment publié ne comprend que les années 1628 à 1631, et, de même que rien n’indique un dé­but dans’ le poème héroïque, rien ne prouve égale­ment que le Triomphe des Bergers marque absolu­ment une dernière étape.

Il nous est donc permis de compter encore sur l’avenir, qui nous réserve, peut-être, de nouvelles découvertes de nature à mettre en relief cette figure, jusqu’ici bien ignorée, d’un écrivain dont l’oeuvre ajoute, sinon un vif éclat, du moins de curieux élé­ments à notre littérature forézienne.

M. Déal, La cloche de Boisset-les-Montrond
M. E. Brassart, Hache en pierre polie, découverte à Sainte-Agathe-la­Bouteresse
Date : 1895

M. E. Brassart, Hache en pierre polie, découverte à Sainte-Agathe-la­Bouteresse, Bulletin de La Diana, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 332

. Hache en pierre polie, découverte à Sainte-Agathe-la­Bouteresse— Communication de M. E. Brassart.

M. Brassart montre ensuite une hache en pierre polie longue de 0m 17 et large, au tranchant, de m 08, et au talon, de m 03. Le talon est brisé. Dans l’état primitif, la longueur totale devait être de m 19 à m 20.

Cette hache est en orthophyre ou tuf orthophyri­que (1). Elle présente cette particularité digne d’être signalée : sur chaque face convexe, à m 03 du talon, une entaille de m 05 de longueur a été creusée et aplanie pour donner une prise plus solide à l’em­manchement, qui devait être fait d’une branche fen­due, procédé encore employé de nos jours pour les tranches d’acier des forgerons.

Elle a été extraite du sol par la charrue dans la commune de Sainte-A gathe-la-Bouteresse, au do­maine des Marceaux appartenant à M. le sénateur Reymond, à 500 mètres environ à l’ouest des bâ­timents. Détail à retenir : le champ qui la recélait est couvert de débris de tuiles à rebords.

Ce même quartier de la plaine du Forez a fourni précédemment d’autres antiquités de l’époque dite préhistorique, notamment des haches polies, au domaine des Thevenets, commune de Sainte-Foy- Saint-Sulpice (2), et à Cimens, commune de Saint­Étienne-le-Molard (3).



  1. La nature de cette roche a été déterminée par M. H. de Chaignon.

2)Congrès archéologique de France, LIIe session à Mont­brison, 1885, p. 112.

(3) Bulletin de la Diana, VI, p. 2.

M. E. Brassart, Statuette de Mercure trouvée à Feurs
Date : 1895

M. E. Brassart, Statuette de Mercure trouvée à Feurs, Bulletin de La Diana, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 331

Statuette de Mercure trouvée à Feurs. — Communi­cation de M. E. Brassart.

M. Brassart fait circuler les dessins, grandeur nature, d’un petit Mercure en bronze trouvé à Feurs en 1893. Cette statuette, haute de 0m08, est actuelle­ment la propriété de M. Beauverie, l’artiste peintre bien connu des membres de la Diana ; il l’a acquise, en juin 1895, de M. Pontvianne, horloger à Feurs.

Le travail est soigné et dénote une haute et bonne époque. La coiffure, le pétase, a de grandes dimen­sions, la bourse d’opulentes rondeurs ; mais ce sont des particularités communes à d’autres statuettes du même dieu trouvées en Gaule (1).

Les excellents dessins de M. Beauverie, que nous reproduisons ci-contre, nous dispensent d’une plus longue description.

Le point du territoire de Feurs d’où provient ce bronze n’a pu être déterminé d’une façon précise. Aux dires de M. Pontvianne, il aurait été exhumé au cours de travaux agricoles, dans le quartier Saint- Antoine (2) : c’est un peu vague.

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(1) Bulletin des Antiquaires de France, 1885, p. 245 et z46.

  1. L’ancienne léproserie Saint-Antoine, qui a donné son nom à un quartier de Feurs, se trouvait à l’intersection de la route nationale no 89 et du chemin conduisant à la chapelle expiatoire (Broutin, Histoire de Feurs, p.. 99).

M. Éleuthère Brassart, Une vue ancienne du couvent de l’Ermitage, près Noirétable
Date : 1895

M. Éleuthère Brassart, Une vue ancienne du couvent de l’Ermitage, près Noirétable, BD, Tome VIII, pages 267 à 268, Montbrison, 1895.

 

Il existe à Saint-Julien-la-Vêtre, à l’extrémité ouest du bourg, une bizarre construction, édifiée au commencement de ce siècle au bord de la route nationale. Sur un haut soubassement aveugle, apparaissent deux petits pavillons aussi sans ouvertures, unis l’un à l’autre par une galerie à colonnes cylindriques de bois. Cette façade extérieure a été entièrement peinte à fresque; et ceux de nos confrères qui ont passé par là se sont certainement arrêtés pour contempler notamment certain portrait qui décore le pavillon est : une dame en costume Empire, coiffée d’une immense capote à plumes, un petit châle de couleurs vives sur les épaules, lisant près d’une fenêtre ouverte. Ce bâtiment, destiné à servir dit-on de salle de fêtes, est une dépendance de la vieille maison Pâtural.

En somme, tout cela présente peu d’intérêt et ne mériterait pas de vous être signalé; mais à l’intérieur l’un des panneaux de la galerie a été décoré d’une peinture à la détrempe représentant le couvent de l’Ermitage, près de Noirétable, à la fin du siècle passé. Cette vue prise au levant est des plus fidèles comme il est facile de s’en convaincre en examinant le bâtiment central qui existe aujourd’hui dans le même état et dont les moindres détails ont été reproduits. De plus, elle est précieuse, car elle nous montre au premier plan, en avant du rocher de Pérotine, les ruines de la première maison de l’Ermitage dont toute trace a disparu. Et Pérotine y apparaît avec son ancien couronnement: un calvaire et la statue en pierre de saint Jean-Baptiste qui surmonte aujourd’hui le porche de l’église de Noirétable.

Bientôt ce local abritera une école libre, il nous a paru dès lors urgent de faire de cette peinture une photographie que nous vous présentons comme complément indispensable à cette note.

La séance est levée.

M. Francisque FERRET,Antoine Chavassieu (1734 – 1794) La fortune et la vie quotidienne d’un notable de Montbrison sous l’ancien régime
M. J. de Fréminville, Le Maître des eaux et forêts en Beaujolais au XVe siècle
Date : 1895

M. J. de Fréminville, Le Maître des eaux et forêts en Beaujolais au XVe siècle, BD, Tome VIII, pages 256 à 267, Montbrison, 1895.

 

M. E. Brassart, en l’absence de M. Fréminville, donne lecture du mémoire suivant.

Un petit cahier des archives départementales de la Loire récemment inventorié et portant la cote B. 2009 , contient la copie de plusieurs actes concernant les eaux et forêts du Beaujolais, jadis dépendance des ducs de Bourbon, comtes de Forez. C’est, croyons­nous, si l’on en excepte une pièce, ce que l’on possède de plus ancien et de plus relativement complet sur la matière. Le fonds de la « maîtrise particulière des eaux et forêts du Lyonnais et du Beaujolais », aux archives du Rhône, ne remonte pas au-delà du commencement du XVIIIe siècle, et nous n’avons trouvé dans les inventaires des titres de la maison ducale de Bourbon et du comté de Forez que la mention de l’ordonnance de 1453 (1) dont nous rappellerons la substance après M. Chantelauze (2). En ajoutant au texte de celle-ci celui de pièces datées de 1443 (?) 1454 et 1470, nous avons un ensemble de titres originaux qui en complétant les « statuts et ordonnances concernant l’état et office du maître des eaux et forêts », en date de 1407 , insérées au t. I de l’Histoire du Beaujolais (3) par le baron de la Roche la Carelle, permet de se rendre compte de ce qu’était ce fonctionnaire au XVe siècle, aussi bien en Forez qu’en Beaujolais, conjecturant avec l’éditeur de la Mure, et faute de documents particuliers à notre province, que les deux pays étaient vraisemblablement soumis à ce sujet aux mêmes règlements.

Si la présente communication paraît représenter à peu près une des rares sources d’informations qui nous soit restée sur cette institution, il y aurait utilité à en demander la conservation au Bulletin de la Diana, le texte qu’il m’a été donné de transcrire étant fatalement condamné à disparaître sous peu, tant sont grands les ravages de l’humidité et sur l’écriture et sur le papier du cahier en question qui n’était à proprement dit qu’un carnet-memorandum. L’enseignement se dégageant de sa lecture se résume ainsi.

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(1) Cf. No 5951 de l ‘Inventaire des titres de la maison ducale de Bourbon . P. 3883 cote 136.

(2) Cf. Hist. des ducs de Bourbon , t. III, 2e partie, p. 299.

(3) Cf. pages 363 370.

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Le maître des eaux et forêts avait des pouvoirs administratifs et judiciaires, les premiers plus étendus que les seconds. A lui incombait le soin d’ache ter et de vendre des bois pour le domaine, d’accorder la permission de pêcher et de faire la police des cours d’eau, des étangs, des bois. Il collaborait avec d’autres pour la mise en ferme, partie de ses fonctions qui n’était pas la moins importante : après avoir fait crier les mises et enchères, il faisait en la chambre des comptes, en présence du bailli, du juge, des gens du conseil et du procureur du duc de Bourbon, les asservisemens des eaux des chemins et des rivières pour les écluses des moulins et l’arrosage des prés, adjudications qui ne devenaient définitives qu’après ratification des magistrats dont il vient d’être question et enregistrement en la chambre des comptes. Il procédait de la même façon pour estrousser les grandes pêches qu’il avait ensuite spécialement mission de présider et de surveiller comme celles des étangs et celle de la rivière de Saône qui était louée pour trois ans. Avec les eaux , il acensait encore la glandée, la paisson, le pacage, la taille des bois de charpente, les « boys revenans et boys mors ». A l’égard des bois à bâtir, il était de tradition au commencement du XVe s. d’en faire don non selon la quantité d’arbres jugée nécessaire pour l’usage qu’on en voulait faire mais d’après un chiffre d’argent que l’on voulait honorable : on donnait tant de livres, de sols ou de deniers de bois, or, les arbres étant estimés à cette époque à très bas prix, il en résultait qu’il fallait un abatage considérable pour réaliser la somme fixée, d’où dépeuplement des bois. Une ordonnance du duc Jean, de l’année 1470 , décida que les donations de ce genre se feraient désormais en nombre d’arbres. Une autre de ses attributions était l’acensement par châtellenie des perdrix et des épaves, le duc gardant pour lui la faculté d’accorder « licence de chasser ès grosses bestes noires et rousses ». Nous avons dit que pour être valables, les grands acensements des eaux, des forêts, des étangs, de la pêche, devaient être faits par le maître des eaux et forêts de concert avec le bailli et le juge ; c’était une condition requise pour les adjudications à perpétuité en général et pour celles à temps intéressant directement le domaine ducal. Pour ces dernières, le maître avait la faculté d’adjuger seul jusqu’à concurrence d’une valeur de 10 livres, mais, réservé le cas de perpétuité, il avait toute latitude pour asserviser les choses qui n’appartenaient pas au suzerain, de même que comme juge, il pouvait connaître en premier et dernier ressort des litiges concernant les eaux et forêts des particuliers, ceux-ci pouvant également s’adresser directement au bailli ou au juge qui recevaient l’appel des sentences rendues par le maître des eaux et forêts dont la compétence, dans les causes relatives au domaine, n’excédait pas to livres. Ses sentences étaient basées sur les rapports des gardes chargés de constater en présence des greffiers et officiers du territoire les délits tels que les vols de bois, les pâturages illicites, les pêches furtives, prohibées, ou, à défaut, sur l’instruction faite d’office par le procureur du duc et une ou deux fois l’an, le chiffre des amendes infligées était transmis à la chambre des comp­tes pour en assurer la perception.

 

I

ORDONNANCES FAICTES PAR LE CONSEIL DE MONSEIGNEUR LE DUC, A MOLINS, LE DIXIÈME JOUR DE DéCEMBRE L’AN MIL IIIIc QUARANTE [III (?)]

Le maistre des eaux et forestz de Beaujolois de tous , maulx et forfaictures qui seront fai ………. forestz, eauves et estangs de Beaujoloiz tant …. comme en l’empire, tant de prises et forfaitz pascaiges et pasturaiges comme de ….. ou autrement indeuement les boys de monseigneur et ………… feront pescher par voyes furtives, occultes et autres …………….indeues es eauves et estangs de monseigneur desquelz les forestiers et gardes desdites eauves et forestz auront fait rapport ….. maistre des eauves et forestz ou en sa court et s’il y a appel dudit maistre ou de sa court, le recours dudit appel viendra devant le bailly et juge de Beaujoloiz ou en leur court.

Item, si les forestiers et gardes desdites eauves …. negligens et en delay de faire leur rapport d’aucunes offenses desdites forestz ou eauves audit maistre des forestz ….. ou à sa court, le procureur de monseigneur pourra ….. ladite offense ou forfaicture par devant le immoyennement sans ce que la cause soit ….. le dit maistre des foretz.

Item, si aucun cas ou maléfice …………………………………………..

Item, s’il y a débat de partie à partie au fait desdites forestz touchant le fait et les adcenses desdites forestz et eauves qui ne touche en riens monseigneur et son procureur, les parties pourront poursuyr leur cause là où leur plaira ou devant ledit maistre ou devant lesdits bailly et juge sans ce que l’on face renvoy de l’une court à l’autre

Item, toutes adcenses perpetuelles et asservisements des eauves et forestz, seront faictes par lesdits bailly, juge et maistre des eauves, present le clerc de la chambre des comptes ;

Item, semblablement les censes à temps des boys et fourestz de mondit seigneur seront faictes et extrossées par lesdits bailly, juge et maistre et pourra ledit maistre recevoir les mises et encherres sans touteffoiz les extrosser, toutesvoyes il pourra faire extrosser des boys, forestz et eauves jusques à dix livres mais s’il y advient tiercement dedans ung moys apres son estrousse il sera receu apres I’estrousse ;

Item, aussi lesdits bailly, juge et maistre bailleront les estangs et pcsches de mondit seigneur à adcense et pourra ledit maistre recevoir les mises et encheres sans les estrosser comme dessus,

Item, les grans pesches de Sone seront faictes par ledit maistre, présent ou appellé l’un desdits bailly et juge et le clerc de ladite chambre des comptes ou leurs commis.

(Arch. de la Loire, B. 2009.)

 

II

ORDONNANCE DU DUC DE BOURBON RELATIVE AUX ASSERVISEMENTS DES EAUX DES CHEMINS ET DES RIVIÈRES, A L’ACENSEMENT ET A LA VENTE DES PÂTURAGES, DES BOIS DE CHARPENTE ET BOIS MORTS, A L’ACENSEMENT DE LA CHASSE A LA PERDRIX ET DES ÉPAVES. — 1453.

Ordonnance touchant la maistrise des eauves et fourestz de Beaujoloiz.

Charles, duc de Bourbonnoys et d’Auvergne, conte de Clermont et de Forestz, seigneur de Beaujeu et de Chastel Chinon, per et chamberier de France, à tous ceuix qui ces presentes lettres verront, salut. Savoir faisons que nous, par la deliberacion des gens de notre ….. conseil, et pour eviter debat et entreprinse qui pourroient survenir entre noz amez et feaulx, bailly, juge, maistre des eauves et forestz et autre officiers de notre pays de Beaujoloiz les ung entre les autres, de notre certaine science avons ordonné et ordonnons par ces presentes lettres que doresnavant tous asservisemens des eauves courans par les grans chemins et aussi des rivières dudit pays tant pour faire excLuses de molins comme faire prés nouveaulx et pour abrever les prez ja faitz estans auprès desdites rivières se feront doresnavant par notre maistre des eauves et forestz de Beaujoloiz, pourveu que les asservisemens par luy faiz seront decretez et confermez par l’auctorité de noz bailly, juge et autres de notre conseil et enregistrés en la chambre de noz comptes de Beaujoloiz pour charger notre tresorier et noz receveurs des lieux ou seront faiz lesdits asservisemens, et les forfaictures qui sont fetes et se feront en noz estangs et rivières estans dedans noz limites et la licence de pescher et aussi ….. de ceuix qui peschent a filetz deffendus desdits estangs et rivières a nous appartenans sera du tout notre dit maistre des eauves et forestz de Beaujoloiz appellé avec luy les premier greffiers ….. officiers des lieux ou seront faix lesdits exces et choses dessus declarées et en tant que touche les boys nouveaulx à nous appartenans nul n’en fera donaciori, vente ou ….. nous ou par noz lettres pactentes à ce speciales (?) et expresses et au regard des habus et forfaictures qui se font et feront en notre dit boys, la congnaissance en appartiendra à notre maistre des eauves et forestz lequel sera tenu de rapporter une foiz ou deux l’an les esmendes et composicions faictes par luy en notre dite chambre des comptes dudit pays pour en charger en recepte ceulx qu’il appartiendra et aussi les acences des pascaiges, pasturaiges et paissons de nosdits boys marinaulx se feront par notre dit maistre des eauves et forestz en la presence de noz bailly, juge et autres de notre conseil en Beaujoloiz tant au reaume comme en l’empire et pareillement des boys re­venans et boys mors et la vente d’iceulx et des pasturaiges desdits boys et des forfaictures faictes en iceulx et la vente et congnoissance desdites choses en appartiendra à notre dit maistre des eauves et forestz en rapportant comme dessus en ladite chambre de nosdits.comptes les composicions avecques les autres exploix et admendes faictes pardevant luy et en tant que touche l’acense des perdris audit pays tant au reaume que en l’empire et des espaves survenans audit pays deça et delà la rivière de Sosne, icelles acenses seront faictes et baillées en la manière ancienne et acoustumée avec les autres acenses muables de notre pays et par chascune chastellenie d’icelluy notre pays de Beaujoloiz et quant à la licence de chasser es grosses bestes noires et rousses et des droiz de ladite chasse sera reservé à nous pour en faire et ordonner à notre plaisir et vouloir. Lesquelles ordonnances et choses dessus declarées nous avons ordonné, déterminé et déliberé estre tenues, gardées et doresnavant observées en notre dit pays de Beaujoloiz sans enfraindre ne corrompre en quelque manière que ce soit. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes à nosdits bailly, juge, maistre des eauves et forestz, advocat, procureur, tresorier et à tous autres noz justiciers et officiers etc.

LETTRES DU GRAND CONSEIL DU DUC DE BOURBON INTERPRÉTATIVES DES ARTICLES DES ORDONNANCES SUR LES EAUX ET FORÊTS RELATIFS AUX « ASSERVISEMEN5 », AUX GRANDS ACENSEMENTS DES ÉTANGS ET DE LA PÊCHE DE SAÔNE, A L’APPEL DES SENTENCES RENDUES PAR LE MAITRE DES EAUX ET FORTS (19 janvier 1454, n. St.)

Lettres déclaratives de la maistrise des eauves et fourestz.

Tres chiers frères, nous avons veuez les difficultez que vous nous avez envoyées sur le fait des ordonnances que monseigneur le duc a dernierement faictes sur le fait des eaues et forestz de Beaujolois desquelles difficultés a esté parlé et en deliberacion en conseil en la manière qui sensuit. Primo , à la première difficulté, si le conseil de par delà peut asserviser, qui requerra audit conseil asservisemens ? A esté deliberé que ledit conseil d par delà pourra recevoir les mises et encherres d’iceulx qui vouldront asserviser sur le fait desdites eauves et forestz et sera mandé par ledit conseil au maistre des eaues et forestz qu’il face cryer lesdites mises et encherres pour les estrosser sauve et reservé le decret y estre interposé par ledit conseil. Et a la seconde difficulté qui est, si ledit maistre des eaues et forestz peut asserviser aucuns biens, droits et autres choses qui ne touchent point le fait desdites eaues et forestz ce feront ainsi qu’il a esté acoustumé d’an­cienneté. Et à la tierce difficulté touchant les grans adcenses des estangs et de la pesche de la rivière de Sosne dont lesdites dernières ordonnances ne font expresse mencion etc, a esté deliberé que lesdites adcenses seront faictes par le conseil de par delà et en la maniere qu’il a esté acoustumé de faire le temps passé. Et à la quarte difficulté touchant le ressort en cas d’appel dudit maistre des eaues et forestz ou de sa court, ledit appel viendra devant les bailly et juge de Beaujolois en la leur court ainsi que a esté usé et ordonné le temps passé. Et à la quinte question touchant la preven­cion ou la negligence des forestiers a esté deliberé que ladit prevencion n’ ….. car on doit garder à chacune court sa juridiction et ne seroit pas raison que par la negligence desdits forestiers ledit maistre des eaues et forestz fut forcluz de la congnoissance de cause qui luy appartient de son office sur le fait desdites eaues et forestz et qu’il n’ayt sa juridicion selon lesdites dernières ordonnances faictes par mondit seigneur. Et ce est l’interpretation qui a esté conclute au grant conseil de mondit seigneur pour estre gardée et observée deshormais auecques lesdites ordonnances, de laquelle interpretation on vous envoyera lettres pactentes si besoing est, tres chiers frères, notre seigneur vous ait en sa garde. Escript à Moluçon le XIXe de janvier, l’an mil IIIIc LIII, voz rères les chancelliers et gens du grant conseil de monseigneur le duc. Signé Regnart. A noz tres chiers frères les bailly, juge, maistre des eauves et forestz, advocat et procureur de monseigneur le duc en son pays de Beaujoloiz.

 

(Arch. de la Loire, B. 2009.)

 

 

V.

EXTRAITS D’ORDONNANCES DU DUC JEAN, RELATIFS AU DROIT DE SCEL DU AU MAITRE DES EAUX ET FORETS POUR LES «  BAILLES ET ESTROUSSES  », AUX ASSERVISEMENTS PERPÉTUELS, AUX AS5ERVISEMENTS DES EAUX DES CHEMINS ET DES RIVIÈRES A L’ACENSEMENT DES GLANDS ET DU PATURAGE, AUX DONS DE BOIS A BATIR QUI DEVRONT DÉSORMAIS 5E FAIRE EN NOMBRE D’ARBRES (1470).

 

Extraie des ordonnances faictes par monseigneur le duc Jehan ….. contenant cinquante-neuf articles et par icelles la plupart de celles de monseigneur le duc Charles dessus escriptes et dont partie desdits articles touchant la maistrise des eaues et foretz sont conformes et semblables de celles de Monseigneur le duc Charles ; en tant que touche la cognoissance et juridiction des *boys, foretz, eaues, rivieres et abenevisemens vray est qu’il y a certains articles qui sont ampliatifs qui repugnent à celles de monseigneur le duc Charles et sont dactées lesdites ordonnances de l’an mil IIIIc LXX signées ….. monseigneur: Dupuy et autres presens.

 

La teneur desquels articles ampliatifz et repugnans sensuit.

Item, et au regard des bailles et estrousses la moictié des sommes declarées en ung precedant article tauXées pour let­tre et scel de chacune ferme et cense et qui seront faictes par le maistrd des eauves et foretz, la moitié desdites som­mes sera à lui pour son droit de scel et l’autre moictié sera audict clerc pour son registre, grossacion et expedicion des lettres qui sur ce auront esté faictes.

Item, et en tant que touche les asservisemens perpetuelz qui seront scellez du scel du domaine pour chacun asservisement ne sera paié que cinq soiz tournois tant seulement et pour le registre, grossacion et expedicion d’iceulx asservisemens sept soiz, six deniers tournois et non plus et s’il est necces-saire descendre et aller sur aucuns des lieux ou seront faiz lesdits asservisemens les voyaiges de celluy qui y descendra seront tauxez et paiez par celluy qu’il appartiendra raison-nablement.

Item, et au regard des asservisemens des eauves courans par les chemins et aussi des rivières et ruisseaulx de notredit pays faire escluses de molins, pour faire prez nouveaulx, abrever les prez ja faix ou autres telles choses, ilz seront faiz doresnavant par le maistre des eaues et forestz en notre chambre des comptes et non ailleurs en la presence des bally, juge et autres du conseil, present et appellé notredit procu-reur.

Item, et à quelque don de boys à bastir qui soit fait dores-navant en notredit pays de Beaujoloiz par nous ou noz suc-cesseurs en icelluy à prandre, les forestz de Fesche et Villeneuve estans en notre chastellenie de Perreux, ledit maistre des eaues et forestz et son lieutenant n’y obtempereront en riens pour ce que en tout ledit pays n’y a haultes forestz pourtant paisson qui sueres (ou pueres) baille, que ceulx là qui sont de ceste heure quai destruictes et sont forestz deffendues et reservées expressement.

Item, et touchant l’acense des glands et paissons de nosdites forestz estans audit pays les adcensera, appellé avec luy ledit clerc des comptes comme il a esté acoustumé faire par cy devant.

Item, et par cy devant, quand nous avons fait aucun don de boys à bastir a esté acoustumé de faire ledit don en es-timacion et jusques à une some de deniers sur ce limitée, pourquoy nos foretz sont quasi detruictes pour ce que les arbres d’icelles ont esté estimés à très petite estimacion dont très grand nombre d’arbres ont esté couppés et abbatuz en nosdites foretz à notre grant prejudice et dommaige et des-truction de nosdites forestz et paisson d’icelles, avons or-donné et estably que doresnavarit ne seront faix aucuns dons par nous de boys à bastir en nosdites foretz de Beaujoloiz en estirnacion de deniers, mais s’il est notre plaisir d’en faire don, il sera fait en nombre d’arbres et si par inad vertance ou autrement estoit fait, voulons et ordonnons qu’il n’y soit aucunement obey ni obtemperé.-

(Arch. de la Loire, B. 2009.)

M. J. Déchelette, Le monument mégalithique de Chérier
Date : 1895

M. J. Déchelette, Le monument mégalithique de Chérier, BD, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 44 à 51.

 

M. Brassart, au nom de M. Joseph Déchelette, donne lecture de la note suivante.

«  Au mois d’avril de l’année dernière, M. le docteur Plassard voulut bien me signaler la présence d’un rocher situé sur la commune de Chérier, au hameau du Poyet, rocher dont la conformation lui avait paru digne d’attention et qui lui avait été montré à lui-même par M. Lasseigne, cultivateur au Poyet.

Quelques jours après, accompagné de M. Maurice Dumoulin, je me rendis au lieu indiqué. Au pied du monticule qui porte la chapelle dite de la Salette, au milieu d’un amoncellement de rocs épars qui donnent à ce site un caractère pittoresque et d’une sauvage âpreté, on nous montra un énorme bloc de granit, d’une forme assez irrégulière, sous lequel s’ouvre une sorte de cavité. Le rocher mesure environ 3m 50 de hauteur, sur une largeur et une épaisseur d’environ 4 mètres au sommet. Sa base, coupée suivant une surface plane, ne repose point directement sur le sol, mais porte de trois côtés sur des pierres entassées qui, intérieurement, forment une sorte de muraille naturelle. Le quatrième côté est ouvert et sert d’entrée à une petite excavation ainsi déterminée par le surélèvement du roc. On ne peut actuellement y pénétrer qu’en rampant, car elle a été en partie obstruée par les pierres qui y ont été jetées, et aussi un peu comblée, nous dit M. Lasseigne, par les terres que les eaux pluviales font descendre du monticule. On nous assure qu’un aiguillon enfoncé dans le sol de cette cavité y pénètre en entier, ce qui serait singulier dans un terrain où le rocher affleure sous une couche mince de terre végétale ; mais nous tentons vainement l’expérience.

Avant de répondre aux questions que nous posent déjà les gens du voisinage sur la nature de cette grotte mystérieuse, nous les interrogeons nous-mêmes, désireux de savoir si la pierre du Poyet est l’objet de légendes populaires ou de quelques pratiques inconscientes de superstition traditionnelle. Les réponses sont négatives, toutefois, bien que l’on n’ose en faire l’aveu sincère, la croyance à quelque trésor caché existe dans certains esprits: Le rocher, nous disait-on, avait toujours frappé les imaginations et le trou béant qu’il surplombe avait donné naissance à des commentaires : à n’en pas douter, « il devait cacher quelque chose »

En pareil cas, la pioche du terrassier est le meilleur argument dont on puisse faire usage ; aussi quelle que fût notre défiance à l’endroit du résultat des fouilles, nous exprimâmes le désir de pratiquer immédiatement un sondage. Il ne paraissait pas impossible que l’archéologie pût en tirer profit. Malheureusement les profits archéologiques n’étaient pas seuls mis en cause, et nous comprîmes que le fermier tenait à pratiquer lui-même l’exploration. Nous quittâmes donc Chérier après avoir fait aux fermiers du Poyet quelques recommandations relatives à la conduite des fouilles.

Quelques jours après, M. le docteur Plassard m’apportait la magnifique lame de silex dont j’ai l’honneur de vous communiquer la photographie, et me racontait l’épilogue de notre visite. Le lendemain, M. Pierre Lasseigne, dit Tisserand, aidé de son cousin, M. Palluet, s’était mis à l’ouvre. Les deux jeunes gens avaient attaqué le sol à l’entrée de l’excavation et, après deux jours de travail, car la présence de quelques grosses pierres gênait le déblaiement, ils avaient rencontré à une faible profondeur la lame de silex que n’accompagnait aucun autre objet. Il est intéressant de noter que MM. Lasseigne et Palluet en recueillant cette pièce en avait nettement pressenti la valeur documentaire, ce qui prouve que la science archéologique tend de plus en plus à se vulgariser, même dans les villages reculés de nos montagnes. M. le docteur Plassard ajouta que les inventeurs, avec un désintéressement auquel je suis heureux de rendre hommage, s’empressaient d’offrir leur trouvaille au musée de Roanne.

Nous nous hâtames, M. Dumoulin et moi, de remonter à Chérier afin de compléter ces premiers renseignements et surtout pour examiner les déblais ; la terre remuée ne nous rendit que quelques petits tessons de poterie, minimes débris, mais présentant bien les caractères de la céramique primitive. La pâte, épaisse, de couleur grisâtre, est assez grossière, mais cependant cuite au four, à en juger par sa dureté. Aucun débris d’ossements n’accompagnait ces tessons; la terre, d’ailleurs, ne présentait point cette consistance charbonneuse et cette couleur noirâtre que lui donne ordinairement la présence de matières organiques décomposées. Les fouilles, hâtons-nous de le dire, ont été incomplètes ; elles n’ont porté que sur le seuil extérieur et non point sur la partie interne de la cavité. Les explorateurs ont craint avec juste raison qu’il n’y eût danger à miner ou à déchausser les blocs servant de supports au rocher, ce déblaiement en sous-oeuvre risquant d’en compromettre l’équilibre. Dans ces conditions, le travail ne pouvait être repris que sous la surveillance d’une personne compétente et, sans doute, après la pose de solides étais, dont l’installation ne serait pas sans offrir de sérieuses difficultés.

Tel est le récit de cette curieuse trouvaille dont nous avons relaté avec soin tous les détails, car en pareille matière, il importe que tous les faits soient exactement consignés.

Que conclure maintenant de ces constatations?

Examinons d’abord l’objet recueilli. C’est assurément la plus belle lame de silex qui ait été jusqu’à ce jour rencontrée en Forez. Par ses dimensions elle dépasse de beaucoup tous les silex taillés signalés antérieurement à la Diana, notamment le beau couteau provenant des environs de Sury-le-Comtal et publié dans Le Bulletin (tome II, p. 270 et suiv., et 303 et suiv.). Sa longueur totale mesure 0m 232, et sa plus grande largeur 0m 039. La pâte est d’une couleur blond foncé, un peu terne, mouchetée de petites taches claires. La lame est lisse et unie sur la face de l’éclatement et présente au dos une arête médiane, légèrement sinueuse, qui lui donne une section triangulaire. Une des extrémités a été appointée par d’habiles retouches, tandis que l’autre, de forme obtuse, s’amortit en talon et présente la taille des outils de silex aux quels on est convenu de donner le nom de grattoir.

 

1.— SILEX TROUVÉ À CHÉRIER.

Réduction au 1/3

 

Les deux tranchants latéraux présentent également une série de retouches sur toute leur longueur, retouches qui, en réduisant la largeur de la lame, lui ont donné un galbe plus effilé ; ils sont de plus en-tamés sur plusieurs points par des brèches qui peuvent être le résultat de l’usure.

Nous sommes certainement en présence d’une arme ; cette arme est-elle un poignard ou bien une tète dc lance ? C’est ce qu’il est malaise de décider, mais nous inclinons pour la seconde hypothèse. Solidement fixée à une hampe par une de ces ligatures dont certaines armes de sauvages nous fournissent l’exemple, cette pointe, assez aiguë et assez longue pour être pénétrante, assez robuste pour résister à un choc violent, constituerait une arme d’estoc d’une puissance redoutable. L’extrémité mousse offre une épaisseur et une retaille en talon qui permettrait de lui donner un solide point d’appui dans le loge-ment de la hampe ou emmanchement.

Il ne me paraît pas douteux que le dépôt de cette arme ait été intentionnel. Ce fait résulte clairement de la nature du lieu de l’enfouissement, sous cette roche énorme dont le site et l’assiette étrange frappent aujourd’hui encore l’esprit de nos montagnards. Si ceux-ci ont pu songer à sonder le mystère de la pierre du Poyet, il est bien permis d’en inférer que la crédulité superstitieuse de leurs prédécesseurs primitifs avait dû, elle aussi, à des âges plus ou moins lointains, s’exercer sur le même objet. Je ne pense donc pas que l’excavation ne soit qu’un lieu de refuge, car cet abri sous roche eût été bien peu spacieux, même en le supposant déblayé jusqu’à a profondeur où gisait le silex ; au surplus, il serait surprenant que les premières fouilles n’eussent pas rendu déjà, comme il arrive en pareil cas, une quantité plus ou moins considérable de débris caractéristiques tels que rejets de cuisine, os d’animaux, etc.

 

Nous restons en présence de deux hypothèses possibles. D’abord celle d’une sépulture enfouie peut-être plus avant sous le rocher, en un point encore inexploré. Dans ce cas, la reprise des fouilles pourrait bien nous donner de nouvelles surprises: la beauté et la grosseur de l’arme, tout à fait exceptionnelles pour notre région, tendraient à faire pressentir dans cette sépulture le tombeau d’un chef, dont les restes pourraient avoir été enfouis avec un mobilier funéraire plus ou moins important.

Mais je suis plutôt porté à croire que la pierre du Poyet a été consacrée par la superstition populaire à quelque divinité ; à laquelle le silex aurait été offert comme ex-voto.

A ces diverses hypothèses, bien incertaines, je l’avoue, je n’ajouterai pas de nouvelles conjectures en discutant sur l’âge de l’arme et l’époque probable de l’enfouissement. Il me suffira de rappeler que dans toute la Gaule, et particulièrement en Forez, comme l’a observé M. Brassart, l’usage de la pierre taillée pour la confection des armes et des outils a survécu longtemps à l’emploi du bronze et même du fer. Les caractères d’un silex taillé et de quelques tessons de poterie sont des éléments de discussion tout à fait insuffisants pour aborder une question si délicate. Il est également certain que les pratiques litholatriques des âges primitifs, traditions tellement vivaces qu’elles ne sont pas encore complètement éteintes dans nos campagnes, n’ont pas disparu immédiatement après la prédication de l’Évangile sur le territoire gaulois.

Quoi qu’il en soit, et ces réserves faites, je crois que la pierre du Poyet devra dorénavant figurer sur la liste des monuments mégalithiques du Forez, cette dénomination archéologique étant par elle-même assez vague pour ne rien faire préjuger sur la destination vraie de l’enfouissement du silex.

En attendant que, interrogée par de nouvelles fouilles, elle ait livré tous ses secrets, le musée de Roanne a fait bon accueil au don de MM. Lasseigne et Palluet. Cette belle pièce y figure dignement à côté de la riche trouvaille de la Goulaine qui, quelques mois auparavant, était venu enrichir d’une admirable collection les vitrines, jusque-là assez pauvres, réservées aux produits de l’industrie pré-historique».

M. l’abbé Reure, Notes sur les incursions des bandes Anglo-Gasconnes en Forez (1386-1389)
Date : 1895

M. l’abbé Reure, Notes sur les incursions des bandes Anglo-Gasconnes en Forez (1386-1389), BD, Tome VIII, pages 241 à 256, Montbrison, 1895.

 

Les faits que nous allons exposer ont été inconnus ceux qui ont écrit l’histoire générale du Forez. La Mure et Aug. Bernard n’y font pas même allusion. Cependant ils ne sont pas restés absolument ignorés. Dans l’Histoire de la ville de Feurs (1), en particulier, on trouve quelques détails sur l’invasion des bandes anglaises en Forez vers 1388, bien que probablement M. Broutin soit allé trop loin en supposant que Feurs serait alors tombé au pouvoir des Anglais.

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(1) Pages 134 137.- Cf. Hist. de Saint-Bonnet-le-Chateau, t. 1er, p. 188.

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Alain Maret avait soupçonné que le Forez avait revu les bandes de routiers à la fin du XIVe siècle, sans être en état de le prouver « Il y a eu peut-être, dit-il, d’autres invasions des Anglais ou des Routiers dans notre province, car, en 1387, ils tenaient encore plusieurs forts en Auvergne ; mais nous n’avons pas de documents qui puissent constater ces incursions, ou du moins ces documents sont encore enfouis dans la poussière des archives » (1).

Ce n’est pas aux chroniqueurs du règne de Charles VI qu’il faut demander des lumières ; ils n’ont pas cru sans doute qu’il valût la peine de raconter ces rapides et obscures pilleries des compagnies anglaises. Froissart lui-même, qui a si longuement narré les méfaits des capitaines Anglo-Gascons en Auvergne et en Limousin, ne sait rien de leurs chevauchées en Forez. Il se contente de dire, après la prise de Montferrand par Perrot le Béharnais : « Les nouvelles en furent tantost trop loing espandues et sceues comment les Anglois, Gascoings et pillars âvoient conquise et prinse la bonne ville de Montferrant. Tous ceux qui en oyoient parler et à qui plus en touchoit s’en esmerveilloient et s’en doubtoient, et fermissoient [frémissoient] les voisins pays, comme Auvergne, Bourbonnois, Forests et jusques en Berry » (2) . Chose bien plus singulière ! La Chronique du bon duc Loys de Bourbon, écrite sous les yeux ou d’après les mémoires dé Jean de Châteaumorand, qui a joué un rôle dans ces événements, n’en dit pas un seul mot, peut-être parce que le duc, alors éloigné de son comté de Forez, n’a pris aucune part directe et personnelle à l’organisation de la défense.

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(1) Notes pour servir à l’hist. du Lyonnais, du Forer et du Beaujolais pendant les incursions des Routiers au XIVe siècle (étude publiée dans la Revue du Lyonnais, avril r863).

(2) Edition Kervyn de Lettenhove, t. XIII, p. 73.

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Nous sommes donc réduits aux documents d’archives (1). Mais on sait qu’il ne faut en attendre, généralement, que des informations morcelées, avec lesquelles il est bien difficile de reconstituer un, récit suivi. C’est par hasard, pour ainsi dire, à l’occasion d’une poursuite judiciaire contre un homme accusé d’avoir été surpris dans la société des Anglais, d’un subside voté par les Etats du Forez, d’une ordonnance de payement à un capitaine de gens d’armes, d’un chevaucheur envoyé pour explorer la frontière d’Auvergne, qu’on apprend, morceau par morceau, quelques faits isolés, souvent sans date précise. Du reste, le titre très modeste que nous donnons à ces Notes sommaires montre assez qu’on ne prétend pas ici raconter par le détail ces faits encore obscurs. A vrai dire, on se propose surtout d’appeler sur eux l’attention, et de provoquer d’autres recherches. Sans doute, ils n’ont pas eu la gravité de ceux qui s’étaient passés en Forez trente ans auparavant, vers le temps de la bataille de Brignais. Mais si, comme il est vraisemblable, tout s’est borné cette fois à quelques courses d’aventuriers, les alarmes furent vives pendant plusieurs années, et on n’épargna rien pour prévenir de plus grandes calamités.

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(1) Le plus précieux est un compte d’Etienne d’Entragues (Arch. de la Loire, B. 1915), dont une analyse étendue figurera au t. III de l ‘Inventaire des archives du depart. de la Loire , en cours d’impression. M. J. de Fréminville nous en a très obligeamment communiqué les épreuves. – M. Aug. Chaverondier s’était spécialement occupé des guerres des Anglais dans le Forez ; il est très probable qu’on trouverait dans ses manuscrits, outre les notes qu’il avait patiemment recueillies aux archives de la Loire, d’autres documents sur ce sujet.

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Qu’étaient au juste ces pillards qui paraissaient à l’improviste dans quelque village Forézien, et s’en allaient après avoir détroussé les marchands, et mis à rançon la paroisse? Le nom de routiers qu’on leur donne souvent ou qu’ils prennent eux-mêmes n’est pas absolument exact, car ils étaient assimilés, ou peu s’en faut, à des troupes régulières, et leurs chefs étaient solidement établis dans les places fortes de l’Auvergne, du Velay, du Limousin, du Rouergue, du Querci. Il y avait de tout dans ces bandes: des Anglais, des Gascons, des Béharnais, des Armagnacs, des Bretons, des Allemands, même des Français, j’entends des sujets du roi de France. Mais leur caractère commun était de combattre sous le panache anglais ; un de leurs capitaines, Ramonet de Sort, se qualifie « cappitani d’une rote de gens d’armes per le rey d’Angleterre ». Gens au reste fort indépendants, et se moquant des trêves consenties entre les deux nations, quand elles gênent leur humeur aventureuse.

Ils avaient deux manières de vivre sur le pays. La plus simple et la plus sûre était de mettre à pactis la région qui entourait leur fort ; moyennant une redevance, le paysan ainsi acconvenancé labourait sa terre en paix. Ou bien ces garnisons essaimaient pour quelques jours des compagnies organisées pour les courses à marche forcée. Libres de bagages, sans canons ni balistes, elles tombaient à l’aube du jour sur le point désigné, et, le coup fait, ramenaient en hâte leur butin, qu’elles se partageaient ensuite derrière les murs de leurs châteaux.

Les compagnies qui pénétrèrent dans le Forez vers 1387 paraissent toutes être venues d’Auvergne. Aucune province n’a été plus malheureuse à la fin de la première période de la guerre de Cent Ans. Pendant de longues années, elle appartint de fait aux aventuriers qui occupaient un grand nombre de forteresses, et de là tenaient le pays à merci. Les expéditions, plus brillantes qu’utiles, de Boucicaut et du duc dc Bourbon n’apportèrent à ces maux qu’une rémission passagère. La ville de Saint-Flour vécut huit ans (1383­ 1391) une vie terrible, nuit et jour aux prises avec les garnisons anglaises de la Haute Auvergne. Presque à ses portes, le château d’Alleuse fut longtemps occupé par le bâtard de Garlan, puis par le fameux Aimerigot-Marchès. Carlat, Valon, Cromières, Murat, Saillens, Montsuc, Turlande, la Roche d’Uzac, Chalucet, etc. étaient aux mains de Ramonet de Sort, Perrot le Béharnais, Nolim Barbe, Gourdinot, Arnaudon de Campane et dix autres chefs de bandes (1).

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(1) Pour l’histoire des compagnies Anglo-Gasconrios en Auvergne et dans les provinces voisines du sud-est de 1380 à 1393, la source principale est Froissart. — Voy. aussi Arch. nat., KK. 322. — Bibl. nat., fonds Doat, passim, et coll. Gaignières, vol. 646 et 653. — Hist, du Languedoc, nouv. éd., t. X, preuves. — Baluze, Hist, de la maison d’Auvergne, t. 1er, Mazure, l’Auvergne au XIVe siècle . — De Lalaudie, Discours servant d’introduction à un essai sur les guerres des Anglais dans le haut pays d’Auvergne . _ A. Tardieu, Hist. de la ville de Montferrand . — Tablettes histor. d’Auvergne , t. II et III. — M. Boudet, Assauts, sieges et blocus de Saint-Flour par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans . Etc. — Sur Aimerigot-Marchès et sa fin, voy. Revue d’Auvergne , 1888, et Bibl. de l’Ecole des Chartes, 1892.

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Comme il était impossible de réduire par la force tant de places tenues par les compagnies, il fallut se résoudre à négocier leur évacuation, et à faire la vide moyennant une forte contribution qui fut répartie entre les provinces d’Auvergne, de Velay, de Querci et de Rouergue, malgré l’opposition de certaines villes (1). La plupart des capitaines Anglo-Gascons acceptèrent les conditions qu’on leur offrit, et observèrent loyalement le traité d’abstinence de guerre ». Quelques-uns résistèrent, entre autres Aimerigot-Marchès qui, après avoir vendu sa bonne forteresse d’Alleuse, s’était emparé du château de la Roche-Vendais. La délivrance de l’Auvergne ne fut définitive que vers 1393.

Il ne semble pas que ce qui se passait en Auvergne ait fort troublé le Forez avant 1387, bien que déjà Louis de Chalus, capitaine de gens d’armes, eût été chargé de veiller à la sécurité du pays, et qu’on eût signalé des bandes suspectes sur le Rhône et dans le voisinage de Lyon (2). Mais, en 1387, le danger devint pressant, et cette année se passa pres­que tout entière en précautions et en alarmes. Une circonstance aggravait le péril : la plus grande partie de la noblesse Forézienne et Bourbonnaise était alors en Espagne avec le duc Louis II de Bourbon, qui venait de conduire une armée de secours au roi de Castille menacé par Pierre le Cruel et par le duc de Lancastre. L’expédition ne revint qu’à la fin de l’été de 1387.

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(1) Voyez sur cette opposition le manuscrit n° 6o2 de la bibliothèque de Clermont-Ferrand, f° 74 v°.

(2) Arch. de la Loire, B. 1915. – Arch. munic. de Lyon, CC. 376.

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Quand on sut que les compagnies Anglaises se préparaient sérieusement à déborder de l’Auvergne sur les provinces de l’est et du centre, qu’on les voyait déjà courir sur les marches du Bourbonnais et du Forez, qu’on signalait çà et là de petits partis « qui souvent venoyent espier forteresses et ambler prisonniers », la terreur fut extrême à trente lieues à la ronde. On trembla jusqu’en Nivernais, d’où on evoya en hâte un message à Pierre de Norry, lieutenant général du duc Louis II, pour savoir où étaient les Anglais qu’on disait avoir chevauché jusque dans les plaines Bourbonnaises. Un parti d’Anglo-Gascons est même signalé aux environs de Decise dans la première semaine de février 1387. A Semur-en-Brionnais, on écrit lettre sur lettre à la duchesse de Bourgogne pour lui donner des nouvelles, et on fortifie les portes et les fenêtres du donjon contre une entreprise possible (1).

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(1) Arch. de la Côte-d’Or, B. 5507, 5508 et 6281. – Cf. B. 3588, 4636, 5728, etc. – Voy. aussi J. Finot , Recherches sur les incursions des routiers et des Grandes compagnies dans le duché et le comté de Bourgogne à la fin du XIVe siècle. Vesoul, 1894.

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La ville de Lyon se tient prête à soutenir une attaque. Les portes sont gardées, les murailles restaurées, une tour neuve bâtie, onze bombardes achetées de Jean de Offombourg, « desquelx l’une gite une pierre de XX livres ». Des chevaucheurs vont aux informations; d’autres courent à Mâcon, où réside le bailli royal, pour l’avertir de ce qui se passe et demander ses ordres. Le capitaine de la ville concerte avec les échevins les mesures les plus efficaces pour parer au péri !. Nous trouvons dans les pièces justificatives de la comptabilité municipale le mandement suivant qu’il nous paraît utile de donner en entier: « Museton de Viego, capitein de Lion pour le Roy messire, au premier sergent dudit sire qui sur ce sera requis salut. Nous avons de novel entendu que les Englois d’Auvergne en grant nombre de gens d’armes se doivent assembler pour venir ou pais de Lionnois, et desia ont coru es marches de Forois ou il ont prins plusieurs merchans et autres personnes. Pour quoy nous, voulians pourveoir à la garde et service de la ditte ville de Lion, si comme à nous apartient, vous mandons que vous faceis commandement de par le Roy et de par nous à touz les consuls de ladite ville qu’ils comparoissent en personne par devant nous en l’ostel du Roy notre dit sire à Roanna jeudi prouchain, heure de nonne, pour oir certaines ordennances et autres chouses que nous avons à dire touchant le fait dessus dit et pour y pourveoir en telle manière que aucun péril ne dommage ne s’en puisse ensuir. Et nous certiffier ce que fait aurez. Donné à Lion soubz notre scel le XIe jour de septembre M CCC IIIIxx et sept » (1).

Il est probable que toutes les forteresses comtales du Forez, qui depuis plus de vingt ans n’avaient pas été menacées et qu’on avait un peu négligées, furent plus ou moins réparées pour faire face à ce péril nouveau (2).

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(1) Arch. mun. de Lyon, CC. 381. – Cf. CC. 376, 379, 387.

(2) A Paris, le 18 mars 1392 (n. St.), le duc de Bourbon déclare avoir reçu de Jean Palhoux, receveur des aides pour la guerre au comté de Forez, 2419 1. 8 s. I denier maille tournois pour la moitié des aides de l’année 1390, que le roi lui a donnée à cause des réparations à faire dans ses villes et châteaux de Forez ( Titres de la maison duc. de Bourbon, no 386i ).

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Nous le savons d’une manière certaine pour les châteaux de Saint-Galmier, de Donzy, de Bellegarde, dont les donjons furent remis en meilleur état ou munis de hourds en charpente (1). A Feurs, non seulement on répara le pont-levis et diverses parties du château, mais encore on donna une clôture à la ville. Les États du Forez, assemblés à Montbrison le 30 novembre 1387, ayant voté les trois quarts d’un fouage pour soutenir la guerre, et aider le duc de Berry à congédier les Anglais de son pays d’Auvergne, les 46 francs d’imposition de la ville de Feurs lui furent abandonnés pour la construction de la muraille, et, le 8 avril 1390, elle fut frappée d’un impôt spécial de 104 francs d’or et 12 gros pour l’achèvement de sa clôture (2). Beaucoup de couvents et de seigneurs particuliers durent suivre l’exemple du comte. Bernard Vigier, prieur de Saint-Sauveur-en-Rue, rebâtit le château, et entoura le bourg de tours et de fossés ; et il est dit expressément que ce fut à l’occasion de la guerre contre les Anglais (3).

Comme il ne manque jamais d’arriver dans les temps d’émotion populaire, le danger public donne carrière aux basses passions. A Saint-Genest-Malifaux, des ivrognes pillent le vin de Bartholet, le cabaretier, sous prétexte que les ennemis ne sont pas loin, et qu’il faut bien le boire avant leur arrivée. D’autres se familiarisent avec les Anglais, s’associent à leurs bandes, ou achètent à vil prix des effets volés par les brigands.

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(1) Arch. de la Loire, B. 1959, 1963, 1983.

(2) Arch. de la Loire, B. 1915 et 1968. – Broutin, loc. cit . — Catalogue de la bibliothèque de M. le baron Dauphin de Verna (Lyon, 1895, n° 1367 : « Compte de la recette et dépenses faites pour la fortification de Feurs en 1388 et 1389 ».

(3) Cartulaire du prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue , appendice, n° 76.

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Le château de Bellegarde est escaladé et saccagé par quelques malandrins. D’assez mauvais paroissiens trouvent plaisant, un jour de fête, à l’heure de la messe, de crier à tue-tête: Veyssi los Engleys (1).

Ces faits isolés, conservés par hasard entre cent autres du même genre dans quelques vieux registres, suffiraient à prouver que l’invasion des bandes Anglaises dans le Forez fut regardé comme un événement grave. Mais nous avons là-dessus des renseignements plus précis. Sans doute nous ne connaîtrons jamais exactement l’étendue de ces incursions, et le nom de toutes les paroisses visitées par les compagnies. Mais du moins nous savons assez bien ce qui fut fait pour écarter ou. amoindrir le péril.

Constatons d’abord que, dans ces pressantes circonstances, nos ancêtres ne marchandèrent pas leur argent. Le compte rendu par Étienne d’Entragues, trésorier de Forez, le 19 mai 1389, par devant les députés des trois États et les gens de la chambre des comptes (2), contient la recette et l’emploi de cinq levées de deniers faites depuis le mois d’août 1387, savoir : un quart de fouage — environ mille francs — imposé au pays de Forez en août 1387 ; un autre quart ordonné par Monseigneur le duc par ses lettres du 6 novembre 1387 ; trois quartiers votés à Montbrison par les États le 30 novembre suivant ; un quartier voté le 2 novembre 1388 ; un dernier quart imposé le 27 mars 1389. Soit sept quartiers de fouage, ou un peu plus de 7000 francs (3).

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(1) Arch. de la Loire, B. 1167, 1189 et 1959.

(z) Arch. de la Loire, B. 1915.

(3) Voy. dans la Mure, Hist. des ducs de Bourbon , t. III, pièces supplém., p. 173, la répartition d’un de ces quarts de fouage.

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Mais on voit par le préambule de ce document qu’un autre compte analogue avait été rendu par Étienne d’Entragues en mai 1387 ; il y faut de plus ajouter 600 francs qui furent alloués à Robert de Chalus pour garder le Bourbonnais et le Forez pendant l’expédition du duc en Barbarie, en 1390 (1), et les impositions particulières à quelques châtellenies. On peut évaluer, il semble, à 10.000 francs au moins, somme considé-rable alors, les dépenses qui furent supportées par le Forez pour résister aux compagnies Anglaises.

Voyons maintenant, sans entrer dans des détails trop minutieux, ce que nous apprendrons par le compte d’Étienne d’Entragues et par quelques autres documents. On a déjà vu que le duc, au milieu de l’été de 1387, était en Espagne avec une bonne partie de sa noblesse. Son lieutenant général Pierre de Norry vint de Moulins à Montbrison, au mois de septembre, « pour mettre ordonnance en la garde du païs de Forez et mettre sus genz d’armes par l’avis et conseil des genz des trois estaz et autres du pais pour résister à la male volonté et emprise des ennemiz. » On signalait vers le même temps, le mardi après la Saint-Michel, le passage dans la châtellenie de Saint-Maurice-en-Roannais d’une bande de sept Anglais, qui avaient commis divers vols, et en particulier avaient surpris un chargement de nappes, manteaux, candélabres et diverses marchandises qu’un certain Pierre Lamberton faisait venir de France pour lui et pour le prieur de Pommiers. Ces Anglais sont probablement les mêmes qu’on trouve à Villemontais, chargés de leur butin (2). D’autres sont vus à Bussy (Buxi), ou ils sont suivis à la piste et chevauchés de près.

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(1) Arch. de la Loire, B, 1916.

(z) Arch. de la Loire, B, 1167.

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Mais le plus grand danger était alors sur la marche de Thiers et de Cervière, gardée par Louis de Chalus, et surtout vers Saint-Bonnet-le-Château. Denis de Baumont, bailli de Forez, resta en observation à Saint-Bonnet avec 26 hommes d’armes depuis le 21 août jusqu’au 14 septembre, sans peut-être réussir à empêcher l’infiltration de quelques petites bandes, bien qu’il eût été rejoint par les seigneurs de Saint-Priest et de Saint-Chamond, et qu’un accord avec le bâtard de Polignac et ses gens d’armes lui eût assuré le concours de ces hardis compagnons. Des espions allèrent jusqu’au cour de l’Auvergne surveiller les mouvements des compagnies et s’enquérir de leurs projets.

Ils rapportèrent à la duchesse de Bourbon la nouvelle — vraie ou fausse — que 200 lances et 700 valets armés s’assemblaient pour entrer dans le pays de Forez. Mais heureusement, sur ces entrefaites, les gentilshommes commençaient à revenir d’Espagne, entre autres Jean de Châteaumorand, qui avait été un des chefs de l’expédition. Par ses lettres du 14 octobre 1387, la duchesse Anne Dauphine le chargea, lui et son frère Guichard, de pourvoir à la sûreté du Forez. Jean de Châteaumorand se mit aussitôt en campagne, et dépêcha des sergents à cheval du côté de Néronde, en Beaujolais et à Lyon pour réunir les gens d’armes disponibles, particulièrement ceux qui rentraient d’Espagne par la vallée du Rhône et se trouvaient alors en grand nombre dans le Lyonnais. Un peu auparavant, au mois d’août, Pierre de Norry avait attendu avec 300 hommes d’armes, vers Gannat, les bandes d’Aimerigot-Marchès sorties d’Alleuse pour envahir le Bourbonnais et le Forez, et les avait forcées à se replier sur l’Auvergne. C’est pourtant de là que le principal danger menaçait encore le Forez, car, le 23 novembre, on envoya jusqu’à cinq éclaireurs à Alleuse et dans la Haute Auvergne. Il est singulier que, dans cette conjoncture périlleuse, le duc de Bourbon, enfin revenu d’Espagne, n’ait fait que traverser son comté de Forez. Il était à Montbrison le 6 novembre, mais partit presque aussitôt pour Paris.

Le commencement de l’année 1388 fut critique. Le samedi 25 janvier, un parti Anglo-Gascon s’empara de Saint-Rambert-sur-Loire. Comment et par où cette compagnie était-elle entrée en Forez ? Nous ne pouvons le dire avec certitude, mais il est probable qu’elle avait traversé les montagnes de Saint-Bonnet-le-Château, où le bâtard de Polignac et Bourg Camus étaient fort occupés à garder une frontière d’une surveillance difficile. A Lyon, on fut très ému de ces nouvelles, et le consulat envoya « Janin le meisselier pour alar vers Montbrison saveir l’estro dou Englais » (1). Robert de Chalus, seigneur de Bouthéon, fut nommé capitaine en Forez à la suite de l’affaire de Saint-Rambert, et on envoya chercher en Bourbonnais un renfort de gens d’armes.

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(1) Arch. munic. de Lyon, CC. 379. – On lit dans le même registre « Item à t valet que tramit le capitans de S. Bonet b Chatel a mess. les conseillers, qui lur aportit una lettre dou estat douz Engleis qui estient venuz à S. Rarnbert le xxv de février l’an dessus [t388] ». Cette date est erronée, car il résulte du registre B. 1915, des archives de la Loire, que la prise de Saint-Rambert eut lieu au mois de janvier. D’ailleurs le 25 février de l’année bissextile 1388 fut un mardi au contraire le 25 janvier tomba bien un samedi.

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Peu de jours après, on apprit la prise de Montferrand par Perrot le Béharnais (1). Ce grave événement, qui paraissait ouvrir aux compagnies les portes du Bourbonnais et du Forez, n’eut pas toutefois les conséquences qu’on pouvait redouter; dès le lendemain le Béharnais, après avoir garotté ses prisonniers, et emballé les objets à sa convenance, jugeait prudent d’abandonner la ville où déjà, d’après Froissart, il était menacé par Louis d’Aubière, le sire de la Palisse, Plotard de Châtelus, etc.

Toute cette année 1388 se passa dans la crainte. Il circulait des nouvelles inquiétantes ; de Cervière, on annonçait que les compagnies devaient prendre trois forteresses la semaine de la Saint-Michel ; le bailli Denis de Beaumont écrivait au duc que l’ennemi préparait une grosse chevauchée qui allait envahir le pays, et qu’il était urgent de demander du secours au roi de France. Celui-ci ayant accordé au duc 60 lances, on trouvait raisonnable que 20 au moins fussent réservées à la défense du Forez.

Ces alarmes étaient peut-être excessives. Il est certain du moins qu’il restait en Forez de petites bandes isolées qui terrorisaient la province. Quatorze Anglais avaient été vus embusqués dans la forêt de Bas ; des chevaucheurs avaient fort à faire de suivre et d’épier les pillards qui robaient les marchands. Guillaume de Layre, qui avait remplacé Robert de Chalus, fit même sur eux quelques prisonniers. Il est vrai que, au milieu de l’été, une trêve avait été conclue entre les compagnies d’Auvergne et les sujets du roi de France, et même, comme on l’a vu plus haut, les Anglo-Gascons avaient consenti à vider leurs forteresses. Mais, outre que la trêve n’avait pas été acceptée par Aimerigot-Marchès, on comprend qu’elle ne pouvait empêcher les hostilités de détail commises par les petites bandes séparées de leurs garnisons, et qui ne pouvaient vivre qu’aux dépens du pays où le hasard des aventures les avait conduites. Toutefois, pour ne leur laisser aucun prétexte de brigandage, on conseilla au duc de rendre les prisonniers faits par Guillaume de Layre depuis la trêve.

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(1) Le jeudi 13 février, d’après Froissart, le samedi 8 février, d’après un autre document.

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Les renseignements deviennent un peu plus rares en 1389, ce qui donne à croire que les grands périls commençaient à s’éloigner. Cependant des Anglais sont encore remarqués à Maroux (1) au mois de fé-vrier. On continue à entretenir un service de guetteurs dans les chàtellenies, de chevaucheurs et d’hommes d’armes sur les grandes routes et aux frontières. Le lieutenant général est de nouveau sollicité de veiller au plus tôt à la garde du pays, et on lui mande que le seigneur de Saint-Vidal, a proposé une alliance du Forez avec le Velay pour la commune défense des deux provinces. Les nouvelles alarmantes reprennent leur cours: les Anglais, la chose est sûre, vont envahir le Forez la première semaine de mars; un messager vient en une nuit du Puy à Saint-Bonnet-le-Chàteau, et de là à Clépé, donner à la duchesse des nouvelles des Anglais qui sont prêts à entrer dans le pays.

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(1) Marols, probablement (Arch, de la Loire, B. 1968).

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Le 1er juin, elle dépêche Guichard d’Urfé au duc pour lui apprendre que les Anglais d’Auvergne « ne font pas la vide » comme ils l’avaient promis, mais s’assemblent pour une expédition qui va peut-être inonder le Forez. Elle envoie demander du secours au sire de Beaujeu, à l’abbé de Savigny, à l’archevêque et au chapitre de Lyon (1).

Cependant que, malgré tant de menaces, rien de bien grave se passa probablement en Forez,en 1389. La trêve générale entre la France et l’Angleterre, signée à Leulinghem le 18 juin, dut améliorer notablement la situation, bien que, très probablement, de petits groupes d’aventuriers aient quelque temps encore troublé la sécurité du Forez.

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(1) Arch. de la Loire, B. 1915. — La Mure, His. des ducs de Bourbon , t. Il, p. 77, n° I

M. l’abbé Rey, L’épitaphe de Catherine de Roessieu
Date : 1895

M. l’abbé Rey, L’épitaphe de Catherine de Roessieu, Bulletin de La Diana, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 325 à 331

L’épitaphe de Catherine de Roessieu. — Don et com­munication de M. l’abbé Rey.

M. E. Brassart fait au nom de M. l’abbé Rey, ab­sent, et au sien la communication suivante.

M. l’abbé Rey vient de donner au musée de la Diana une très curieuse pierre tumulaire, en grès., mesurant 1m 17 de haut sur 0m 47 de large. Cette pierre se trouvait naguère dans une ferme à Grézieu-le-Marché (Rhône). D’après la tradition locale, elle avait été apportée là d’ailleurs, mais d’où ? Une minutieuse enquête n’a pu encore l’établir.

Dans un cadre à forte saillie pris à même la dalle et qui l’entoure sur ses quatre côtés, on voit, en des-

SOUS de ces mots, EPITAPHE DE CATHERINE DE ROES 

SIEU, un bas-relief représentant à gauche, la Sainte Vierge assise au pied de la croix et tenant dans ses bras le corps de son Divin Fils, à droite, sainte Catherine présentant à la Sainte Vierge une âme sous la forme d’un petit enfant nu ; entre les deux groupes se lit cette prière, MATER DEI MEMENTO MEI.

Puis vient une longue inscription en quarante-huit vers français. dont un, le quatrième, a disparu par suite de la désagrégation d’une veine de la pierre.

Primitivement, le bas-relief était polychromé et le creux des lettres peint en rouge ; on aperçoit des traces de cette décoration sous plusieurs couches de grossiers badigeons.

EPITAPHE
DE CATHERINE DE ROESSIEV

O MATER DEI MEMENTO ME1

ARESTE TOY PASSANT ET DYNE CATHERINE

DESPLORE AVECQ ALLARD LA FOVRTVNE MALIGNE

COVLLES RVISSEAV DE PLEVRS DE MES YEVX VOS FONTAINES

5 TESMONGNANT DESOLLES DVN GEMISSANT MVRMVRE
HARDIMENT ET A TOVS NOTRE MESADVANTVRE

ET ENQVIS DE LOBIET DE VOS LARMES INSIGNES RESPONDES QVIL EST MORT LA FLEVR DES CATHERINES IE DIS MORTE SABAS POVR REVIVRE EN LA GLOIRE

/o NOMMEE AVX BIENHEVREVX DETERNELLE MEMOIRE EN LANNEE QVINZE CENS ET QUATRE VINGZ ET SYX

DV DIX NEVF IVILLET FVT SON AAGE PREFYX ET DV FVZEAV FATAL DEVIDE PAR LES PARQVES

RAVISSANT LE CORPS FROID AVX CARONTIDDES BARQVES

15 OV FLOTTE LACHERON MAIS SON AME AV CIEL NEE ET AV CELLESTE OVVRIER DANS LE CIEL RETOVRNEE SES ANS NAYANT ENCOR DV QVINZIESME LE NOMBRE

SONT NEAVLMOINGS FERMES SOUBS LE MONVMENT SOMBRE IVSQVES A CE GRAND IOVR QVE LE SOVVERAIN MAISTRE

20 EN SA FVREVR VIENDRA NOS DELICTZ RECONNOISTRE
VOYES LECTEVR COMMENT SANS ACEPTION DAAGE

QVANT IL PLAIST AV SEIGNEVR FAVLT BENDER LE COVRDAGE VIRER LA VOILE AV VENT ET SINGLER LA FOVRTVNE 1NDISFERAMENT SOIT PLAISANTE OV ‘IMPOVRTVNE

25 CE MONDE NESTANT RIEN DISOIT CESTE DESFVNTE TRAVAILLEE DE LA MORT QVNG LOGIS QVON EMPRVNTE ET DONC LE MAISTRE PEVT LHOSTE FAIRE VVIDER

LORS ET QVAND IL LVY PLAIST AVLTREMENT SEN AYDER AINSY DONCQVES CESSES CHERE MERE VOVS PLEVRS

30 TIRES DE VOSTRE CVEVR TOVTES TELLES DOVLLEVRS ET NE ME VEVILLES PAS POVR CE FRAISLE REPAYRE RETARDER LINFINY DES FAVEVRS QVE IESPERE RECITANT CES BEAVX MOTZ LE TRAICT CONTAGIEVX EVAPORA SA VIE ET LV1 SILLA LES YEVX

35 POVR DVNE AVLTRE CLARTE TROP PLVS RESPLANDISSANTE ORNER ET ESIOVIR SON AME LANGVISSANTE

VOILLA COMME DE NOVS LVNICQUE DEITE

RETIRE LA VALLEVR DENTRE LA VILLITE

LAS HELLAS FIERE MORT CHIMERE ESPOVVENTABLE

40 ET POVRQVOY DISFEREN A TON BRAS 1NDOMPTABLE SEVLLEMENT POVR VNG TEMPS CE PRECIPIT TRESPAS CATHERINE ROESSIEV A PEYNE NESTOIT PAS

IMBVE DE NOSTRE AIR QVE DV NON MORT PROPHETTE ELLE SVYVIT AV TRACQ LA FLAMBANTE CHARRETTE

45 VIVRE POVR A IAMAIS TOVTES FOIS Y SOIT ELLE XELLEE A PRIER DIEV POVR LA RACE MORTELLE AINSY AV TOVT PVISSANT PLAISE DE LE PERMETTRE ET EN SON PARADIS TOVS ENSEMBLE NOVS METTRE

AMEN.

En résumé cette inscription nous apprend qu’elle est l’oeuvre d’un Allard (vers 2), parent de Catherine de Roessieu morte de la peste (vers 33), à l’âge de quinze ans (vers 17), le 19 juillet 1586 (vers i i et 1 2).

En comparant ces données avec les divers travaux publiés sur les d’Allard et les de Roessieu (1), nous avons été amené à croire possible d’identifier l’Al­lard en question avec Marcellin Allard, auteur de la Gazette Françoise.

La solution de ce problème littéraire et stéphanois ne pouvait être demandée à plus compétent que M. C.-P. Testenoire-Lafayette. Il a bien voulu répondre à nos questions par la lettre suivante.

« Il me semble comme à vous que, suivant toute probabilité, ces vers sont de notre Marcellin Allard. Leur facture rap­pelle son style et les mots que vous avez soulignés en pa­raissent une preuve ; surtout les deux premiers vers :

  • Arrête toy passant et d’une Catherine

  • Déplore avec Allard la fortune maligne.

Il est évident que l’auteur des vers se nomme ainsi lui- même ; d’autre part, la parenté de Marcellin Allard avec les de Roéssieu semble le désigner clairement.

Quel était son degré de parenté avec Catherine ? Pour le déterminer autant que possible, il faut consulter les auteurs qui se sont occupés de ces deux familles.

  1. Hippolyte Sauzéa, l’érudit chercheur, était propriétaire

_______________

  1. La Tour-Varan, Armorial et généalogies des familles qui se rattachent à l’histoire de Saint-Etienne, etc., p. 7 à 24, et 69 à 74. — Gui de la Grye (R. Chantelauze), Portraits d’au­teurs Foréziens, p. r à 32. — Gras, Contrat de mariage de Marcellin Allard, dans Revue Forezienne, IV, p. 40 à 45. — Le nom de famille est écrit Roessieu ou Roeyssieu dans la plupart des actes anciens, puis Royssieu ou Roissieu. On ne trouve la particule qu’à la fin du XVIe siècle.

_______________

du château de Monteille, près de Saint-Etienne, qui avait appartenu aux Allard. C’est dans leurs papiers qu’il a trouvé les renseignements qui lui ont permis de dresser les quatre degrés de généalogie des de Roissieu donnés aux pages 69 et suivantes du volume sur l’armorial et les généalogies stépha­noises, publié par M. de la Tour-Varan. Cette généalogie ne remonte qu’à Marcellin de Roissieu, premier du nom, époux d’Hélène de Monteille, dont le fils, Marcellin, second du nom, épousa Gasparde de la Bessée et fut père d’Hélène de Roissieu, épouse de Marcellin Allard.

Louis-Pierre Gras, le regretté secrétaire de la Diana, ra­conte qu’il avait rencontré, chez un patère, l’expédition ori­ginale du contrat de mariage de Marcellin Allard avec Hélène Roissieu ; il l’a publiée dans le tome IV de la Revue Forézienne (1870). Ce contrat est passé à Saint-Étienne, le 2 août 1580, pardevant le notaire Perret. Les futurs époux y sont dénommés comme suit : « honnest homme Marcellin Halart,

  • marchant de Sainct Estienne de Furan, et honneste He 

  • layne Roissieu, fille de feu honnest homme Marcellin

  • Roissieu, en son vivant bourgeois dudict Sainct Etienne. » La future épouse et sa mère déclarent ne pas savoir signer. Le frère d’Hélène, « noble maistre Denys de Roissieu, com 

  • missaire général des vivres en l’armée du Roy en Daulphiné », intervient au contrat et constitue à sa soeur, pour tous ses droits, une dot de onze cents écus sol.

La généalogie donnée par la Tour-Varan, d’après Hippo­lyte Sauzéa, ne nomme que trois enfants de Marcellin de Roissieu et de Gasparde de la Bessée, savoir : Denys, Hélène mariée à Marcellin Allard et Louise mariée à Hugues de Fleureton. Il est possible qu’un quatrième enfant, une fille morte jeune, n’ait pas été mentionnée dans les titres conservés. Le rapprochement des dates permet cette supposition. Il est dit dans la généalogie qu’Hélène de Roissieu est morte en 1650, âgée de 90 ans ; elle avait donc vingt ans lors de son mariage en 1580. Elle pouvait bien avoir alors une jeune soeur de neuf ans, Catherine, morte à l’âge de quinze ans en 586.

Catherine pourrait aussi avoir été la fille de Denys de Roissieu et la nièce d’Hélène. Les fonctions élevées, qu’occupait Denys de Roissieu en 1580, indiquent qu’il était d’âge à pouvoir avoir alors une fille de neuf ans. La généalogie ne donne pas le nom de ses enfants.

Telles sont les probabilités pour le degré de parenté de Marcellin Allard avec Catherine de Roissieu.

Denys de Roissieu était, en 1584, trésorier général des finances à Orléans ; il fut, le 7 avril de cette même année, l’un des témoins du testament de Jean d’Ogerolles, mourant des suites de la blessure reçue dans la rixe sanglante des seigneurs de Roche-la-Molière avec Aymard de Saint-Priest.

Marcellin de Roissieu, premier du nom, avait un fils aîné, Jacques, qui épousa Anne de la Bessée. Ils eurent, un fils, Charles de Roissieu, qui fonda, en 1606, une chapelle dans l’église des Pères Minimes à Saint-Étienne. M. Sauzéa, qui rapporte ce fait, dit que Charles de Roissieu était conseiller d’État et privé ; il ajoute que c’est à ce Charles de Roissieu que Marcellin Allard dédia, en 1605, sa Gazzette Françoise.

La dédicace de la Galette Françoise ne porte pas le pré­nom de celui à qui elle est adressée et ne fait aucune allusion de parenté ; il y est simplement nommé « Monsieur de Roys­sieu, conseiller du Roy en ses conseils d’État et privé ». II y a lieu de douter à qui, de Denys ou de Charles de Rois­sieu, Marcellin Allard a dédié son livre ; cela importe peu, mais cette dédicace constate aussi les relations entre les deux familles.

Antérieurement aux actes qui viennent d’être rappelés, on trouve une famille du nom de Roissieu établie depuis long­temps à Saint-Étienne. La Tour-Varan do nne les noms des cinq Roissieu, dont trois forgeurs et deux marchands, tous de Saint-Étienne, qui ont consenti des reconnaissances au terrier Paulat en t515. Dans les titres de la propriété de la Chauvetière près de Valbenoite, on trouve une famille de ce nom possessionnée aux territoires voisins dès le milieu du XVe siècle.

La curieuse inscription de la pierre tumulaire, donnée par M. l’abbé Rey à la Société de la Diana, est bien relative à une stéphanoise, parente et probablement belle-soeur 0u nièce de Marcellin Allard, et cette pièce en vers français du temps révèle un côté, inconnu jusqu’ici, du talent de notre vieil écrivain ».

La Société vote des remerciements à M. l’abbé Rey.

M. Maurice Dumoulin, Le calendrier de l’église de Mâcon, d’après un bréviaire manuscrit du XVe siècle à l’usage de Charlieu
Date : 1895

M. Maurice Dumoulin, Le calendrier de l’église de Mâcon, d’après un bréviaire manuscrit du XVe siècle à l’usage de Charlieu, BD, Tome VIII, pages 223 à 238, Montbrison, 1895.

 

Le manuscrit d’où j’extrais ce calendrier, appartient à la bibliothèque de Roanne où il porte le n° 17 du catalogue de Viry (1). C’est un bréviaire sur parchemin de 503 feuillets, mesurant 148 millimètres sur 98, très endommagé en de certaines parties, veuf de beaucoup de ses feuillets au commencement et à la fin. Il a été relié assez mal dans le courant de ce siècle et rogné à nouveau. Les quelques ornements qu’il présentait ont ainsi en partie disparu, l’humidité a fait le reste 2).

Le calendrier est intact, c’est là le point le plus important ; mais il est fréquemment illisible.

Grâce à une récente communication, nous possédons déjà un calendrier du XVe siècle secundum ecclesiæ Lugdunensis à l’usage d’une chapelle de Saint-Germain-Laval. Voici un calendrier secundum ecclesiæ Matisconensis à l’usage de Saint-Philibert de Charlieu.

La destination de ce bréviaire, d’une écriture du XVe siècle, est indiquée par plusieurs notes du calendrier, où est fait mention de la fête de la dédicace de l’église de Charlieu et de celle de saint Philibert son patron ; son possesseur ou quelqu’un de ses amis a laissé les deux notules suivantes, toutes deux rayées d’un trait de plume, tracées en caractères de la même époque.

« Messire Guichard le plus prodigue de Sainct­Philibert », et « Messire Guichard, bon homme, lemelieur de Sainct-Philibert » (3).

Voici le texte de ce calendrier, tel que nous avons pu l’établir.

_________________________

(1) N° 22 du cat. Bougenot, Invent, des Manuscrits des Bibl. des Départements , t. XXI, p. 505

(2) C’est à la fin de ce manuscrit, sur une page de garde qu’est écrite la note relative à la mort de Jacques Faye, protonotaire du Saint Siège que j’ai reproduite dans l’opuscule, A travers les vieux livres , p. 24. — Voir, plus loin, au 20 juillet.

(3) F° 267 r°.

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JANVIER

 

KL Januarius habet dies XXXI, tuna XXX .

 

 

III A Januarius I Circumcisio Domini.

b IV 2 Oct. sancti Stephani.

XI c III 3 Oct. sancti Johannis.

d II 4 Oct. sanctorum Innocentium.

XIX e Nonas 5

VIII f VIII 6 Epiphania Domini . XII Lectio.

g VII 7

XVI A VI 8

.V b V 9

c IV ‘o Pauli, primi heremite.

XIII d III 11

II e Il 12

f Idus 13 [Oct.] Epiphanie . Hylarii, episcopi et confessons. IX 1.

X g XIX 14 Felicis, confessons.

A XVIII 15 Boniti, episcopi et confessons.

XVIII b XVII 16 Marcelli, pape et martyris. IX 1. Speusipi.

VII c XVI ‘7

d XV 18 Prisce, virginis. III I.

XV e XIV ‘9

IV f XIII 20 Fabiani et Sebastiani , mcm. IX I.

g XII 21 Agnetis, virginis. IX I.

XII A XI 22 Vincenhii, martyris . IX I.

I b X 23

c lx 24 Thimotei, apostoli. III J.

IX d VIII 25 Conyersio sancti Pauli . IX I. Projecti, martyris.

e VII 26 Policarpi, sociorumque ejus. III 1.

XVII f VI 27

VI g V z8 Agnets, secundo. IX I.

A IV 29 Oct. Vincentii.

XIV b III 3o Hodie fiat de sancto Valeriano episcopo.

III c II 31

 

 

FÉVRIER

 

KL Februarius habet dies XXVIII, luna XXIX .

 

 

d Februarius 1

XI e IV 2 Purificatio Beate Marie. X I.

XIX f III 3 Blasii, episcopi et martyris. IX I. Lupicini, episcopi et

confessoris.

VIII g II 4

A Nonas 5 Agathe, virginis et mantyris. IX I.

XVI b VIII 6

V c VII 7

d VI 8

XIII e V 9 Oct. Beate Mar[ie]. IX I.

II f IV 10 Scolastice, virginis. III I.

g III 11 Translatio sci Desiderii, epi. III I.

X A II 12

b Idus 13 [Stephani, epi. et confessorisi]. III I Alexandri, episcopi.

XVIII c XVI 14 Valentini, epi. martyri III I.

VII d XV 15

e XIV 16 Onesimi, apostoli. III I.

XV f XIII 17 Juliane, virginis. III I.

IV g XII 18

A XI 19

XII b X 20

I c IX 21

d VIII 22 Cathedra sancli Petri. IX I.

IX e VII 23

f VI 24 Mathie, apostoli. IX I.

XVII g V 25

VI A IV 26

b III 27

XIV c II 28

KL Marcius habet dies XXXI, luna XXX.

 

 

 

III d Marcii 1 Albini, episcopi et conf. III I.

e VI 2

XI f V 3

g IV 4

XIX A III 5

VIII b II 6

c Nonas 7 Perpetue et Felicitatis sociorumque eorum, martyrum. III I.

XVI d VIII 8

V e VII 9

f VI 10

XIII g V 11

II A IV 12 Gregoril, pape. IX I.

b III 13

X c II 14

d Idus 15

XVIII e XVII 16

VII f XVI 17

g XV 18 Anselmi, episcopi.

XV A XIV 19 sancti Josephi, sponsi Marie, confessoris.

IV b XIII 20

e XII 21 Benedicti, abbatis. IX I.

XII d XI 22

I e X 23

f IX 24

IX g VIII 25 Annonciatio Dominica . 1X1.

A VII 26

XVII b VI 27

VI c V 28

d IV 29

XIV e III 30

III f II 31

 

 

 

AVRIL

 

KL Aprilis habet dies XXX, luna XXIX.

 

 

g Aprilis 1

XI A IV 2 Nicecii, epi. Lugduni. IX I.

b III 3

XIX c II 4 Ambrosii, epi. IX I.

VIII d Nonas 5

XVI e VIII 6

V f VII 7

g VI 8

XIII A V 9

II b IV 10

c III 11 Leonis, pape et martyris. III I.

d II 12

e Idus 13

XVIII f XVIII 14 Tiburcii, Valeriani et Maximi, martyrum. III I.

VII g XVII 15 S. Helena, Virgo.

A XVI 16 Ysodori, martyris.

XV b XV 17

IV c XIV 18

d XIII 19

XII e XII 20

I f XI 21

g X 22 Soteris, pape et mart3 ris.

IX A IX 23 Georgii, martyris. IX 1.

b VIII 24

XVII c VII 25 Marci, evangeliste.

VI d VI 26 Cleti, pape et martyris. Dedicatio eccleaie Vougiaci.

e V 27

XIV f IV 28

III g III 29

A II 30 Sigismundi, martyris. Eutropii, martyris.

 

MAI

KL Mavus habet dies XXXI, luna XXX.

 

 

XI b Maius 1 Philippi et Jacobi, apostolorum. IX 1.

c VI 2

XIX d V 3 Invencio Ste Crucis. IX 1.Alexandri, Eventi.

VIII e IV 4 Floriani, martyris.

f III 5 Gothardi, epi.

XVI g II 6 Johannis ante Portam Latinam . Ill 1.

V A Nonas 7 Juvenalis, martyris. III I.

b VIII 8 Victoris, martyris. III 1.

XIII e VII 9 Translacio sancti Nicolay. IX I.

II d VI 10 Gordiani et Epymachi, martyrum. III I.

e V 11 Mamerti epi. Maioli, abbatis. IX I.

X f IV 12 Nerei, Achillei et Pancracii, martyr. III1.

g III 13 Marie ad martyres. III I.

XVIII A II 14 Victoris et Corone, martyrum. IX I.

VII b Idus 15

c XVII 16

XV d XVI 17

IV e XV 18

f XIV 19 Potenciane, virginis. III I.

XII g XIII 20

I A XII 21

b XI 22

IX c X 23 Tranalatio sancti Philiberti. IX I. Desiderii, epi.et martyris.

d IX 24

XVII e VIII 25 Urbani, pape et martyris. III I.

VI f VII 26

g VI 27

XIV A V 28 Geraldi, episcopi Matisconensis et conf. IX I.

III b IV 29

c III 30

XI d II 31 Petronille, virginis. III I.

 

 

 

 

 

 

 

 

JUIN

KLI Junius habet dies XXX, luna XXX.

.

e Junius I Nichomedis, martyris. III I.

XIX f IV 2 Photini, sociorumque ejus. 1X1. Marcellini Petri martyrum.

VIII g III 3

XVI A II 4

V b Nonas 5

c VIII 6 Claudii, epi. et confessoris. IX I.

XIII d VII 7

II e VI 8 Medardi, epi. et confessoris. III I.

f V 9 Primi et Feliciani, martyrum. III I.

X g IV 10 Basilidis, sociorumque ejus. III I.

A III 11 Barnabe, apostoli . IX I.

XVIII b Il 12 Basilidis, Cirini, Naboris et Nazari, martyrum.

VII c Idus 13 Anthonii, confessoris. IX I.

d XVIII 14 Regneberti, rn III I.

XV e XVII 15 Viti et Modesti, m. III I.

IV f XVI 16 Cirici et Julite matris ejus. IX I.

g XV 17

XII A XIV 18 Marci et Marcelliani, mart. III I.

I b XIII 19 Gervasii et Prothasii, mart. IX I.

c XII 20 Vitalis, martyris. III I.

IX d XI 21 Albani, Achacii, sociorumque ejus, mart. IX I.

e X 22

XVII f IX 23 Vigilia .

VI g viii 24 Nalivitas beati .Johannis Baptiste . IX I.

A VII 25 Translacio sci Elegii, epi. et conf.

XIV b VI 26 Johannis et Pauli, apostolorum. IX I.

III C V 27

d IV 28 Hirenei, sociorumque ejus. IX I. Leonis, pape. Vigilia.

XI e III 29 Petri et Pauli, apostolorum . IX 1.

f Il 30 Commemoracio sci Pauli. IX I. Marcialis, epi. et conf,

JUILLET

KL Julius habet dies XXXI, luna XXX.

g Julius 1 Oct. sci Johannis Baptiste. IX 1. Theobaldi, conf., Domiciam,

abbatis. XIX

VIII A VI 2 Processi et Martiniani, martyrum. III I.

b V 3 3

XVI c IV 4 Translacio sti Martini. III I.

V d III 5

e Il 6 Oct. apostolorum Petri et Pauli. IX I.

XIII f Nonas 7

II g VIII 8

A VII 9

X b VI 10 Septem Fratrum. III I.

c V 11 Translacio sancti Benedicti. III I.

XVIII d IV 12 Vivencioli, epi. III 1.

VII e III 13

f II 14

XV g Idus 15

IV A XVII 16

b XVI 17 Sperati, sociorumque ejus martyrum. III 1.

XII c XV 18 Symphorose cum VII filiis suis. IX I.

I d XIV 19 Margarite, virginis. III I.

e XIII 20 Hodie jovis XX Julii [rn°] V0 XVIII. obiit R. D. Jac. Faye,

prothonotharius.

IX f XII 21

g XI 22 Marie Magdalene . IX 1.

XVII A X 23 Appollinaris, epi. et martyris. III 1.

VI b lx 24 Christine, virginis. III I

c VIII 25 Jacobi, apostoli . IX I.

XIV d VII 26 Anne, matris Marie. IX 1.

III e VI 27 Hac die fit de sco Christoforo . IX 1.

f V 28 Nazari, Celsi et Pantaleonis, marlyrum. IX 1.

XI g IV 29 Felicis, Simplicii. Faustini et Beatricis, mart. IX I.

XIX A III 30 Abdon et Sennen, mart. IX 1.

b 11 31 Germani, epi. et Hirniterii, conf. IX I.

 

 

AOUT

KL Augustus habet dies XXXI, luna XXIX..

 

 

VIII c Augustus 1 Ad vincula sancti Petri . IX I.

XVI d IV 2 Stephani, pape et martyris. III I.

V e III 3 Invencio beati Stephani IX I.

f II 4 Justi, epi. et conf. III I.

XIII g Nonas 5 Dominici, conf. IX I.

II A VIII 6 Sixti, pare et martyris. Transfiguracio Domini . IX I. Fe-

licissiti, Agapiti.

b VII 7 Donati, epi. et martyris.

X VI c 8 Cirici, Largi et Smaragdi, mart. III I.

d V 9 Amoris et Viatoris. IX I.

XVIII e IV 10 Lanrentii, martyris. IX I.

VII f III 11 Tiburcii, martyris.

g II 12

XV A Idus 13 Ipoliti, sociorumque ejus, martyrum. III I.

IV b XIX 14 Eusebii, presbit. et conf. III I.

c XVIII 15 Assumpcio beate Marie . IX I.

XII d XVII 16

I e XVI 17 Oct. sancti Laurencii. III I. Mammentis. martyris.

f XV 18 Agapiti, martyris. III I.

IX g XIV 19

A A XIII 20 Philiberti, abb., patroni hujus ecclesie Cariloci IX I.

XVII b XII 21

VI c Xl 22 Oct. beate Marie. IX I. Timothei et Symphoriani.

d X 23 Minervi et Eteazari, martyrum. III I.

XIV e IX 24 Bartholomei, apostoli . IX I.

III f VIII 25 Genesii, martyris. III I. Ludovici, regis Francie, conf.

g VII 26

XI A VI 27 Rufi, martyris. III I.

XIX b V 28 Augustini, epi. IX 1. Hermetis et Juliani, mart.

c IV 29 Decollatio beati Johannis Baptiste . IX I. Sabine, Virginis.

VIII d III 30 Felicis, Audati, martyrum. III I.

e e II 31 Paulini, epi. et confessons. III I.

SEPTEMBRE

KL September habet dies XXX, luna XXX.

 

 

XVI f Septemberi 1 Prisci atque Lazari, mart. III I. Egidii, abbatis.

V g IV 2 Justi, epi. Lugd. IX I.

A III 3

XIII b II 4 Marcelli, martyris. IX I.

II c Nonas 5 Hodie dominica anno domini millesimo [?] quarto de-

cessit Petrus ……

d VIII 6

X e VII 7 Grati, epi. et conf. IX I.

f VI 8 Nativitas beate Marie . IX I.

XVIII g V 9 Gorgonii, martyris.

VII A IV 10

b III 11 Prothi et Iacinthi, martyrum.

XV c II 12 Sacerdotis, epi. et conf.

IV d Idus 13

e XVIII 14 Exaltacio Sce Crucis. IX I. Cornelii et Cipriani, mart.

XII f XVII 15 Oct. Ste Marie. IX I. Nichomedis, martyriS, Valeriani.

I g XVI 16 Eufemie vïrg. III 1. Lucie et Germiniani.

A XV 17

IX b XIV 18 Dedicatio hujus ecclesie Cariloci . IX I.

c XIII 19

XVII d XII 20

VI e XI 21 Mathei, apostoli et evangeliste . IX I.

f X s Mauricii, sociorurnque ejus. IX I.

XIV g IX 23 Invencio sancti Vincentii . IX 1. Tecle, virg.

III A VIII 24 Andochii et Tyrsi et Felicis, mart. III I.

b VII 25 Firmini, epi. et martyris. IX I.

XI c VI 26 Lupi, epi. et martyris. III I.

XIX d V 27 Cosme et Damiani, mart. III I.

e IV 28 Anemundi, epi. et martyris.

VIII f III 29 Michaelis, archangeli . IX I.

g II 30 Hieronymi presb. IX I. Defunctorum commemoracio.

 

OCTOBRE

KL October habet dies XXXI, luna XXIX.

 

 

XVI A October 1 Germani atque Remigii, episcoporum. III I.

V b VI 2 Leodegarii, epi. et martyris. III I.

XIII c V 3

II d IV 4 Francisci, conf. IX I.

e III 5 Apollinaris, epi. et conf. IX I.

X f II 6 Fidis, virginis. IX I.

g Nonas 7 Marci, pape. III I.

XVIII A VIII 8 Demetrii, martyris. III I.

VII b VII 9 Dionisil, sociorumque ejus . IX I.

– c VI 10

XV d V 11

IV e IV 12

f III 13 Geraldi, conf. III I.

XII g II 14 Calixti, pape et martyris. III I.

I A Idus 15 Antiochi, epi. III I.

b XVII 16 Vitalis, confessoris. Junieni epi. III I.

IX c XVI 17 Florentii, epi. et conf. III I.

d XV 18 Luce evangeliste . IX I.

XVII e XIV 19

VI f XIII 20

g XII 21 xj miliavirginum. III I. Sive de rnartyribus Asterii ( sic ). III I.

XIV A XI 22

III b X 23

c lx 24

XI d VIII 25 Crispini et Crispiniani mart. III I. Frontonis. III I.

XIX e VII 26

f VI 27 Vigilia .

VIII g V z8, Simonis et Jude apostolorum .

A IV 29

XVI b III 30 Innocentis, martyris. IX I.

V c II 31 Quintini martyris. Vigilia omnium sanctorum . III 1.

 

 

 

 

NOVEMBRE

KL November habet dies XXX, luna XXX.

 

d November 1 Feativitas Omnium Sanctorum. IX I.

XIII e IV 2 Omnium fidelium defunctorum Commemoracio.

II f III 3

g II 4

X A Nonas 5

b VIII 6

XVIII c VII 7

VII d VI 8 Octav. Omnium Sanctorum. IX I.

e V 9 Theodori, martyris. III I.

XV f IV 10 Verani, episcopi et conf. III I.

IV g III 11 Martini, epi. et conf . IX 1. Menne, martyris.

A II 12

XII b Idus 13 Brici, epi. et confessoris. IX 1.

I c XVIII 14

d XVII 15

IX e XVI 16 Eucherii, epi. et conf. III I.

f XV 17

XVII g XIV 18 Oct. sancti Martini. IX I. Romani, sociorumque martyris.

VI A XIII 19 Helizabeth. IX I.

b XII 20

XIV c XI 21 Columbani, abbatis. III I.

III d X 22 Cecilie, virginis et martyris. III I.

e IX 23 Clementis pape et martyris . IX I. Felicitatis, virg.

XI f viii 24 Grisogoni, martyris.

XIX g vii 25 Katerine, virginia et martyris . IX I. Petri, epi.

A VI 26 Lini, pape et martyrie. III I.

VIII b V 27 Agricole et Vilalis, mart. III I.

c IV 28 Cilee, apostoli. III I. Et dicitur Te Deum laudamus .

XVI d III 29 Saturnini, martyris. III I. Vigilia .

V e II 30 Andree, apostoli. IX I

DECEMBRE

KL December habet dies XXXI, luna XXIX.

 

 

XIII f December 1 Eligii, eph et conf.

II g IV 2

A III 3

X b II 4 Barbare, virginis et martyris.

c Nonas 5

XVIII d vin 6 Nicolay, epi. et conf. IX 1.

VII e VII 7 Oct. sancti Andree, apostoli.

f vi 8 Conceptio beate Marie . IX I.

XV g V 9

IV A IV 10 Eulalie, virginis. IX I.

b III 11

XII C II 12

I d Idus 13 Lucie, virginis. IX 1.

e XIX 14

IX f XVIII 15

g XVII 16 O Sapiencia .

XVII A XVI 17

VI b XV 18

c XIV 19

XIV d XIII 20

III e XII 21 Thome, apostoli . IX I.

t XI 22

XI g X 23

XIX A IX 24 Vigilia .

b VIII 25 Nativitatis Domini . IX I.

VIII c VII 26 Stephani, prothomartyris . IX I.

d VI 27 Johannis, apostoli et evangeliste . IX I.

XVI e V 28 Sanctorum Innocentium . IX I.

V f IV 29 Thome, epi. Cantu[a]riensis et martyris.

g III 30

XIII A II 31 Silvestri, pape . IX I.

Outre sa valeur liturgique, ce calendrier est intéressant en ce qu’il donne des détails précieux pour l’histoire locale ; mais à l’encontre de celui que M. l’abbé Sachet a présenté à la Diana (1), il ne contient ni indications astronomiques ni aucune de ces sentences comminatoires qui se retrouvent ensuite dans les calendriers des missels imprimés aux XVe et XVIe siècles.

La bibliothèque de la ville de Roanne possède deux missels imprimés pour des diocèses de la région : un missel à l’usage de l’église de Lyon (572 bis Cab) , et un missel à l’usage de l’église de Mâcon (348 Cab ).

Il m’est venu à l’idée de comparer les quatre calendriers fournis par chacun de ces ouvrages.

Entre le calendrier manuscrit du bréviaire que nous citons et le calendrier imprimé dans le missel à l’usage de Mâcon, il n’y a pas de grandes différences ; de même entre le calendrier publié par M. l’abbé Sachet et celui du missel à l’usage de Lyon. Cela doit être.

Cependant entre le calendrier manuscrit de l’église de Lyon et le calendrier imprimé de l’église de Mâcon, on constate de curieuses ressemblances.

Le dernier reproduit textuellement les devises menaçantes que l’on a constatées dans le premier ; celles des mois de janvier et de novembre diffèrent seules complètement.

Janvier porte en tête Jani prima dies et septima fine minatur, et on a inscrit à novembre Quinta novembris et tertia fert mala membris.

 

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(1) V. plus haut, p. 2 et suivantes.

_________________________

 

Ailleurs il n’y a que quelques différences de détail. C’est ainsi que pour mars on lit, dans l’imprimé, bibentem au lieu de bidentem, pour avril fit martis au lieu de est martis ; à juin c’est quindecimus à la place de quindenus ; au mois d’août perdit à la place de sternit ; à septembre decimus pour decima et enfin à décembre mirosus et non virosus.

Le rapprochement est curieux.

Malgré leurs ressemblances avec des textes imprimés, ces calendriers manuscrits n’en conservent pas moins de la valeur, comme auxiliaires aux études d’histoire locale : les imprimés, étant parfois aussi rares que les manuscrits.

M. Maurice Dumoulin, Le livre de raison d’Antoine de Thélis
Date : 1895

M. Maurice Dumoulin, Le livre de raison d’Antoine de Thélis, BD, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 51 à 61.

 

M. Maurice Dumoulin envoie la note suivante.

« La bibliothèque de la ville de Roanne a acheté dernièrement un registre de 270 feuillets, dont quelques-uns blancs, portant comme cote:

1514-1551.

Registre journal contenant notes, mémoires et copies non signées d’un très grand nombre d’actes d’échange, acquisitions, transactions, etc., passés en faveur de noble Antoine de Thélis, seigneur des Farges et de Coniillon (1), concernant ladite seigneurie de Cornillon.

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(1) Les Farges alias les Forges, commune de Vougy. — Cornillon, commune de Mably.

Cette note et les suivantes, signées E. B., sont dues à l’amicale collaboration de M. E. Brassart.

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Ce registre extrêmement curieux se divise de la façon suivante.

Après une table des matières, vient en guise de préface, cet avertissement :

Extrait du papier journal de noble Anthoine de Theillis, seigneur des Farges, de Corniihon, lequel il a escript de sa propre main, par lequel l’ont pourra veoir beaucou de choses qui serviront de bon advertissement, tant à cause des rantes dudit seigneur que de ses domaines et acquestz qu’il a faictz aussi sont les accords qu’il a faict avec ses frères et seur aussi y a d’autres advertissements qui pourront redresser et porter proffict en l’advenir au seigneur dudict lieu.

Puis différents chapitres.

Le premier a trait aux constructions et aux plantations de bornes. Le second dénombre « le nombre de linge fin que noble Anthoine de Theillis .. a faict blanchyr qui ne l’avait est il avait six ans passés, au lieu de Cornilhon ; mademoyselle de Senoches sa niepse a gouverné cela et ce fut faict en lan mil cinq cens IIII quatre ung (1) ».

Le troisième, qui porte en marge un arbre assez grossièrement dessiné, regarde « le nombre des boys que ledict seigneur… a achapté en la parroisse de Mably et advertissernent pour garder iceulx, les limittes se trouveront ». Le cinquième, illustré d’une grappe de raisin, s’occupe des vignes u dont vous les pourez trover par les confins cy dedans escriptz ». Le sixième, où plusieurs poissons nagent entre les lignes du sommaire, contient la description des étangs. Le septième s’occupe des terres. Le huitième, décoré de deux crosses abbatiales, porte « l’eschange et aultres avertissemens que… Anthoine de Thellis a faict avec les gens d’esglise ».

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(1) Il faut comprendre sans doute 1541 [(xxxx) 4].

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Avec le neuvième chapitre, commence ce que l’on pourrait appeler les varia du livre journal. C’est d’abord un livre de raison « la naysance des enfans naturels et legitimcs dc Anthoine de Theillis, escuyer, seigneur des Farges et de Corniihon, et de damoiselle Huguette de Sainct Romain, laquelle fut de la maison de Lurzy au pays de Dombes et de Meyre en Beaujollois (1) ».

Puis une sorte de barème destiné à supputer l’intérêt de certaines sommes, à certains taux. Il établit ainsi ce qu’une maille, ce que de un à douze deniers, ce que de deux à vingt sous, ce que deux à cent livres, par jour, produisent au bout d’un an. Il explique en ces termes son utilité :

Vous pourrez veoir par le desoubz escript combien ung homme peult souvre (mettre de côté) pour jour en souvrant l’une des sommes icy après escripte, aussi pourrez veoir combien ung homme peult despenser et combien au bout de l’an montera à faire le semblable.

Enfin, pour terminer: « Les dogmes que Aristote envoya au roy Alexandre » ; – « La valleur des receptes des Farges et de Cornilhon » ; – « Le nombre des reliques que l’ont a trouvées en la chapelle de Cornilhon ».

Tel est le sommaire de cet intéressant recueil, d’où j’extrais le neuvième chapitre pour le soumettre à la Diana, comme contribution à l’histoire généalogique des familles de Thélis, d’Ogerolles et de Saint-Priest.

L’an mil cinq cens vingt huict et le lundy quatriesme jour du mois de may, ladicte damoiselle (2) travalla (sic) de la Claude Theillis au lieu de Corniihon et en fust delivrée à deux heures du matin et laquelle fut baptisée en l’esglise parochiale de Mably par messire Anthoine Guyonnet, viccaire dudict lieu, le sixiesme jour dudict mois qu’estoit le jour saine Jehan. Ses parains et marainnes sont noble homme Guyot de Ser-vières, escuyer, sire de Bagast et de Valorges, noble damoi-selle Claude de Talaru relaissée de feu noble Pierre de Sainct Romain, en son vivant sire des lieux de Lursy et Meyre, grand mère de lad. Claude de Theillis ;

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(1) Lursy, Lurcy (Ain). – Meyre, Meyré, commune de Cublize, Rhône. E. B.

(2) Le Laboureur ( Masures , II, 583) dit qu’Antoine de Thélis se maria en 1532 avec Huguette de Saint-Romain ; il y a apparemment erreur puisqu’ils avaient un enfant en 1528. E. B.

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laquelle Claude de Theillis ledict seigneur son père dessusdict la faist religieuse de Beaulieu en l’an mil cinq cens trente huict pour la feste des Roix (1).

L’an mil cinq cens vingt neufz, le premier jour du moys de juilhet, fut né Nicollas de Theillis, deuxiesme enfant desdicts seigneur et damoiselle, et vingt sur terre demye heure après l’aube du jour, et ce fust au lieu de Cornilhon, et fut baptisé en lesglise parochialle de Mably par messire Anthoine Guyonnet, convicaire dudict Mably. Ses parains et maraines furent Reverant Père en Dieu Nicollas de Ramilly et aultres. Notez que ledict Nicollas mourut à Putay l’an mil quarante et fut enterré au ceur de lesglise de Gily, qu’est la paroisse dudict Putay (2). Ledict seigneur a faict mener sur sondict filz une tumbe out sont les armes desdicts sire et damoiselle.

L’an mil cinq cens trente et le vingt uniesme du mois de juilhet, environ le poinct de neufs heures, fut née Claudine de Theillis, troisiesme enfant desdicts seigneur et damoiselle qui fut baptisée en l’esglise et depuis elle mourut au mois de mars ensuyvant, le jour Notre-Dame, et fut enterrée a Mably du coulé de midy du grand autel par dessous le banc desdicts sire et damoiselle.

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(1) Cette fille entra en religion, comme nous l’indique la note suivante du f° ccxxxj v° : « L’an mil cinq cens trente huict et le sixiesme jour de janvier, monsieur de Poinson et de Sirotz, mon cousin, et moy Anthoine de Theillis fismes bailler à Beaulieu l’ahit adieux (à deux) de noz filles. La myenne est ma fille aisnée nommée Claude. Despuis la reformation y m’a faillu faire daultres fraiz et la rernectre à nouveaul avec pention nouvelle ».

(2) Putay alias Puttay faisait partie anciennement de la paroisse de Gilly-sur-Loire, en Bourgogne, située de l’autre côté du fleuve ; ce lieu est aujourd’hui de la commune de Diou (Allier). E. B,

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L’an mil cinq cens trente ung, le vingtiesme du mois d’aoust, qu’estoit le dimanche au matin, devant souleil levant, ladicte damoiselle acoucha de Loise de Theillis, qu’estoit la quatriesme des enfans de ladicte damoyselle et dudict sir de Theillis, et fut baptisée en l’esglise parochiale de Mably ; despuis mourut chieu Morier, à Cornilhon.

L’an mil cinq cens trente quatre, sainct Mathias appostre, qu’estoit le vingt quatriesme jour du mois de febvrier, au soir, à lenviron de dix heures, fut né Rollin de Theillis, cinquiesme enfans et deuxiesme malle desdicts seigneur et damoiselle, et ce fut au lieu de Cornilhon, et fut baptissé ledict Rollin en l’esglise de Mably le vingt sixiesme dudict mois, et despuis mourut le sabmedy de devant Quasimodo ensuyvant après ladicte naissance, par quoy ne vivit que environ deux mois.

L’an mil cinq cens trente cinq, après Pasques, et le mardy douziesme du mois d’avril, à l’environ de dix à onze heures du soir, fut née Peronnelle de Theillis, sixiesme enfant des-dicts seigneur et damoiselle, laquelle fut baptisée en l’esglise parochiale de Mably le mercredy matin, treiziesme dudict mois d’avril, par messire Breton ; son parain est maistre Anthoine du Puis de la ville de Rohanne, prothonotaire, pryeur (1) de sir de Drasse (sic), curé de Rohanne et de Buly, et ses marraines sont dame Peronnelle de la Grange, religieuse de Beaulieu, laquelle fut de Gravières près de Varennes sur Alier (2), l’aultre marraine fut la niese dudict seigneur, Jehanne de Theillis, dame de Perolas, despuis dame de Polisieu en Forest (3). Notez que à telles dactes et jour de ce mesmes mois fut ledict seigneur trouver avoir se jour cinquante ans plus ne moings, sans avance d’ung jour ne reculer de ung aultre.

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(1) Probablement pour procureur. E. B.

(2) Gravières, fief, commune de Varennes-sur-Allier (Allier). E. B.

(3) Perolas, Pierrelas, à Néronde ? — Polisieu en Forez, probablement Pelussieu, commune de Salvizinet (Loire).

En 16o6. Jean de Pontevez était seigneur de Pierrelas et Pélussieu (Aug ; Bernard, Les d’Urfé, 467) E.B.

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L’an mil cinq cens trente six et le mardy vingtiesme de mars, environ de sept à huit heures du matin, fut née la Jacqueline de Theillis au lieu de Cornilhon, septiesme enfant desdicts seigneur et damoiselle, et fut baptisée ce même jour au soir en l’esglise dudict Mably par messire Guyonnet, et estoient ses parain et maraine noble Domp Pierre Dugue secretain de la Benisson-Dieu, Jacqueline Vernierant. Despuis ladicte Jacqueline mourut ceste mesme année le lendemain de la Notre-Dame de septambre.

L’an mil cinq [cens] trente huict et le vendredy avant la Sainct Jehan Baptiste, vingt uniesme jour du moys de juing, de soir à l’environ du jour failly, fut née la Jehanne de Theil-lis, huictiesnie enfant desdicts seigneur et damoiselle, laquelle fut baptisée en l’esglise de Mably. Laquelle mourut et fut enterrée cinq jours après sa naissance au cœur de l’esglise de Mably.

L’an mil cinq [cens] trente neufz et le dix neufviesme jour de juilhet, le jour saincte Margarite, de matin demye heure apres solleil levé ou quelque peu davantaige, fut née au lieu de Corniihon la Margarite de Theillis, neufviesme enfant desdicts seigneur et damoiselle, laquelle fut baptisée sur les fonds de l’esglise parochialle de Mablv, et furent ses parains et maraines le procureur Lois Guyonnet et la femme de Jehan Cheval l’aisné, grangier dudict seigneur, et sa nourrice, laquelle est femme du grangier des Platières (1), appellé Benoist Ray ; elle est religieuse a Poilly.

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(1) Les Platières, commune de Mably.

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L’an mil cinq cens quarante ung et le vingt uniesme jour de juilhet qu’estoit la vigille Marie Magdaleine, de soir demye heure après solleil couchié, fut née à Cornilhon la .Jehanne de Theillis, dixiesme enfant desdicts seigneur et damoyselle, laquelle ondée bien hastivement par messire Anthoine Guillermet, prebstre, le sabmedy ensuyvant ladicte Jehanne fut baptisée en l’esglise de Mably après disner par messire Anthoine Guyonnet, vicaire de Mably. Le parain de ladicte Jehanne est noble Lois de Theillis, sir de Lespinasse en Beaujollais (1), ses maraines sont noble Jehanne de Sainct-Romain mère dudict sir de Lespinasse, et Peronelle de Theillis, filhe dudict seigneur de Theillis et sœur de ladicte baptisée. Elle est religieuse à Beaulieu (2).

L’an mil cinq cens quarante deux et le lundy huitiesme jour du mois de janvyer, entre mydi et une heure, fut né et baptisé François de Theillis, unziesme enfant desdicts seigneur et damoiselle, par messire Guyonnet sur les fons dc Mably, et furent ses parains noble Pierre de Marliogues, sire de Senoches (3), messire Anthoine Farget et messire Anthoine Guillonnet, sa maraine est noble Margarite de Marliorgues dame de Basse Roche ; et ledit François de Theillis fut mis en nourrisse le mercredy prochain ensuyvant auprès de Senoches, chieu Chapeau Blanc, et ledict François fut mis à l’escolle à Bonlieu (Beaulieu ?) l’an mil cinq cens quarante sept le jour Sainct Nicollas, en desembre.

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(1) Lespinasse alias l’Espinasse, paroisse de Saint-Cyr de Valorges ( Masures de l’Ile Barbe ), III, p. 432. E. B.

(2) Au sujet de cette enfant nous trouvons au fo cxxxx v° des renseignements donnés par son père sur sa prise d’habit.

« Lan mil cinq cens cinquante et au mois de septambre, le jour sainct Nicollas, Jehanne, filhe de noble homme Anthoine de Theillis, print à Beaulieu son habit de religion et y estoit monsieur l’abbé Desvron §Jacques de Vitri-Lalière), prieur de Salles, de Ris et de Saint Germain des Fossés, oncle de ladicte Jehanne, lequel paya le banquet et feust audict Beaulieu, qui fut bien beau et excellant, et lequel seigneur abbé y feist de beaux dons, que victres et argent léans donné; et ledict seigneur de Theillis a donné audict couvent quatre cens cinquante livres et ung lict bon et raisonnable, la plume de lignest, plume menue (sic), la couverte quathelanne, et c’est pour tous ses droictz de legitime de ses feuz père, mère, frères et sœurs quelzconques. Le tout receu par maistre Jehan le Breton, chastellain de Villerez, recepteur dudict Beaulieu. Il y heust grand festin et grand compaignye. Notez que lesdictes quatre cens cinquante livres se payent dedans un an, pour que ledict seigneur de Theillis n’avoit argent pour lors » .

(3) Marliorgues, alias Maillorgues — Senoches, Senouches, Chenouche, commune de Saibt-Romain-la-Motte. E.B.

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L’an mil cinq [censJ quarante trois et le sixiesme jour du mois de février, fut née la Jacqueline de Theillis au lieu de Cornilhon, douziesme enfant desdits sire et damoiselle ; elle fut née un soir, une heure de nuyt, le lendemain de la feste Saincte Agathe qui estait ung mercredy, et fut baptisée à Mably et fut son parain noble Jacques de Fournyer, prieur de Sainct Just en Chevallet et curé de Charlieu et frère de Monsieur de Thegnye (1); et furent ses maraines nobles Jacqueline de la Brosse, dame de Minardière (2), et Jehanne de Foudras de la maison de la Farge (3) et de la Garde.

 

LA NAISSANCE DE M0NSIR DE SAINCT PRIET.

L’an mil cinq cens trente quatre et le lundy quatorzième jour du mois de juilhet, fut né noble Charles de Sainct Priect, filz legitime de noble Charles de Saint Pryet, et se jour fut baptisé à Mably de soir par messire Guyonnet.

LA NAISSANCE DE MESSIEURS DE SENOCHES.

 

L’an mil cinq cens et dix sept et le vingt huictiesme jour de janvier, que fut le jeudy, à une heure après midy, fut né Pierre de Marliorgues filz legitime de Romain Marliorgues, seigneur de Senoches (4), et de Loise de Theillis ; y fut baptisé le landemain sur les fonds de Saint Romain la Mote.

Lan mil cinq cens dix huit et le huictiesme jour de febvrier, fut né Jacques de Senoches, filz dudit seigneur et de ladite damoiselle Loise de Theillis, et fut né le mardy à une heure de matin.

L’an mil cinq cens vingt ung et le vingtiesme d’octobre, fut né Marguerite de Marliorgues, et despuis dame de Basse Roche, filhe dudit sir et de ladite Loise de Theillis, et laquelle fut baptisée et née à Corniihon, en la chapelle dudict lyeu.

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(1) Thegnye, Tigny, commune de Chandon.

(2) De la Brosse ; une vieille famille de ce nom était possessionnée au XIVe s. à Lentigny et Villemontais (Barban, Fiefs , n° 252). – Minardière, fief, château, commune de Pouilly.les-Nonnains. E. B.

(3) La Farge, seigneurie des Foudras, commune de Propières (Rhône). E. B.

(4) V. p. 57, note 3.

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L’an mil cinq cens et vingt et le vingtiesme jour d’avril, fut né Jehan, filz desdicts dessus nommés, et despuis morut.

L’an mil cinq cens cinquante et le lundy quinziesme jour du mois de septambre, environ huict heures de matin, fut né à Senoches, Charles de Marliorgues, fiiz aisné de noble Pierre de Marliorgues susnommé, fiiz de Romain Marliorgues, en son vivant sir de Senoches, et fut baptisé à Sainct Romain le mardy, environ solleil couche;. son parain fut Charles de Bonse, pryeur d’Ambierle, sa mareinne fut madame de Pradines.

Ledict seigneur Anthoine de Theillis dict que en aguissant ses couteaux pour ce marier, que y lui fut donné trois en-fans, ung masle et deux femelles.

Item, en son veufvaige, luy fut donné Lois le Bourbonois, lequel fut né en l’an mil cinq cens quarante huict et le jour de la Notre-Dame de mai, après la grand messe de Mably, et fut né chieu Bodou et ce jour fut baptisé audict Mably, la Loïse fut sa mareine. Et despuis, luy fut donné une fille, qui fut née le jour de la Toussains mil cinq cens quarante ung, nommée Toussains.

Après commencent les notes de la main de membres de la famille d’Ogerolles (alias d’Augerolles).

Noble Charlotte des Serpens prieure de Saint Thomas les Nonains lez Monthrison (1) seur de monsieur de Foudras et de mademoiselle de Cornières, meurt à Corniihon le xxviij e mai 1595.

L’an mil cinq cens quatre vints et sept, en caresme, mourut à Comieres (2) Marguerite des Serpens dame de Comieres, vefve de feu Lois d’Ogerolles puisné de la maison de Sainct Polgue, et fille de Antoine des Serpens seigneur de Cornières, la Bugneraye (3) et en partie de Baignaux.

Claude d’Ogerolles de Thelis, fils de Lois d’Ogerolles son fils, fust son heritier et parvint sieur de Cornières. Elle fust enterrée à Villeres au vas des sieurs de Cornières devant, l’autel de Notre-Dame.

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(1) Saint-Thomas-la-Garde. E. B.

(2) Cornières, Commières, commune de Villeret. E. B.

(3) La Bugneraye, la Beugnerie, commune de Chassenard (Allier) E.B.

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L’an mil cinq cens quatre vingts et sept et le (en blanc) du mois de (en blanc), trepassa au chastau de Commières noble damoiselle Marguerite des Serpens, filhe de feu messire Jan des Serpens, seigneur de Comières, Bagnaux en partie et de la Bugnerez et vefve de Lois d’Ogerolles de la maison de Sainct Polgue.L’an mil cinq cens quatre vingts et sept et le douziesme d’avril, espousarent, au chasteau de la Lière, noble Claude d’Ogerolles de Thelis, escuier, seigneur de Comières, des Farges, Cornilhon et Varinay (1), et noble demoiselle Jane (2 des Serpens, filhe de feu messire Gilbert des Serpens, chevalier de l’ordre du Roy, gentilhome ordinaire de sa chambre, gouverneur de Mascon, lieutenant de cent hommes d’armes, seigneur et baron de Gondras, Londe, Sainct-Saturnin, Tailhat, Magni, le Pont Damali, Vesvre et Martillions (3).

L’an mil cinq cens quatre vingts et sept et le mardi ante-penultieme de decembre, nasquit, au chasteau de Magny, Philihert-Claude, premier fils des susdits Claude d’Ogerolles de Thelis et Jane des Serpens, et fut baptisé en la chapelle dudit chasteau. Les parrains furent Philibert des Serpens, son oncle, gentiihome ordinaire de la chambre du Roi, sei-gneur et baron de (iondras,Londe et Sainct Saturnin, et no-ble Claude de Perelay, sa marreine fut Claudine Cartier.

L’an mil cinq cens quatre vingts et huit, mourut le susdit Philibert-Claude le jeudi cinquiesme du mcis de février au chasteau de Magny et fust enterré le lendemain vendredi en l’esglise de Mabli au vas de ses prédécesseurs, au milieu du cœu r.

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(1) Varinay, commune d’Ouches. E. B.

(2) Le Laboureur ( Masures , Il, 225) l’appelle Antoinette. E. B.

(3) Gondras, commune de Grandris (Rhône). – Magni, commune de Cublize Rhne). – Vesvre, Vesvre Gondras, les Vesvres, commune de Coulanges (Allier). — Pont Damali, anciennement de Dame Alix , Pont-à-Mailly, commune de Varennes-Reuillon (Saône-et-Loire) (Courtépée, Descr. du duché de Bourgogne , 2 éd., t. III, p. 112 et 113). E. B,

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1’an mil cinq cens, le troisiesme jour de janvier, nasquit à Roane, environ les six heures du soir, François-Claude, fils des susdits sieur et dame de Cornières et fut baptisé en l’esglise dudict lieu le dimanche ensuivant. Son parrain fut messire François Chastelus, lieutenant de Roane, sa marraine (en blanc) femme de messire Pierre Populle (1).

Le lundi (en blanc) de février nasquit à Roane, environ les neuf heures du soir, Jacquesd’Ogerolles fils des susdicts sieur et darne de Cornières, l’an mil six cents et ung. Son parrain a esté le sieur de Chenevou. II mourut l’an 1604 et est enterré au cour de l’esglise de Mabli.

Alexandre, fils des susdicts sieur et darne de Cornières, nasquit à Roane le minuit du 16 au 17 octobre mil six cents et deux.

La séance est levée.

Le Président,

Comte de Poncins .

Le membre faisaiit.fonction de secrétaire,

Eleuthère Brassart .

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(1) En marge, d’une autre écriture : « Il se nome M. de Boucent ».

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